Depuis le 28 avril, la Colombie est secouée par d’importantes manifestations contre le gouvernement, marquées par une sévère répression policière. Au moins 42 personnes ont été tuées depuis cette date, probablement 51. Depuis début mai, la police colombienne a utilisé des lance-grenades Venom à plusieurs reprises pour réprimer des manifestations, dans différentes villes du pays. Plusieurs vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent que cette arme a été employée de façon dangereuse par les forces de l’ordre, en tir tendu à courte distance, et non en tir parabolique prévu. Le Venom est fabriqué par Combined Systems Inc. (CSI), une entreprise américaine qui fournit notamment Israël. Il est composé de trois compartiments, plus ou moins inclinés, pouvant contenir dix grenades chacun. Elles sont de deux types : grenades fumigènes/lacrymogènes ou assourdissantes qui éclatent en sous-munitions dans l’air. Une grenade de Venom serait à l’origine du décès d’un jeune manifestant tué à Popayán le 14 mai.

L’entreprise française Idemia spécialisée dans l’identité numérique et Interpol vont collaborer pour la mise en place d’un nouveau système « multi-biométrique »  baptisé MBIS. MBIS sera une sorte de moteur de recherche biométrique dédié aux fonctionnaires de police des 194 Etats membre d’Interpol. Chaque jour, jusqu’à un million de recherches d’empreintes digitales, palmaires et de reconnaissance faciale pourront être effectuées et ainsi identifier les potentiels suspects grâce à des comparaisons. MBIS facilitera également le travail des policiers grâce au stockage de photos de preuves et des renseignements sur les liens entre une affaire en cours et une personne ou entre plusieurs affaires. Il inclut aussi un ensemble d’outils d’amélioration et de traitement photo et vidéo. Il permet par exemple le traitement des minuties, qui désignent les particularités des sillons de la pulpe des mains.

Idemia et Interpol collaborent depuis 20 ans. Le premier contrat remonte à l’année 2000. Il avait pour objectif de faciliter la coopération entre les forces de police nationales grâce à un système automatisé d’identification biométrique. Il offrait une base de données commune d’empreintes digitales de suspects dans des affaires criminelles. Puis, en 2016, Interpol s’est équipé d’un logiciel de reconnaissance faciale. L’entreprise implantée à Courbevoie travaille également avec l’Union européenne. Il a été choisi, aux côtés de Sopra Steria, pour mettre en place une base de données biométriques dédiée au contrôle des frontières de l’espace Schengen.

Il y a quelques jours, la Commission européenne s’est réunie dans le cadre du projet de réglementation visant à définir une approche européenne de l’intelligence artificielle. L’exécutif européen propose d’interdire les technologies d’IA destinée à “une surveillance indiscriminée appliquée de manière généralisée à toutes les personnes physiques sans différenciation”. Un texte préliminaire, qui devrait être présenté la semaine prochaine, précise qu’il est principalement question de rendre illégales les technologies visant à “la surveillance et le suivi des personnes physiques dans des environnements numériques ou physiques, ainsi que l’agrégation et l’analyse automatisées des données personnelles provenant de diverses sources”.

La Commission prévoit également l’interdiction des technologies d’IA susceptibles d’aller à l’encontre des droits de l’Homme, et notamment les IA prédictives, capables de cibler des minorités. Si le texte est adopté, la violation de ces interdictions pourrait coûter aux entreprises 4% de leur chiffre d’affaires annuel mondial. Cependant, cette interdiction ne s’appliquerait pas aux gouvernements et aux autorités publiques européennes qui pourraient utiliser l’IA “afin de préserver la sécurité publique”…

En février 2019, Nijeer Parks a été accusé d’avoir volé des bonbons à l’étalage et d’avoir tenté de heurter un policier avec une voiture à Woodbridge, dans le New Jersey. La police l’avait identifié à l’aide d’un logiciel de reconnaissance faciale. Parks a passé 10 jours en prison et a payé environ 5.000 $ pour se défendre. En novembre 2019, l’affaire a été classée pour manque de preuves. Parks, 33 ans, poursuit maintenant la police, le procureur et la ville de Woodbridge pour arrestation et emprisonnement abusifs et violation de ses droits civils: il était à 50 km du lieu de l’incident au moment de celui-ci. Il est la troisième personne connue pour avoir été arrêtée sur la base d’une erreur des dispositifs de reconnaissance faciale. Dans les trois cas, les personnes identifiées par erreur par la technologie étaient des hommes noirs.

Ce vendredi 4 décembre 2020 sont parus trois décrets du Ministère de l’Intérieur concernant le fichage de la population. Trois bases de données différentes sont concernées : le « fichier de prévention des atteintes à la sécurité publique (PASP) », le fichier « Enquêtes administratives liées à la sécurité publique (EASP) « , et celui relatif à la « Gestion de l’information et prévention des atteintes à la sécurité publique (GIPASP) ». Les services pourront recueillir des informations sur l’opinion des personnes surveillées, leurs pseudonymes sur les réseaux sociaux, des données de santé, sans enjeu de sécurité publique. Ces données sont accessibles à des agents des services, tout policier ou gendarme, aux procureurs, aux agents pénitentiaires. Ces nouveaux dispositifs de surveillance ont été élaborés afin de mieux surveiller toute personne « pouvant porter atteinte à l’ordre public ».

