Dans la région d’Iskenderun (Hatay), les forces de sécurité qui menaient une opération de contre-guérilla sur les monts Amanos se sont heurtés à un groupe de combattants du PKK. Un soldat, blessé dans l’accrochage, est mort à l’hôpital public d’Iskenderun où il avait été transféré. C’est le septième soldats turcs tués dans les opérations de ces derniers jours (12 autres ont été blessés). Comme à l’habitude, les autorités turques rapportent des bilans extravagants (des dizaines de combattants du PKK tués à chaque opération…) mais auraient effectivement localisés et détruits 8 refuges et dépots de la guérilla sur le mont Kato (Sirnak) et dans la commune de Yuksekova (Hakkari).

Opération anti-PKK à Sirnak

Opération anti-PKK à Sirnak

Rezan Zuğurli, co-maire de la ville kurde de Lice, était avec sa mère et son fils de 2 ans, lorsque des policiers ont voulu l’arrêter en pleine rue. En voulant s’opposer à l’arrestation de sa fille, Rezan Zuğurli et sa mère ont été tabassées ainsi que des passants s’étant interposés. Rezan Zuğurli, son fils de 2 ans et un des passants ont été arrêtés. La police a, par la suite, transférée Rezan Zuğurli et son fils à la prison de type E de Diyarbakir.

Rezan Zuğurli, co-maire de Lice élue en 2014, membre du parti BDP (§ Parti de la paix et de la démocratie) représenté au parlement par le HDP, a été destituée et remplacée par un préfet de l’État turc. Elle avait déjà passée 13 mois en prison en 2011-2012 pour avoir participé à des manifestations en soutien à des prisonniers kurdes. Elle a été condamnée à 4 ans et 2 mois de prison ferme pour avoir « commis un crime au nom d’une organisation avec des membres d’une organisation terroriste » (le PKK). Elle a été arrêtée pour purger le restant de sa peine.

Rezan Zuğurli, co-maire de la ville de Lice

Rezan Zuğurli, co-maire de la ville de Lice

Nubar Ozanyan, combattant et commandant de la Tikko (branche armée du TKP/ML) au Rojava, a été tué ce 14 août au Rojava. Nubar était arménien, membre du parti depuis 40 ans, il a combattu en Turquie, puis en Palestine (de 1988 à 1990), au Karabagh, en Arménie, au Kurdistan Irakien (2014) et enfin au Rojava depuis juillet 2015, il a également milité à Paris et été le garde du corps du cinéaste révolutionnaire Yilmaz Güney. Il a formé de nombreux militants internationalistes au combat, notamment dans le Bataillon International de Libération. Ces conseils militaires et politiques ont profité à de nombreux combattants.

La déclaration officielle du TKP/ML (en turc) est disponible ici.

Nubar Ozanyan, martyr de Tikko

Nubar Ozanyan, martyr de Tikko

Les opérations de contre-guérilla de l’armée turque se sont intensifiés à la fin de la semaine au Kurdistan nord, de même que la résistance des combattants du PKK. Une opération militaire a été lancée dans la région de Karadag à Semdinli, district de la province de Hakkari, malgré les conditions climatiques difficiles à 3 300 mètres d’altitude. L’armée turque revendique la mort de trois guérilleros et la saisie d’une mitrailleuse lourde Duchka. Dans une zone rurale proche du district de Genc, province de Bingol, les forces de sécurité turques, en mission d’observation et de recherche ont été la cible d’une attaque de la guérilla. Au cours de cet accrochage, un soldat turc a été tué et un deuxième a été blessé.

Hospitalisation duu militaire blessé dans les combats de jeudi

Hospitalisation duu militaire blessé dans les combats de jeudi

Le pouvoir du président Erdogan, par le biais de l’organisme turc de régulation audiovisuelle, RTÜK, a fait fermer des dizaines de chaînes kurdes. Parmi elles, des chaînes à destination de la diaspora, situées dans d’autres pays européens, ont été interrompues par leur opérateur satellite Eutelsat, à la demande de la RTÜK qui les accuse d’être les porte-voix du PKK. En octobre 2016, l’entreprise française Eutelsat avait suspendu la diffusion de Med Nuçe TV et de Newroz TV, respectivement basées en Belgique et en Suède. Trois autres chaînes sont également menacées de suspension par Eutelsat depuis avril 2017 : Ronahi TV, NewsChannel et Sterk TV, qui émettent depuis la Belgique, la Syrie, l’Italie et la Norvège.

Le 14 novembre dernier, le tribunal de commerce de Paris a ordonné à Eutelsat de reprendre la diffusion de Newroz TV. Il estime que la Turquie n’a pas ou trop peu collaboré avec le siège de la chaîne en Suède, au lieu de tenter de « résoudre la difficulté » ensemble. Le tribunal souligne également qu’Eutelsat n’a pas pu prouver les supposées relations de la chaîne avec le PKK. Si Eutelsat est un groupe de droit privé, l’Etat français en est le principal actionnaire via la Banque publique d’investissement, qui détient 26,4% des parts.

