Au moins trois soldats ont été tués et cinq autres blessés samedi dans une attaque au mortier des combattants du PKK contre une base de l’armée dans le district de Cukurca de la province de Hakkari. Un des soldats blessé est toujours dans un état critique. Dimanche soir, un commando a grenadé et mitraillé les policiers qui étaient de garde devant le siège de l’AKP de la localité de Kiziltepe (province de Mardin). Trois policiers ont été blessés.

L'attaque du siège de l'AKP à Kiziltepe

L’attaque du siège de l’AKP à Kiziltepe

Le président turc Erdogan a déclaré aujourd’hui samedi que le rétablissement de la peine de mort serait soumis au Parlement, sans toutefois donner de calendrier, ajoutant que les critiques formulées à ce sujet par l’Occident « ne comptent pas ». Lors d’un discours à Ankara, en réponse à la foule qui scandait « nous voulons la peine de mort » pour les auteurs du coup d’État manqué de juillet, Erdogan a déclaré: « Notre gouvernement soumettra cela au Parlement. Et je suis convaincu que le Parlement l’approuvera et, quand cela arrivera devant moi, je le ratifierai ».

La peine de mort en temps de paix a été abolie en 2001 (alors que la pendaison d’Abdullah Öcalan qui venait d’être ramené en Turquie, était discutée) et la peine de mort en temps de guerre a été supprimée en 2004 dans un relatif consensus. Plus de 35.000 personnes ont été arrêtées en Turquie, et un total de 82.000 ont fait l’objet d’une enquête, depuis la tentative de coup d’Etat le 15 juillet. Parmi les personnes qui ont fait l’objet d’enquête, 26.000 ont été libérées sous contrôle judiciaire.

Erdogan

Erdogan

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De violents affrontements ont éclaté entre policiers et manifestants à Diyarbakir hier mercredi, au lendemain du placement en garde à vue des deux maires de cette grande ville du Kurdistan. Des policiers déployés autour de la mairie de la ville ont repoussé à coups de matraques, de grenades lacrymogènes et en faisant usage de canons à eau des centaines de manifestants, dont certains jetaient des pierres. La connexion Internet a été coupée mercredi matin à Diyarbakir et n’avait toujours pas été rétablie en début de soirée.

Gültan Kisanak, première femme élue à la tête de Diyarbakir, et son collègue Firat Anli ont été interpellés mardi soir dans le cadre d’une enquête sur de présumées « activités terroristes ». Ils sont accusés d’avoir permis l’utilisation de véhicules municipaux pour les funérailles de membres du PKK tués par les forces de sécurité, d’avoir « incité à la violence » ou encore d’avoir soutenu des appels en faveur d’une plus grande « autonomie ». D’autres rassemblements de protestation contre ces gardes à vue étaient prévus ailleurs en Turquie, notamment à Istanbul, mais également en Europe. Le mois dernier, 24 maires du sud-est du pays soupçonnés d’être liés au PKK ont été suspendus et remplacés par des administrateurs nommés par le gouvernement, une mesure qui a déclenché des manifestations dans plusieurs villes de la région.

Gültan Kisanak et Firat Anli (archive)

Gültan Kisanak et Firat Anli (archive)

Plusieurs combats ont récemment opposé les YRK (Unités de Défense du Rojhilat, branche armée du PJAK, qui est l’organisation soeur du PKK en Iran) aux militaires (pasdarans) iraniens. Les YRK ont revendiqué le 14 octobre avoir tué 32 militaires et miliciens alliés en représaille à la mort de 12 de leurs combattants le 4 octobre. Les représeailles ont commencé le dimanche 9 octobre, neuf membres des forces Basij (paramilitaires) ont été abattus lors d’une attaque nocturne contre une caserne à Rabat, province de l’Azerbaijan occidental. Deux Pasdarans ont été tués dans une embuscade le lendemain, un véhicule militaire qui arrivait en renfort a également été détruit. La nuit suivante, du lundi au mardi, 15 militaires ont été tués et 10 blessés dans l’attaque d’une caserne à Mariwan (Province du Kordistan) à l’arme lourde, la caserne a été incendiée. Les autorités iraniennes ont nié que des pasdarans aient été tués tout en reconnaissant que certains avaient été hospitalisés. Au moins un combattant YRK a été tué lors de ces attaques de représailles.

