Suite aux attentats du 11 septembre 2001, le gouvernement de George W. Bush  fait adopter le Homeland Security Act par le Congrès. Cela mène à la création du Department of Homeland Security (DHS) qui forme deux nouvelles agences, la Customs and Border Protection (CBP) qui prend en charge le contrôle aux frontières et l’Immigration and Customs Enforcement (ICE), responsable de l’application des lois à l’intérieur du territoire. Dotée de pouvoirs discrétionnaires pour surveiller, poursuivre, détenir et expulser les personnes qu’elle considère comme des “menaces pour la sécurité publique ou la sécurité nationale”. L’ICE est aujourd’hui la plus grande agence d’enquêtes du DHS : avec 20 000 agents répartis dans plus de 400 bureaux à travers le pays et un budget annuel de 8 milliards de dollars.

Les agents de l’ICE débarquent chez les gens sans mandat, sur les lieux de travail sans mandat. L’ICE opère même jusque dans les tribunaux, en arrêtant les immigrés à la sortie de leur procédure de demande d’asile. L’ICE mène rafles comme celle qui a visé des Vénézuéliens qui ont été mis dans un avion et emmenés soit à Guantanamo, soit au Salvador et dans d’autres pays, sans aucune autre forme de procès. Tout cela sous la pression du conseiller de Trump, Stephen Miller, qui martèle l’objectif de 3 000 arrestations d’immigrés par jour, pour atteindre le quota d’un million d’expulsions d’ici à la fin de l’année 2025.

Les pratiques actuelles de l’ICE sont telles que des villes et des États refusent que leur police locale coopère avec les forces fédérales en fournissant des informations sur des immigrés potentiellement sans-papiers. Des millions de personnes manifestent ainsi à travers le pays, brandissant des drapeaux mexicains en guise de soutien aux migrants. Et récemment, un groupe a dénoncé en ligne les agents de l’ICE.

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Lors de la première attaque, un homme a escaladé un portail vers 1 h du matin le 12 juin et a placé des allume-feu sur les pare-brise, les capots et les pneus de plusieurs véhicules sur un parking de la police, à environ un pâté de maisons d’un commissariat de police du quartier de Bushwick à Brooklyn. Cette action a été revendiquée comme démonstration « que la solidarité avec la résistance palestinienne, les immigrés, les Noirs ne signifie pas des manifestations inutiles où tout le monde se fait arrêter, des marches sans fin vers nulle part et des chants fades » (lire la revendication).

Grâce à la vidéosurveillance, la police de New York a publié mercredi des photos et une vidéo d’un homme de 21 ans originaire du New Jersey, et a demandé l’aide du public pour le retrouver. Le 28 mai, cette personne avait été arrêtée lors d’une manifestation pro-palestinienne à Manhattan et inculpé de trouble à l’ordre public et de résistance à l’arrestation pour avoir entravé la circulation. En mai 2024, il a été arrêté dans le Queens et inculpé d’agression et de résistance à l’arrestation. Il a plaidé non coupable dans les deux affaires. En septembre dernier, il aurait participé aux luttes à l’Université Columbia et aurait causé des dégâts à une statue du campus.

Mercredi, la police a indiqué qu’un allume-feu avait été retrouvé sur un fourgon de police garé devant un restaurant du quartier de Williamsburg à Brooklyn. Le chef des inspecteurs du NYPD, Joseph Kenny, a déclaré que l’allume-feu était de marque différente à ceux utilisés à Bushwick. Cette action a été revendiquée « Pour Rumeysa Ozturk, pour Mahmoud Khalil, pour toutes les familles, tous les amis, tous les voisins emprisonnés. » (lire la revendication).

La nuit précédent les manifestations « no kings » (voir notre article), le bureau de recrutement de la Garde nationale de l’armée de terre a été attaqué par des anarchistes (vitres brisées, etc.) à Bloomington, dans l’Indiana. L’origine de la Garde nationale, qui a été déployée en Californie lors des manifestations contre les expulsions de masses (voir notre article), est dans les milices mises en place après la guerre de Sécession par les autorités des États-Unis pour réprimer les émeutes ou de briser les grèves. Sur notre photo : un garde national en appui à la police de l’Indiana lors de la répression des mobilisations étudiantes pro-palestiniennes de l’an passé.

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Arrêté à New York le 8 mars pour son rôle de porte-parole de la contestation contre le génocide à Gaza sur le campus de Columbia (voir notre article), Mahmoud Khalil est devenu le symbole de la volonté du président américain Donald Trump de museler les mouvements étudiants. Après son interpellation par la police fédérale de l’immigration (ICE), Mahmoud Khalil, titulaire d’une carte verte de résident permanent, avait été transféré à près de 2.000 kilomètres dans un centre en Louisiane et était expulsable depuis le mois d’avril (notre article ici) .

La semaine dernière, le juge Michael Farbiarz du tribunal fédéral du New Jersey, avait ordonné sa libération, mais le ministère de la Justice avait rétorqué qu’il n’était « pas illégal » de détenir M. Khalil sur la base d’un autre motif d’accusation, ce qui avait poussé le juge à surseoir à sa libération. Ce vendredi 20 juin, le juge Farbiarz a ordonné la libération de Mahmoud Khalil. Libéré sous certaines conditions, il n’est pas autorisé à quitter le territoire américain, sauf dans le cas d’une démarche « d’auto-expulsion », et devra limiter ses déplacements à quelques États, celui de New York, où il réside, et celui du Michigan où réside sa famille.

