Mardi soir, près de 2000 personnes s’étaient rassemblées dans le district de Dikmen, à Ankara. Outre les revendications devenues habituelles depuis près d’un mois, la foule a dénoncé la remise en liberté sous contrôle judiciaire d’un policier accusé d’avoir tué un manifestant le 14 juin dernier. Renvoyé lundi devant le tribunal, le suspect a été laissé libre, entraînant une importante colère populaire. Mardi soir, la police est intervenue avec des canons à eau et a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser les 2000 manifestants qui avaient érigé des barricades sur une artère routière. Seize personnes ont en outre été interpellées.

Canons à eau à Ankara

Canons à eau à Ankara

Un policier turc a été renvoyé lundi en justice pour avoir mortellement blessé par balle un manifestant anti-gouvernemental à Ankara mais a été laissé en liberté. Ethem Sarisulul est décédé le 14 juin des suites d’un coup de feu tiré à la tête lors d’une manifestation sur la place Kizilay d’Ankara le 1er juin. Une vidéo le montre s’écroulant brutalement face à un policier casqué, qui s’enfuit ensuite l’arme au poing.

Depuis le début le 31 mai des manifestations contre le gouvernement, quatre personnes sont mortes -trois manifestants et un policier- et près de 8.000 autres blessées, dont plusieurs dizaines très gravement. Lundi encore, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a défendu les forces de l’ordre, estimant qu’elles avaient agi de façon « héroïque ».

Ethem Sarisulul

Ethem Sarisulul

La police est intervenue avec des canons à eau contre des milliers de manifestants qui s’étaient rassemblés place Taksim une semaine après la descente policière contre les occupants du parc Gezi. Après avoir demandé à la foule de se disperser, la police anti-émeute a utilisé des canons à eau pour réprimer le rassemblement. Elle a ensuite poursuivi les manifestants dans les rues voisines, tirant des gaz lacrymogènes. Trente blessés ont reçu des soins sur place, dont dix avaient été touchés par des balles en caoutchouc. Quatre personnes ont du être hospitalisées.

Canon à eau place Taksim

Canon à eau place Taksim

A Ankara, la police est une nouvelle fois intervenue avec des gaz lacrymogène et des canons à eau contre les manifestants rassemblés sur Kennedy Avenue, à proximité de l’ambassade américaine. Les policiers ont pourchassés les manifestants qui se dispersaient et sept personnes ont été interpellées. La police a également fait usage de gaz lacrymogène pour disperser un millier de personnes réunies aux alentours de Dikmen, un quartier résidentiel proche du centre-ville.

Mardi, les autorités turques ont mené une vaste opération visant notamment l’ESP (Parti Socialiste des Opprimés) et le MLKP. Plus de 90 personnes avaient été interpellées, le ministre de l’Intérieur précisant qu’il s’agissait d’une opération préparée de longue date mais que tous les suspects étaient impliqués dans les manifestations qui secouent le pays depuis près d’un mois. Vendredi, 18 membres de l’ESP ont été inculpés et placés en détention pour ‘appartenance à une organisation terroriste’ et ‘destruction de biens publics’. Aujourd’hui, un tribunal d’Ankara a inculpé 22 personnes pour leur participation aux manifestations. L’inculpation porte sur leur rôle dans l’organisation du mouvement de contestation et leurs supposée participation à des actions violentes que les autorités attribuent à une organisation clandestine. Trois autres personnes ont été relâchées et placées sous contrôle judiciaire. Au moins 46 personnes ont été placées en détention préventive depuis la violente évacuation du parc Gezi par les forces anti-émeutes la semaine dernière.

De nouveaux affrontements ont éclaté tard hier soir devant l’ambassade américaine à Ankara, laquelle est devenue le lieu de rassemblement principal depuis la semaine dernière. La police a utilisé des gaz lacrymogène et des canons à eau pour empêcher les manifestants d’ériger des barricades sur la route. Un manifestant a perdu connaissance suite aux effets du gaz.

La police nationale turque va, selon les médias locaux, lancer un appel d’offre spécial pour l’achat de 100.000 nouvelles cartouches de gaz lacrymogène et de 60 canons à eau. L’utilisation excessive de gaz lacrymogène – 130.000 cartouches en vingt jours – depuis le début du mouvement de contestation a entraîné une diminution brutale dans les stocks de la police. Un total de 60 véhicules anti-émeute canons à eau, 45 Mass Incident Intervention Vehicle (TOMA) et 15 Shortlands, seront également achetés via le même appel d’offre. Les TOMA et les Shortlands (un peu plus petits) ont subi de lourds dommages au cours des manifestations ces dernières semaines.

