« J’ai décrété l’état d’urgence et, à cette fin, j’ai nommé le général de division Javier Iturriaga del Campo à la tête de la défense nationale, conformément aux dispositions de notre législation concernant l’état d’urgence », a déclaré le président chilien dans un message au palais gouvernemental. Santiago du Chili a été le théâtre de violents affrontements une bonne partie de la journée entre les forces de l’ordre et des manifestants, qui ont obligé les autorités à boucler toutes les stations de métro. Les affrontements se sont multipliés à la tombée de la nuit et le bâtiment de la compagnie d’électricité Enel ainsi qu’une succursale de Banco Chile, tous deux dans le centre-ville, ont été incendiés.

Avant que les stations de métro ne soient bouclées, des appels à monter dans les trains sans billet avaient circulé, pour protester contre l’augmentation des prix des tickets de métro, passés de 800 à 830 pesos (1,04 euro) aux heures de pointe, après déjà une première augmentation de 20 pesos en janvier dernier. L’ensemble du réseau a été fermé en raison des émeutes et des destructions qui ont touché presque l’intégralité des 164 stations, où beaucoup de barrières et tourniquets ont été détruits. En divers endroits de la ville, des manifestants ont érigé des barricades et se sont heurtés à la police, qui a fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes, des scènes de bataille de rue plus vues depuis longtemps dans la capitale chilienne. Jeudi, 133 personnes avaient été arrêtées pour des dégradations dans les stations de métro, où les dommages se montent selon le gestionnaire à 400 à 500 millions de pesos (630.000 euros).

Le siège d'ENEL en feu

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Mercredi 16 octobre, Un soldat de l’armée colombienne a fait défection avec son fusil de dotation et du matériel de guerre dans le département d’Arauca, à la frontière avec le Venezuela, et a rejoint l’ELN. Le déserteur, identifié comme étant Luis Carlos Carrillo, apparaît dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux dans laquelle il déclare s’être engagé en 2018 dans le 18ème groupe de cavalerie mécanisée de l’armée, basée à Saravena dans la département d’Arauca.

Selon Carrillo, au cours de sa période au sein de l’armée colombienne, il n’a pas appris « quoi que ce soit de bon » mais avait découvert la corruption dans l’armée ainsi que les mauvais traitements infligés aux soldats par les officiers de haut rang. Dans la vidéo, il déclare que pendant son temps à l’armée des supérieurs lui avaient parlé de soutenir les groupes paramilitaires pour « défendre la patrie » mais qu’en réalité la patrie qu’il défendait était « la patrie des riches ».

Le soldat Carrillo déserte et rejoint l'ELN

Le soldat Carrillo déserte et rejoint l’ELN

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Tamara Sol, une anarchiste chilienne, avait été condamnée en 2014 à 7 ans et 61 jours d’emprisonnement pour avoir tiré sur le vigile d’une banque. Elle a passé presque 6 ans derrière les barreaux dans différentes prisons du pays. Elle avait cherché à plusieurs reprises à obtenir une libération conditionnelle, ce qui lui avait été systématiquement refusé (voir notre article). Elle vient enfin de l’obtenir et a été libérée hier mercredi dans l’après-midi.

Tamara Sol

Lundi 14 octobre, le gouvernement équatorien a accepté, au cour de négociations avec le mouvement indigène, de retirer le décret supprimant les subventions aux carburants (faisant monter leur prix de 123%) qui avait déclenché une insurrection dans le pays (voir notre article). Peu après cette annonce, des milliers de personnes ont déferlé dans les rues de Quito pour célébrer cette victoire. Depuis le début du mouvement, le 3 octobre, on compterait sept mort·e·s, 1.340 blessé·e·s et 1.152 arrestations, selon le bureau du Défenseur du peuple, organisme public de défense des droits.

Insurrection à Quito, 12 octobre 2019

Insurrection à Quito, 12 octobre 2019

 

Le mouvement insurrectionnel continue en Équateur (voir notre article). Après une semaine de mobilisation, on comptait en date du jeudi 10 octobre : 5 morts, entre 554 et 2000 blessé·e·s (selon les sources) ainsi que 929 arrestations. Le gouvernement affirme, quant à lui, qu’il a eu 133 blessés parmi les policiers. Par ailleurs le même jour, les militant·e·s ont capturé et retenu 10 policiers qui ont été présentés sur une estrade lors d’un rassemblement des manifestants dans le nord de la capitale. Ils ont finalement été libérés dans la nuit. Enfin, la Conaie, principale organisation du mouvement a mis fin aux contacts noués avec la gouvernement, sous la médiation de l’ONU et de l’Église catholique, et appelé à « radicaliser » les actions de protestation.

