Les forces de sécurité turques ont capturé, le 11 mars dernier, cinq spécialistes en cryptage informatique du PKK au cours d’une opération à une dizaine de kilomètre de la frontière turco-irakienne. C’est la première fois que des unités spéciales de la police traversent la frontière pour y procéder à des actions dans le nord de l’Irak. Celles-ci ont pisté les cinq hommes durant plus de six mois avant de les arrêter dans une cave dimanche dernier, au cours d’une opération où elles étaient assistées par des UAV (Unmanned Aerial Vehicule). D’après leurs premiers rapports, les hommes ont riposté à l’attaque avant de se rendre. Ils sont accusés par les autorités d’avoir, en tant qu’experts en cryptage informatique, relayé des messages codés du PKK entre les monts Kandil dans le nord de l’Irak et les militants des cellules urbaines de l’organisation en Turquie. Les autorités les accusent également d’être impliqués dans deux incidents distincts dans lesquels ils auraient transmis des ordres cryptés depuis les monts Kandil pour organiser des raids de guérilleros dans le sud-est de la Turquie.

Le régime turc a arrêté 963 personnes au cours du mois de février, a déclaré la Fondation des Droits de l’Homme en Turquie (TIHV). 168 d’entre elles ont été écrouées. La plupart de ces arrestations ont été effectuées dans le cadre de l’affaire KCK et la totalité est liée à la cause kurde. Plus de 6.500 membres actifs du parti kurde BDP dont 31 maires sur 98 et six députés sur 36 sont actuellement en prison dans le cadre de l’affaire KCK, une campagne de répression sans précédente lancée en avril 2009, quelques semaines après le succès historique du parti kurde aux élections municipales.

La Fondation a notamment attiré l’attention sur l’isolement du chef du PKK, Abdullah Öcalan, qui n’est pas autorisé à rencontrer ses avocats depuis 27 juillet 2011 et les abus sexuels sur les enfants kurdes dans la prison de Pozanti à Adana. Il s’agit des enfants arrêtés pour avoir jeté des pierres sur les policiers ou avoir crié des slogans « illégaux ». Ozlem Agus, la journaliste de l’agence de presse kurde DIHA qui a révélé le scandale d’abus sexuels et de la torture dont les enfants ont été victimes, a été emprisonnée le 9 mars par un tribunal d’Adana avec 20 responsables du parti kurde.

Au moins 887 personnes ont été placées en garde à vue en janvier, soit 1.850 arrestations au cours des deux premiers mois de l’année 2012. Plus de 29.360 cas de violation des droits de l’homme ont été recensés en 2011 dans la seule région kurde, contre 23.573 en 2010 et 20.720 en 2009. 6.306 personnes ont été arrêtées et 1.917 d’entre elles ont été emprisonnées pour des raisons politiques au cours de l’année 2011, constate le rapport qui parle de 1.555 cas de torture et de mauvais traitement, contre 2 788 arrestations, 747 emprisonnements et 747 cas de torture et de mauvais traitement en 2010.

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Au 10 février 2012, 15.596 sites ont été suspendus par les autorités turques, suite à une décision de justice ou à l’initiative de la Haute Instance de la Télécommunication (TIB), soit près du double par rapport à l’année passée. Outre les sites pornographiques et ceux violant les droits de retransmission, les sites d’information jugés pro-kurdes ont été interdits sur décision de justice en 2011, tels Firat News, Gundem-online ou Welat.org.

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Vendredi 9 mars 20 autres responsables du principal parti kurde BDP et une journaliste ont été emprisonnés sous l’accusation d’être membres d’une organisation «terroriste», à savoir le PKK. Le nombre de journalistes emprisonnés monte à 106, ce qui fait la Turquie la plus grande prison du monde pour journalistes. 19 responsables locaux, un membre du conseil exécutif du BDP et un correspondant de l’agence kurde DIHA ont été placés en détention après avoir comparu devant un tribunal d’Adana.

La police avait déjà interpellé le 6 mars 61 personnes dont trois journalistes de l’agence DIHA, au cours des opérations simultanées visant le BDP dans quatre villes, notamment à Adana. Déjà plus de 6 500 membres actifs de ce parti dont 31 maires sur 98 et six députés sur 36 sont actuellement en prison dans le cadre d’une campagne de répression sans précédente lancée en avril 2009, quelques semaines après le succès historique du parti kurde aux élections municipales.

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Le Ministère de l’Intérieur turc est en train de mettre en place les dispositions légales qui instaureront un système de récompenses pécuniaires pour toute aide fournie aux ‘efforts anti-terroristes’ du pays. L’état turc offrira 4 millions de nouvelles livres turques (1,7 million d’euros) à toute personne fournissant des renseignements conduisant à la capture de Murat Karayilan, ou d’une des 49 personnes désignées par les autorités comme étant les ‘têtes pensantes’ du PKK. Par ailleurs, une récompense de 2 millions de nouvelles livres turques (850.000 euros) sera offerte pour la capture de n’importe quel dirigeant inférieur de l’organisation. Ceux qui aideront à la capture ‘de l’auteur ou du conspirateur d’une attaque terroriste’ recevront 100.000 nouvelles livres turques (40.000 euros) tandis que la récompense pour la capture d’un ‘membre ordinaire’ du PKK sera moindre. La Ministère de l’Intérieur a transmis ces dispositions au cabinet du Premier Ministre, qui doit encore les approuver.

