Les forces de sécurité iraniennes ont arrêté au moins 14 activistes kurdes dans la ville d’Oshnavieh, dans la province d’Azerbaïdjan occidental, et dans plusieurs villages environnants au cours des derniers jours, et les ont emmenés dans un lieu non divulgué. Les arrestations de ces personnes auraient été effectuées principalement par les services de renseignement du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) et seraient liées à l’organisation du Newroz de cette année. Parmi les personnes arrêtées figurent Yousef Haji Khosh, Rahim Rafati, Fakhraddin Modarresi, Omid Rashid-Pak, Arman Ebrahimi, Salah Ghazi, Hesamoddin Mahmoudi, Mowloud Rousta, Hassan Rasouli, Jafar Rasouli, Mohammad Soltanpour, Ghafour Sheikh-Mohammadi, Hadi Lawa et Ako Ebrahimi. Hadi Lawa, un chanteur kurde, Ghafour Sheikh-Mohammadi, Ako Ebrahimi, Mohammad Soltanpour et Jafar Rasouli ont été arrêtés à leur domicile à Oshnavieh le 30 avril.

Le 1er mai, trois autres militants, Hesamoddin Mahmoudi, Mowloud Rousta et Hassan Rasouli ont été arrêtés dans la ville. De plus, dans la soirée du même jour, les forces de sécurité ont fait une descente au domicile de Yousef Haji Khosh, membre du Conseil central et du Comité exécutif du Front uni kurde, dans le village de Kona Ghala, et l’ont arrêté tout en le battant. Le 2 mai, Salah Ghazi a été arrêté dans le village de Gundeh Vileh à Oshnavieh, tandis qu’Arman Ebrahimi, Omid Rashid-Pak, Rahim Rafati et Fakhraddin Modarresi ont été arrêtés dans d’autres quartiers de la ville.

Les journalistes Niloufar Hamedi et Elaheh Mohammadi ont été condamnées respectivement à des peines de sept et six ans de prison. Elles avaient été emprisonnées en septembre pour avoir contribué à rendre publique la mort en détention de la jeune Kurde Mahsa Amini. Elaheh Mohammadi  s’est vu infliger une peine de six ans de prison pour collaboration avec les États-Unis, de cinq ans pour complot contre la sécurité du pays et d’un an pour propagande contre la République islamique, selon l’agence de la justice Mizan Online. Niloufar Hamedi a pour sa part été condamnée à sept ans de prison pour coopération avec les États-Unis, cinq ans de prison pour complot contre la sécurité du pays et un an pour propagande contre la République islamique. Elaheh Mohammadi, 36 ans, reporter de Ham Mihan, et Niloufar Hamedi, 31 ans, photographe du journal Shargh, sont détenues depuis septembre 2022 dans la prison d’Evin à Téhéran et leurs procès avaient débuté en mai.

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Majidreza Rahnavard, qui avait été condamné à mort le 29 novembre pour l’assassinat le 17 novembre à l’arme blanche de deux agents de sécurité et avoir blessé 4 autres personnes a été exécuté en public à Machhad. Il avait été arrête le 19 novembre alors qu’il tentait de fuir le pays. Avant ces deux exécutions, l’autorité judiciaire avait fait état de 11 condamnations à mort au total en lien avec les manifestations.

L’avocat Mohammad Ali Kamfirouzi a été arrêté mercredi. Il est le défenseur d’Elaheh Mohammadi, 35 ans, la reporter de Ham Mihan, et de Niloufar Hamedi, 30 ans, la photographe du journal Shargh, détenues depuis septembre. L’Autorité judiciaire iranienne les a inculpées en novembre de « propagande contre le système » et de « complot contre la sécurité nationale », pour avoir attiré l’attention sur l’affaire Mahsa Amini. Plus de 300 journalistes et photojournalistes iraniens ont critiqué fin octobre dans une lettre ouverte les autorités pour avoir « arrêté [leurs] confrères et les avoir privés de leurs droits » notamment l’accès à leurs avocats. 25 avocats iraniens ont été interpellés à travers le pays depuis le début des manifestations.

Une vingtaine de personnes, notamment des membres des forces de l’ordre, ont été tuées dans des affrontements armés à Zahedan, vendredi 30 septembre. Dans un premier temps, des manifestants ont lancé des pierres contre un commissariat mais ensuite, des hommes armés ont tenté de prendre d’assaut les trois centres des forces de l’ordre. Plusieurs policiers ont été tués ainsi que le numéro deux des services des renseignements des Gardiens de la révolution. Des banques et des centres commerciaux ont été attaqués par les manifestants en colère et la répression des manifestations a été meurtrières (58 morts dénombrés jusqu’à présent). Zahedan est la capitale provinciale du Sistan-Balouchistan est une région déshéritée frontalière du Pakistan et de l’Afghanistan.

