Le KCK (le ‘parapluie’ politique des organisations politiques et militaires kurdes en Turquie, Syrie, Irak et Iran) a annoncé un cessez-le-feu cet après-midi. Le cessez-le-feu devait être annoncé aujourd’hui, l’annonce a été maintenue malgré l’attentat meurtrier qui a eu lieu contre la gauche à Ankara ce matin (et qui selon le dernier bilan provisoire a fait 86 morts). Le cessez-le-feu prend effet immédiatement sous plusieurs conditions : plus d’attaques contre la population kurde, la guérilla maintiendra ses positions là où elle se trouve, aucune action ne sera planifiée contre les forces armées turques mais la guérilla se défendra si elle est attaquée, enfin, l’état turc ne devra pas menacer le processus électoral en terrorisant les populations.

Ce cessez-le-feu signifie également qu’il n’y aura à priori pas d’actions de vengeances suite à l’attentat de ce matin, du moins pas avant les élections qui auront lieu le 1er novembre. Le KCK a d’ailleurs qualifié ce cessez-le-feu « d’inaction », et est un acte clair de respect des demandes de paix de la gauche turque.

Notes sur le Kurdistan

Les drapeaux du HDP jonchent le sol lorsqu’ils ne servent pas à recouvrir des cadavres.

Au moins 35 personnes ont été tuées et des centaines d’autres blessées lors d’une attaque à la bombe qui a eu lieu en fin de matinée à Ankara. Des centaines de manifestants -notamment du HDP- y étaient rassemblés et s’apprêtaient à manifester pour un cessez-le-feu avant les élections du 1er novembre prochain. Le PKK s’était déjà dit d’accord pour poser les armes. Mais comme l’attentat de Suruç -qui visait également la gauche turque et kurde- avait suffit à Ankara pour déclarer la guerre au PKK, cette nouvelle attaque soulève encore plus d’inquiétudes… Pour rajouter à l’horreur, la police turque ne s’est pas privée d’attaquer la manifestation à coups d’autopompes et de gaz lacrymogènes. On ne sait pas à l’heure actuelle qui a posé la bombe, mais il semblerait que ce soit un attentat suicide dont sont coutumiers les membres de l’Etat Islamique que le PKK combat en Syrie et à Shengal.

Une vidéo de l’explosion qui survient à quelques dizaines de mètres des manifestants en train de danser.

Un nouveau carnage contre la gauche turque et kurde à Ankara.

Un nouveau carnage contre la gauche turque et kurde à Ankara.

Le préfet de Bismil a à nouveau déclaré le couvre-feu dans quatre quartiers de la ville : Ulutürk (renommé Rojava par la population), Dumlupınar, Fırat et Tekel. La police a mitraillé peu après dans la ville une voiture occupée par quatre jeunes Kurdes qu’elle affirme d’être des combattants au PKK. Les corps de ces jeunes ont été emmenés à l’Hôpital d’Etat de Bismil en attendant les autopsies dans un état méconnaissable. Deux d’entre eux étaient déchiquetés par un grand nombre de balles, et les têtes des deux autres jeunes avaient été arrachées de leurs corps. Les dépouilles étaient dans un tel état que les victimes n’ont pas encore pu être identifiés.

Par ailleurs, les autorités turques affirment avoir anéanti hier mercredi un groupe de dix combattants du PKK qui tentaient de s’infiltrer dans la région frontalière d’Aktutun dans la province d’Hakkari. De leur côté, les combattants kurdes ont attaqué un poste de contrôle de la gendarmerie dans la commune Baskale de Van: sept soldats et un milicien anti-guérilla ont été blessés.

Le lieu de la fusillade à Bismil

Le lieu de la fusillade à Bismil

Quatre personnes ont été arrêtées à l’inauguration d’Europalia-Turquie, alors que la famille royale belge avait invité le président turc Erdogan à participer à l’ouverture de l’événement. Trois personnes ont d’abord été arrêtées en tentant de perturber l’évenement, puis une quatrième qui tentait de s’interposer entre policiers et manifestants a également été emmenée. La femme de Bahar Kimyonhur (opposant belgo-turc qui a été régulièrement arrêté en Belgique et en Europe ces dernières années), Deniz, figure parmi les personnes arrêtées.

EDIT (7/10): Les manifestants ont été libérés cette nuit.

Le président turc est en visite à Bruxelles depuis dimanche soir, officiellement pour discuter de la crise des migrants, officieusement pour défendre la zone tampon qu’il aimerait installer dans le nord de la Syrie et faire sa campagne éléctorale parmi la communauté turque de Belgique. Il est venu accompagné de son propre service de sécurité. Les agents en question en sont venus au main, un agent a mis un coup de coude à un policier bruxellois avant d’être plaqué au sol, le motif de la bagarre serait que les agents d’Erdogan veulent vérifier les pièces dans lesquelles Erdogan se rend avant que la police n’en fasse autant.

Quatre manifestants anti-erdogan arrêtés à Bruxelles.

Quatre manifestants anti-erdogan arrêtés à Bruxelles.

Haci Lokman Birlik, 24 ans, membre du YDG-H, avait été blessé lors d’un affrontement avec les forces de sécurité turques. Les membres des forces spéciales l’ont achevé d’un balle et trainé sa dépouille attachée à l’arrière d’un véhicule dans les rues de Şırnak. Haci Lokman Birlik était le beau-frère de Leyla Birlik, une élue HDP de la ville. Par ailleurs, l’aviation turque a mené dans la nuit de samedi à dimanche 17 raids aériens contre des positions du PKK dans différents endroits du Kurdistan, dans l’est de la Turquie et le nord de l’Irak.

