Suite à l’emprise croissante du secteur privé sur les municipalités en Grande-Bretagne, des quartiers entiers de villes telles que Londres et Liverpool sont aujourd’hui la propriété de sociétés privées. Ses enclaves, villes privées dans la ville, sont placées sous haute sécurité, entre les mains de polices privées appuyées par des réseaux de vidéo-surveillance. Ce que les citoyens pensent être un espace public (rues, parcs,…) ne l’est donc plus, avec toutes les conséquences que les règlements privés impliquent. Toutes sortes d’activités inoffensives (pratique du skate-board, pic-nique,…) sont régulièrement proscrites, tout comme le fait de filmer ou de prendre des photos. Il en va de même de la mendicité, des sans-abris, de la distribution de tracts et de l’organisation de manifestations.

Toutes ces activités font aujourd’hui, et de plus en plus, l’objet d’un contrôle et d’une surveillance étroite. La semaine dernière, un journaliste du Guardian a été arrêté et interrogé pour être entré par erreur dans un domaine privé. Il a été interpellé et fouillé en vertu de la loi sur le terrorisme pour avoir photographié un des édifices les plus célèbres de Londres…

Le 25 avril 2007, jour anniversaire de la chute du régime fasciste au Portugal, une grande manifestation s’est tenue à Lisbonne, en réponse à la force croissante de l’extrême-droite dans le pays. Les mots d’ordre étaient clairs: anti-fascisme et anti-capitalisme. Le cortège, accompagné par la police, s’est déroulé sans incidents. A l’issue du rassemblement, quelques 150 personnes ont décidé d’effectuer un trajet ‘retour’. C’est alors que d’importantes forces de sécurité se sont déployées et ont bloqué la rue dans les deux sens. Les policiers anti-émeutes sont descendus des voitures en marche et ont commencé à donner la chasse aux manifestants. Ils ont cogné avec leurs bottes, leurs matraques,… Une fille qui fuyait a été attrapée, frappée, immobilisée au sol et trainée jusqu’à une voiture où elle a été enfermée.

De nombreuses personnes ont été blessées et onze ont été arrêtées. Les onze militants se trouvent aujourd’hui toujours en prison, accusés d’outrage, de rébellion et de désobéissance civile, alors qu’ils ont simplement tenté de fuir face aux assauts brutaux et injustifiés des forces de l’ordre. Leur procès devait initialement se tenir ce 7 décembre, mais au jour dit, le juge a constaté que les notifications aux accusés n’avaient pas été faites et à du reporter l’audience au 22 janvier. Les onze détenus risquent jusqu’à cinq ans de prison.

Manif antifasciste à Lisbonne
Manif antifasciste à Lisbonne

A 9h30 ce mercredi matin, plus de 5.000 personnes s’étaient rassemblées dans le centre ville de Copenhague pour se rendre au Bella Center. Les forces de l’ordre avaient pris position sur les ponts et les routes empruntés par le cortège, stoppant autocars, bus et voitures pour contrôler leurs occupants à ‘l’allure suspecte’ et leurs bagages. La station de métro du centre de conférence a été fermée. A l’arrivée des manifestants, les policiers danois ont pris d’assaut le camion de sonorisation qui se trouvait au bout du cortège (photo).

Entre 700 et 800 personnes ont tenté de franchir par l’arrière l’enceinte clôturée par plus de six kilomètres de grillages de la zone de conférence. Elles ont butté sur un impressionnant dispositif policier et canin. Après une bousculade, des jets de gaz lacrymogènes, les militants ont été arrêtés, menottés et assis par terre. De nombreux membres d’ONG ont reçu des coups et au moins 170 personnes ont été interpellées de manière souvent musclée. 34 personnes ont également été interpellées dans un centre commercial tout proche.

En début d’après-midi, deux militants sont parvenus à déjouer la vigilance des services de sécurité et ont fait irruption dans la séance plénière de la conférence. Ils ont été vivement applaudis par une partie des représentants des pays en développement avant d’être trainés en dehors de la salle.

