Hier, une série de mouvements kurdes ont annoncé que 50 de leurs membres se mettaient en grève de la faim pour une durée indéterminée jusqu’à ce que l’état turc autorise la tenue d’une réunion avec Abdullah Öcalan, le leader emprisonné du PKK qui n’a pas été vu depuis de longs mois. Les mouvements (DTK, DBP, KJA, HDK et HDP) se sont réunis au local d’une organisation parapluie kurde, le DTK (Congrès pour une Société Démocratique) à Amed/Diyarbakir, la « capitale » du Kurdistan turc. Peu après l’annonce, une vingtaine de policiers turcs ont perquisitionné le local, saisissant une banderole réclamant la libération d’Öcalan au balcon, et fouillant chaque pièce une par une. Les policiers ont finalement quitté les lieux vers 00h30.

Annonce de la grève de la faim pour Öcalan

Annonce de la grève de la faim pour Öcalan

Après 6 jours d’emprisonnement à voir sa garde à vue prolongée de 24h en 24h, Bilen a été emmenée ce jeudi matin au tribunal où elle doit passer devant le procureur. Sa mère et ses avocats sont en route, l’audience sera à huis clos, la mère ne pourra pas rentrer. Les avocats n’ont pas pu consulter le dossier, l’audience durera probablement toute la journée. Nous vous tiendrons informés dans la journée.

Pour rappel, Bilen Ceyran est une étudiante belge de 24 ans, elle est co-présidente de l’organisation Young Struggle. Elle se trouvait en vacances du côté d’Izmir lorsqu’elle a été arrêtée avec ses deux amis. Huit autres militants, de la SGDF (la jeunesse de l’ESP) avaient été arrêtés quelques jours plus tôt. La police turque a mêlé les deux cas et accuse les 11 d’être militants de la KGÖ (Jeunesse Communiste du MLKP), considérée comme terroriste par le régime.

12h30: Bilen et ses camarades sont entendus par le juge.

12h40: Un des trois vient de terminer sa déposition, le second vient de rentrer pour faire la sienne. Ensuite viendra Bilen, qui n’est pas encore rentrée dans le tribunal.

14h15: Une photo prise au tribunal

18h: Le tribunal a déclaré que les 11 personnes inculpées resteraient en détention.

Bilen au tribunal

Le Conseil Militaire de Jarabulus (= les forces locales affiliées aux QSD) a signé un cessez-le-feu avec la Turquie et ses alliés lors de négociations tenues par la coalition internationale, le cessez-le-feu a pris effet à minuit. Le Conseil Militaire de Jarabulus est retranché derrière la rivière al-Sajur. Il a annoncé qu’il se retirait là pour protéger les populations civiles puisque la Turquie réplique en bombardant celles-ci. Le Conseil a également indiqué que le cessez-le-feu ne signifie pas que l’occupation est acceptée.

Mise à jour à 14h30: Un Ministre turc a nié l’information selon laquelle un cessez-le-feu aurait été négocié « Il est impossible pour Ankara de négocier un cessez-le-feu avec une organisation terroriste« .

Une vidéo montrant un char turc se prenant une roquette le 27 août:

Le Conseil Militaire de Jarabulus

Le Conseil Militaire de Jarabulus

L’opération turque en Syrie se poursuit. Ce 29 août, les troupes islamistes de la FSA soutenues par la Turquie ont repoussé les Forces Démocratiques Syriennes (QSD) vers Manbij. Plusieurs combattants kurdes ont été capturés par les islamistes, d’autres ont été tués. Des dizaines de civils ont été massacrés dans des bombardements aériens de l’aviation turque, notamment sur le visage de Al-Kusa. Suite à ce bombardement (le 28 août), une équipe de quatre YPG a voulu se rendre sur place pour aider à évacuer les civils, ils ont été pris en embuscade à hauteur du pont de Qereqozax et ont été capturés.

