Au début du mois de juillet, le procureur général Peter Frank s’est rendu en Turquie (photo). À l’invitation du procureur général turc, il a rencontré Erdoğan, le procureur général, le président de la Cour de cassation et le ministre de la Justice. Un porte-parole du parti Die Linke a interpellé le gouvernement fédéral sur cette visite. Le gouvernement est resté silencieux sur le contenu de la réunion, déclarant qu’aucune « procédure pénale concrète » n’avait été discutée. Néanmoins, la réponse du gouvernement fédéral a révélé que le gouvernement fédéral transmet toutes les condamnations de citoyens turcs en Allemagne au ministère turc de la justice. Cela concerne des dizaines de milliers de données, avec une tendance à la hausse. En 2017, 47 779 dossiers dits pénaux ont été transmis à la Turquie, ils seront 57 531 en 2019 et 69 790 en 2021. Cela vaut notamment pour les personnes qui ont été condamnées pour avoir enfreint la « loi sur les associations » et qui sont presque toujours des membres du mouvement kurde.

Deux membres dirigeantes du Parti socialiste des opprimés (ESP) et de l’Union des femmes socialistes (SKB), Deniz Aktaş et Ebru Yiğit, ont été placées en détention dans la métropole d’Istanbul suite à un raid effectué jeudi soir dans un appartement du quartier de Gazi par unité spéciale antiterroriste. Quatre personnes au total ont été arrêtées et emmenées au siège de la direction de la police d’Istanbul chargé de la lutte contre le terrorisme. Le raid a eu lieu au domicile de Nurcan Gülbudak. Elle est la veuve du militant kurde Sezgin Dağ, qui a survécu à l’attentat du Daesh à Suruç, mais est décédé en novembre 2020 en exil en Suisse. Aktaş et Yiğit séjournaient chez Gülbudak en tant qu’invitées. Elles ont été soumise à une fouille nue dégradante au poste de police en présence d’officiers masculins. Une ordonnance de secret a été imposée sur le dossier d’enquête, et les autorités ont imposé une interdiction de 24 heures aux avocats.

L’ESP s’est fait connaître notamment avec les manifestations de Gezi en 2013. L’un de ses membres fondateurs est l’ancien coprésident du HDP emprisonné, Figen Yüksekdağ. L’ESP est une des forces co-fondatrices du HDP (Parti démocratique des peuples). Le 20 juillet 2015, un attentat à la bombe a été perpétré à Suruç contre l’organisation de jeunesse de l’ESP, la Fédération des associations de jeunesse socialiste, a fait 33 morts, pour la plupart des jeunes qui allaient tenir une conférence de presse avant de partir pour le Rojava. 104 autres personnes ont été blessées dans l’attaque.

Dossier(s): Turquie-Kurdistan Tags:

Les attaques de l’État turc sur le territoire du nord et de l’est de la Syrie ont augmenté récemment. L’armée turque mène des tirs d’artillerie tous les jours et a récemment augmenté les frappes par drones. Rien qu’au début du mois d’août, sept personnes, dont deux enfants, ont été tuées, et 17 personnes, dont dix enfants et trois femmes, ont été blessées. En représailles à ces attaques, les Forces Démocratiques Syriennes ont mené trois actions sur la frontière, à Mardin le 8 août, visant à chaque fois des véhicules blindés transporteurs de troupe des forces d’occupation turques. Dans la première action, sept soldats turcs ont été tués, deux soldats ont été blessés, dans la deuxième, dix soldats ont été tués, et dans la troisième, six soldats ont été tués.

 

Les mères et les des proches des prisonniers politiques voulaient faire, hier samedi, une déclaration de presse devant le bâtiment du district de Şirinevler du HDP pour attirer l’attention sur les violations des droits dans les prisons et la situation des prisonniers malades. La police, qui a déclaré la place et ses environs interdits d’accès, bloqué la foule par plusieurs nasses devant le bâtiment du HDP. Invoquant la décision du bureau du gouverneur du district pour justifier l’interdiction de l’action, la police a empêché les familles des prisonniers et les personnes qui les accompagnaient d’ouvrir leur banderole et de faire leur déclaration. Les membres de la presse ont été expulsés par la force. Les mères ont été bousculées, menottées et arrêtées.

Hier, quatre personnes ont été tuées et d’autres blessées dans une frappe de drone sur la route de Hîzam dans le nord de Qamishlo, au Rojava. Plus tôt, quatre personnes avaient été tuées dans une attaque de drone dans le quartier résidentiel de Sîna à Qamishlo. Parmi les blessés qui ont été hospitalisés figure Yusif Mehmud Rebanî, membre du commandement du Parti pour une vie libre au Kurdistan (PJAK). Il est décédé des suites de ses blessures. Rebanî était venu au Roajva pour voir sur le terrain les réalisations de la révolution et rencontrer la population. Le PJAK quiu mène la résistance en Iran a été créé 2004. Depuis 2007, il fait partie de la structure faîtière organisationnelle de la Koma Civakên Kurdistan (« Union des communautés du Kurdistan »), au même titre que le PKK, le PYD, le Parti de la solution démocratique du Kurdistan irakien, ainsi que de nombreuses autres organisations de la société civile kurde.

 

 

Le 3 mars 2017, le ministère de l’Intérieur a publié une décision qui interdit les drapeaux du PYD, du YPG/YPJ et les photographies d’Abdullah Ocalan et de plusieurs symboles du mouvement kurde. Après l’envoi de ce décret aux 16 Landen allemands, la politique de criminalisation des Kurdes en Allemagne a immédiatement augmenté, notamment en Bavière. Cependant, plusieurs tribunaux locaux en Allemagne ont statué qu’aborder des drapeaux des YPG/YPJ et du PYD n’est pas un délit.

