Un total de 167 personnes ont été arrêtées ce mardi pour leurs prétendus liens avec le DHKP-C dans une série d’opérations menées dans 28 villes différentes dont Istanbul, Izmir et Ankara. Les autorités les justifient par
la revendication par l’organisation de l’action contre l’ambassade américaine le 1er février dernier. La plupart des personnes arrêtées aujourd’hui sont membres de la Confederation of Public Sector Trade Unions (KESK) dont le siège à Ankara a été perquisitionné. La police est intervenue dans dix villes de la province d’Izmir pour arrêter dix personnes tandis que seize autres ont été interpellées à Bursa, toutes à leur domicile. Une cinquantaine de personnes ont quant à elles été interpellées à Istanbul. De nombreux mandats d’arrêt ont été émis à l’encontre de diverses personnalités, dont un fonctionnaire de la KESK, des avocats, des médecins et des professeurs d’université. Les 167 personnes ont toutes été formellement accusées d’être ‘membres d’une organisation terroriste, le DHKP-C’. Les autorités ont par ailleurs déclaré la poursuite des opérations, sous-entendant clairement que le nombre d’arrestations allait encore augmenté dans les heures qui viennent.

De violents affrontements ont opposé des manifestants kurdes et les forces de l’ordre lors de divers rassemblements organisés pour marquer le quatorzième anniversaire de l’arrestation d’Abdullah Ocalan, leader du PKK. La police anti-émeute a utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour disperser la foule dans deux villes de la province de Hakkari. Cette dernière a répliqué en lançant des pierres et des bombes incendiaires. Des heurts similaires se sont déroulés dans d’autres villes du pays et notamment à Istanbul où deux bus ont été incendiés. Selon la presse locale, au moins trois personnes auraient été grièvement blessées.

Incendie d'un bus à Istanbul

Incendie d’un bus à Istanbul

Sevil Sevimli, poursuivie par les autorités turques suite à sa participation au cortège du 1er mai 2012 à Istanbul ainsi qu’à un concert du groupe Yorum, a été lourdement condamnée hier. L’étudiante française, qui était en Turquie dans le cadre du programme Erasmus, a écopé de 5 ans, 2 mois et 15 jours de prison fermes pour ‘participation à une organisation armée et propagation de sa propagande’. Le tribunal a également ordonné la levée de l’interdiction de quitter la Turquie après le paiement d’une caution de 10000 lires turques (environ 4000€). Sevil Sevimli va donc rentrer en France en attendant son procès en appel.

Sevil Sevimli

Sevil Sevimli

Au moins un manifestant a été tué lundi dans des affrontements avec la police turque dans la ville de Diyarbakir. La manifestants protestaient contre l’emprisonnement du dirigeant du PKK, Abdullah Ocalan. Les manifestants ont jeté des pierres et des cocktails Molotov sur les unités de la police anti-émeute qui est intervenue avec des blindés.

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Le rapport de l’association kurde des droits de l’homme indique que 21 107 cas de violations des droits humains ont été enregistrés en 2012 ce qui représente, à critère identique, le triple de 2006. En 2012, comme les années précédentes, les arrestations visant le principal parti kurde BDP, les ONG, les étudiants, les journalistes, les avocats et les défenseurs des droits humains se sont poursuivies. Au moins 4 418 personnes ont été placées en garde dans la région kurde au cour de la même année, selon le rapport, contre 6 306 en 2011 et 2 822 en 2006. Parmi les personnes arrêtées en 2012, 1 475 ont été incarcérées, contre 1 917 en 2011 et 1 094 en 2006.
Douze partis politiques, syndicats, associations et institutions culturelles ont fermés par les autorités dans la région kurde.

56 civils ont été tués dans des conditions non-élucidées ou ont été victimes des exécutions extrajudiciaires et des fusillades, et 228 autres ont été blessés dans ces attaques. Toujours dans la région kurde, l’association recense 876 cas de tortures et de mauvais traitements, ainsi que 3 236 cas de violations des droits dans les prisons. Selon le rapport, douze villages ont été évacués et brûlés par les forces de l’ordre, tandis que quatre fosses communes contenant 37 corps ont été découvertes. Treize autres fosses communes avec les corps de 80 personnes ont été signalées.