A hauteur du front d’Afrin (le canton ouest du Rojava qui est isolé des deux autres), les Forces Démocratiques Syriennes ont pris la direction de Al-Bab également (c’est la course vers cette ville qui motive l’agression turque, voir notre article précédent). Trois villages ont été libérés de l’occupation de Daesh: Harbul, Tal Qarah et Hosh. Al-Bab se trouve à 30km du front d’Afrin et à 15km des forces QSD du front de Manbij. Les troupes FSA soutenues par la Turquie essaient donc à la fois de créer une zone tampon de Jarabulus à Marea (ils ont déjà pris ces deux villes), de couper la route du front d’Afrin à l’ouest et de couper la route du front de Manbij en tentant de reprendre cette ville que les QSD ont pris après des semaines de bataille contre Daesh et au prix de nombreuses vies.

Front de Manbij/Jarabulus au 30 août 2016

Front de Manbij/Jarabulus au 30 août 2016

150 personnes se sont rassemblées devant l’ambassade de Turquie ce lundi à 16h malgré l’appel tardif à manifester. Des militants ont pris la parole pour réclamer la libération de Bilen Ceyran qui est emprisonnée depuis plusieurs jours à Izmir où elle a été arrêtée et accusée d’être membre d’une organisation terroriste (le KGÖ, la jeunesse du MLKP). Les manifestants ont également dénoncé l’occupation turque au Rojava (à Jarabulus) et la guerre aux Kurdes menée par le parti AKP.

Manifestation pour Bilen à Bruxelles

Manifestation pour Bilen à Bruxelles

Bilen Ceyran, étudiante belge de 24 ans, et co-présidente de Young Struggle -une organisation de jeunesse socialiste- a été arrêtée ce 26 août (et non le 23 comme précédemment annoncé) en Turquie, à Izmir, avec deux amis lors d’une raffle. Bilen est active parmi les militants bruxellois et parisiens, elle a été étudiante à l’ULB et part parfois en vacances en Turquie.

A cause de l’état d’urgence, l’information de son arrestation est arrivée très tardivement. Elle se trouve toujours en garde à vue à l’heure actuelle. Elle n’est pas autorisée à consulter un avocat. Sa famille et ses amis ont très peu d’information à l’heure actuelle.

Selon la presse turque pro-AKP, Bilen est accusée d’être membre de la KGÖ, la Jeunesse Communiste affiliée au MLKP et considérée comme une organisation terroriste par le régime.

Manifestation ce lundi 29 août à 16h devant l’ambassade de Turquie à Bruxelles. Rue Montoyer 4, à 1000 Bruxelles (Métro Trône).

Liberté pour Bilen Ceyran !

Un soldat turc a été tué et trois autres blessés dans une attaque à la roquette contre deux chars participant à l’offensive turque dans le nord de la Syrie. Les blindés ont été touchés dans la région de Jarabulus, ville que les troupes de l’Armée Syrienne Libre (FSA) soutenus par la Turquie ont reprises mercredi à Daesh. Il s’agit du premier décès confirmé d’un militaire turc dans le cadre de cette opération sans précédent, déclenchée mercredi, contre les Forces Démocratiques Syriennes (QSD). L’armée turque a bombardé des positions du Conseil Militaire de Jarabulus, affilié aux QSD et composé de groupes locaux mais désigné par la Turquie comme « groupes terroristes kurdes ». Un peu plus tôt samedi, l’armée turque avait envoyé six nouveaux blindés en Syrie par le village de Karkamis, à la frontière turque. Après quatre jours d’opérations, elle dispose désormais de 50 chars et de 380 soldats dans ce pays.

