On sait que de nombreux policiers déclenchent des poursuites, dans lesquelles ils se constituent partie civile, sur base de faux témoignages pour arrondir leurs fins de mois en obtenant des indemnisation pour avoir été prétendument insulté ou frappé. Jusqu’à présent, les tribunaux avalisaient cette pratiquer qui se généralise. Une de ces tentatives de racket a, par exception, avorté à Lyon.

Le 6 avril dernier à Lyon, Didier M., postier, participe au cortège des Gilets jaunes avec son fils de 17 ans. Interpellé par des agents de la BAC, il est d’abord conduit à l’hôpital, où un médecin lui accorde cinq jours d’ITT, avant de passer 48 heures en garde à vue. Poursuivi pour coups à agent et rébellion, il comparaissait ce mardi 21 mai. Les deux membres de la BAC s’étaient constitués partie civile,, l’enregistrement de la vidéo portée par l’un d’eux contredisait leur déposition.

Didier M. a expliqué: : « Quand j’ai vu mon fils se faire projeter au sol et se faire matraquer par des policiers, je suis allé vers eux pour leur demander pourquoi ils faisaient ça. Et les coups ont commencé à pleuvoir sur moi ». Le tribunal a relaxé Didier M. en déboutant les policiers de leurs demandes d’indemnisation. Le 13 avril, une semaine après les faits, les motards Gilets jaunes avaient déployé sous les yeux de la BAC une banderole l’accusant de lynchages. Une dizaine d’entre eux ont reçu, depuis, des amendes pour des infractions au Code de la route qu’ils auraient commises lors de cette manifestation…

la manifestation des motards solidaires

la manifestation des motards solidaires

Hier, le collectif universitaire contre les violences policières a lancé une caisse de soutien aux gilets jaunes. Ce collectif a été lancé en mars dernier par plus de 450 universitaires au moyen d’un appel intitulé « Universitaires, nous nous déclarons « complices » des gilets jaunes face aux dérives autoritaires du pouvoir ».

Le collectif dénonce la répression du mouvement Gilets Jaunes, les nouvelles mesures liberticides récemment adoptées (unité « anti-casseurs », « visage masqué » considéré comme délit, marquage chimique des manifestant.es, etc.) ainsi que l’augmentation de la répression judiciaire (nombre des procès en augmentation constante et condamnations à de la prison ferme plus fréquentes).

Afin d’aider les manifestant·e·s à faire face aux coûts financier des procès, le collectif universitaire a donc lancé une cagnotte qui financera des collectifs d’autodéfense juridiques. Les fonds seront répartis entre les collectifs locaux avec le soutien du réseau national des collectifs d’autodéfense juridique.

Le lien vers [la cagnotte
->https://www.helloasso.com/associations/les-amis-de-la-liberte/collectes/caisse-de-soutien-aux-gilets-jaunes]

Le même jour, deux personnes condamnées à Reims à 18 mois de prison ferme et pour l’un d’entres eux à verser 1000 euros à un policier. Ils étaient accusés d’avoir jeté des projectiles sur les forces de l’ordre (des pierres pour l’un, des grenades lacrymogènes pour l’autre), samedi, pendant la manifestation des gilets jaunes. Dans les deux cas, le tribunal a été plus sévère que le procureur de la République. Alors que le parquet avait réclamé 12 et 13 mois de prison ferme contre les deux hommes, jugés en comparution immédiate, le tribunal les a condamnés tous les deux à 18 mois ferme, avec mandat de dépôt, et donc, incarcération immédiate à la sortie de l’audience.

Deux autres hommes étaient jugés le même jour. Le premier été accusé de jet de pavés sur la police. Il écope de quatre mois de prison ferme. Le second aurait traité les policiers de « moutons ». Il écope de quatre mois ferme, plus quatre mois supplémentaires, en révocation d’une peine de sursis précédente.