Des manifestations ont eu lieu samedi dans plusieurs universités en Iran pour dénoncer la répression meurtrière du mouvement de contestation. Des rassemblements »ont aussi été organisés sur la place Enghelab près de l’Université de Téhéran, dans le centre de la capitale, où des heurts ont éclaté entre la police et les manifestants dont certains ont été arrêtés. La police iranienne a arrêté plusieurs personnalités qui avaient exprimé sur les réseaux sociaux en faveur des manifestants, dont l’ancien footballeur international Hossein Manahi ou le chanteur Shervin Hajipour, dont la chanson « Baraye » (« Pour »), composée de tweets sur les manifestations, est devenue virale sur Instagram. La police a également arrêté une femme qui avait mangé au restaurant à Téhéran sans foulard dans une image devenue virale sur les médias sociaux. Au moins 29 journalistes ont été arrêtés, dont Nilufar Hamedi et Elahe Mohammadi, des femmes reporters qui ont contribué à exposer le cas d’Amini. A l’étranger, des rassemblements de solidarité, auxquels a participé la diaspora iranienne, se sont tenus samedi dans plus de 150 villes, dont Berlin, Bruxelles, Rome, Madrid, Athènes, Bucarest, Londres, Lisbonne, Varsovie et Tokyo.

 

Quatre militantes féministes afghanes incarcérées à Kaboul ces dernières semaines, après avoir manifesté pour les droits des femmes, et portées disparues depuis, ont été relâchées par les talibans. Deux d’entre elles, Tamana Zaryabi Paryani et Parwana Ibrahimkhel, avaient été arrêtées le 19 janvier, les deux autres, Mursal Ayar et Zahra Mohammadi début février. À chaque fois les talibans avaient nié toute implication dans leur disparition et disaient avoir ouvert une enquête. Ces libérations interviennent alors que le régime, asphyxié économiquement, cherche à convaincre la communauté internationale, avec laquelle il négocie une aide humanitaire, financière et économique, qu’il a assoupli son attitude à l’égard des femmes. Mais, dans la pratique, ces dernières n’ont pas vu grand-chose changer dans leur condition de citoyennes de seconde zone.

La protestation contre l’obligation du hijab suite à laquelle Tamana Zaryabi Paryani avait été arrêtée

 

Maryam Mohammadi, Esrine Derkaleh, Nahid Shaqaqi et Akram Nasirian ont chacune été condamnées à 4 ans et 2 mois de prison. Elles étaient accusées notamment de « diffusion de propagande contre l’État, enlèvement du voile et complot contre la sécurité nationale ». Maryam Mohammadi est une ancienne prisonnière politique des années 1980. Elle avait été emprisonnée à l’âge de 14 ans en 1981 et libérée en 1989. Nahid Shaqaqi avait été arrêtée en mai et détenue dans le quartier 209 du ministère du Renseignement pendant plusieurs semaines avant d’être libérée sous caution. Dans le même temps, la 36e chambre de la Cour de révision de Téhéran a prononcé une peine de 4 ans et 5 mois pour la militante civile Rezvaneh Ahmad Khanbeigi qui est emprisonnée depuis le 17 novembre dans le quartier 2A de la prison d’Evine. Par ailleurs, Zohreh Sayyadi a été arrêtée à son domicile dans le canton d’Andicheh, à Téhéran, le mardi 10 décembre 2019. Aucune information n’est disponible sur la raison de son arrestation ou des charges retenues contre elle.

les militantes féministes aujourd'hui emprisonnées

Samedi 26 octobre, Sepideh Gholian (voir notre article), Sanaz Elahyari, Amir Hossein Mohammadi Fard, Amir Amirgholi (voir notre article) et Atefeh Rangriz, Marzieh Amiri ont été libérés. Sepideh Gholian et Atefeh Rangriz avaient dernièrement entamé une grève de la faim entre autre pour protester contre leurs conditions de détention et les actes de harcèlement constant, ainsi que ceux envers des membres de leur famille. Neda Naji, une autre détenue du 1er mai, est toujours en prison et devrait être jugée par la 28e chambre du «Tribunal révolutionnaire islamique» pour sa participation à Téhéran au 1er mai 2019.

