Le Salon de l’aéronautique et de l’espace du Bourget est l’occasion pour les professionnels du secteur de montrer leurs dernières nouveautés. Parmi les avions et drones, le groupe d’électronique français Thales a présenté le Boarding Pass Control System, un système permettant de « fluidifier et sécuriser » les opérations de contrôle d’identité des passagers. Ce système est constitué de deux appareils. Le premier est installé en lieu et place des guichets d’enregistrement. Il scanne le passeport et imprime la carte d’embarquement mais enregistre aussi le visage et l’iris du passager. Il partage ensuite ces informations avec les autres ordinateurs de l’aéroport comme on le voit dans cette vidéo.

Dans le cadre de son contrat avec l’administration américaine, l’entreprise privée Lockheed Martin produit des avions de combat, des radars, des satellites ou encore des véhicules militaires. Mais elle développe aussi, pour le compte de l’Agence de sécurité nationale (NSA), une technologie biométrique basée sur la reconnaissance d’écriture. Ces travaux s’inscrivent dans une réflexion globale sur l’évolution des systèmes d’identification, au-delà des capteurs d’empreintes digitales. Ils se fondent sur un postulat : chacun a une façon différente d’utiliser un clavier tactile.

La vitesse de la frappe, l’orientation des doigts, l’accélération du mouvement et la pression appliquée sur l’écran sont autant de variables prises en compte par cette technologie que Lockheed Martin a baptisée « Mandrake ». Les premières expérimentations autour d’une telle technologie – que l’on peut considérer comme une ramification de la reconnaissance d’écriture manuscrite – remontent aux années 70, sous l’impulsion de l’U.S. Air Force. L’objectif était de renforcer, à terme, le contrôle des accès aux bâtiments stratégiques comme le Pentagone, en instituant un deuxième facteur d’identification en complément au code PIN à 4 chiffres. Mais à l’époque, les taux d’erreurs restaient importants, tout particulièrement chez les femmes.

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Voilà 30 ans que les Etats-Unis utilisent les preuves génétiques dans des enquêtes criminelles. L’enquête diligentée voilà deux ans par le ministère de la Justice, en association avec le FBI et les plus importants lobbies contre les erreurs judiciaires, a mis en évidence des négligences dans les analyses et témoignages orientés contre les prévenus sont mis en évidence. 2 500 cas sont concernés. Car des preuves auxquelles on ne peut plus se fier ont été utilisées à charge par l’agence fédérale contre des accusés condamnés à de lourdes peines. Trois d’entre eux ont été exécutés. Le réexamen de ces milliers de cas est en cours. Les prisonniers concernés sont alertés, et certains vont pouvoir faire appel de leur condamnation.

FBI

FBI

La police de Lucknow, capitale de l’Uttar Pradesh et huitième ville la plus peuplée d’Inde avec deux millions d’habitants, a positivement testé cinq drones pulvérisateur de poivre. « Les résultats ont été excellents. Nous avons réussi à comprendre comment les manoeuvrer afin de cibler avec précision, y compris en cas de vent et dans des secteurs congestionnés », a déclaré le chef de la police.

Les drones ont été acquis pour la somme d’environ 600.000 roupies (9.600 dollars) l’unité et seront mis en service à partir de fin avril. Ces cinq drones sont équipés de caméras haute-définition et peuvent transporter jusqu’à deux kilos de poivre, dans un rayon d’un kilomètre. La police de Lucknow a déjà utilisé des drones pour des missions de surveillance.

Drône anti-émeute

Drône anti-émeute

Aux États-Unis, les forces de l’ordre ont dans leur arsenal un moteur de recherche d’un genre un peu particulier. Memex un outil révolutionnaire, mis au point par la DARPA, l’agence pour les projets de recherche avancée de défense américaine. Ce moteur de recherche est un spécialiste du « Deep Web », ce web laissé pour compte par les robots des moteurs de recherche classiques. Selon certains spécialistes, il serait même plus vaste que la toile telle que Google la connaît. Memex s’intéresse tout particulièrement aux pages éphémères, souvent à faible trafic, celles-là mêmes qui sont utilisées par les trafiquants. D’après la DARPA, ce sont plus de 60 millions de pages de ce genre qui ont vu le jour durant ces deux dernières années. Mieux encore, Memex peut même être paramétré pour concentrer tous ses efforts sur les recoins les plus inaccessibles. Avec son intelligence artificielle, ses nombreux outils d’analyse et de visualisation, il peut même créer des liens graphiques entre les pages…
L’agence de recherche du Pentagone a donné à Scientific American un aperçu du logiciel et une vidéo exclusive à 60 Minutes sur cette technologie.

C’est le témoignage d’un agent fédéral américain devant un tribunal à Denver qui a révélé en décembre, que plusieurs agences de sécurité américaines, comme le FBI et le US Marshals Service, utilisaient depuis deux ans déjà un dispositif de radar leur permettant de voir efficacement dans les maisons à plus de 15 mètres. Les radars fonctionnent en utilisant les ondes hertziennes pour détecter des mouvements aussi légers que la respiration humaine. Ces appareils, initialement élaborés pour servir en Irak et en Afghanistan, permettent de repérer la présence d’un individu dans une maison, sa position et ses déplacements.

La Cour suprême des Etats-Unis a indiqué que les officiers de police ne pouvaient généralement pas utiliser de détecteurs de haute technologie pour révéler l’intérieur d’une maison à moins d’obtenir auparavant un mandat de perquisition, ce qui n’a pas été le cas dans l’affaire de Denver.