Los Angeles, une manifestation se tenait dans le cadre de la journée nationale de contestation « No Kings » ce samedi 14 juin. Pendant plusieurs heures, des milliers de personnes ont affiché dans le calme et en musique leur défiance envers Donald Trump, avant que la police n’intervienne pour disperser les manifestants. La journée avait commencé par des danses amérindiennes devant la mairie, des manifestants jouaient des percussions sur les barrières de sécurité, et des vendeurs ambulants répandaient dans l’air une odeur d’oignons frits. Sous un ballon géant représentant le président américain en bébé portant une couche, les manifestants ont défilé dans le centre-ville. De nombreuses pancartes comportaient le nom de Trump suivi de divers jurons étaient brandies, d’autres montraient des caricatures du président sous les traits du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un.

Les manifestants flânaient dans l’après-midi sous le soleil, c’est alors que la police a soudainement commencé à repousser la foule de la zone, provoquant confusion et colère parmi les manifestants. La police montée a repoussé les contestataires, d’autres unités des forces de l’ordre tiraient des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes, alors que le couvre-feu n’entre en vigueur qu’à 20 heures. Des manifestants ont riposté aux lancés de gaz lacrymogènes par des jets de pierres, bouteilles et autres projectiles. Les forces de l’ordre ont procédé à plusieurs arrestations, le nombre total d’interpellations n’est pas communiqué.

Le centre-ville était de nouveau sous couvre-feu mercredi soir. De nouvelles manifestations se sont déroulées, mercredi 11 juin, contre la politique migratoire de Donald Trump dans plusieurs quartiers de Los Angeles où l’administration Trump a déployé des membres de la garde nationale et des marines.( notre article icî ) Dans le quartier de Downtown, des affrontements ont éclaté en fin d’après-midi avec la police, peu avant que débute une deuxième soirée de couvre-feu ( article ici ). 17 personnes avaient été arrêtées dans la nuit de mardi à mercredi pour avoir enfreint ce dernier. Au total, la police de Los Angeles a interpellé 400 personnes depuis samedi.

La maire de la ville, Karen Bass, a décrété ce mardi 10 juin un couvre-feu entre 20 heures et 6 heures locales sur une zone d’un kilomètre carré dans le centre-ville. Depuis vendredi, la ville est le théâtre de heurts entre protestataires dénonçant des raids de la police fédérale de l’immigration (ICE) contre les sans-papiers et des forces de l’ordre en tenue anti-émeutes ( notre article ici ). Donald Trump a menacé de recourir à l’Insurrection Act, régime d’état d’urgence qui confère au président le pouvoir d’utiliser les forces armées dans des missions de maintien de l’ordre sur le territoire américain. 700 Marines, un corps d’élite normalement utilisé comme force de projection extérieure, doivent rejoindre 4 000 militaires réservistes de la Garde nationale déjà mobilisés par Donald Trump, auquel il est reproché d’avoir pris des mesures disproportionnées. 

Quelque 700 Marines et 2000 réservistes supplémentaires ont été déployés à Los Angeles ce lundi 9 juin, après trois jours de violents affrontements entre des manifestants opposés à la politique migratoire de Donald Trump et les forces de l’ordre. L’opération en cours à Los Angeles porte le nom de Task Force 51, regroupe environ 2 100 gardes nationaux et 700 Marines d’active. Le déploiement de militaires d’active sur le territoire américain est une décision exceptionnelle, qui inquiète les défenseurs des droits civiques. Les manifestations ont débuté vendredi 6 juin à Los Angeles où réside une importante population hispanique, des personnes se sont interposées face aux arrestations musclées d’immigrés menées par la police fédérale de l’immigration (ICE) (notre article ici). Au matin du lundi 9 juin, plusieurs carcasses de voitures incendiées la veille sont visibles dans une artère de la ville, de nombreux messages hostiles à l’ICE, à la police et au président ont été tagués sur des bâtiments fédéraux. Les forces de l’ordre montent la garde à des carrefours et patrouillent dans le centre-ville déserté, elles ont déclaré un couvre-feu, interdisant les rassemblements pendant la nuit après des affrontements la veille au soir.

L’université du Michigan aurait recours à des enquêteurs privés infiltrés pour surveiller les étudiants pro-palestiniens. Ils affirment que ces détectives privés, engagés par l’université située à Ann Arbor, les suivent sur et en dehors du campus, les filment et écoutent leurs conversations. Plusieurs dizaines de ces enquêteurs auraient été identifiés par les étudiants. La surveillance aurait augmenté après des descentes menées récemment contre les étudiants soutenant le peuple palestinien, des preuves collectées par ces enquêteurs auraient déjà été utilisées dans des procédures disciplinaires internes. Les manifestations estudiantines et les occupations contre la guerre à Gaza se sont étendues à de nombreux campus à travers les États-Unis. Des centaines d’étudiants et d’enseignants ont été suspendus pour leur participation à ces protestations.

Vendredi 6 juin, la police de l’immigration (ICE) a effectué des raids dans la ville de Los Angeles. Plus de 40 personnes ont été interpellées pour s’être opposées à ces policiers. Les agents s’étaient rassemblés samedi matin à Paramount, banlieue hispanique de Los Angeles, Des manifestants anti-expulsions se sont regrouper, ont lancé des projectiles en direction de voitures de police et tenté d’empêcher un car de quitter les lieux. Les agents les ont repoussés à l’aide de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes. En fin d’après-midi, les rues étaient jonchées de débris et de caddies renversés. Donald Trump a annoncé le déploiement de 2 000 gardes nationaux à Los Angeles. C’est la deuxième opération d’ampleur en Californie en moins d’une semaine, après une descente dans un restaurant de San Diego, qui a tourné court grâce à la mobilisation citoyenne.