Des documents déclassifiés de la CIA confirment que Felipe González, président socialiste du gouvernement espagnol de 1982 à 1996 a approuvé la création des « Groupes antiterroristes de libération » (GAL). Il s’agissait d’un escadron de la mort constitué pour combattre ETA en dehors de tout cadre légal, essentiellement en assassinant des militants suspectés d’en faire partie. Le rapport déclassifié de la CIA indique que le gouvernement espagnol « semble déterminé à adopter une stratégie peu orthodoxe vis-à-vis de l’ETA ». Après une phrase censurée, l’agence écrit que « González a accepté la formation d’un groupe de mercenaires, contrôlé par l’armée, pour lutter contre les terroristes en dehors de la loi ». Après une autre phrase censurée, il a ajouté que « les mercenaires ne seraient pas nécessairement espagnols et auraient pour mission d’assassiner les dirigeants de ETA en Espagne et en France ». Plus d’infos ici.

Entre décembre 1983 et juillet 1987, une trentaine d’assassinats sont commis en France. La nouvelle coopération « antiterroriste » entre la France et l’Espagne, suivi d’une vague d’expulsions de militants basques réfugiés en France, va accélérer la disparition des GAL. Au cours des années suivantes, tout est fait pour éviter le grand déballage sur cette «guerre sale». De Bayonne à Bordeaux, la plupart des enquêtes judiciaires s’enlisent, quand elles ne sont pas directement freinées par le pouvoir politique. Les rares procès qui ont finalement lieu en France aboutissent uniquement à la condamnation de lampistes, malgré la mise au jour de complicités au sein de l’appareil policier français. «La raison d’Etat prime sur tout», justifie alors le procureur de Bayonne.

25 septembre 1985, quatre militants basques sont assassinés à l'hôtel Monbal, à Bayonne

Patxi Ruiz est en grève de la faim et de la soif depuis trois jours pour réclamer son retour dans le module 8 de la prison de Murcia. Il avait, en effet, été transféré vers un autre module afin de le séparer d’autres prisonniers politiques par un gardien d’extrême-droite qui l’a menacé. Depuis le début de son action aucun médecin n’est venu le voir. Plusieurs autres prisonniers ont manifesté leur solidarité dont trois détenus à la prison de Puerto III qui sont en grève de la faim depuis trois jours. Quatre autres personnes ont entamé une grève de la faim hier après-midi (l’une d’entre elles le fera par intermittence, toutes les 24 heures). Patxi Ruiz est un ancien membre de ETA. Il purge une peine de trente ans de prison pour avoir exécuté, en 1998, un conseillé de l’UPN à la mairie de Pampelune.

EDIT : Il y avait une erreur dans l’article ci-dessus: Patxi Ruíz ne fait pas la grève pour sa libération. Il demande de retourner au quartier 8 de cette prison ou un collectif de prisonniers a été constitué (et dont il est accusé d’être le leader). Il a été transféré et menacé par un gardien d’extrême droite et demande donc à retourner au quartier 8 et de ne plus être agressé ni menacé. Le mouvement de soutien s’étend un peu plus que d’habitude pour un mouvement issu du secteur des prisonniers politiques qui refusent la reddition politique.

 

Patxi Ruiz

Patxi Ruiz

Le prisonnier politique basque Jakes Esnal est en prison depuis 30 ans et devra encore y rester plus longtemps. Sa deuxième demande de libération conditionnelle étudiée le vendredi 13 mars dernier par le tribunal d’application des peines de Paris a été acceptée, mais le Parquet a fait immédiatement appel, comme il en a l’habitude. Cet appel est suspensif. Cette décision est tombée ce mardi 12 mai. S’ils ont prononcé la libération conditionnelle de l’ancien militant d’ETA, les juges imposaient des modalités très strictes : deux ans de bracelet électronique et dix ans de suivi. Ce qui signifie qu’Esnal aurait été surveillé jusqu’à ses 82 ans, dans le cas où le Parquet n’aurait pas fait appel. Mais le parquet a tout de même fait appel. La première demande de libération conditionnelle présentée par Jakes Esnal avait été refusée en 2016. La seconde devait être étudiée le 28 novembre, mais les juges avaient accepté la demande du parquet de reporter l’audience au 13 mars, le temps que la Commission pluridisciplinaire des mesures de sûreté (CPMS) étudie le dossier.