Sepideh Gholian

Le 7 septembre, le tribunal révolutionnaire de Téhéran a condamné sept militant.e.s syndicaux.ales à 117 ans de prison et 74 coups de fouet à la suite des manifestations des employés de l’usine de canne à sucre Haft Tappeh, en novembre dernier (voir nos articles ici et ici). Ismail Bakhshi, accusé de « rassemblement et collusion dans le but de porter atteinte à la sécurité nationale », « insulte du Guide », « publication de mensonges », « propagande contre l’État » et « perturbation de l’ordre public », a été condamné à 14 ans de prison et 74 coups de fouet. Mohammad Khanifar, accusé de « rassemblement, collusion et propagande contre l’État », a été condamné à six ans de prison. Les journalistes Sepideh Qolian, Amir Amirqoli, Asal Mohammadi, Amir Hossein Mohammadi Fard et son épouse Sanaz Allahyari ont été condamnés à 18 ans de prison. Ils ont été inculpés de « rassemblement et de collusion dans le but de porter atteinte à la sécurité nationale », d’ « appartenance au Gam » (une publication pour laquelle ils avaient écrit), de « propagande contre l’État » et « publication de mensonges ».

Au moins 40 travailleurs de l’usine de sucre Hafteh Tappeh ont été arrêtés au cours des derniers mois pour avoir protesté contre des salaires non-payés par l’usine. Le 13 août, sept travailleurs de l’usine de canne à sucre Haft Tappeh ont été condamnés à huit mois de prison avec sursis et à 30 coups de fouet chacun. Le 14 août, neuf autres employés ont été condamnés à huit mois de prison et à 30 coups de fouet, tandis qu’un autre travailleur a été acquitté.

Sept militant.e.s condamné.e.s à 117 ans de prison

Alireza Shir-Mohammad-Ali était originaire du quartier de Naziabad, situé dans le sud de Téhéran. Il avait été arrêté et emprisonné en juillet 2018 suite aux manifestations contre le régime. Il avait été condamné à 8 ans de prison pour avoir insulté Khomeiny et Khamenei, et pour propagande contre le régime. Deux condamnés à mort, un assassin et un trafiquant de drogue, l’ont poignardé à 40 reprises le 10 juin alors qu’il menait une grève de la faim avec un autre prisonnier politique, Barzan Mohammadi. Ce dernier a également été poignardé par les deux criminels. Cette attaque a été commanditée par les autorités : aucun garde n’était dans la section lors du meurtre et les téléphones de ce quartier de la prison avaient été débranchés à ce moment.

Utiliser des prisonniers sociaux contre les prisonniers est une vieille pratique des autorités carcérales iraniennes. C’est ce qui explique qu’une des premières revendications des prisonniers politiques est la détention dans un quartier séparé. Le prisonnier politique anarchiste Soheil Arabi, actuellement en grève de la faim (voir notre article), détenu dans cette même prison, a lui aussi été violemment battu par des prisonniers sociaux à plusieurs reprises.

Alireza Shir-Mohammad-Ali

Alireza Shir-Mohammad-Ali

Depuis la fin 2018 et début 2019, dix militants écologistes kurdes ont été arrêtés à Kamyaran et à Sanandaj (Sinê), au Rojhilat (région kurde iranienne) (voir notre article). Certains d’entre eux sont des membres actuels ou anciens de la branche kurde du Parti de l’unité nationale, un parti légalement enregistré en Iran, deux des détenus sont des civils et deux autres sont des militants politiques. Les militants écologistes arrêtés à Kamyaran avaient organisé des activités pendant de nombreuses années et participé à de nombreuses campagnes, entre autre pour la lutte contre les incendies causés en partie par des exercices militaires des forces iraniennes.

Les militants sont Amanj Ghorbani, Bakhtiar Kamangar, Hossein Kamangar, Rashed Montazeri, Reza Asadi, Zanyar Zamiran, Isa Feizi, Fazel Qeitasi, Farhad Mohammadi, Hadi Kamangar. Tous sont en isolement à la prison à Sanandaj. Les familles n’ont aucun contact avec les détenues et ils soupçonnent qu’ils soient soumis à de la torture. À Kamyaran, un imam de haut niveau et le président du conseil municipal ont appelé à l’exécution des détenus lors des prières du vendredi dans les mosquées locales.

10 militants kurdes emprisonnés

10 militants kurdes emprisonnés