Ce 21 mai, à Vinnitsa (Ukraine occidentale), le SBU a arrêté et emprisonné Ian Bondarchuk, 73 ans, coordinateur de la SLS (Union des Forces de la Gauche, un nouveau parti qui a émergé après les interdictions contre les partis communistes). Il est inculpé en vertu de l’article 110 (« trahison contre la mère patrie ») et risque 15 ans de prison, probablement en représailles à la manifestation du 9 mai qu’il a contribué à organiser. La manifestation du 9 mai, « Actions pour le Régiment Immortel », était en mémoire des morts de la seconde guerre mondiale. Des dizaines de milliers de personnes portant les photos de leurs parents décédés sont venus de toute l’Ukraine pour manifester, certains portant avec eux des banderoles rouges interdites et il y avait eu de nombreuses arrestations (voir notre article) .

Une affaire similaire avait visé un autre Bondarchuk, Alexander, à Dnepropetrovsk. C’est un éditeur communiste du journal Rabochaya Klass (Classe ouvrière). Il a fait un an de prison entre 2014 et 2015 et est à présent interdit de quitter le territoire.

Manifestation du 9 mai

Manifestation du 9 mai

Le 15 novembre 2015, le gouvernement russe a mis en place une taxe au kilomètre imposée aux poids lourds. Les fonds sont recueillis par une société détenue à 50% par le fils d’un ami de Poutine, alors que l’État russe perçoit déjà un impôt routier et des accises sur les carburants. Les utilisateurs des routes russes, construites avec l’argent public, sont redevables aux amis de Poutine d’une redevance d’abord fixée à 3,73 roubles par km. En 2015 et 2016, les camionneurs avaient manifesté et contraint le pouvoir d’abaisser le taux à 1,53 rouble. Le 24 mars dernier, la taxe a été portée à 1,91 rouble au km. Le 27, les routiers étaient en grève nationale illimitée.

Alors que la grève est massivement suivie sur l’ensemble du pays, pas un mot sur les canaux TV contrôlés par le pouvoir. Les routiers se rassemblent à proximité des grandes villes sur des aires de stationnement. Les jugements, les amendes et les arrestations s’abattent sur eux dans toute la Russie. Arrêtés au stationnement, en manifestation ou à domicile, ils sont parfois emmenés par des hommes masqués dans des directions inconnues. Parmi les grévistes arrêtés, le dirigeant de l’Association des routiers russes, Andrey Bazhutin. Pour communiquer, ils utilisent le réseau radio-internet Zello. Les autorités ayant rapidement bloqué Zello en Russie. Les camionneurs ont trouvé une parade en installant le logiciel gratuit VPN qui permet d’établir sa connexion en passant par un autre pays.

Heurt entre camionneurs et policiers russes au Dagestan

Heurt entre camionneurs et policiers russes au Dagestan

En avril 2015, l’Ukraine avait voté une loi de « décommunisation » visant l’interdiction des symboles communistes. En ce compris, « le marteau et la faucille », l’hymne et le drapeau soviétique, etc. En juillet, ce sont trois partis d’héritage communiste qui étaient interdits d’élection.

Un premier procès visant un étudiant de 18 ans vient de le condamner à une peine de « liberté surveillée » pour avoir publié des symboles et slogans concernant Lénine sur sa page Facebook. L’étudiant n’est pas même membre d’un parti. Théoriquement, cette loi (l’article 436-1) peut donner lieu à des condamnations allant jusqu’à 10 ans de prison, mais l’Ukraine tente une « phase de tests » progressive pour éviter des appels devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Parmi les « preuves » saisies et à détruire par la police et mentionnée dans le verdict (disponible ici), on trouve, 5 vestes de pluie, « le Capital » de Marx, 5 drapeaux, 19 t-shirts, 7 casquettes, 5 CD,…

A Kharkiv en 2014, une manifestation d'extrême-droite détruit une statue de Lenine

A Kharkiv en 2014, une manifestation d’extrême-droite détruit une statue de Lenine

Le 72e anniversaire de la victoire sur le fascisme nazi en Ukraine a été marquée par des affrontements et des arrestations. Fascistes et policiers ont provoqués de nombreux incidents. Quelque 50.000 personnes ont participé aux diverses célébrations à l’occasion de la Journée de la Victoire. A Kiev, quelques 3000 personnes ont marticipé à la marche du « Régiment immortel » une tradition qui consiste à défiler avec la photo d’un parent mort en combattant l’envahisseur nazi. Des affrontements ont eu lieu avec les néo-nazis qui voulaient bloquer le défilé – il y a eu plusieurs blessés et arrestations.