Gilets Jaunes Acte XXIV Paris

Gilets Jaunes Acte XXIV Paris

L’Acte 27 du mouvement des Gilets jaunes a vu ses principales manifestations se tenir à Reims, Nancy, Toulouse et Paris. D’autres manifestations ont eu lieu, par exemple à Lyon, Marseille, Besançon, Saint-Nazaire, où la préfecture a pris un arrêté interdisant la manifestation non déclarée des « gilets jaunes » dans le centre et Lens – où la préfecture a également interdit le centre. A Reims, une manifestante a été blessée suite à une charge de CRS. A Toulouse, où la place du Capitole était interdite de manifestation, des affrontements ont eu lieu et la police a fait usage de gaz lacrymogènes.

Si le nombre des manifestants a baissé dans les grandes villes, on a observé un regain dans les occupations de rond-points en province, pratique qui a caractérisé les débuts du mouvement.

L'Acte 27 à Toulouse

L’Acte 27 à Toulouse

Sur les 109 escadrons de gendarmerie mobile (EGM), a récemment exposé le chef de l’Inspection générale de la Gendarmerie nationale à la commission d’enquête parlementaire sur les moyens des forces de sécurité, 41 font l’objet d’un emploi permanent (déploiement outre-Mer, en protection du palais de justice, des ambassades, de la Banque de France ou des sites nucléaires). « Seulement » 68 escadrons de gendarmerie mobile ont pu être mobilisés pour assurer le maintien de l’ordre. Ainsi, le 8 décembre 2018, lors de l’acte 4 des gilets jaunes, sur les 89.000 forces de l’ordre mobilisées, 65.500 étaient des gendarmes.

Certes, les EGM ont pu être épaulés par la gendarmerie départementale. Mais celle-ci n’est formée et équipée que pour le maintien de l’ordre de basse intensité. Il en résulte un « suremploi durable » des gendarmes mobiles et la gendarmerie a dû leur supprimer, à plusieurs reprises, les repos et à ne pas leur accorder leurs permissions, créant une « dette des droits à repos et à permissions ». Au 10 mai les gendarmes mobiles ont accumulé [en moyenne] 5,86 jours de repos et 37,74 jours de permission de retard. Et cette « dette » s’accroît. Les matériels ont également beaucoup souffert ces dernière semaines. Il faudrait entre 120 et 130 millions d’euros pour remplacer les véhicules alors que l’enveloppe annuelle dédiée au parc automobile de l’ensemble de la gendarmerie est de 40 millions d’euros.

Gendarmes mobiles

Gendarmes mobiles

Condamnés en première instance, en décembre 2017, pour violences en réunion et séquestration pour avoir voulu mener à la négociation un responsable hiérarchique (voir notre article), neuf militants CGT de l’usine PSA de Poissy (Yvelines) comparaissent aujourd’hui devant la cour d’appel de Versailles, avec l’espoir de voir leur condamnation de cinq mois de prison avec sursis et 11 000 euros d’amende totale retoquée.

Manifestation solidaire avec les 9 de PSA Poissy

Manifestation solidaire avec les 9 de PSA Poissy

Aujourd’hui, Axel, un Gilet Jaune passe au tribunal, à Lille. Il a été arrêté et tabassé par la police lors de la manifestation du 13 avril. Il a ensuite été accusé de violences, dissimulation de visage (une nouveauté de la loi anti-casseur), groupement en vue de commettre des dégradations. Un rendez-vous est prévu à 13h30 devant le Tribunal de Grande Instance de Lille pour le soutenir.

Samedi 11 mai, deux Gilets Jaunes en fauteuil roulant ont été aspergés de gaz lacrymogène à Lille alors qu’ils demandaient à la police de relâcher un manifestant qui poussait l’un d’entre eux. Ils ont également été repoussés à coup de pied (voir la vidéo).

Axel, le Gilet Jaune de Lille, après son arrestation

Axel, le Gilet Jaune de Lille, après son arrestation

Une militante du collectif Contre Les Abus Policiers (CLAP) est convoquée aujourd’hui au commissariat de Mériadeck à Bordeaux. On lui reproche d’avoir porté des pancartes du CLAP contre les violences policières et d’organiser des manifestations interdites.