Mass Incident Intervention Vehicles

Mass Incident Intervention Vehicles

La police turque a mené une énorme opération ce matin en arrétant des dizaines de personnes lors de perquisitions. Parmis celles-ci : 90 personnes de l’ESP (Parti Socialiste des Opprimés) ont été arrétées, le journal Atilim a été perquisitionné (ainsi que l’agence de presse Etkin).

Le Ministre de l’Intérieur turc a déclaré que cette opération était prévue de longue date et qu’elle visait le MLKP.

Une manifestation de solidarité aura lieu demain à Bruxelles : mercredi 19 juin à midi au Rond-Point Schumann.

Selon une association d’avocats stambouliote, la police a interpellé près de 350 personnes à Istanbul durant le week-end. Les forces anti-émeutes ont continué leur usage intense de gaz lacrymogène contre les manifestants qui tentaient de se réunir dans des quartiers proches de la place Taksim. Des dizaines de personnes ont été interpellées hier durant l’intervention policière sur Siraselviler Avenue, laquelle débouche sur la place Taksim. Parmi elles, au moins un ressortissant étranger. Les personnes interpellées ont été placées dans des bus de la police anti-émeute stationné sur la place.

Interpellations place Taksim

Interpellations place Taksim

Les forces de l’ordre sont intervenues sur Siraselviler Avenue avec des canons à eau et du gaz lacrymogène pour dégager les barricades érigées par la foule et rétablir la circulation. Des affrontements entre police et manifestants se sont également déroulés dans les quartiers Mecidiyeköy et Nisantasi du district de Sisli, ainsi que dans le quartier Galata du district de Beyoglu. Un groupe de personnes qui a tenté de construire une barricade sur l’Ergenekon Avenue de Sisli a été dispersé avec du gaz lacrymogène et des canons à eau. Un autre groupe a bloqué un accès d’autoroute dans le quartier Nurtepe du district de Kagithane. Un autre groupe de manifestants, après avoir été conduit par la police de Osmanbey vers Nisantasi, a érigé une barricade pour bloquer les policiers anti-émeutes. La police a projeté une énorme quantité de gaz lacrymogène pour disperser la foule qui a trouvé refuge dans un centre commercial. Plus tôt dans la journée, un autre groupe d’une centaine de personnes s’était rassemblé devant un autre centre commercial à Mecidiyeköy. Elles avaient prévu de rejoindre la place Taksim en scandant leurs slogans, mais ont immédiatement fait face à la police. Dix policiers anti-émeutes ont pourchassé les gens qui se réfugiaient dans le bâtiment. Les officiers ont quitté le centre commercial lorsque la majorité des personnes qui faisaient leurs courses ont scandé des slogans contre leur intervention.

Quelques heures après que le premier ministre ait ordonné la fin de l’occupation du parc Gezi, les forces anti-émeutes sont intervenues. Après avoir violemment évacué la place Taksim accompagnées de bulldozers, les officiers sont entrés dans le parc, tirant du gaz lacrymogène et des jets d’eau. Plusieurs personnes ont été blessées. Les manifestants ont rapidement quitté le parc pour aller ériger des barricades dans les rues adjacentes et y allumer des feux. La police a immédiatement bloqué le Pont du Bosphore pour empêcher les manifestants de rejoindre la place Taksim. Les policiers et les manifestants se sont opposés toute la nuit à Istanbul alors que plus de mille personnes se réunissaient en soutien à Ankara. Selon des témoins, les affrontements entre policiers et manifestants se poursuivaient ce dimanche matin autour de la place alors que les bulldozers sont toujours en action dans le parc Gezi. De source médicale, depuis le 31 mai et le début du mouvement de contestation, environ 5000 personnes ont été blessées et quatre autres tuées dans les heurts avec les forces de l’ordre.

Evacuation du parc Gezi

Evacuation du parc Gezi

Un tribunal d’Istanbul a ordonné aujourd’hui l’arrestation de quatre personnes interpellées et détenus suite à des affrontements avec la police en marge des manifestations qui se déroulent en Turquie depuis près de trois semaines. Cette décision marque les premières arrestations depuis le début du mouvement populaire il y a 19 jours. Les quatre suspects sont tous membres du Socialist Democracy Party (SPD) et sont accusés d’avoir lancé des cocktails Molotovs et des feux d’artifice aux policiers anti-émeute. 22 autres personnes appelées à comparaître dans le même cadre ont été libérées. Ces deux dernières semaines, la police a interpellé, placé en garde à vue et interrogé plus de 450 manifestants.

Pendant ce temps, la police continue à disperser la foule sur la place Taksim à coups de canons à eau.

Intervention policière place Taksim à Istanbul