Lors d’un procès à l’ambiance particulière, le procès des « deux Saïd » se tenait aujourd’hui à Paris. Il s’agit de Saïdou, un des rappeurs du groupe de rap ZEP (Zone d’Expression Populaire) et Saïd Bouamama, auteurs respectifs de la chanson « Nique la France » et du livre éponyme. La salle était remplie des soutiens Accusés d’incitation à la haine raciale par une association fasciste (qui avait également tenté de faire porter une photo de la solidarité avec ‘Action Directe’ du livre ‘Nique la France’ à la liste des accusations). Une spécialiste universitaire des Sciences du Langage qui a rédigé un rapport de 53 pages sur le morceau « Nique la France » et a fait valoir une liste d’une quinzaine de ‘chansons françaises’ écrites entre 1969 et aujourd’hui qui pourraient être également assimilées à du ‘racisme anti-blanc’. C’était aussi l’enjeu du procès : la création d’une jurisprudence sur la reconnaissance comme catégorie juridique des ‘français de souche’. Ce ne sera probablement pas le cas puisque la procureur a demandé l’abandon des accusations. Le verdict aura lieu le 19 mars.

Et voilà encore une fois la chanson sacrilège :

La solidarité venue nombreuse au procès de ZEP

La solidarité venue nombreuse au procès de ZEP

Malgré les restrictions budgétaires, le gouvernement a décidé de dégager des moyens pour lutter contre la menace terroriste. Ce mercredi 21 janvier, le premier ministre français vient d’annoncer 1.400 embauches et 425 millions d’euros supplémentaires dans les trois ans pour les forces de l’ordre. Une partie de ces crédits nouveaux ira à la modernisation du parc automobile de la police comme de la gendarmerie.

Hier mardi, une centaine de personnes se sont rassemblées devant la direction du courrier des Hauts-de-Seine pour dénoncer la révocation de Yann le Merrer, fonctionnaire et syndicaliste Sud-PTT. Suite au mouvement social qui a duré 173 jours dans les Hauts-de-Seine, s’achevant cet été par l’embauche de contrats précaires et le report de certaines restructurations, l’entreprise a vite enclenché la machine à réprimer. Quatre personnes ont été licenciées, d’autres sont sont sur la sellette. Si Yann Le Merrer va déposer un recours en référé auprès du tribunal administratif pour faire annuler cette sanction, des actions continuent d’être menées pour exiger sa réintégration.

Yann le Merrer

Yann le Merrer

Le 6 novembre à Paris, dans le quartier de Belleville, quelques personnes entament un collage d’affiches contre la police et appelant à une manifestation le 8 novembre contre la police et le barrage du Testet suite à la mort de Rémi Fraisse. Arrive alors une camionnette de police de la BST. Deux policiers en descendent et se dirigent vers deux deux colleurs. Ils semblent connaître le sujet de l’affiche et se montrent agressifs. Au commissariat, les colleurs sont placés en garde-à-vue pour « provocation directe à la rébellion », en l’occurrence pour l’affiche. Les auditions s’enchaînent mais les poursuivis n’ont toujours rien à déclarer. Après 24 heures, et une « supplétive » pour « refus de se soumettre à un prélèvement génétique », ils sont envoyés au dépôt. Après 20 heures, et un nouveau refus de prélèvement, ils finissent par passer devant un substitut du procureur qui leur remet une convocation pour un procès le 21 janvier 2015 a 13h30 devant le TGI de paris – 10ème chambre correctionnelle pour provocation directe a la rébellion et refus de prélèvement biologique.

Le rappeur Saïdou du groupe Z.E.P (Zone d’Expression Populaire) et le sociologue et militant Saïd Bouamama ont été mis en examen pour «injure publique» et «provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence» sur une plainte de l’AGRIF, un groupe d’extrême droite nostalgique de l’Algérie française. En cause, un ouvrage et une chanson du même nom, «Nique la France».

Le gendarme qui a lancé la grenade responsable de la mort de Rémi Fraisse lors de heurts avec les forces de l’ordre sur le site du barrage de Sivens a été placé en garde à vue. Le parquet de Toulouse a ouvert une information judiciaire pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Cette enquête, ouverte contre X, vise des « faits commis par une personne dépositaire de l’autorité publique dans l’exercice de ses fonctions ». Deux juges d’instruction ont été désignés pour mener les investigations.

Une enquête administrative, demandée début novembre par le ministre de l’Intérieur à l’Inspection générale de la gendarmerie (IGGN), avait écarté, début décembre, toute faute professionnelle des gendarmes.

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Le chef du gouvernement français a annoncé que des détenus considérés comme radicalisés seraient confinés d’ici la fin de l’année dans des quartiers spécifiques dans quatre prisons du pays, afin qu’ils soient isolés des autres. Une première expérience du genre est en cours depuis la mi-octobre à la prison de Fresnes, dans le Val-de-Marne. Il a aussi souligné la prétendue nécessité de régulièrement renforcer les services en charge du renseignement intérieur et la juridiction antiterroriste. Il a promis de déployer les moyens nécessaires pour parvenir à cet objectif.

Le premier ministre a également demandé à son ministre de l’Intérieur de lui soumettre des propositions de renforcement d’ici huit jours. Elles devront notamment concerner Internet et les réseaux sociaux. Il a aussi ajouté que les noms de tous les individus condamnés ou mis en examen pour terrorisme seront regroupés dans un fichier. Ces personnes devront déclarer leur adresse et signaler leurs changements de domicile, afin de faciliter leur suivi.

Les neuf grévistes de Leroy-Somer qui avaient été assignés devant le tribunal de grande instance d’Angoulême le 30 décembre dernier suite au blocage de l’usine et de la fonderie de Rabion sont convoqués par la direction de l’usine. Lundi prochain, 19 janvier, elle leur notifiera une sanction. Ils sont tenus pour responsables de dégradations constatées le premier jour de la grève, le 17 décembre.

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Alors que le second acte de la loi contre « L’apologie du terrorisme » entrait en vigueur ce 10 janvier, permettant notamment d’arrêter les personnes qui feraient « l’apologie du terrorisme » sur les réseaux sociaux. C’est évidemment un effet d’annonce puisque les auteurs de ces ‘apologies’ étaient déjà arrêtés auparavant. Les Ministres de l’Intérieur de 11 pays (L’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie, la Pologne, l’Espagne, la Belgique, la Suède, les Pays-Bas, le Danemark, l’Autriche et la France) ont fait une déclaration commune d’intention de contrôler plus encore les réseaux sociaux. Le but de ces pays européens étant d’aboutir à des accords avec les fournisseurs de services pour effacer plus rapidement les contenus qui feraient l’apologie du terrorisme.
Dans la même veine ‘post-charlie’, plusieurs élus français font à présent appel à un ‘Patriot Act à la française’. Le Patriot Act américain permettant entre autres de saisir sans mandat du matériel (informatique ou autre) et de détenir sans limites de temps des suspects de ‘terrorisme’.

Le site du ministère français de la défense a été inaccessible plusieurs heures mardi matin, puis de nouveau perturbé par intermittence en début d’après-midi. La technique utilisée serait “celle du déni de service distribué (DDoS)”, consistant à submerger les serveurs de requêtes pour les rendre inaccessibles ou les perturber. Le groupe Anonymous OpGPII a revendiqué sur Twitter cette attaque. Cette action aurait pour objectif de rendre hommage à Rémi Fraisse, le jeune écologiste tué par une grenade des gendarmes lors d’une manifestation contre la construction du barrage de Sivens.

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