Les mères du samedi ont poursuivi ce samedi 26, pour la 960e semaine, leur action à Istanbul en faveur de leurs proches disparus en détention par l’État. Malgré la décision de la Cour constitutionnelle turque, l’initiative s’est à nouveau vue refuser l’accès à leur lieu de rassemblement devant le lycée Galatasaray sur l’avenue Istiklal. Invoquant l’interdiction imposée par le bureau du gouverneur du district de Beyoğlu, la police a bouclé le site du rassemblement et a encerclé les « mères du samedi » et leurs sympathisants qui se rendaient dans la zone. Les journalistes qui voulaient filmer la répression ont été repoussés de force. La police a également pris des mesures contre les passants qui prenaient des photos avec leurs téléphones portables et les diffusaient en direct sur les réseaux numériques. Au moins 20 personnes ont été arrêtées et emmenées menottées.

Les combats restent violents au Kudistan irakien où les guérilla du PKK résistent à l’offensive turque, lui infligeant de lourdes pertes humaines et matérielles. les Forces de Défense du Peuple (HPG), force armée du PKK, ont produit plusieurs photos et vidéos d’actions de résistance, dont une audacieuse attaque à la grenade, en pleine journée, d’un poste de campagne turc. L’action a eu lieu dans la région de Girê Cûdî le 9 août.

Voir ici la vidéo de cette attaque

La guérilla subi également des pertes, les HPG ont annoncé que trois combattantes, Gulbahar Mercan, Eylem Munzur et Dîcle Eylem, étaient tombés lors d’une opération militaire menée par l’armée turque dans le massif montagneux de Bagok à Nusaybin (Nisêbîn) le 4 août. Gulbahar Mercan était une commandante des unités de  combattante féminine YJA Star, tandis qu’Eylem Munzur et Dîcle Eylem appartenaient au Hêzên Taybet, une unité spéciale au sein de la guérilla.

Mardi matin, lors de raids simultanés, des dizaines de militants kurdes ont été arrêtés dans les provinces d’Hakkari et d’Adana. Dans la province d’Hakkarî (Colemêrg), près de 30 personnes ont été mises en détention lors de perquisitions simultanées. Pendant ce temps, dans la province d’Adana, des perquisitions similaires menées au petit matin ont conduit à la mise en détention de nombreuses personnes. Ces arrestations massives ont eu lieu au moment où les Kurdes célèbrent la date symbolique du 15 août 1984 qui marque l’insurrection armée du PKK à travers sa première attaque d’envergure ciblant un poste militaire turc à Siirt (Eruh).

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Selon la Confédération syndicale internationale, la Turquie est en queue de classement des pays les plus respectueux des droits des travailleurs, pour se retrouver dans les dix dernières places, au même titre que le Bangladesh, le Myanmar ou l’Egypte. Les licenciements de salariés ayant tenté de s’organiser en syndicat sont devenu monnaie courante dans le secteur privé, où le taux de syndicalisation reste très faible (7%). Et ce alors qu’une très forte inflation a entraîné ces dernières années une chute du pouvoir d’achat des travailleurs turcs.

« Cela fait longtemps qu’en Turquie, le gouvernement et les employeurs partagent une vision hostile du syndicalisme », confirme Adnan Serdaroglu, secrétaire général de Disk, l’une des principales confédérations syndicales turques. Les efforts pour recruter de nouveaux membres sont ainsi menés en cachette : « Quand on recrute un nouveau membre, par exemple, on est obligé de lui dire de n’en parler à personne, pas même à sa famille, avant que l’adhésion soit finalisée. Sinon, il risque d’être licencié avant. Par ailleurs, après avoir informé le ministère qu’on a syndiqué assez de travailleurs pour négocier une convention collective, on s’aperçoit souvent que le ministère a prévenu l’employeur. Et c’est comme ça qu’on se retrouve avec des licenciements collectifs. » La Cour constitutionnelle rappelle régulièrement les entreprises et l’État à l’ordre : dans un arrêt en début d’année, elle estimait par exemple que l’adhésion à un syndicat ne pouvait être assimilée à une appartenance à une organisation terroriste…

 

Les Forces de défense du peuple (HPG, la guérilla du PKK) continuent à résister à la grande offensive turque dans le sud du Kurdistan (nord de l’Irak), et particulièrement dans la région de Girê Cûdî. Les guérilleros, utilisant un large éventail de tactiques allant du sniping, des embuscades à l’IED, aux tirs à l’arme lourde, ont mené une contre-attaque. Celle-ci a duré 24 heures, et a compté 44 actions, au cours desquelles 31 militaires turcs auraient été tués. Les guérilleros ont également ont détruit un drone et obligés par leur tir des hélicoptères Sikorsky, qui tentaient de déposer des commandos, à de quitter la zone. En réaction, l’armée d’invasion turque a mené un intense bombardement avec des avions et des hélicoptères tout au long de la nuit du 9 au 10 août. 