Suite au rapport annuel du comité R (Organe parlementaire contrôlant les services de renseignements en Belgique), on peut apprendre que le recours aux méthodes de recherche exceptionnelle est en augmentation pour la période courant de 2018 à 2019. Sous ce terme est regroupé les méthodes les plus sensibles de collecte de renseignement : surveillance de lieux privés, écoute de ligne téléphonique, collecte de données bancaires et intrusion dans un système informatique.

L’utilisation de ce type de méthodes est passé de 344 à 449 pour le compte de la Sûreté de l’État, de 28 à 76 pour l’organe militaire que constitue le Service général du renseignement et de la sécurité (SGRS). En 2019, la Sûreté a mis sur écoute 255 lignes téléphoniques, introduit 48 ordinateurs et observé ou pénétré 29 lieux non-accessibles au public. Au SGRS, on dénombre 40 cas d’écoute téléphonique et 20 dossiers de collecte d’informations bancaires. A coté de cela, on constate une diminution de 12 % de l’utilisation des méthodes « ordinaires » (essentiellement l’identification d’un numéro par les opérateurs téléphoniques) mais il n’est pas clair si cette tendance est la même pour les méthodes « spécifiques » (données d’un voyage privé ou encore localisation d’une personne par le biais de la géolocalisation d’un appareil électronique, …)

Le siège de la Sûreté de l'État

Le siège de la Sûreté de l’État

La zone de police Bruxelles-Capitale/Ixelles et celle de Montgomery ont conclu un accord de coopération permettant à la première de mettre à disposition de la seconde une Unité d’assistance spéciale (UAS) pour des opérations dangereuses. Cet appui sera donc de deux ordres : soit urgent, comme dans une situation de crise telle qu’un Fort Chabrol (une situation où un individu, généralement armé se retranche dans un immeuble), soit planifié, comme une perquisition renforcée. Dans le premier cas, l’UAS sera mis à disposition 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. L’accord de coopération entre les deux zones de police bruxelloises a été conclu le 30 octobre et est entré en vigueur le 1er novembre. Il fera l’objet d’une phase de test jusqu’à la fin de l’année.

Policiers de l’unité d’assistance spéciale (UAS) de la police de Mons-Quévy

Policiers de l’unité d’assistance spéciale (UAS) de la police de Mons-Quévy

Les évolutions technologiques permettent d’ores et déjà d’implanter des moyens de géolocalisation RFId indétectables à l’œil et au toucher dans les fibres textiles. Ces nouveaux textiles deviennent intelligents et sont géolocalisables par un GPS, une empreinte thermique ou une empreinte magnétique. Cela signifie que les vêtements, les tentes, ou les matériels qui comportent des tissus, des fibres peuvent être « infectés » et donc repérables.

Selon la ministre française des Armées, Florence Parly, plusieurs études dans ce domaine ont été lancées cette année en France, pour un coût de 1,2 million d’euros.  « Nous sommes évidemment disposés à accentuer cet effort d’innovation en fonction des propositions que nous feront les industriels français du textile, en lien avec le ministère de l’industrie puisqu’il s’agit d’un sujet dual » [dual = militaire ET civil], a-t-elle indiqué lors du débat sur les crédits de la mission « Défense », à l’Assemblée nationale, le 30 octobre. Les progrès sont tels dans le domaine qu’une proposition de loi vise à considérer que les textiles « de toute nature » soient dorénavant considérés comme des « équipements de défense ou de sécurité au sens (très contraignant, notamment quant au fournisseur) de l’article L1113-1 du code de la commande publique »

Amazon a dévoilé son nouvel outil biométrique: Amazon One. Ce lecteur d’empreinte capture une image de la paume de la main à plusieurs centimètres de distance et en seulement quelques secondes. Des lecteurs Amazon One n’ont été pour l’instant déployés que dans deux magasins semi-automatisés Amazon Go à Seattle, aux États-Unis. Pour les utiliser pour la première fois, il faut qu’un client ait un compte Amazon sur lequel les identifiants de sa carte bancaire sont déjà enregistrés. Devant le lecteur Amazon One, il doit d’abord présenter sa carte puis sa paume afin que les serveurs d’Amazon associent les deux.

 

Une vidéo tournée à Minsk montre deux policiers brandissant des matraques et un manifestant recroquevillé sur le sol alors que des passants demandent bruyamment sa libération. L’un des agents se tourne vers la caméra, seuls ses yeux visibles derrière une cagoule, et en quelques secondes, un ordinateur produit la photo et les données personnelles du policier. La vidéo, qui a recueilli plus d’un million de vues, a été publiée sur YouTube le 24 septembre par Andrew Maximov, un artiste numérique américain né à Minsk. Il veut montrer comment l’intelligence artificielle peut être utilisée pour démasquer les forces de l’ordre impliquées dans la violente répression des manifestants depuis la réélection contestée de Loukachenko le 9 août dernier. Naturellement, ce qui est possible pour identifier un policier l’est pour identifier un manifestant…

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