manifestation et état d'exception en Equateur

manifestation et état d’exception en Equateur

Les affrontements violents entre policiers et manifestants se sont poursuivis en Haïti vendredi, au lendemain de la mort du journaliste Néhémie Joseph, abattu à Mirebalais. Des milliers de protestataires ont pillé des commerces et tenté de franchir les barricades protégeant la résidence du président du pays, Jovenel Moïse, dont ils réclament la démission depuis plusieurs mois. Les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes et ont tiré en l’air. Des manifestants ont brûlé des pneus et déversé de l’essence dans certains quartiers de la ville. Les manifestants reprochent à Jovenel Moïse la corruption de son régime et la pénurie de produits de consommation de base. Le journaliste Néhémie Joseph, qui couvrait les manifestations qui paralysent le pays depuis près d’un mois, a été retrouvé mort dans sa voiture jeudi soir à Mirebalais, une ville située au nord-est de Port-au-Prince. Il avait révélé en septembre, avoir été menacé par des politiciens qui l’accusaient d’avoir incité les manifestations. Les manifestations ont fait une vingtaine de morts et quelque 200 blessés.

Répression de la manifestation d'hier en Haïti

 

Hier jeudi 10 octobre, des étudiants des universités publiques et privées de Bogotá sont descendus dans les rues pour exiger du gouvernement qu’il respecte les accords économiques négociés en 2018. A Bogota, la manifestations commencée dans le calme a tourné à l’affrontement suite à l’attaque de banques et d’infrastructures publiques par des manifestants masqués. Les plus grands affrontements ont eu lieu au Palais de justice, où les cortèges de toutes les universités se sont retrouvées. Les policiers ont été caillassés, les escadrons anti-émeutes sont intervenus brutalement et ont nappé la place de gaz lacrymogène.

Caillassage des policiers protégeant le palais de justice

 

Mardi 8 octobre, le tribunal a décidé la libération de Daniel Ruiz. Il était en détention provisoire depuis septembre 2018 pour avoir participé à des manifestations contre la réforme des retraites de Macri en 2017 et s’était vu refuser tous les appels par les tribunaux et ce sans même qu’une date ne soit fixée pour le procès. Une campagne internationale a été menée en faveur de sa libération et avec notamment une journée de mobilisation le 12 septembre (voir notre article). Depuis, Daniel Ruiz a obtenu une date pour son procès qui aura lieu le 18 octobre et hier, il a été libéré. Il reste cependant poursuivi pour sa participation à la manifestation du 17 décembre 2017 et la campagne de soutien continue. Cette campagne peut notamment être soutenue financièrement sur le compte BE83 6528 5492 2215.

Plus d’infos ici.

Daniel Ruiz

Mardi 8 septembre, le président équatorien Lenin Moreno a ordonné un couvre-feu nocturne autour des lieux de pouvoir suite à des émeutes massives à Quito. Les manifestant·e·s protestent contre la hausse massive du prix de l’essence décidée par le président en échange d’un prêt financier du FMI. La liberté de circulation a été restreinte entre 20h00 et 05h00 locales pour « les zones adjacentes aux bâtiments et aux installations stratégiques telles que les bâtiments qui abritent la puissance publique ». Face à l’ampleur de la mobilisation, Moreno avait déjà du déplacer lundi le siège du gouvernement dans la ville Guayaquil et avait proclamé l’état d’urgence pendant 60 jours pendant lesquelles les forces armées pourront réprimer le mouvement. Le couvre-feu s’étendra sur la même durée.

L’Équateur connaît depuis début octobre un mouvement social inédit depuis 2007, marqué par des blocages de routes et de puits pétroliers en Amazonie. Des manifestations, des émeutes et des grèves paralysent le pays. Ce mardi les affrontements ont continué dans la capitale et le Parlement a été brièvement envahi par les manifestant·e·s qui ont ensuite été repoussé·e·s par des policiers et des militaires. On compte 570 arrestations. Lundi, les manifestant·e·s avaient pénétré dans le bureau du contrôleur général et avaient incendiés plusieurs véhicules militaires. Des milliers de personnes continuaient d’affluer vers Quito pour participer mercredi à une grande manifestation aux côtés des syndicats.

Émeutes massives à Quito

Émeutes massives à Quito

 

Lundi 7 octobre, une commandante du 18ème Front (une organisation des dissident·e·s des FARC refusant l’accord de paix) portant l’alias « La Reina » a annoncé que ses forces rejoignaient Iván Márquez dans son projet de reformer les FARC (voir notre article) et le reconnaissaient comme commandant en chef. La Reina précise donc que son front suivra désormais les directives de la guérilla formée par Márquez, Seuxis Pausias Hernández, alias « Jesús Santrich et Hernán Darío Vélez, alias « El Paisa ».

Le 18ème Front compte au moins 120 combattantes et combattants. Il est positionné dans la partie occidentale de la Colombie (dans le nord-ouest du département d’Antioquia et dans le sud du département de Cordoba). Cela en fait un allié stratégique pour Márquez qui est, lui, présent dans la partie orientale du pays à la frontière avec le Venezuela. Cette première fusion pourrait laisser présager des progrès dans la réunification des FARC.

Le 18ème Front rejoint Ivan Marquez

Le 18ème Front rejoint Ivan Marquez

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