Rassemblement pour Jakes Esnal

Mercredi 22 janvier, la Guardia Civil a arrêté Antton López Ruiz, Oihana San Vicente, Oihana Garmendia et Haimar Altuna. L’opération a été ordonnée par l’Audiencia Nacional en lien avec les cérémonies d’accueil organisés pour les prisonniers basques libérés. Antton López Ruiz et Oihana Garmendia sont membres de l’initiative Kalera Kalera qui milite en faveur des droits des prisonniers basques. Oihana San Vicente et Haimar Altuna sont quant-à-eux responsables du parti politique Sortu. Antton López Ruiz et Oihana Garmendia avaient déjà été arrêtées il y a deux ans et accusé·es « d’apologie du terrorisme » pour avoir participé à un événement rendant hommage à Belen González décédée en 2017 (voir notre article). Deux autres personnes avaient aussi été détenues lors de cette opération. Une fois emmenés à la caserne d’Intxaurrondo, tous les prisonniers ont été libérés.

Antton López et Oihana Garmendia, deux des quatres personnes arrêtées.

Lundi 30 décembre, Patxi Ruiz, un ancien membre de ETA emprisonné à la prison de Murcia II, s’est automutilé en se coupant les bras avec un objet pointu pour protester contre  l’attitude d’un gardien fasciste à l’égard des prisonniers politiques basques et des prisonniers arabes qu’il harcèle, menaces ou frappe. Patxi Ruiz tient à préciser que cette action est une protestation politique, qu’elle n’a été motivée ni par la dépression, ni par le désespoir, mais qu’elle est bien une forme de lutte. Suite à ces blessures, il a été transporté à l’infirmerie où il a reçu 12 agrafes. Pour rappel, il purge une peine de trente ans de prison pour avoir exécuté, en 1998, un conseillé de l’UPN à la mairie de Pampelune (voir notre article).

Patxi Ruiz

Le 16 septembre débutera le procès de 47 personnes accusées de « participation active à une organisation terroriste ». Les inculpé.e.s sont lié.e.s à l’action, légale et sociale, pour la défense des droits des détenu.e.s politiques basques. Tou.te.s sont accusé.e.s de faire partie du “front des prisons” (voir notre article). Le bureau du procureur demande de huit à vingt ans d’emprisonnement, sous les accusations de participation active à une organisation terroriste, de financement du terrorisme… Les accusé.e.s sont, d’une part, des avocat.e.s de prisonnier·ère·s de l’ETA et des personnes, partis et associations de la société civile basque et, d’autre part, les membres des groupes Herrira, Jaiki Adi et Etxerat. Jaiki Adi est une association de professionnels de la santé assistant des personnes touchées par les violences en Espagne et en France qui offrent, entre autre, une assistance psychologique aux prisonniers et un traitement aux personnes qui ont été torturées. Etxerat est défini comme une organisation composée d’ami.e.s et de parents de prisonnier·ère·s, de déporté.e.s et d’exilé.e.s. Et Herrira est une organisation créée pour dénoncer les mauvaises traitements dans les prisons espagnoles à l’encontre des prisonnier·ère·s basques.

Un rassemblement de soutien sera organisé le 14 septembre à Bilbao.

Les inculpé.e.s du procès du "Front des prisons"