L’activiste kurde Ciwan Çewlik, qui fait du travail politique et culturel en Allemagne depuis plusieurs années, était monté sur une scène pour soutenir la résistance des YPG/YPJ et la révolution du Rojava le 20 juillet 2019. Le ministère turc de la Justice a ouvert une enquête à son sujet et, à la demande de la Turquie, la Cour suprême de Hanovre avait ouvert une procédure contre l’artiste. Ciwan Çelîk a comparu avant-hier jeudi devant la Cour suprême de la ville. La représentation de la cour a décidé que l’affaire ne comportait aucun acte criminel.

Les forces turques continuent leurs opérations contre les bases du PKK, en continuant à utiliser des gaz toxiques dans les tunnels creusés par la guérilla. Il y a actuellement 4000 militaires turcs en opération en Irak et une centaine de points stratégiques seraient occupés durablement. Une nouvelle opération se déroule de la province kurde de Mardin. Des centaines de soldats sont impliqués dans l’opération militaire, et l’armée de l’air turque apporte son soutien. L’armée turque avait mené une opération sur le Mont Bagok dans la nuit de mardi à mercredi, toujours dans la province de Mardin.

Mais dans le même moment, les forces d’occupation turques continuent à faire l’objet d’attaque de la part de la guérilla. Avants-postes attaqués à la roquette, patrouilles ciblées par des snipers, IED détruisant des véhicules, ces formes d’attaques et d’autres sont menée à un rythme soutenu (photos: un blindé transporteur de troupes de type Scorpion visé et touché par une roquette anti-tank, voir la vidéo). En réaction à ces attaques de harcèlements, les forces turques procèdent à des bombardements par l’artillerie, l’aviation et les drones de ce qu’elle identifie comme des unités de guérilla, commettant par la de nombreuses bavures meurtrières aux dépens de la population locale, comme à Zakho où 9 civils ont été tués et 33 autres blessés (voir notre article).

 

Une journée de deuil national a été décrétée jeudi en Irak alors que l’opinion publique ne décolère pas au lendemain du bombardement turc ayant tué neuf civils, dont des enfants, et blessé 23 autres mercredi, dans des jardins récréatifs dans le district de Zakho. La plupart des victimes sont des touristes irakiens du sud ou du centre du pays, ayant l’habitude de fuir les chaleurs caniculaires estivales pour trouver un peu de fraîcheur dans la région montagneuse du nord, à la frontière avec la Turquie. Jeudi matin, une manifestation a eu lieu près d’un centre de délivrance de visas turcs à Bagdad, placé sous haute protection policière. Mercredi soir, une foule s’est rassemblée devant l’ambassade turque à Bagdad, tentant de la prendre d’assaut. Des activistes sont montés sur le bâtiment, ont arraché le drapeau turc et l’ont brûlé. Les manifestants ont exigé la fermeture de l’ambassade. Mercredi soir et jeudi, d’autres rassemblements ont eu lieu à Kirkouk au nord de Bagdad, ou encore à Kerbala ou Najaf, grandes villes chiites au sud de la capitale. Par le passé, l’ambassadeur turc en poste à Bagdad a été régulièrement convoqué au ministère irakien des Affaires étrangères. Mais les remontrances irakiennes sont généralement sans lendemain. Cette fois-ci Bagdad a durci le ton en exigeant le retrait des forces armées turques de l’ensemble du territoire irakien.La Turquie entretient 25 base au Kurdistan irakien, qui effectuent des tirs d’artillerie, et son aviation effectue des frappes presque quotidienne.

Au Kurdistan Est, dans le Nord de l’Irak, la guérilla du PKK continue à infliger des revers et des pertes à l’armée turque. Le 6 juillet, une unité turque se déplaçant avec des chiens vers une position de la guérilla est tombée dans une embuscade et a été attaquée sur deux flancs à 23h20. Treize soldats ont été tués et deux autres blessés à la suite de cette action. La guérilla a ensuite pris pour cible les hélicoptères envoyés dans la zone pour transporter les morts et les blessés. Un hélicoptère de transport a été gravement touché et a dû quitter la zone dans une épaisse fumée sans récupérer les corps.

undefined

Dossier(s): Turquie-Kurdistan

Samedi dernier, le jeune kurde Yaser Örnek (27 ans) a été arrêté près de Bernau en Haute-Bavière, où il était en visite. Örnek, qui se trouve en exil politique en Suisse depuis quatre ans, a été arrêté avec son ami Durmaz Yahişi, par des policiers en civil sur l’autoroute. Durmaz Yahişi a été libéré et Yaser Örnek incarcéré à Bernau. Mardi prochain (12 juillet), Örnek sera transféré dans une prison de haute sécurité à Munich. La raison de son arrestation semble être une demande d’extradition de l’État turc auprès des autorités allemandes.

Yaser Örnek avait été emprisonné pendant trois mois alors qu’il était étudiant à l’université de Çukurova en raison de son opposition au régime d’Erdogan. Après sa libération, il a été condamné par contumace pour sa prétendue « appartenance à une organisation illégale », à la suite de quoi Örnek a dû prendre la fuite. En 2018, il a demandé l’asile politique et a obtenu un droit de séjour. Avant-hier encore, le procureur général allemand Peter Frank est rentré d’un voyage de trois jours en Turquie au cours duquel « les tâches et le travail de la justice pénale respective » ont été discutés. Le procureur en chef allemand n’a pas non plus manqué une audience privée avec Erdogan. Les médias turcs rapportent qu’une liste de 129 noms, dont la Turquie demande l’extradition à la RFA, aurait été remise à Frank.