Les police est régulièrement intervenue contre des manifestants arborant le symboles traditionnels, le ruban de Saint-Georges et la Bannière de la Victoire, un drapeau interdit en Ukraine depuis 2015. Des dizaines de porteurs de ces symboles ont été arrêtés dans toute l’Ukraine et notamment à Kharkov, à Odessa, à Mykolaïv, à Jitomir, à Melitopol et à Dnipro (anciennement Dnipropetrovsk).

Grenade fumigène jetée par les fascistes sur le défilé à Kiedv

Grenade fumigène jetée par les fascistes sur le défilé à Kiedv

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La police du Pays de Galles pilotera un programme de reconnaissance faciale lors de l’un des plus gros événements sportifs d’Europe, le 3 juin prochain à Cardiff lors de la finale de la Champions League. Des dispositifs seront déployés dans la gare de Cardiff, et autour du stade, dans le centre ville. Les caméras devraient scanner les visages de 170.000 visiteurs et les comparer à une base de données de 500.000 visages, alertant la police pour toute correspondance. Cette opération fait suite à un précédent usage de l’AFR (Automatic Facial Recognition) à Londres, lors du Carnaval de Notting Hill.

Les polices britanniques tentent donc d’affiner le système lors d’événements de foule. Elle avait précédemment noté que les visages des « sujets non-coopératifs » (qui trouvent un moyen ou l’autre de camoufler, obscurcir, cacher leur visage) était une limitation du système et avait suggéré comme solution une augmentation du nombre de caméras et une plus haute qualité d’image, augmentant également le besoin en coût informatique puisque la quantité de données à traiter est plus grande. Un coût non négligeable puisque le logiciel de reconnaissance (qui est celui du FBI) est imprécis 14% du temps et se trompe beaucoup plus souvent sur les personnes noires. Un dernier chiffre évocateur: lors de la précédente opération d’AFR au carnaval de Notting Hill la police n’a réussi à faire aucune arrestation via l’AFR, pas une seule personne n’a été arrêtée via ce système sur les 454 personnes interpellées au long du festival. La police a donc du mal à prouver l’efficacité de ce système malgré son prix et le fait que des dizaines de milliers de personnes « innocentes » soient scannées.

Le centre-ville de Cardiff.

Le centre-ville de Cardiff.

Andrei Sokolov est un antifasciste russe qui avait été enlevé entre avril et octobre 2016 et détenu clandestinement par les services spéciaux ukrainiens. Nous avions fait campagne pour sa libération à l’époque, retrouvez notre dossier ici. La Russie a récemment décidé d’ouvrir une enquête sur l’enlèvement de Sokolov et d’autres ressortissants russes, Andrei a été interrogé à cette occasion. De son côté, Andrei avait décidé de porter plainte auprès de la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH), une telle plainte doit être déposée dans les six mois, Andrei avait donc jusqu’au 14 avril. Andrei a choisi de passer par le SIJ (Stichting Justice Initiative, une organisation de défense des droits de l’homme néerlandaise) pour déposer cette plainte, cette organisation lui avait été recommandée par un journaliste et il n’avait pas les moyens de payer lui-même un avocat pour déposer cette plainte. Andrei a donc déposé tous les papiers nécessaires ainsi que son témoignage en décembre, mais le SIJ n’a pas déposé la plainte par agenda politique (privilégiant les affaires contre la Russie que contre l’Ukraine). Lorsque Andrei s’est rendu compte que quelque chose n’allait pas, il n’avait plus que deux semaines pour déposer sa plainte, il a finalement pu la déposer à temps.

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L’agence de police européenne Europol va bénéficier de nouvelles règles de gouvernance qui entrent en vigueur ce 1er mai. Europol pourra plus facilement créer des unités spécialisées afin de réagir sans délai « à des menaces émergentes dans le domaine du terrorisme et d’autres formes de criminalité grave et organisée ». Le texte prévoit également des règles claires sur les unités ou centres qui existent déjà, comme l’unité de signalement des contenus sur Internet ou le centre européen de la lutte contre le terrorisme, qui a débuté ses travaux en janvier 2016.

