Une quinzaine de soldats ont été blessés hier dans l’explosion de plusieurs IED dans la province de Van (est de la Turquie). Les explosifs avaient été disposés sur le parking d’un terrain d’entraînement des troupes et ont été déclenchés à distance à l’arrivée des véhicules transportant les soldats qui devaient participer à une série d’exercices. Alors que les blessés étaient évacués, les forces spéciales d’opération ont immédiatement déclenché une opération de ratissage dans la zone.

Des affrontements ont éclaté entre la police et des membres du parti pro-kurde BDP (Peace and Democracy Party) après que les forces de l’ordre aient refusé d’autoriser des manifestants à assister au meeting organisé par le parti et intitulé ‘Democratic Resistance for Freedom Rally’ à Diyarbakir ce dimanche. Les policiers les ont empêché de pénétrer à l’intérieur du Istasyon Square, où devait se tenir la réunion, en utilisant du gaz lacrymogène et des canons à eau. La direction du BDP avait décidé de maintenir la manifestation malgré l’interdiction de rassemblement émise par le bureau du gouverneur lundi. Dès lors, ce dernier avait déployé plus de 5000 policiers à travers la ville.

Déploiement policier à Diyarbakir

Déploiement policier à Diyarbakir

Afin d’augmenter ses capacités aéroportées dans sa lutte contre le PKK, la Turquie a commandé cinq avions de surveillance, des King Air 350, à la société américaine Hawker Beechcraft. Ankara vient de recevoir son premier appareil, alors que les quatre autres seront livrés au mois de septembre. Ces avions seront utilisés pour suivre les mouvements des guérilleros du PKK et viennent s’ajouter aux appareils dont disposent déjà les autorités turques, les Herons (drones israéliens).

King Air 350

King Air 350

L’affaire KCK a été déclenchée par les autorités turques en 2009, après la victoire électorale du BDP (Peace and Democracy Party), parti pro-kurde, aux élections municipales de 2009. Depuis, l’AKP, parti au pouvoir, accuse entre autre les membres du BDP de faire partie du KCK (Kurdish Communities Union), branche urbaine présumée du PKK. Chaque semaine, des dizaines de personnes parmi lesquelles des élus et membres du BDP, mais aussi des intellectuels, des professeurs, des étudiants,… sont arrêtés. Entre le 2 et le 13 juillet s’est déroulé un premier procès où étaient jugés un grand nombre de membres présumés du KCK. Il s’est clôturé hier par la libération de seize accusés. Les audiences reprendront le 1er octobre, alors que 124 personnes sont toujours emprisonnées dans le cadre de cette affaire. Devant le tribunal, plus de 150 personnes s’étaient rassemblées en solidarité. Elles ont d’abord manifesté leur joie à l’annonce des libérations avant de déclencher un mouvement de protestation contre la décision du tribunal de ne libérer que seize des accusés. La gendarmerie est rapidement intervenue pour évacuer la foule. Deux femmes ont dû être emmenées à l’hôpital suite à cette intervention.

Notre article au début du procès

Une IED a explosé ce matin au passage d’un convoi militaire dans la province de Kahramanmaras (sud-est). Les troupes étaient en opération pour retrouver une brigade de guérilleros qu’elles suspectent d’avoir attaqué le site d’une usine en construction. L’explosion, qui a eu lieu le long d’une route à proximité du village de Umutlu a blessé trois soldats. Ils ont été emmenés à l’hôpital alors que les opérations se poursuivaient dans la région.

Convoi de l'armée turque

Convoi de l’armée turque

Les forces de sécurité sont entrées en contact avec un groupe de guérilleros du PKK hier soir vers 23h dans la province de Bingöl. Une fusillade a éclaté lorsque les guérilleros ont tenté de leur échapper. Cinq d’entre eux, parmi lesquels cinq femmes, ont été tués durant l’affrontement. En outre, les forces de sécurité ont saisi les armes, les grenades et l’argent liquide dont disposait les cinq guérilleros tués. Selon le gouverneur de la province, une soixantaine de membres du PKK ont été tués ou capturés dans la région ces 18 derniers mois. 22 guérilleros ont été arrêtés vivants tandis que 38 autres ont été tués au cours d’affrontements.