 

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Dans la nuit de mardi, une perquisition menée par les forces spéciales de lutte contre le terrorisme (PÖH) a provoqué le décès d’une femme et conduit à l’arrestation de plusieurs personnes à Nusaybin, une ville du Kurdistan turcs située à la frontière du Rojava. Le raid nocturne, survenu dans un appartement situé sur Sakarya Caddesi, au centre de Nusaybin, a été marqué par une explosion. La femme décédée lors du raid serait une combattante des YJA Star, un groupe de guérilla féminine affilié au PKK. Deux pistolets, des munitions et des grenades auraient été trouvés dans l’appartement. La police fait un lien entre cet appartement et l’ancienne co-présidente de la branche locale du Parti démocratique des régions (DBP), Bedia Adıgüzel. Suite au raid, les opérations policières se sont poursuivies à Nusaybin, entraînant de nouvelles arrestations. Bedia Adıgüzel et une personne inconnue ont été placés en garde à vue, tandis que Remziye Bayhan, qui avait remplacé Adıgüzel en tant que co-présidente du DBP, a également été arrêtée. De plus, quatre membres d’une même famille ont été arrêtés.

 

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Un émetteur GPS a été découvert dans les vêtements envoyé à un militant kurde vivant dans le sud du Kurdistan en raison des persécutions politiques dont il fait l’objet en Turquie. Ses parents, vivant au Kurdistan turc, lui ont envoyé divers vêtements par l’intermédiaire de la société de vente par correspondance en ligne Trendyol, qui est sous le contrôle de l’État turc. Lorsque le colis est arrivé, il a senti un objet dur à l’intérieur d’un pantalon, sous l’étiquette rigide portant la marque du jean. Il a défait la couture et trouvé un GPS caché (voir la vidéo).

 

Le 20 juillet 2015, un attentat-suicide commis par le Daesh avec la complicité des services secrets turcs dans la ville frontière de Suruç fait 33 morts et une centaine de blessés parmi les jeunes du Parti socialiste des opprimés (ESP) qui se rendaient dans un chantier de reconstruction de Kobane, au Rojava. La police turque a attaqué lundi à Istanbul des groupes de jeunes qui distribuaient des tracts pour marquer le 8e anniversaire du massacre de Suruç. La police a placé 44 personnes en garde à vue. Les jeunes, qui ont été arrêtés lundi soir, ont été amenés au tribunal mardi. Alors que 35 des 44 personnes ont été libérées, 9 ont placées en détention préventive et renvoyées devant un juge  pour « résistance à des officiers dans l’exercice de leurs fonctions ». Des jeunes ont protesté contre ces arrestations et se sont rassemblés devant le palais de justice en scandant « Justice pour Suruç, justice pour tous ».

Un rassemblement de commémoration pour Suruç aura lieu demain jeudi, de 16:00 à 17:00, à la gare centrale à Bruxelles.

 

En Suède, un militant kurde a été condamné à quatre ans et demi de prison. Il était accusé de collecter des fonds pour le PKK, y compris sous la menace. Le tribunal de district de Stockholm a déclaré jeudi que l’homme devait également quitter définitivement le pays. C’est la première fois en Suède qu’une personne est condamnée pour avoir tenté de financer le PKK. Le jugement peut encore faire l’objet d’un appel devant une juridiction supérieure. La Suède a récemment adopté une législation antiterroriste plus stricte en réponse aux conditions posées par la Turquie pour approuver l’adhésion du pays à l’OTAN. Le champ d’application étendu de la loi comprend la criminalisation de toutes les activités qui peuvent être interprétées comme un soutien au PKK.

La police grecque a mené un raid à l’aube dans le camp de réfugiés autogéré de Lavrio, près d’Athènes, et évacué de force les résidents. Le camp abritait une cinquantaine de réfugiés kurdes originaires de Turquie, de Syrie et d’Irak, dont 19 enfants. Lors du raid, la police aurait forcé les portes des chambres. Le camp de Lavrio ne servait pas seulement de refuge, mais aussi de centre de solidarité, offrant un soutien aux résidents et favorisant un sentiment de communauté.  Il était depuis longtemps pointé du doigt par le gouvernement turc comme étant un “camp d’entraînement terroriste” et un refuge pour les membres du PKK et d’autres organisations de gauche interdites en Turquie. Selon les médias grecs, l’opération est un “geste envers le président turc Recep Tayyip Erdoğan” de la part du nouveau gouvernement de droite. On craint que certains des réfugiés kurdes ne soient extradés à la suite de cette action. Le ministère grec de l’immigration et de l’asile avait décidé en avril de fermer progressivement le camp de Lavrio, au prétexte qu’il était inadapté à l’accueil des réfugiés. Dans le cadre de ce processus, une centaine de réfugiés sur les 150 hébergés dans le camp avaient déjà été transférés vers d’autres centres d’hébergement de la région.