Les autorités françaises ont remis à l’Espagne une militante historique d’ETA, Maria Soledad Iparraguirre Guenechea. « Anboto », qui a fini de purger sa peine en France le 28 août, a été remise à l’Espagne en exécution d’un mandat d’arrêt européen validé par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris. En Espagne, elle est notamment soupçonnée d’avoir commandé l’exécution en 1995 du commandant de l’armée de Terre Luciano Cortizo Alonso, tué par une charge explosive placée sous le siège de sa voiture, dans la ville de Leon (nord-ouest). En 2015, un juge de l’Audience nationale avait rouvert l’enquête sur cette affaire. Le juge d’instruction estime qu' »Anboto » était devenue, à partir de 1993, la cheffe de commandos de l’organisation. En France, elle avait été condamnée, avec Mikel Albisu Iriarte, dit « Antza », en novembre 2012 à 20 ans de réclusion criminelle en France, assortie d’une peine de sûreté des deux-tiers et d’une interdiction définitive du territoire français. Elle avait été arrêté en octobre 2004 à Salies-de-Béarn (sud-ouest de la France). L’an dernier, « Anboto » avait été choisie par l’ETA pour lire en basque le communiqué qui annonçait la dissolution de l’organisation clandestine en mai 2018.

Maria Soledad Iparraguirre Guenechea

 

Lorentxa Beyrie, 44 ans, originaire de Cambo-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques) purge trente ans de prison (la peine maximale en France), après plusieurs condamnations pour appartenance à ETA. Détenue depuis 18 ans et malade, elle ne sortira pas de prison, malgré la décision du tribunal d’application des peines, ce jeudi, de lui accorder une libération conditionnelle avec placement sous surveillance électronique, qui a été aussitôt suspendue après appel du parquet antiterroriste de Paris. Elle purge actuellement sa peine au centre de détention de Roanne (Loire). Cette demande de libération conditionnelle était la troisième déposée par ses avocats. Après deux refus, c’était la première à être accordée.

Le 5 juillet dernier, une demande de libération conditionnelle pour Frédéric «Xistor» Haramburu, incarcéré depuis trente ans et condamné à la perpétuité par la cour d’assises spéciale de Paris, avait été accordée par le tribunal d’application des peines puis immédiatement suspendue par l’appel du parquet antiterroriste.

Rassemblement de solidarité avec Lorentxa Beyrie

Rassemblement de solidarité avec Lorentxa Beyrie

Après les arrestations de 3 militants en mai ([voir notre article>article16311]), ce jeudi 20 juin, la police espagnoles a arrêté cinq autres militants pour avoir porté des photos de prisonniers basques durant la Korrika. La justice les accuse « d’apologie du terrorisme ». Les cinq ont été libérés quelques heures après leur arrestation.

Photos des prisonniers de l'ETA portées sur le parcours de la Korrika

Photos des prisonniers de l’ETA portées sur le parcours de la Korrika

Le tribunal pénal d’Iruñea (Pampelune) a condamné un syndicaliste du syndicat LAB (syndicat de travailleurs du courant de la gauche séparatiste basque) à 21 mois de prison pour une action syndicale menée durant l’été 2018 dans le cadre de manifestations de soutien à plusieurs travailleurs d’un restaurant italien. Le juge a acquitté le deuxième accusé, un ouvrier de cet établissement.

Dans le restaurant La Sangiovesa, un grand nombre d’heures n’étaient pas rémunérées, certains employés travaillaient sans contrats, les libertés syndicales étaient violées. Entre autre, le restaurant proposait l’option de « rémunérer » quelques heures de travail par une pizza. Suite à l’organisation d’élections syndicales, l’entreprise a licencié des travailleurs. Après plusieurs manifestations contre l’entreprise, le LAB est parvenu à un accord pour l’ensemble des travailleurs qui prévoyait la réintégration des travailleurs licenciés et le respect des droits des travailleurs. Dans le cadre de cet accord, la société a accepté le retrait de toute plainte pour les mobilisations effectuées pendant le conflit. Cependant, le bureau du procureur a maintenu les demandes de sanction à l’encontre de deux syndicalistes du LAB qui étaient entrés dans le restaurant de manière pacifique, se concentrant à l’extérieur, collant plusieurs autocollants et scandant des slogans au mégaphone. En fin de compte, le juge Emilio Labella a condamné un des syndicalistes à 21 mois de prison et acquitté le second. Le syndicat a décidé de faire appel au jugement. Le LAB organise une conférence de presse ce lundi 3 juin à 11h30 sur la Plaza del Castillo à Iruñea.

Manifestation devant le restaurant La Sangiovesa

Manifestation devant le restaurant La Sangiovesa