Le « portrait-robot génétique » est un nouvelle technique consistant à extraire d’une trace génétique des renseignements sur l’apparence physique d’un suspect inconnu. Si les Pays-Bas ou l’Espagne ont intégré cette technologie dans leurs méthodes d’enquête, elle était jusqu’à il y a peu interdite en France. Seule était autorisée la comparaison, à des fins d’identification, de segments précis de l’ADN avec les profils enregistrés. En dehors du sexe – exception tolérée par le législateur –, ces dix-huit segments ne livraient aucune information sur la morphologie de la personne. L’analyse des segments de l’ADN renseignant l’apparence d’un individu était réservée aux domaines scientifique et médical.

Dans un arrêt du 25 juin, passé relativement inaperçu, la Cour de cassation a jugé que le « portrait-robot génétique » ordonné par un juge d’instruction lyonnais dans une affaire de viol était conforme au droit, contre l’avis du ministère de la justice. L’avocat général de la Cour de cassation s’était prononcé contre la légalité du « portrait-robot » en se référant aux deux articles du code civil qui encadrent les possibilités d’exploitation de l’ADN (ainsi l’article 16.10 prévoit que l’examen des caractéristiques génétiques d’un individu ne peut être entrepris qu’à des fins médicales ou de recherche scientifique et avec son consentement). Mais la Cour de cassation a considéré que ces articles ne s’appliquait pas dans ce cas.

Prise de cours, la chancellerie multiplie depuis les consultations pour encadrer cette nouvelle technique. Dans l’attente d’une circulaire du ministère, les cinq laboratoires de l’Institut national de la police technique et scientifique (INPS) se préparent à produire des portraits-robots génétiques pour le premier semestre 2015. Un rapport ADN donne des conclusions du type « Origine biogéographique européenne avec une très forte probabilité, individu aux cheveux châtains avec une teinte majoritairement claire et des yeux bleus », mais les scientifiques travaillent déjà sur de nouveaux marqueurs exploitables : écartement des pupilles, largeur de la mâchoire, volume de la boîte crânienne…

Le logiciel Cheops (« Circulation Hiérarchisée des Enregistrements Opérationnels de la Police Sécurisés ») est le portail d’accès de la police à l’essentiel de ses fichiers (Fichier Informatisé du Terrorisme, Fichier des Renseignements généraux, Fichier des Personnes Recherchées, etc.). Sa défaillance lors de l’affaire des djihadistes présumés que la police a ratés à l’aéroport de Marseille, le 23 septembre dernier (quand le trio a présenté ses papiers à l’aéroport, aucun agent n’a pu le consulter: il était en « maintenance » pour l’après-midi) est récurrente.

Pour les Européens, si le contrôle du passeport est systématique, le passage au fichier n’est qu’aléatoire. C’est une obligation des accords de Schengen. Mais les ressortissants étrangers qui entrent dans la zone Schengen en provenance d’une zone internationale doivent être passés au fichier. Or, Cheops est sujet à d’innombrables interruptions de services, parfois d’une heure, parfois d’une journée entière. Dans ce cas, la police est aveugle puisqu’elle ne peut accéder à aucun de ses fichiers courant reliés au portail. Le problème se pose dans les aéroports comme dans les commissariats au niveau national.

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Les effets des gaz lacrymogènes ne sont pas simplement à court terme, suivant une étude présentée au Congrès International pour la Société Européenne de la Respiration (ERS) à Munich le 10 septembre. Des chercheurs en Turquie ont interrogé 546 personnes ayant inhalé des gaz lacrymogènes durant des manifestations de juin 2013. Ils ont recueillir des informations sur leur consommation de tabac, leur exposition au gaz lacrymogène, les symptômes subis et leur durée. Les résultats révélèrent une série de symptômes respiratoires, indiquant dans 70% des cas des difficultés à respirer, dans 80% des cas une toux qui ne partait pas, dans 45% des cas une production de glaire et dans 43% des cas des douleurs de thorax. La durée moyenne de la toux et des douleurs au thorax était de 15 jours.

Les chercheurs ont aussi interrogé 105 personnes qui vivaient et travaillaient près des lieux des manifestations récurrentes durant l’été 2013, en leur faisant des examens des poumons une semaine après la fin des manifestations. 76% des sujets avaient le souffle court et 89% continuaient à tousser. Les examens des poumons révélèrent de légères obstructions respiratoires. L’usage répété de gaz lacrymogène lors de longues manifestations pourraient donc avoir un impact sur la santé des personnes vivant et travaillant à proximité.

Une nouvelle expérience de l’université Massachusetts Institute of Technology a permis à des scientifiques de développer une technique d’écoute originale. Celle-ci nécessite une caméra (pas forcément de bonne qualité), une cible, et n’importe quel objet posé près de la cible capable de vibrer (une plante, un paquet de chips,…), et un algorithme très puissant développé par les ingénieurs du MIT. La technique est de filmer un objet qui se trouve près de la cible à espionner, les chercheurs en question ont donc utilisé un paquet de chips. Le son faisant vibrer l’objet d’une certaine façon, il « suffit » aux chercheurs du MIT d’analyser un pixel de l’image et d’observer ses changements de couleur à l’aide d’un algorithme très complexe pour retranscrire avec exactitude les sons. La technique est diaboliquement économique, efficace et effrayante puisque un rideau fermé filmé par une fenêtre de l’autre coté d’une rue bruyante pourrait devenir un microphone haute-fidélité.

Ci-dessous, la vidéo expliquant l’expérience (en anglais)