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Hier, un homme a fait exploser une bombe devant l’ambassade des Etats-Unis à Ankara. Aujourd’hui, le DHKP-C a publié un communiqué revendiquant l’action de Ecevit Alisan Sanli qui s’est fait sauter devant un sas d’entrée de l’ambassade, causant de nombreux dégâts matériels et la mort d’un agent de sécurité. Dans le texte, le DHKP-C accuse les Etats-Unis d’être le bourreau des peuples et dénonce les massacres commis par ces derniers en Irak, en Afghanistan, en Libye, en Syrie et en Egypte. Par ailleurs, l’organisation accuse la Turquie et son gouvernement d’être les complices des actions américaines visant à remodeler le Moyen-Orient.

Ecevit Alisan Sanli

Ces derniers jours, plusieurs médias généralistes ont annoncé qu’une centaine de guérilleros du PKK allait rendre les armes et quitter le territoire turc. Le KCK (Kurdistan Communities Union), présumée branche urbaine du PKK, a publié un communiqué démentant cette information, affirmant que les renseignements selon lesquels cent guérilleros devaient quitter la Turquie au printemps dans le cadre du ‘processus de paix’ étaient erronés. Le KCK a ajouté qu’aucun accord n’avait été conclu sur cette question.

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Placé en garde à vue le 17 janvier, Omer Guney a été mis en examen le 21 janvier pour « assassinats en relation avec une entreprise terroriste » et « participation à une association de malfaiteurs ». Il a été mis en cause pour l’assassinat de trois militants kurdes grâce aux caméras de vidéosurveillance et à des traces de poudre détectées dans un sac qui lui appartenait.et tout indique qu’il s’agissait d’un militant fasciste infiltré, probablement pour le compte des services secrets, dans le milieu kurde.

Le suspect, originaire d’un village où il n’y a pas la moindre famille kurde, a adhéré à une association kurde à Paris (alors qu’il résidait en Allemagne) et a été repéré en mars 2012 parmi les jeunes kurdes qui avait envahi le deuxième étage de la tour Eiffel pour brandir une pancarte « Liberté pour Öcalan ». Une vidéo montre qu’après cette manifestation, les jeunes entament une danse traditionnelle kurde que le suspect est le seul à ne pas connaître. Omer Guney aurait effectué au moins dix séjours en Turquie au cours de l’année 2012. Le beau-frère d’Omer Guney a déclaré : « On dit qu’il est du PKK, mais sachez qu’il est nationaliste, un militant des loups gris. »

Le 9 juillet 1998, une explosion au Marché aux épices d’Istanbul fait 7 morts et 120 blessés. La police dirige ses soupçons vers le PKK, et arrête un premier suspect, Abdülmecit Öztürk. Celui-ci, sous la torture, lâche le nom de Pinar Selek, une sociologue qui travaille alors sur le profil de ceux qui s’enrôlent dans la rébellion. Elle est à son tour arrêtée et longuement torturée, mais Pinar Selek ne donne aucun nom. L’enquête sur l’explosion du Marché aux épices n’avance pas et pour cause: deux rapports d’experts concluent à une explosion accidentelle, due à une fuite d’une bouteille de gaz alimentant un réchaud à döner-kebab…

Pinar est même remise en liberté en décembre 2000, et la 12e cour pénale d’Istanbul prononce logiquement, en juin 2006, un verdict d’acquittement. Mais le procureur fait appel et la cour de cassation invalide le jugement. Pinar Selek est à nouveau jugée pour sa participation à cet attentat qui n’en est pas un, mais à nouveau acquittée, encore à l’unanimité des juges. Suite à un nouvel appel du procureur, la cour de cassation est à nouveau saisie; elle invalide ce second acquittement, cette fois sur le fond. Le troisième jugement ne se terminera pas autrement que les précédents : un nouvel acquittement est prononcé, toujours à l’unanimité des membres de la cour, en février 2011.

En décembre dernier, suite à un nouvel appel du procureur et dans l’attente d’une réunion de ce dossier avec d’autres affaires en cours devant une cour de cassation pour un verdict définitif, la 12e cour pénale décide bizarrement d’invalider son précédent verdict et se prononce cette fois pour la culpabilité de Pinar Selek, réfugiée en France. Celle-ci a été condamnée à une peine de prison à vie incompressible!

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