Manifestation devant les locaux parisiens d’Eutelsat, le 6 octobre 2016

Manifestation devant les locaux parisiens d'Eutelsat, le 6 octobre 2016

Hamza Yalcin, ancien rédacteur en chef du journal socialiste Odak Dergisi, a été arrêté à l’aéroport de Barcelone suite à un mandat d’arrêt d’Interpol émis par la Turquie l’accusant de complot d’actes terroriste. Hamza Yalcin, qui vit en Suède depuis 1984 avec la double nationalité turco-suèdoise, avait été incarcéré dans le passé en Turquie et torturé. La demande d’extradition remonte à 2010 dans le cadre d’une affaire de l’état turc contre le journal Odak où il a été condamné à la réclusion à perpétuité. Les autorités espagnoles ont 40 jours pour décider s’il le renvoie en Suède, où il vit depuis 1984, où en Turquie. Il y a actuellement plus de 150 journalistes emprisonnés en Turquie.

Hamza Yalcin

Hamza Yalcin

Deux comptes Facebook liés à la page « Soutien au Bataillon International de Libération au Rojava » ont été momentanément suspendus ainsi que la page elle-même. Facebook a conditionné la remise en ligne des comptes et de la page à la suppression de deux contenus jugés comme « non-respectueux des standards de la communauté ». Les deux contenus:

– une photo et un extrait traduit de la fondation de la TQILA (L’Armée de Libération et d’Insurrection Queer), un sous-groupe de l’IRPGF (Forces de Guérilla Populaires Révolutionnaires Internationales), une composante anarchiste de l’IFB (Bataillon International de Libération).
– une vidéo « Soutien au Bataillon International de Libération au Rojava ». Cette vidéo avait déjà été brièvement censurée par Youtube en mai dernier, mais avait été rapidement remise en ligne après avoir fait appel.

Aucune de ces deux publications (ni aucune publication de la page en général) ne contient de contenu ‘graphique’ pouvant heurter la sensibilité de qui que ce soit. Le Bataillon International de Libération ainsi que ses composantes (MLKP, TKPML, BÖG, IRPGF,…), le Tabûra Enternasyonal (anciennement appelé Antifa Tabur) sont en ce moment même au front à Raqqah, pour déloger l’Etat Islamique de la ville qui fût sa capitale. L’ensemble des Forces Démocratiques Syriennes (QSD) lutte contre l’Etat Islamique et garantit à la ville une autonomie administrative du reste de la Fédération du Nord de la Syrie (Rojava) afin de ne pas lui imposer une énième occupation militaire. Ce n’est pas la première fois que Facebook censure du contenu lié à la résistance contre l’Etat Islamique, contre les groupes rebelles islamistes et contre les puissances impérialistes et réactionnaires en Syrie.

Censure de la page de Soutien au Bataillon International de Libération au Rojava


Facebook censure la page de Soutien au Bataillon International

Censure de la page de Soutien au Bataillon International de Libération au Rojava
Facebook censure la page de Soutien au Bataillon International

Une cinquantaine de personnes se sont rassemblées à la Place Saint-Jean, à Bruxelles, en solidarité avec Nuriye et Semih, les deux profs turcs emprisonnés et en grève de la faim depuis 150 jours. Un rassemblement a lieu chaque samedi à Bruxelles. Les deux enseignants ont récemment été hospitalisés de force.

Ressemblement pour Nuriye et Semih ce 5 août

Markéta Všelichová et Miroslav Farkaš sont deux internationalistes accusés d’avoir combattu Daech dans les rangs des YPG et des YPJ. Ils ont été arrêtés en novembre 2016 par les pershmergas de Barzani, au Kurdistan irakien, qui s’est empressé de les remettre au régime turc. Le régime turc dit avoir trouvé sur eux des flyers et photos prouvant leur appartenance aux YPG/YPJ, considérés comme des organisations terroristes par le régime turc, mais les deux internationalistes disent qu’ils se trouvaient au Rojava pour des raisons humanitaires. Leur procès avait commencé le 10 mai dernier, plusieurs reports ont mené le verdict à ce 2 août: 6 ans et 3 mois de prison. Les deux peuvent encore faire appel. La diplomatie tchèque s’est plusieurs fois manifestée pour leur libération.

Markéta Všelichová et Miroslav Farkaš

Le Comité belge pour la levée de l’état d’urgence en Turquie a lancé un appel pour un rassemblement ce samedi 5 août 2017 de 15h à 17h sur la place Saint-Jean à 1000 Bruxelles en solidarité avec Nuriye et Semih. Ce meeting marquera le 150e jour de grève de la faim des 2 enseignants. A cette occasion, le Comité appelle les personnes solidaires des opposants turcs persécutés à observer une grève de la faim d’un jour en soutien aux deux profs en résistance contre les purges.

Nuriye Gulmen et Semih Özakça

Nuriye Gulmen et Semih Özakça