Le parquet d’Ismir a t ouvert une enquête jeudi après que des inconnus aient piraté le système d’appel à la prière à Izmir pour diffuser « Bella Ciao » à partir des minarets de plusieurs mosquées de cette ville de l’ouest de la Turquie. L’hymne antifasciste a été diffusé mercredi après-midi, à l’heure de l’appel à la prière. La séquence a été largement partagée sur les réseaux sociaux. La division locale de l’Autorité turque des Affaires religieuse a annoncé avoir ouvert une enquête interne et porté plainte auprès de la police. Le parquet d’Izmir a également ouvert une enquête contre des usagers des réseaux sociaux soupçonnés de « dénigrement des valeurs religieuses » pour l’avoir applaudi. Dans le cadre de cette enquête la police a arrêté Banu Özdemir qui avait filmé la scène et diffusé les images sur les réseaux sociaux. Elle se trouve actuellement à la prison de Şakran.

Banu Özdemir se trouve actuellement à la prison de Şakran pour avoir filmé la diffusion de la Bella Ciao par une mosquée

Banu Özdemir se trouve actuellement à la prison de Şakran pour avoir filmé la diffusion de la Bella Ciao par une mosquée

Samedi 16 mai au soir, l‘unité de vengeance Azad Siser du HBDH a mené une attaque incendiaire contre l’immeuble de la Direction de l’atelier de confection Kara, dépendant du Commandement des forces terrestres, et situé dans le quartier Maltepe Esenkent. L’attaque a provoqué un incendie qui a détruit des véhicules et endommagé un bâtiment de deux étages du site. Le communiqué du HDBH fait état de la mort de plusieurs membres des forces armées lors de l’attaque, ce que démentent les autorités turques. Le HDBH (Mouvement révolutionnaire uni des peuples) est le front unitaire de résistance armée de 10 organisations de la gauche révolutionnaire turque et kurde (voir notre article).

Les services de secours arrivent à l'atelier Kara

 

Les maires élus des 4 municipalités ainsi que les co-maires d’Iğdır, Eylem Çelik et Yaşar Akkuş, les co-maires de Siirt, Berivan Helen Işık et Peymandara Turhan, les co-maires de Baykan, Ramazan Sarsılmaz et Özden Gülmez, les co-maires Kurtalan, Baran Akgül et Esmer Baran ont été arrêtés par la police turque lors de raid effectués aux domiciles des élus HDP. 44 municipalités kurdes sur les 65 remportées par le parti démocratique des peuples (HDP) lors des élections municipales du 31 mars 2019, sont aujourd’hui dirigées par des administrateurs désignés par l’Etat à la place des maires élus. Plus d’infos ici.

Encore 4 maires du HDP arrêtés et remplacés

Une militante araméenne de Bavière a reçu une amende de 3 600 euros pour des reportages sur les réseaux sociaux concernant la résistance à l’invasion turque dans le nord de la Syrie. Si elle ne paie pas, elle risque 90 jours de prison. Depuis l’invasion d’Afrin, la militante, membre du Mouvement populaire révolutionnaire Suryoye, avait, en effet posté sur Facebook des publications sur la résistance contre l’annexion du Rojava par la Turquie et sur les crimes de guerre commis par les forces d’occupation contre la population civile. En octobre 2019, elle avait reçu une citation à comparaître pour une violation présumée de la loi sur les associations. Comme elle n’a pas donné suite à la demande, une ordonnance de sanction a été prononcée à la mi-février. L’intéressé a fait appel, le verdict est toujours en suspens. Le Mouvement populaire révolutionnaire Suryoye est, comme les autres mouvements opposés au régime turc, régulièrement criminalisé en Bavière. Huit autres Araméenn·es ont notamment reçu des ordonnances punitives des tribunaux de Bavière. Ils ont également subi un raid de la police fédérale le 2 octobre 2018, trois jours seulement après la visite d’État d’Erdoğan en Allemagne. Plus d’infos ici.

