La chanteuse Pinar Aydinlar (membre du HDP, Parti Démocratique des Peuples), emprisonnée depuis la semaine dernière, a été victime de torture sexuelle et de menaces verbales dans la prison pour femmes de Bakirköy (Istanbul), son avocat a déposé une plainte pénale auprès du procureur.

Pinar Aydinlar, deux fois candidate sur les listes électorales du HDP, a déjà plusieurs fois été arrêtée et réprimée. Elle avait déjà été arrêtée en 2012 pour un concert de 2010 où elle avait fait la « propagande du réseau terroriste TKP/ML » en reprenant des chansons et en entonnant des slogans dont « notre leader est Ibrahim Kaypakkaya ». Elle avait de nouveau été arrêtée en mai 2016.

Pinar Aydinlar

Pinar Aydinlar

Le jeudi 24 mai au Pianofabriek (rue du fort 35 à Saint-Gilles) aura lieu un concert en solidarité avec le Rojava. Il est organisé par le Rojava Solidarity Committee et le syndicat IWW Belgium. Le chanteur engagé américain David Rovics viendra partager son répertoire de chansons accompagnant les luttes aux Etats-Unis (mouvements anti-guerre, combats écologiques et sociaux) et du monde (Palestine, Kurdistan) dans le cadre de sa tournée européenne « Balad of a Wobbly Tour ». Avant le concert, un débat se tiendra sur la situation actuelle au Rojava.

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Combattant(e)s du Bataillon International de libération au Rojava

Combattant(e)s du Bataillon International de libération au Rojava

Le 1er mai, les Forces démocratiques syriennes (FDS), ont lancé leur offensive « Tempête de Cizire » contre les dernières positions encore tenue par l’État islamique (ou Daesh) sur la rive orientale de l’Euphrate, près de la frontière avec l’Irak. Cette offensive avait été suspendue en raison de l’invasion d’Afrin par l’armée turque: les SDF avaient alors massivement transféré des forces à Afrin pour renforcer la résistance à l’invasion. Quelques attaques lancées par les forces du régime syrien contre les SDF dans la province de Deir ez-Zor, le long de l’Euphrate, dont elles occupent la rive occidentale, avaient aussi retardé cette offensive.

Les jihadistes occupent deux poches à l’est de Deir ez-Zor province, celle de Hajin et celle d’al-Dashisha (le long de la frontière). Ces dernières semaines, profitant de l’affaiblissement des SDF consécutif à l’invasion d’Afrin, ils avaient repris l’initiative en lançant des raids. L’offensive lancée le 1er Mai a inversé la tendance. L’avancée des SDF est facilitée par 40 frappes aériennes des USA (et une française) contre des bâtiments occupés par les jihadistes. Les SDF progressent lentement, 21 km en dix jours, moins à cause de la résistance (pourtant effective) des jihadistes qu’à cause des mines et pièges. Elles sont à seulement 2 km de Baxoz, sur les rives de l’Euphrate.

Combattants des SDF

Combattants des SDF

Dossier(s): Archives Turquie-Kurdistan Tags:

Au total, 84 personnes ont été arrêtées à Istanbul, principalement dans le quartier de Besiktas, a indiqué la police de la ville. Les personnes arrêtées ont été emmenées à bord de bus pour être interrogées. L’accès à la place Taksim, dans le centre-ville, était ainsi entièrement bloqué mardi par des cordons de police. Les autorités ont également bloqué l’accès à l’avenue Istiklal, la principale rue commerçante et piétonnière de la ville, qui fut le théâtre de défilés d’opposants. Les partisans de l’opposition qui ont tenté de rejoindre la place Taksim ont été arrêtés brutalement. 26.000 policiers étaient mobilisés mardi à Istanbul, appuyés par trois hélicoptères, 85 camions avec des canons à eau et par 67 véhicules blindés. Parallèlement, des milliers de personnes ont pris part à un rassemblement autorisé pour les célébrations du 1er mai dans le quartier périphérique de Maltepe.

Une arrestation hier à Istanbul

Une arrestation hier à Istanbul

Les guérillas du PKK ont multiplié les opérations ces derniers jours. Les autorités turques ont reconnu avant hier qu’un militaire avait été tué et quatre autres blessés lors d’un combat avec les combattants du PKK près du village d’Akcabudak, à Lice. Les soldats blessés ont été transportés à l’hôpital à bord d’un hélicoptère dépêché sur les lieux. Avant-hier, elles ont reconnu qu’une attaque à l’IED avait tué un autre militaire dans la région de la colline Soru Tepe à Sirnak. Les forces kurdes affirment que les pertes de l’armée ont été bien plus lourdes pendant cette période, les estimant à huit morts au moins.