Hacı Lokman Birlik

Hacı Lokman Birlik

Alors que le président turc, Erdogan, visite Bruxelles pour deux jours, un rassemblement aura lieu à 14h à Bruxelles, Place du Luxembourg. Ce rassemblement a lieu pour protester contre les nombreuses agressions sanglantes opérées contre les mouvements progressistes, révolutionnaires et kurdes à travers la Turquie et jusqu’en Irak et en Syrie depuis que l’AKP -parti d’Erdogan- a perdu sa majorité absolue lors des dernières éléctions, à la faveur de la coalition progressiste et pro-kurde du HDP. Le rassemblement dénoncera également le soutien matériel et financier offert par l’état turc à Daesh (Etat Islamique) ainsi que l’appui des états occidentaux au régime turc.

Lire le communiqué sur Indymedia.

Le rassemblement du 11 septembre.

Le rassemblement du 11 septembre.

Le camp qui abritait des réfugiés yézidis (et donc Kurdes) à Nusaybin, dans le district de Mardin, a été transformé en un quartier général militaire. Des dizaines de véhicules blindés et anti-émeutes, ainsi que des bus transportant des troupes d’opération spéciale sont entrées ce vendredi dans le camp. Ce nouveau centre d’opération -qui inquiète forcément les occupants actuels du camp- servira sous peu à servir la guerre que l’état turc livre au PKK.

Le camp de réfugiés yézidis à Nusaybin envahi par l’armée turque.

Le camp de réfugiés yézidis à Nusaybin envahi par l'armée turque.

Bismil est une ville kurde de la province de Diyarbakir. Le gouvernement a déclaré un couvre-feu dans les quartiers de Esentepe, Sentepe, Rojova, Avasin, Tekel et Firat de Bismil le 27 septembre. Après le couvre-feu, un grand nombre de véhicules armés se sont déplacés dans les quartiers et ont stationnés aux intersections. Des tireurs d’élite sont placés aux sommets des minarets des mosquées et sur des toits.

La première nuit Elif Simsek, une fillette de 8 ans, a été assassinée par les forces turques, puis Halil Kurtis (19 ans) a été tué. Agit Yilmaz, âgé de 22 ans, a été blessé par la police et est mort plus tard à l’hôpital. Agit, le père d’un bébé de deux mois, venait de rentrer de son service militaire et était debout devant sa maison quand il a été abattu par la police turque. Le lendemain, un garçon de 9 ans, Berat Guzel a été tué par la police alors qu’il jouait dans un parc a été abattu par la police. Ne sachant pas que les Kurdes du parc les filmaient, on peut voir sur une vidéo la police venir immédiatement près du corps, faire tomber un objet étrange et puis prendre des photos de preuves. Quand les gens se sont rassemblés et ont protesté à la fois la mort et les faux éléments de preuve (probablement une arme) la police a ouvert le feu sur la foule. Mais la foule a refusée de se disperser et a scandée, « Le PKK est le peuple et le peuple est ici ! »

Affrontements à Bismil

Notes sur le Kurdistan

Affrontements à Bismil

L’état-major des forces armées turques affirme avoir tué vingt deux membres PKK lors des opérations menées à Beytussebap. Sept corps de militants de la guérilla ont été retrouvés lundi dans le district de Beytussebap, une région montagneuse de la province de Sirnak (Sud-est) aux frontières avec la Syrie et l’Irak. Par ailleurs, des membres de la guérilla ont déclenché à distance, lundi matin, un IED au passage d’un convoi militaire dans la province orientale de Bitlis. L’action a été revendiquée par les YJA Star (unités féminines) à la mémoire de Marty Baran Dersim et d’autres combattantes récemment tuées par les militaires turcs. Le convoi composé d’un blindé et d’un minibus venait du Club des Officier à Tatvan et se rendait aux casernements de la Brigade de Sorgun. C’est à proximité du poste de garde de Sorgun que l’IED a explosé. Les YJA Star revendiquent 25 soldats tués et dix blessés, l’armée turque ne reconnaît « que » 20 blessés. Des militants kurdes ont également abattu deux policiers lundi soir dans la ville d’Adana, dans le sud du pays.

Opération anti-PKK

Opération anti-PKK

Aziz Güler (nom de guerre : Rasih Kurtuluş), commandant du Quartier Général des Forces de Libération Unies (BÖG) est mort ce 21 septembre au Rojava, lors d’une opération contre les islamistes dans la région de Raqqah. Les BÖG sont l’une des composantes du Bataillon International de Libération (IFB), ils comprennent principalement les membres des organisations turques qui n’ont pas de branches armées. Aziz avait participé à de nombreuses luttes sociales en Turquie avant de rejoindre l’IFB et de participer à la Bataille de Kobané.

Aziz Güler (nom de guerre : Rasih Kurtuluş)

La mort de Aziz a été commémorée à Istanbul, dans le quartier de Kadikoy, le rassemblement a été attaqué par la police turque.

Extrait du communiqué des BÖG :
Nous promettons au camarade commandant Rasih, ton sang ne restera pas au sol, ton drapeau ne restera pas au sol, ton fusil ne restera pas au sol ! Le commandant Rasih a rejoint la lutte durant ses années à l’Université Technique Yıldız, puis est devenu l’un des leaders les plus importants des jeunes de notre mouvement. Il était en première ligne dans la lutte de la classe ouvrière et des oppressé-e-s, et a fait peur à l’Oligarchie au point d’être pris pour cible par les chaines de télévision.

La police attaque la commémoration à Istanbul.

Aziz Güler (nom de guerre : Rasih Kurtuluş)
La police attaque la commémoration à Istanbul.