Blindés turcs en route pour Jarablos

Blindés turcs en route pour Jarablos

Le quartier général des forces anti-émeutes turques à Cizre n’est plus qu’une carcasse fumante. Le bâtiment a été soufflé ce vendredi par une attaque revendiquée par le PKK. C’est un kamikaze qui a pu introduire une voiture piégée sur les lieux et qui l’a fait exploser, tuant au moins onze policiers. 78 personnes ont été blessées dans l’explosion. La ville de Cizré est située dans la province kurde de Sirnak, frontalière de la Syrie et de l’Irak. Ce quartier général est connu pour avoir vu mourir des centaines de Kurdes emmenés par la police turque.

Les décombres du QG policier

Les décombres du QG policier

Au troisième jour de l’opération « Boucliers de l’Euphrate », le véritable affrontement oppose de plus en plus clairement les Forces Démocratiques Syriennes (QSD) à l’armée turque et à ses alliés. Hier, les YPG/YPJ, la composante kurde et principale des QSD ont annoncé qu’ils se retiraient à l’est de l’Euphrate pour laisser l’administration de Manbij à un pouvoir local, le Conseil Militaire de Manbij qui est affilié aux QSD. Les autres composantes QSD continuent à se déployer le long d’une ligne de front parallèle à la frontière turque, vers l’ouest, vers le canton d’Afrin. Les troupes turques et FSA suivant le même mouvement de l’autre côté de cette ligne.

Le véritable plan turc (mis au points depuis plus d’un an, nous vous en avions parlé en juillet 2015) est de créer une « zone tampon » le long de la frontière turque pour empêcher l’unification du Rojava. Cette zone s’étendrait de Jarabulus à Al-Bab, à travers le nord de la province d’Alep. La Turquie soutient dans l’opération plusieurs groupes de l’Armée Syrienne Libre dont la plupart sont affiliés à la chambre d’opération Fatah Halab (« Conquête d’Alep ») dont la Brigade Sultan Mourad (groupe turkmène qui tire son nom de l’empereur ottoman éponyme), Jahbat al-Sham, Ahrar al-Sham (qui décrivait ce matin à Jarabulus les Talibans comme un « modèle »), Faylaq al-Sham, Nour al-Din al-Zenki (qui s’était fait remarquer en filmant l’égorgement d’un jeune enfant « envoyé par Assad ») et une myriade d’autres groupes salafistes. Le tout est appuyé par les bombardements de la coalition internationale.

Des affrontements ont déjà opposé les troupes FSA aux QSD: des obus ont été tirés sur les QSD et des armes chimiques auraient été utilisées contre des civils kurdes. Il ne semble pas y avoir eu d’échanges de tirs directs jusqu’ici.

Situation à l’ouest de l’Euphrate au 26 août matin

Situation à l'ouest de l'Euphrate au 26 août matin

L’invasion turque qui a commencé hier à Jarabulus révèle l’objectif turc d’empêcher les Forces Démocratiques Syriennes (QSD) de libérer plus de territoires à la frontière et de compliquer l’unification des cantons du Rojava. Les QSD ont parcouru 7 kilomètres au nord du front de Manbij en 24 heures et 7 autres kilomètres les séparent de Jarabulus. Une ligne de front s’est donc dessinée entre les combattants FSA et QSD. L’enjeu est énorme puisque les territoires qui seront pris par l’armée turque seront très probablement extrêmement difficiles à reprendre par la suite. Impossible de savoir si la course qui se joue à présent débouchera sur des affrontements entre les QSD et les groupes FSA soutenus par la Turquie (edit: Des combats auraient déjà eu lieu avec les Forces du Conseil Militaire de Jarabulus affiliées au QSD). Le PYD à déjà annoncé qu’il ne laissera pas faire. Les USA soutiennent l’opération turque. La ville de Jarabulus est « tombée » en quelques heures aux mains de l’armée turque et de la FSA, aucune vidéo, aucun usage d’explosif, aucune mine laissée derrière les djihadistes. La « libération » de Jarabulus par l’armée turque semble s’être faite sans aucune résistance de la part de Daesh.

Le champs de bataille complexe de Jarabulus

Le champs de bataille complexe de Jarabulus