Combattant·e·s du PKK (archives)

Combattant·e·s du PKK (archives)

Le 4 avril dernier, 7 combattants de la guerilla du PKK sont tombés martyrs lors d’affrontements avec l’armée turque dans la région de Pülümür dans le Dersim.
Parmi eux, le membre du Conseil du commandement du HPG (Force de défense du peuple, branche armée du PKK en Turquie) Kemal Garzan qui avait rejoint la guerilla kurde en 1993.

Kemal Garzan, commandant du HPG

Kemal Garzan, commandant du HPG

Le PKK, en guerre contre l’Etat turc depuis 1984, a établi depuis plusieurs dizaines d’années leur base arrière dans les montagnes de Qandil, à la frontière entre l’Irak et l’Iran. L’armée turque a récemment multiplié les bombardements contre Qandil. A ces attaques aériennes, régulières, s’ajoute cette fois, à l’envoi de forces terrestres dans la région.

Selon l’agence de presse kurde Rudaw et des témoins locaux, des commandos turcs ont récemment pénétré sur une profondeur d’environ 20 kilomètres en territoire irakien, établissant plusieurs avant-postes et consolidant les routes dans la zone de Sidekan, sur les contreforts des monts Qandil. L’armée turque, qui dispose, grâce à la complicité du clan Barzani et de son PDK, de bases dans le nord de l’Irak depuis le milieu des années 1990, s’est toujours arrogé une grande liberté de manœuvres dans la région. Des milliers de militaires turcs − représentants des forces spéciales, agents du renseignement – y sont présents.

Meetin,g du PKK à Qandil pour le nouvel an kurde (archive)

Meetin,g du PKK à Qandil pour le nouvel an kurde (archive)

L’armée turque et ses alliés djihadistes mettent en œuvre des politiques de nettoyage ethnique, d’assimilation et de colonisation. Des milliers de djihadistes ont été transférés de la Ghouta à Afrin pour créer des changements démographiques et installer un ordre islamo-turc. La guérilla des forces YPG-YPJ dans le canton d’Afrin se poursuit. Au cours de la dernière semaine, les YPG/YPJ ont mené des actions sur la colline de Mame Gur (district de Bilbile, 30 mars), à Dayr Sawan (district de Shera, 31 mars), dans le centre-ville d’Afrin (2 actions, 1er avril) avec pour bilan 5 soldats turcs et 37 miliciens islamistes tués, et un char détruit.

Les conditions de vie des personnes déplacées d’Afrin dans la région de Shehba sont toujours très précaires. Cependant, les travaux de construction des camps et des distributions de provisions et d’aide humanitaire sont organisées par l’Auto-Administration démocratique du nord de la Syrie et le Croissant-Rouge du Kurdistan. Deux camps de réfugiés ont été construits dans le district de Sherawa et dans la région de Shehba. Les réfugiés sont ainsi repartis : 24.000 à Til Rifat, 40.000 dans le camp de Fafînê, plus de 37.000 à Ehres, 10.000 dans le district de Kefernayê, 30.000 dans le district de Sherawa d’Afrin, plus de 25.000 dans le sous-district de Nûbûl-Zehra d’Alep. Et elles estiment à 100.000 le nombre des personnes déplacées dans le centre d’Alep. Enfin, la Turquie a fermé le barrage de l’Euphrate, coupant l’approvisionnement en eau de Manbij, ce qu’elle n’a jamais fait pendant les années où la ville était aux mains du Daesh…

Un minibus transportant des miliciens islamistes au service des Turcs détruit à Afrin avant-hier 6 mars; trois de ses occupants ont été tués.

Un minibus transportant des miliciens islamistes au service des Turcs détruit à Afrin avant-hier 6 mars; trois de ses occupants ont été tués.

Avec l’arrivée du printemps, les forêts du Kurdistan se couvrent de feuillages et les guérillas du PKK peuvent reprendre les opérations. Plusieurs attaques et embuscades ont déjà été réalisées qui ont coûté la vie à plusieurs militaires turcs. Aujourd’hui vendredi, ce sont six paramilitaires anti-guérilla (appelés « gardiens de village ») qui ont été tués à Ormanardi (province de Siirt). Dans l’attaque, trois autres paramilitaires et quatre soldats ont été blessés.

Arrivée des militaires blessés à l'hôpital

Arrivée des militaires blessés à l’hôpital