Dans certains cas, l’agence aura par ailleurs la possibilité d’échanger des informations avec des entités privées telles que des entreprises ou des ONG. Elle pourrait par exemple être en mesure de contacter le réseau social Facebook pour lui demander de supprimer une page web.

Le siège d'Europol, à La Haye

Le siège d’Europol, à La Haye

Le procès des anarchistes accusés d’une attaque de banque à Aix-la-Chapelle se poursuit. A l’audience du 31 mars, le tribunal s’est intéressé aux éléments de preuves matérielles retrouvés à l’intérieur de la banque et dans un sac retrouvé à l’extérieur, et que l’accusation attribue à l’attaque. Ils ont aussi examiné les documents retrouvés dans différents ordinateurs mis sous séquestre lors des perquisitions. L’audience du 7 avril était consacrée à l’audition du policier en charge de l’affaire de la Pax Bank. C’est lui qui avait déjà été chargé en 2004 de l’enquête sur le braquage des « Quatre de Aachen ». C’est aussi lui (et plusieurs de ses collègues) qui s’était rendu à Barcelone pour une réunion avec la police catalane. Lors de cette rencontre, ils ont partagé les théories sur le financement d’une organisation anarchiste supposément terroriste: les « Groupes anarchistes coordonnés ».

Les avocats ont pointé quelques-unes des erreurs présentes dans le dossier : l’acharnement du parquet et des polices allemandes et espagnoles à créer des liens à un niveau international, en citant par exemple le braquage de 2004 (celui des « quatre de Aachen ») comme s’il avait eu lieu en 2014. De plus, la police donne de l’importance à un coup de téléphone à cause de son contenu parce que –selon eux– il aurait été passé quelques jours après le braquage, alors qu’il peut être démontré qu’il date d’une année plus tard. Enfin, le dossier contient des noms de rue qui n’existent pas, etc. La prochaine audience se tiendra le 24 avril.

Les actions solidaires se poursuivent: Le 28 mars, la vitrine des bureaux de la Lufthansa ont été brisés à Barcelone. A Bruxelles, un camion de BAM (une entreprise qui construit des prisons) a été incendié le 16 avril.

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Lukáš Borl était un anarchiste emprisonné en détention provisoire depuis septembre 2016 dans le cadre de l’opération Fenix (voir notre article). Il a été libéré sous caution aujourd’hui: il attendra en liberté provisoire son procès. C’est la première fois depuis le début de l’opération Fenix qu’aucun anarchiste de la République tchèque n’est détenu en prison.

 Lukas Borl (à droite)

Lukas Borl (à droite)

Peu après la prise de pouvoir par la droite et l’extrême droite en Ukraine, la ville d’Odessa a connu, le 2 mai 2014, le massacre de 46 jeunes progressistes, brûlés vifs ou lynchés par les fascistes dans la Maison des syndicats. Depuis ce jour, des parents et amis des victimes exigent une enquête internationale sur le massacre, une demande qui a été bloquée par le gouvernement ukrainien. Cette obstruction a été notée par les Nations Unies, le Conseil de l’Europe et d’autres organismes internationaux. Malgré les nombreuses vidéos montrant les fascistes à l’oeuvre, aucun des responsables du massacre n’a été traduit en justice, alors que de nombreux antifascistes sont emprisonnés souvent sans jugement.

Chaque semaine depuis le massacre, les Odessites se rassemblent sur le lieu du massacre pour se souvenir de leurs morts et demander une enquête. Et presque toutes les semaines, les organisations néo-nazies les harcèlent et parfois les attaquent physiquement. Le 23 février, Alexander Kushnarev, 65 ans, député du conseil de district de Limansk et père d’une des jeune victimes, et Anatoly Slobodyanik, 68 ans, officier militaire à la retraite et chef de l’Organisation des anciens combattants [de l’armée soviétique] ont été arrêtés et accusé de vouloir enlever un député impliqué dans le massacre.

La campagne de solidarité d’Odessa appelle à une Journée internationale de solidarité avec le peuple d’Odessa le 10 avril 2017 pour attirer l’attention sur la répression par le gouvernement ukrainien des antifascistes dans cette ville.

Sous l'oeil complice de la police, les fascistes attaquaient la Maison des syndicats

Sous l’oeil complice de la police, les fascistes attaquaient la Maison des syndicats