Charge policière à Copenhague
Charge policière à Copenhague

Ce dimanche, environ 400 personnes s’étaient données rendez-vous à midi sur la place Trianglen pour protester contre le transport maritime et son industrie extrêmement polluante. Objectif: bloquer le port. La police était massivement présente, plusieurs camions encerclant le point de rendez-vous et un hélicoptère effectuant un vol stationnaire au-dessus de la foule. Peu après midi, le groupe de manifestants qui a encore grossi se met en marche. A un moment donné, ce dernier fait demi-tour, ce qui surprend totalement les policiers qui forment immédiatement un cordon de sécurité sur le trottoir et appellent des renforts. Certains passants tentent de se joindre au cortège, mais sont repoussés avec fermeté par des officiers casqués. Avec l’arrivée des renforts, les cordons deviennent de plus en plus hermétiques, et quelques minutes plus tard, les policiers se rabattent contre la foule, bloquant les manifestants contre les camions ou les barrières bordant la route. Les activistes sont circonscrits et plus de 250 d’entre eux sont arrêtés. Pourtant, il n’y avait eu aucun incident, aucune sommation. Les autorités ont procédé à l’immobilisation des manifestants à l’aide de colsons, sans distinction aucune.

Incident loufoque: ‘Roule ma frite’ est un collectif français qui milite pour le recyclage en carburant de l’huile de friture. Vendredi, trois fourgons de police ont bloqué leur car à proximité du ministère de l’Environnement à Copenhague. Tous les passagers du car ont été fouillés ainsi que leurs bagages par une armada de policiers. Ces derniers ont saisi les 250 litres d’huile de friture recyclée qui se trouvaient sur le toit dans des jerricans, sous prétexte que plutôt que de faire rouler leur véhicule, elle pourrait servir à faire des bombes…

Des incidents ont eu lieu dans le centre de détention provisoire où les personnes arrêtées ont été conduites (photo). Les policiers sont entrés dans les cages après que certains militants détenus se soient mis à crier et aient tenté d’ouvrir les portes en utilisant un banc comme bélier. Les policiers ont utilisé des gaz lacrymogènes et ont saisi les couvertures, les bouteilles d’eau et les bancs.

Ce week-end à Copenhague, 1225 personnes ont été placées en détention et toutes ont été relâchées après douze heures. Quatre allemands ont été expulsés pour violation de la loi sur les armes et violences. Quatre autres étrangers ont été inculpés et devraient être présentés à un juge pour leur mise en détention provisoire. Les activistes prévoient néanmoins d’autres manifestations, notamment le 16 décembre.

Cages du centre de rétention danois
Cages du centre de rétention danois

La nuit a été calme, rien à signaler à part un cocktail Molotov qui a été jeté contre un fourgon anti–émeute dans la rue Stengade près de la Maison du Peuple dans Nørrebro. La police a établi des zones de fouilles au corps dans plusieurs endroits, y compris dans le camp Ragnhildgade. Aux barrages de police établis dans de nombreux endroits à Copenhague, entre autres sur le pont Drottning Louise dans Nørrebro, on vérifie les identités et les sacs à dos. A midi et demie plusieurs milliers de manifestants sont déjà au point de rassemblement, à Christiansborg. Cent militants italiens ont déployé une banderole contre les arrestations ‘préventives’ d’hier (deux militants britanniques et un français ont été expulsés du Danemark après la manifestation d’hier).

A deux heures et demie, 100.000 personnes se mettent marche vers Christianshavns. Des activistes attaquent sporadiquement la police avec lancement de bouteilles et de pierres, et ont essayé entre autres actions d’attaquer la Bourse et le ministère des Affaires étrangères, fortement gardé par la police. A 15 heures 20, la radio danoise annonce déjà 19 arrestations, alors que les incidents se poursuivent entre le Black Bloc et la police. La police a enfermé le ‘bloc anticapitaliste’ (200 ou 300 manifestants) dans Amagerbrogade et procède à 90 arrestations. Une fraction du Black Bloc est coincé par la police dans les rues voisines de l’Amagerbrogade et de Markmandsgade. Les affrontements se poursuivent tandis que la tête de la manifestation arrive à Bella Center.

Les manifestants non détenus essaient de casser le blocage policier et d’entrer à la zone où sont les activistes sont obligés à s’asseoir sur le sol. Il y a plusieurs arrestations. Il y a de 300 à 400 nombre officiel de détenus selon politikken, et toujours environ 300 personnes enfermées dans l’Amagerbrogade. Dans les environs de Christiania et d’Amagerbrogade, quelques voitures de luxe ont été incendiées. Des incidents se produisent aussi dans Christianshavn, des pierres ont été jetées contre les renforts de la police et une voiture est incendiée. A 17 heures 40, des appels sont lancés pour aller soutenir les manifestants arrêtés: 700 personnes sont attachées avec câbles dans le sol froid depuis plus de deux heures. A partir de 18 heures 15, les autobus commencent à embarquer les manifestants arrêtés.