Dix étudiants et 36 policiers comparaitront le 21 mai prochain devant un tribunal de Tuzla à Istanbul. Le parquet de Tuzla a requis 120 ans de prison contre ces étudiants pour s’être opposés à la police, lors d’une manifestation pour dénoncer la réunion du premier ministre Recep Tayyip Erdogan avec les recteurs, tenue le 4 décembre 2010. Les policiers qui étaient violemment intervenus à la manifestation, blessant sept étudiants dont un grièvement, encourent entre quatre mois et un an de prison, ce qui signifie que la peine est assorti du sursis puisqu’elle est inférieur à deux ans.

Depuis le 15 février, plus de 400 prisonniers politiques kurdes mènent une grève de la faim illimitée. Celle-ci fait suite à celle suivie entre le 1er décembre et le 15 février, qui elle avait été limitée dans le temps. Mais la mobilisation prenant de plus en plus d’ampleur, notamment en raison de la politique de répression menée par le gouvernement turc dans le cadre de l’affaire KCK, celle-ci a été prolongée en une grève illimitée. Depuis quelques mois, les autorités procèdent à des dizaines d’arrestations toutes les semaines, portant à plus de 130.000 le nombre de détenus actuels contre 60.000 en 2002. Outre l’arrêt des arrestations massives, les prisonniers demandent la libération d’Ocalan (leader du PKK emprisonné sur l’île d’Imrali depuis 1999 en isolement total), la reconnaissance officiel des droits collectifs du peuple kurde dans la constitution, notamment la reconnaissance de l’identité kurde et le droit à l’enseignement kurde.

Hier, la Cour Suprême turque a décidé de qualifier la KCK (Kurdistan Communities Union), qu’elle accuse d’être la branche urbaine du PKK, de groupe terroriste après avoir confirmé la décision d’un tribunal de la province de Van condamnant des membres du collectif à de lourdes peines de prison. Dans son verdict, la Cour a énuméré une série de raisons pour lesquelles, selon elle, la KCK constitue un groupe terroriste: les liens de l’organisation avec le PKK, ses objectifs, sa stratégie, sa structure, le nombre de ses membres ainsi que ses capacités armées et coercitives.

Drapeau de la KCK

La semaine dernière, les autorités ont interpellé des dizaines de personnes dans le cadre de leurs raids dirigés contre la KCK (Kurdistan Communities Union) qu’elles accusent d’être la branche urbaine du PKK. Cinq suspects ont été arrêtés à Istanbul alors que neuf autres personnes ont été libérées la nuit du 16 février après leur comparution au tribunal. Des 49 personnes détenues à Istanbul, 35 avaient déjà été libérées après interrogatoire. Une cour d’assises d’Ankara a également ordonné l’arrestation de neuf des quatorze personnes qui ont comparu sous le chef d’accusation ‘d’appartenance à une organisation terroriste’. Le tribunal a libéré les cinq autres inculpés en les plaçant sous contrôle judiciaire. 33 personnes des 36 qui avaient été interpellées dans les provinces de Diyarbakir, de Sanliurfa, de Sirnak et de Batman ont été relâchées à Diyarbakir. Deux personnes ont été interpellées dans la province de Van, alors que quatre autres ont été libérées le 16 février.

Arrestations en Turquie

Arrestations en Turquie

Ce lundi, les autorités ont placé dix personnes en garde à vue en raison de leurs liens présumés avec la KCK. Les équipes du département anti-terroriste turc ont pisté leurs ‘suspects’ en examinant leurs profils Facebook, en visionnant les photos et les vidéos qu’ils partageaient et en lisant les messages qu’ils échangeaient. Les autorités ont interpellé les dix personnes, qui sont âgées de 19 à 22 ans, sur base de l’accusation selon laquelle ils auraient été en train de planifier des incendies volontaires et criminels. Elles ont également saisi leurs ordinateurs qu’elles suspectent de contenir des éléments de propagande pour l’organisation.

Hier, des dizaines de milliers de kurdes se sont rassemblés à l’occasion du 13ème anniversaire de l’arrestation de Abdullah Ocalan (dirigeant du PKK) et pour protester contre son isolement ainsi que contre la répression dont est victime la population kurde en Turquie. Ces rassemblements, à l’appel du parti pro-kurde BPD (Peace and Democracy Party), se sont déroulés dans une cinquantaine de villes à travers la Turquie. En outre, dans la région kurde, une grève générale a été suivie par la majorité des habitants, ceux s’étant vêtus de noirs pour mener une grève de la faim durant 24 heures. La police est intervenue pour disperser les rassemblements dans la plupart des villes. De violents affrontements l’ont opposée aux manifestants à Diyarbakir, à Mardin, à Sirnak, à Istanbul et à Adana, où elle a fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau. Au moins 89 personnes ont été arrêtées, dont trente à Istanbul, dix à Diyarbakir, quinze à Mersin et onze à Batman.

Répression d'une manifestation kurde à Istanbul

Répression d’une manifestation kurde à Istanbul

Dans le même cadre, une association kurde avait organisé une marche aux flambeaux à Anvers. Celle-ci avait été annoncée, mais les autorités ne l’avait pas autorisée. Celles-ci ont procédé à 37 interpellations, précisant qu’il n’y avait eu aucune émeute, ni aucun blessé lors du rassemblement, mais que les interpellations avaient eu lieu ‘par précaution’.