Par ailleurs, des heurts se poursuivent dans le district de Cukurça (province de Hakkari) lequel a été bombardé durant toute la nuit dernière. Des hélicoptères de l’armée y ont été envoyé en renfort à l’aube.

Un soldat a été tué ce dimanche par l’explosion d’une mine dans la province de Tunceli (sud-est). Les forces de sécurité ont intensifié leurs opérations depuis hier dans la région pour retrouver des guérilleros du PKK accusés par les autorités d’avoir incendié des véhicules. L’explosion, qui a été déclenchée à distance, a tué un soldat et en a blessé un autre. De nouvelles unités ont immédiatement été transférées dans la zone.

Le procès de Silivri, où sont jugés 205 membres présumés du KCK, se poursuit jusqu’au 13 juillet. Déclenchée en 2009, avec l’arrestation de plusieurs dizaines de maires et d’élus BDP, la série d’arrestations, trois ans plus tard, n’en finit plus. Chaque semaine, il y a de nouvelles descentes de police, arrestations, mises en examen. Plus de 8.000 ont été arrêtées depuis le début de l’enquête, environ 2.000 seraient actuellement détenus.

Tout a commencé après la victoire électorale du BDP aux municipales de 2009, et donc l’échec de l’AKP qui espérait conquérir les grandes villes du Kurdistan. La suite fut une longue série de mises sous les verrous: des maires, des fonctionnaires municipaux, des membres d’associations, des journalistes, des syndicalistes, etc. L’assimilation du mouvement politique kurde au terrorisme ne date pas d’hier en Turquie. Mais l’arrestation de deux figures du monde intellectuel, Ragip Zarakolu et Büsra Ersanli respectés au-delà du mouvement kurde a soulevé une vague de réprobation nationale et internationale que n’avaient pas réussi à susciter les milliers d’autres détenus avant eux.

Juridiquement, l’affaire KCK tombe sous le coup de la loi antiterroriste, modifiée et élargie en 2006. Les tribunaux compétents pour les juger sont des juridictions d’exception. Ces cours spéciales ont succédé aux Cour de sûreté de l’Etat héritées de la dictature militaire. Limitant les droits de la défense, sérieusement critiquées par les institutions européennes, leur légitimité est remise en question. Un vif débat a vu le jour, au sein même du parti au pouvoir, l’AKP. Le premier ministre, qui s’était prononcé pour une réforme de ces cours, a été, une fois n’est pas coutume, désavoué par une partie des députés de l’AKP, souhaitant, eux, leur maintien. Dans la nuit de dimanche à lundi, quelques heures avant l’ouverture du procès KCK, l’AKP faisait voter au Parlement une loi pour les abolir. Tout en précisant que la réforme ne concernerait pas les procès en cours et qu’elles seraient remplacées par des cours criminelles régionales.

La Turquie a connu le 25 juin une vaste antisyndicale, visant tous les syndicats affiliés à la Confédération des Syndicats des Travailleurs du secteur public (KESK). 71 membres et dirigeants de la confédération dont le président Lami Ozgen ont été arrêtés. 28 d’entre eux et elles ont été placés en détention le 28 et 29 juin, tandis que les autres dont Lami Ozgen (photo) ont été relâchés. Ce qui porte à 67 le nombre de syndicalistes actuellement emprisonnés en Turquie. Plusieurs d’entre eux et elles sont en prison depuis 2009 sans condamnation, ni preuve.

La KESK mène une lutte active pour la conquête des droits des travailleurs du secteur public et contre les politiques néolibérales du gouvernement AKP. Les syndicalistes ont été arrêtés dans le cadre de l’affaire KCK, lancée quelques semaines après le succès historique du parti kurde lors des élections municipales tenues en mars 2009. L’usage abusif de la loi anti-terroriste et la campagne de répression sous le nom d’ « opérations KCK » permettent au régime turc de museler tous ceux qui luttent pacifiquement pour les droits des Kurdes.

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Quelques jours après la manifestation du 1er mai, la police avait perquisitionné et cassé plusieurs lieux alternatifs, arrêtant au moins 60 militants anarchistes. Parmi eux, 51 avaient été relâchés quatre jours après et neuf avaient été placés en détention, portant à 15 le nombre d’anarchistes emprisonnés depuis le début du mois de mai. Depuis le 11 juin, 14 d’entre eux ont entamé une grève de la faim contre les conditions d’incarcération et pour demander leur libération.