Arrestations à Copenhague
Arrestations à Copenhague
Arrestations à Copenhague
Arrestations à Copenhague
Arrestations à Copenhague
Arrestations à Copenhague

La police danoise a arrêté ce matin trente cinq sympathisants du mouvement ‘Our Climate – Not Your Business’ à titre préventif, soupçonnant qu’ils ‘allaient commettre des actes illégaux‘. Ils ont été emmenés dans un centre spécial d’internement établi dans un ancien entrepôt de bière près de Copenhague, où ils peuvent être gardés à vue jusqu’à 12 heures avant d’être relâchés. La police a interpellé également cinq autres personnes pour ‘délits divers’. A l’appel de ce mouvement, environ 250 jeunes ont manifesté également dans le centre-ville quadrillé par d’importantes forces de police présentes dans la capitale, notamment aux endroits stratégiques, sur la place de Kongens Nytorv, la place de la mairie, le Tivoli etc.

Pour le sommet de Copenhague, de nombreux militants ont fait le déplacement depuis l’étranger. Pour ceux d’entre eux qui ne peuvent pas se payer l’hôtel, les différentes organisations ont mis à disposition de grands dortoirs, parfois en concertation avec les forces de l’ordre. Dans la nuit de mardi à mercredi, 300 policiers en tenue de combat ont effectué une descente dans un de ces bâtiments. La police a saisi des outils, des échelles, des affiches et des guides pour les visiteurs prodiguant des conseils pendant les manifestations. Les forces de l’ordre n’ont procédé à aucune interpellation et ont justifié les saisies arguant que ce matériel pouvait servir à des actes de désobéissance civile. Par contre, elles n’ont pas donné de détails sur cette opération, ni sur sa raison d’être.

Des ministres de la Justice de l’Union européenne ont accepté une nouvelle structure pour la coopération dans des affaires intérieures suite à l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne qui prévoit de transférer plus de pouvoirs à Bruxelles dans beaucoup de domaines qui étaient précédemment l’apanage exclusif des états. Le ‘programme de Stockholm’ quinquénnal est le prolongement des accords qui ont mené l’UE à intervenir dans le domaine de justice et des affaires intérieures, y compris des sujets comme le développement d’une politique d’asile commune et un approfondissement de la coopération entre les polices.

Les traités précédents de l’Union européenne se fondaient sur le fait que la plupart des sujets touchant aux affaires intérieures relevaient exclusivement des États. N’importe quelle offre de coopération devait être approuvée par chaque pays, ce qui limitait les accords. La plupart du domaine des affaires intérieures relèveront désormais de la même logique que les autres affaires. Ce qui signifie que les pays perdront leur droit de mettre leur veto aux propositions de la Commission européenne qui ont été acceptées par le Parlement européen et la plupart des États membres.

Un autre nouvel élément est la création d’un nouveau commissaire pour la justice et des droits fondamentaux, un portefeuille attribué à Viviane Reding du Luxembourg, vendredi dernier. Le Royaume-Uni et l’Irlande restent aux franges de ce processus, ayant obtenu la garantie d’un choix cas-par-cas.

Il y a quelques jours, le gouvernement danois a adopté à la hâte une législation ‘anti-casseurs’ en vue du sommet de Copenhague. Mais cette loi ultra répressive n’est pas la seule mesure adoptée. Un camp de détention provisoire a été installé à quelques kilomètres de la capitale, dans un entrepôt chauffé. Il pourra accueillir jusqu’à 350 personnes à la fois pour une garde à vue de six à douze heures et jusqu’à 1.000 par jour. Plus de 150 policiers et juristes siégeront en permanence dans ce centre, afin d’effectuer un premier tri des manifestants interpellés. Ceux qui seront déférés devant la justice encourront jusqu’à 40 jours de prison et des amendes aggravées. Les autorités policières ont également envoyé 3.000 courriers à des particuliers résidant aux abords du siège de la conférence ou à proximité de points sensibles tels que le Parlement, les hôtels des délégations,… Elles leur demandent de les contacter s’ils observent un individu ou un véhicule suspect. Enfin, la police danoise a mobilisé plus de la moitié de ses effectifs. 6.000 hommes sont déjà sur le pied de guerre (sur un total de 11.000) et ils pourront être renforcés jusqu’à 85% des effectifs totaux.