Plusieurs prisonniers politiques sahraouis mènent une grève de la faim dans les prisons marocaines pour dénoncer leurs conditions d’incarcération et revendiquer le droit à l’autodétermination. Naâma Asfari a entamé une grève de la faim illimitée le 27 février dernier. Il a été rejoint, le 9 mars, par huit autres prisonniers du groupe de Gdeim Izik, malgré leur dispersion par les autorités marocaines dans plusieurs prisons et leur mise à l’isolement. Les proches des grévistes ont déclaré ce jeudi que les grévistes sont tous à l’isolement, sont l’objet de menaces, sont privés des visites de leurs proches. Leurs deux avocates françaises viennent d’être elles aussi interdites d’entrée au Maroc pour les rencontrer et les assister.

Les prisonniers politiques sahraouis

Les prisonniers politiques sahraouis

La ville de Jerada est agitée par une contestation populaire depuis la mort accidentelle de deux frères dans une mine clandestine de charbon, fin décembre 2017. Le ville, située aux confins du Maroc et de l’Algérie, sinistrée depuis la fermeture de ses mines à la fin des années 1990. De grandes manifestations pacifiques s’y sont succédé pour demander des alternatives économiques à la seule activité de cette localité : l’extraction clandestine de charbon dans les « mines de la mort », où depuis 1998, 44 personnes sont décédées.

Jerada a vu la tension remonter ces derniers jours après l’arrestation de quatre jeunes militants, samedi 10 et dimanche 11 février. Ils auraient été arrêtés alors qu’ils participaient à un débat sur l’avenir du Hirak (mouvement de protestation) et les propositions faites par le chef du gouvernement. Ils ont été auditionnés discrètement au tribunal de première instance d’Oujda et seront jugés le 19 mars. Depuis samedi, les meneurs du mouvement de contestation ont lancé une grève générale, une marche et de grands rassemblements pour la libération des militants emprisonnés. Mercredi, les forces anti-émeutes sont intervenues contre un de ces rassemblements et de violents affrontements s’en sont suivis. Il y a eu plusieurs blessés, dont quelques policiers, neuf manifestants arrêtés et cinq voitures de police incendiées.

Manifestation à Jerada (archive)

Manifestation à Jerada (archive)

Des étudiants de l’université Amir Kabir de Téhéran avaient organisé, dimanche 11 mars, un rassemblement de protestation contre les longues peines de prison infligées à leurs condisciples arrêtés lors des manifestations de ces trois derniers mois. Des miliciens de l’organisation paramilitaire bassidj ont attaqué ce rassemblement, se heurtant à la résistance des étudiants.

Environ 50 étudiants ont été arrêtés à l’extérieur des campus ou à leur domicile à la suite des manifestations de décembre-janvier. Parmi les personnes arrêtées, la militante étudiante Leila Hosseinzadeh, qui a été condamnée à six ans de prison et a été interdite de voyager à l’étranger.

Le rassemblement à l'université de Téhéran

Le rassemblement à l’université de Téhéran

Un Palestinien de 24 ans a été tué vendredi par des tirs de l’armée israélienne lors de heurts en Cisjordanie. Mohammed al-Jabari, 24 ans, a été touché par balles lors d’affrontements avec les forces israéliennes à Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, avant de succomber à l’hôpital. Au moins 30 Palestiniens et deux Israéliens ont été tués dans des violences depuis la reconnaissance par les Etats-Unis de Jérusalem comme capitale d’Israël le 6 décembre.

Mohammed al-Jabari venant d'être touché

Mohammed al-Jabari venant d’être touché

Les funérailles des Palestiniens assassinés par les forces de sécurité israéliennes étant souvent l’occasion de manifestations, le Parlement israélien a adopté le 7 mars une loi autorisant la police à conserver les corps des « terroristes », sans limite de temps, empêchant ainsi une restitution aux familles. Le texte précise que le commandant de police israélien sera en droit de poser des conditions quant aux funérailles pour restituer le corps. Bien que les forces israéliennes ont déjà conservé les corps de Palestiniens, cette fois, la loi introduit la possibilité de conserver la dépouille indéfiniment, heurtant les familles palestiniennes qui souhaitent inhumer leurs proches décédés le plus rapidement possible, conformément au rite islamique.

Funérailles d'un manifestant palestinien (archive)

Funérailles d’un manifestant palestinien (archive)

Les ouvriers de la sucrerie Haft-Tapeh (province du Khousistan, dans le sud de l’Iran) ont entamé une grève samedi matin pour protester contre le non-paiement de leur salaire et le retour des gestionnaires corrompus à leurs anciens postes. Ali Naghdi, un ouvrier démuni de cette usine s’était donné la mort le 27 février pour protester contre le régime et la condition faite aux ouvriers.

Confronté au le mépris de la direction quant à leurs revendications, les ouvriers ont séquestré les principaux actionnaires de l’entreprise. Ceux-ci ont finalement annoncé qu’ils paieraient seulement deux millions sur 50 millions de tomans de leur dette envers les travailleurs et le reste sera payé en novembre 2018. Cette réponse a rencontré le refus catégorique des grévistes. Les dirigeants ont alors déchiré l’ordonnance d’allocation de 25 kilos de sucre pour les ouvriers, provoquant la colère des salariés qui brisèrent les fenêtres du bureau de la direction. Le geste a été suivi par l’intervention des forces répressives.