Jeudi 9 mai, une militante du CLAP était de passage au commissariat de Mériadeck pour récupérer du matériel confisqué par la police au cours de la manifestation des Gilets Jaunes du 1ermai. Elle en a profité pour réclamer également des pancartes du CLAP saisies lors d’une manifestation le 16 mars. Elle a alors appris que les pancartes avaient été détruites mais qu’il y avait des vidéos où on la voit avec elles et qu’elle allait donc être convoquée.

Cette vidéo est la celle d’une action durant laquelle le collectif rendait un hommage particulier aux victimes de violences policières, aux mort-e-s, en soutien à leur famille. Cette action est menée chaque mois de mars depuis 9 ans. Elle consiste à tenir dans nos mains des pancartes où sont inscrits le nom de certaines victimes pendant qu’une bande-son égrène le nom des personnes décédées depuis 2005 jusqu’à nos jours.

Plus d’infos ici

Militante du CLAP portant une pancarte contre les violences policières

Militante du CLAP portant une pancarte contre les violences policières

Le 10 avril, Téo et Tristan, deux Gilets Jaunes de la région clermontoise ont été mis en garde à vue pour avoir participé à l’Acte XV des Gilet Jaune du 23 février. Ayant refusé la comparution immédiate, ils ont passé un mois en prison et ont été jugés ce lundi 13 mai. Le procès s’est déroulé uniquement à charge pour les deux inculpés. Téo a été condamné à 1 an et 8 mois de prison dont 10 avec sursis et interdiction de paraître place de Jaude pendant 2 ans. Tristan a été condamné à 18 mois de prison dont 10 avec sursis et interdiction de paraître place de Jaude pendant 2 ans. Ils sont solidairement condamnés à rembourser les parties civiles et à trouver du travail (tous les deux travaillaient avant leurs arrestations). Ils devront payer 9 670 euros au crédit mutuel pour les dégradations de la vitrine. D’autres amendes arriveront de la part de Clermont Communauté et de la société de parking du centre commercial de Jaude.

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Après bientôt six mois de mobilisation, l’acte 26 du mouvement des «gilets jaunes» avait pour épicentre Lyon et Nantes. Plusieurs milliers de manifestants ont défilés dans ces villes et des affrontements ont eu lieu avec la police. À Nantes, un journaliste de la chaîne d’information CNews a dit avoir été touché par un tir de LBD. Quelque 26 manifestants ont été interpellés. A Lyon, À Lyon, gendarmes mobiles et CRS ont fait un usage massif de gaz lacrymogènes. Les heurts ont fait plusieurs blessés et ont conduit à 9 interpellations. Les mobilisations ont été cependant inférieurs à celles des actes précédents

A Lyon ce samedi

A Lyon ce samedi

Le 25 octobre 2014 au soir, Rémi Fraisse, militant écologiste âgé de 21 ans mourrait sous les tirs des grenades policières à la ZAD de Sivens. Cette nuit-là, au cours d’un festival organisé en soutien à la lutte contre le projet de barrage de Sivens, et alors qu’une requête de la préfecture avait certifié qu’il n’y aurait pas de présence policière, ce sont des dizaines de camions de la gendarmerie qui font irruption. Au cours de la nuit, la répression s’intensifie et Rémi décède. La police tente dans un premier temps d’étouffer l’affaire, prétextant que le jeune militant serait décédé à la suite d’une overdose, avant d’avouer, face à la mobilisation qui prenait forme, que c’est bien une grenade policière qui a tué Rémi (voir notre article).

Ce mardi 7 mai, la Cour de Cassation a confirmé le non-lieu qu’avait prononcé le parquet de Toulouse (voir notre article) en faveur du gendarme responsable de la mort du militant âgé de seulement 21 ans.

Remi Fraisse

Remi Fraisse