Mercredi 29 avril, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a annoncé qu’à partir du 1er juin, les parents qui n’envoient pas leurs enfants à l’école alors que celle-ci peut les accueillir ne pourront plus bénéficier du dispositif de chômage partiel. À défaut, les parents dont les enfants ne peuvent pas retourner à l’école, devront fournir à leur employeur une attestation de l’école précisant que l’établissement ne peut pas accueillir l’enfant.

Une information judiciaire a été ouverte en juillet 2017 pour « association de malfaiteurs », où dix militants antinucléaires sont mis en examen pour divers motifs en lien avec des dégradations commises dans un hôtel et de l’organisation d’une manifestation non déclarée en août 2017 à Bure. Ce dossier s’est révélée être une machine démesurée de renseignement sur le mouvement antinucléaire. Près de 765 numéros de téléphone ont fait l’objet de demandes de vérification d’identité auprès des opérateurs de téléphonie. Au moins 200 autres requêtes ont été faites pour connaître les historiques d’appels, leurs lieux d’émission, les coordonnées bancaires des titulaires d’abonnement, les codes PUK permettant de débloquer un téléphone quand on ne connaît pas son PIN. Au total, 29 personnes et lieux ont été placés sur écoute. Deux militants ont été visés par ces interceptions pendant 330 jours, soit presque un an. Pour plusieurs autres mis en examen, cela dure près de huit mois. Le numéro de la Legal team a été surveillé pendant quatre mois. Si l’on additionne toutes ces séquences, on obtient une durée cumulée de temps passé à écouter les activistes équivalente à plus de seize années ! La plupart de ces personnes ont été écoutées en permanence par une équipe de gendarmes se relayant derrière leurs écrans.

Au total, plus de 85.000 conversations et messages ont été interceptés. Et pas moins de 337 conversations ont été retranscrites sur procès-verbal, auxquelles s’ajoutent quelque 800 messages reproduits par le Centre technique d’assistance (CTA). La ligne téléphonique de l’avocat des antinucléaires, depuis lui aussi mis en examen, a fait l’objet d’une demande de géolocalisation. Deux voitures de militants sont discrètement équipées d’une balise permettant de suivre leurs trajets en temps réel. L’utilisation de la messagerie cryptée Signal empêchant de lire les messages, le téléphone d’une militante est saisi, envoyé au Centre technique d’assistance (CTA), un organisme interministériel spécialisé dans le déchiffrage des données numériques. Le CTA réussit à craquer le mot de passe du téléphone et y retrouve quelque 800 messages non effacés. Les gendarmes ont aussi utilisés des IMSI-catchers, des appareils de surveillance qui récupèrent à distance les identifiants des cartes SIM (les « IMSI ») dans les téléphones portables. A l’occasion d’un rassemblement de soutien aux inculpés, 1.028 IMSI sont interceptés.

Un schéma réalisé par la cellule d’analyse criminelle Anacrim de la gendarmerie nationale (logiciel : Analyst’s notebook), prétend visualiser les liens entre 118 opposants (via leurs numéros de téléphone, des lieux, des événements), une technique, habituellement utilisée pour résoudre des crimes particulièrement graves (tueur en série…). A Bure et dans les villages environnants, les gendarmes interrogent les commerçants et les habitants « aux fins de déterminer précisément les habitudes et lieux de vie des opposants au projet Cigéo les plus radicaux ». Un pharmacien reçoit une réquisition pour fournir l’ordonnance de clients ayant acheté du sérum physiologique. Au total 25 perquisitions ont lieu. La vie privée des militants est passée au tamis de la surveillance policière : commissions rogatoires à la caisse d’allocations familiales, à la direction des impôts, aux agences d’intérim, aux employeurs passés et actuels, à Pôle emploi, aux banques qui gèrent leurs comptes. Pour en savoir plus

Image du type de celles établies par un logiciel Anacrim représentant l’organisation du mouvement anti-Cigeo à Bure

Le 23 avril dernier, une habitante du quartier La Roseraie à Toulouse a été mise en garde à vue pendant 4h. Le motif étant « outrage au chef de l’Etat ». Depuis un mois trônait sur sa façade une banderole : « Macronavirus à quand la fin ? ».  Pour l’instant, cette habitante et ses colocataires n’ont pas fait l’objet de mise en examen.

Une agente de nettoyage  à la Poste de l’Union, près de Toulouse, a été menacée de licenciement pour avoir voulu utiliser un masque à disposition du personnel de la Poste le 14 avril dernier. La société sous-traitante GSF qui l’emploie ne lui avait pas procuré de matériel de protection contre l’épidémie de COVID-19. La directrice du bureau de poste l’a accusé de vol, a prévenu la direction de GSF et a menacé de mettre un terme au contrat de sous-traitance. Le lendemain de l’incident, l’agente recevait un masque de la part de son employeur.

Des agents de la BAC de Limoges ont interpellé un homme de 46 ans mardi 21 avril. Des vidéos prises par des habitant·e·s du quartier de Beaubreuil montrent que l’homme a été violemment frappé à terre. A la suite de cette interpellation, des affrontements ont eu lieu avec la police. Pour rappel, il y a eu depuis samedi soir plusieurs révoltes dans différents quartiers populaires en réaction aux violences policières qui se multiplient dans le cadre du confinement (voir notre article).

L'homme frappé au sol par la BAC.

Le week-end dernier à Villeneuve-la-Garenne, un jeune homme a été grièvement blessé suite à des violences policières (voir notre article). Depuis, plusieurs quartiers populaires de France se révoltent. A Toulouse, au moins cinq voitures et des poubelles ont été incendiées dans le quartier du Mirail dans la nuit du 21 au 22 avril. Des jets de projectiles et des feux d’artifice ont ciblé les dizaines de policiers mobilisés sur place. Aucune interpellation n’a été recensée pour l’instant.

Début avril 2020, une enquête administrative a été ouverte au centre hospitalier du Rouvray de Sotteville-lès-Rouen contre 7 agents. Elle fait suite à la diffusion sur les réseaux sociaux d’une note interne de l’hôpital par le collectif « Les blouses noires ». Cette note appelait à réutiliser les masques usagers pour faire à la pénurie liée au COVID-19. La direction a fait constater par huissier des captures d’écran de ‘likes’ et commentaires Facebook d’agents, y compris de comptes privés, dénonçant cette gestion de la crise sanitaire.  Les agents convoqués par la direction  sont tous syndicalistes ou militants reconnus. Ils risquent jusqu’au licenciement.

À Montpellier, un bénévole du Secours Populaire a été agressé verbalement et physiquement par 2 policiers lors d’un contrôle effectué dans le cadre du confinement. Malgré son attestation de circulation dérogatoire, ses papiers d’identité et son ordre de mission, l’homme a été verbalisé. Il a déposé plainte avec un certificat médical faisant état d’une ITT de cinq jours.

 

Au lendemain de graves exactions policières à Villeneuve-la-Garenne (voir notre article), des révoltes ont éclaté en fin de soirée dans la ville. Affrontements avec la police, feux d’artifice, voitures incendiées, de nombreux jeunes ont riposté aux humiliations et aux violences de la police. Des scènes similaires ont eu lieu dans plusieurs villes notamment en région parisienne et dans le quartier du Mirail à Toulouse.

A Villeneuve-la-Garenne, un journaliste sur place a été violemment arrêté et relâché quelques heures plus tard.

A Villeneuve-la-Garenne, révoltes contre les violences policières.