Manifestation des grévistes de Haft-Tapeh

Manifestation des grévistes de Haft-Tapeh

Des affrontements ont éclaté dimanche entre les forces israéliennes et les étudiants palestiniens de l’Université technique de Palestine dans le district de Hébron en Cisjordanie. Les forces auraient tiré des balles en acier recouvertes de caoutchouc et des grenades lacrymogènes contre les étudiants et sur le campus de l’université. Cependant, aucune blessure ou arrestation n’a été signalée. Les membres des forces israéliennes provoquent délibérément des étudiants lors des contrôles presque quotidiens à l’entrée de l’université, interpellant et interrogeant des étudiants, ce qui suscite réactions et affrontements.

Affrontements à l'université de Hébron

Affrontements à l’université de Hébron

Au moins 15 Palestiniens ont été blessés lors d’affrontements qui ont éclaté à plusieurs endroits le long des frontières de Gaza pour le 13e « vendredi de la colère » contre la reconnaissance par les USA de Jérusalem comme capitale d’Israël. Les forces israéliennes stationnées dans des tours de guet militaires à l’est de la ville de Gaza ont tiré à balles réelles et lancé des grenades lacrymogènes sur les manifestants qui se sont approchés de la barrière frontalière, tirant et blessant un jeune homme. Des affrontements similaires ont eu lieu le long des frontières à l’est de la ville de Jabalia, au nord de la bande de Gaza, au cours desquels les forces ont ouvert le feu sur les manifestants, blessant au moins quatre personnes.

Sept autres Palestiniens ont été blessés par balles lors d’affrontements qui ont eu lieu à l’est de la ville de Khan Younis, au sud de la bande de Gaza. Un jeune homme aurait été blessé par balles réelles lors d’une manifestation à l’est du camp de réfugiés d’al-Bureij, dans le centre de Gaza. Un Palestinien a également été touché d’une balle dans le pied lors d’affrontements qui ont éclaté près du passage de Beit Hanoun au nord de la bande. Tous les cas ont été transférés à l’hôpital pour un traitement médical. Plusieurs cas de suffocations avec des gaz lacrymogènes ont également été rapportés.

Un manifestant blessé vendredi à Gaza

Un manifestant blessé vendredi à Gaza

Le Franco-Palestinien Salah Hamouri, qui devait sortir de sa prison du Néguev le 28 février, demeurera derrière les barreaux. Une demande de prolongement de sa détention administrative de quatre mois, signée du ministre de la défense israélien, devait être examinée par un juge de Jérusalem jeudi 1er mars. Salah Hamouri a avisé le juge qu’il entendait boycotter le tribunal, pour dénoncer sa détention illégale. L’audience, une simple formalité, a été reportée au lundi 5 mars, mais son issue ne fait guère de doute : la détention devrait être effectivement prolongée.

Salah Hamouri avait déjà passé trois ans en détention administrative, entre 2005 et 2008, avant d’être condamné par un tribunal militaire israélien pour « complot » et appartenance aux jeunesses du FPLP. Il avait été libéré en décembre 2011, avec d’autres prisonniers palestiniens, en échange d’un soldat franco-israélien capturé en 2006 par un commando palestinien au sud de la bande de Gaza. A sa sortie de prison, après avoir repris ses études de droit, il était devenu enquêteur pour l’association Addameer, qui défend les prisonniers palestiniens. il avait été arrêté le 23 août 2017 à son domicile de Jérusalem-Est et incarcéré sans inculpation ni procès sous le régime de la détention administrative.

Salah Hamouri

Salah Hamouri

Le prisonnier politique sahraoui du groupe Gdeim Izik, Mohamed El Ayoubi, est décédé mercredi soir à El Aaiun en raison des dures conditions et des mauvais traitements dans les prisons marocaines. El Ayoubi qui purgeait une peine de 20 ans de prison, avait été arrêté par les autorités d’occupation marocaines lors du démantèlement du campement de Gdeim Izik, le 8 novembre 2010 (voir notre article). Les populations sahraouies étaient sorties des villes occupées en « exode massif » pour protester contre la répression et la marginalisation exercée par le Maroc à leur encontre,et s’étaient installées à Gdeim Izik, près de la ville d`El Ayoun.

Mohamed El Ayoubi a subi toutes les formes de torture physique et morale durant son arrestation au siège de la gendarmerie et au poste de police d’El Aayoune, avant d’être transféré avec ses collègues le 11 novembre à Salé Rabat. En raison de la torture, il a été contraint à rester sur un fauteuil roulant pendant sa détention à Salé 2 jusqu’au 12 janvier 2011, date à laquelle il a été transféré à l’hôpital de « Souissi » Rabat où il a été admis jusqu’au 28 février 2011. Depuis son retour en prison, son état de santé s’est détérioré en l’absence d’une assistance médicale nécessaire. En janvier 2018, Mohamed Alayoubi a été amputé de deux doigts, en raison du diabète dont il souffre en plus d’autres maladies, en raison des séquelles de la torture et des mauvais traitements. Il a été libéré in extremis pour éviter l’annonce d’un mort en prison.

Mohamed El Ayoubi

Mohamed El Ayoubi