Une militante araméenne condamnée pour avoir publié des messages contre l'invasion turque du Rojava

Une militante araméenne condamnée pour avoir publié des messages contre l’invasion turque du Rojava

Aujourd’hui, la police a attaqué les funérailles d’Ibrahim Gökçek guitariste de Grup Yorum décédé hier après 323 jours de grève de la faim (voir notre article). La police a tiré des balles en caoutchouc sur les participant·es et a lancé du gaz lacrymogène. Elle a également enlevé le corp de Gokçek qui reposait à la maison de culte alévie du quartier de Gazi à Istanbul. L’épouse de Gokçek, Sultan Gökçek, qui est emprisonnée depuis 4 ans, n’a pas été autorisée à participer aux funérailles de son mari. Par ailleurs, une dizaine de personnes, dont le père d’Ibrahim Gokçek, ont été arrêtées par la police. Plus d’infos ici.

Ibrahim Gökçek, bassiste du Grup Yorum

Ibrahim Gökçek, bassiste du Grup Yorum

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À l’occasion du 48ème anniversaire du TKP/ML, des militant·es ont lancé des cocktails molotov sur une route à Gülsuyu afin de bloquer celle-ci. Ils ont également accroché des banderoles l’une indiquant « gloire à 48 ans de lutte » et l’autre « Helin Bölek est immortelle ! ». Cette banderole commémore Helin Bölek, chanteuse du Grup Yorum décédée le 288e jour de sa grève de la faim (voir notre article). Plus d’infos ici.

La route bloquée par le TKP/ML

La route bloquée par le TKP/ML

Mercredi 15 avril, le régime truc a décidé de libérer Alaattin Çakici à la faveur d’une loi visant à désengorger les prisons menacées par le Coronavirus. Alaattin Çakici est un chef de la mafia ultranationaliste qui a participé dans les années 1990 à la « sale guerre » menée par l’État turc contre les sympathisants de la rébellion kurde. Depuis sa retraite dans un hôtel de la station balnéaire de Saros, en Thrace orientale, le chef mafieux ultranationaliste, jusque-là connu pour son aversion à l’égard d’Erdogan, a cette fois salué, dans un texte manuscrit, sa politique.

Çakici n’est pas le premier caïd à mettre le genou à terre devant Erdogan. Avant lui, Sedat Peker, bénéficiaire d’une libération anticipée, avait menacé en 2016 les opposants du reis qui avaient osé réclamer un arrêt des combats au Kurdistan turc de « faire couler [leur] sang à gros bouillons ». Mais Çakici est d’un autre calibre. Militant du MHP (les Loups Gris) durant sa jeunesse, il est approché en en 1987 par  l’organisation nationale du renseignement (MIT). Il participe durant les années 1990 à la lutte clandestine contre les soutiens supposés du PKK et profite de la protection de l’état pour faire prospérer ses entreprises. Il est arrêté en 1998 alors que l’état est obligé, par l’opinion publique, de sévir contre le crime organisé. Libéré sous condition en 2002, il s’enfuit en Europe avant d’être ré-arrêté en Autriche avec un faux passeport au nom d’un agent du MIT. Il doit sa dernière libération à l’insistance de Devlet Bahçeli, le chef du MHP, membre de la coalition gouvernementale depuis le putsch raté de l’été 2016. Bahçeli a, en effet, appelé à plusieurs reprises, en 2018, au vote d’une loi d’amnistie pour le chef mafieux. Un convoi de 700 véhicules étant présent lors de sa libération.

Alaattin Çakici

Alaattin Çakici

Le ministère turc de l’Intérieur a récemment nommé des administrateurs dans sept municipalités de la province de Van remportées par le Parti démocratique du peuple (HDP) lors des élections locales du 31 mars 2019. M. Emin Bilmez, le gouverneur de Van qui a été nommé administrateur de la municipalité métropolitaine, avait annoncé après son entrée en fonction que les employés municipaux ne seraient pas licenciés. Malgré cette affirmation, 175 travailleuses et travailleurs ont été licenciés à Van et dans les districts environnants. Ces kurdes ont été licenciés sous prétexte de « lutte contre le terrorisme ». Le remplacement des maires HDP élu·es est une technique courante du régime (voir notre article).

Les municipalités kurdes de Batman, Silvan, Lice et Ergani sous tutelle du gouvernement turc (archive)

Les municipalités kurdes de Batman, Silvan, Lice et Ergani sous tutelle du gouvernement turc (archive)