Les 12 combattants tués le 4 octobre

Les 12 combattants tués le 4 octobre

La guerre s’est cristallisée dans le nord de la province d’Alep. En cause, l’avancée d’un troisième belligérant à cet endroit (en plus des QSD et de Daesh), la « Chambre d’Opération Fateh Alep » composée de groupes islamistes soutenus par la Turquie et issus de l’Armée Syrienne Libre. L’enjeu est à présent la prise de la ville d’Al Bab, occupée actuellement par Daesh. Cette ville est essentielle à l’unification du Rojava, c’est donc à présent l’objectif principal tant des QSD que de Fateh Alep, qui relaient la crainte turque de voir émerger un état kurde en Syrie. Al Bab est également au cœur des contradictions impérialistes, située à portée de frappes aériennes tant américaine que russe (mais hors de portée des frappes aériennes turques).

Depuis quelques heures, c’est de l’ouest d’Al-Bab que les lignes de front se sont remises à bouger, les Forces Démocratiques Syriennes ont libéré plusieurs villages et ne sont plus qu’à 18km à l’ouest et à 20 à l’ouest. Les QSD ont été visés plusieurs fois par des tirs d’artillerie de la part de l’Armée Syrienne Libre tout en combattant Daesh, village après village. La perspective de véritables affrontements directs entre les QSD et les islamistes soutenus par la Turquie est de plus en plus plausible.

En noir Daesh, en rouge le régime (qui n’est pas dans la course à Al Bab), en jaune les QSD et en bleu l’Armée Syrienne Libre.

Les QSD repartent vers Al-Bab depuis le front d'Afrin

Les QSD repartent vers Al-Bab depuis le front d’Afrin

Mise à jour:
Il y a quelques heures, des blindés turcs ont fait une nouvelle incursion en Syrie, au sud d’Afrin cette fois, via la frontière entre la Turquie et l’ouest de la Syrie, pour tenter d’ouvrir un nouveau front contre les QSD.

Nouvelle incursion turque par l'ouest de la Syrie, au sud d'Afrin. Le point rouge marque l'incursion.

Nouvelle incursion turque par l’ouest de la Syrie, au sud d’Afrin. Le point rouge marque l’incursion.

En décembre 2015 : quatre cocktails Molotov avaient été lancés, de nuit, sur la façade du local d’une association turque de Marseille baptisée Millenium, faisant des dégâts limités. Un jeune Kurde arrivé en France en 2012, arrêté à Rennes la semaine dernière (voir notre article) a été inculpé pour cette attaque sur base d’une analyse ADN. Il est mis en examen pour « tentative de destruction de bien par un moyen dangereux pour les personnes en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Il l’homme nie sa participation à l’attaque, dit soutenir la cause du peuple kurde sans appartenir au PKK.

Fin août, trois jeunes turcs âgés de 22 à 28 ans avaient été mis en examen et écroués dans une autre enquête menée par un juge antiterroriste sur des jets de cocktails Molotov contre les locaux d’une association franco-turque à Valence (Drôme) durant l’été. Le 8 août, c’est l’association turque de Montélimar qui avait été prise pour cible, une inscription « PKK » ayant été retrouvée sur un mur. L’association culturelle turque de Bourg-lès-Valence a également été visée.

Le local attaqué le 4 décembre 2015 à Marseille

Le local attaqué le 4 décembre 2015 à Marseille

Les soldats de l’armée turque ont investi les villages environnants l’avant-poste de Durak, dans le district de Şemdinli (province de Hakkari) suite à l’attaque qui, la semaine passée, a dévasté ce poste (voir notre article). Les unités des forces spéciales de la gendarmerie ont raflé 30 personnes des villages de Tise, Melaya, Helank et Deman. Les villageois ont été détenus, interrogés et torturés pendant trois ou quatre jours. A leurs libération, tous portaient des traces de coups et plusieurs avaient des os fracturés. Le siège sur les villages se poursuit, la route menant aux quatre villages ont été fermés à la circulation avec des tranchées.

Un des villageois interrogé par les gendarmes turcs

Un des villageois interrogé par les gendarmes turcs

Suite au piratage de 58.000 e-mails par RedHack (11Go), la Turquie a fait fermer plusieurs sites de partages de fichiers très largement utilisés. A savoir, Google Drive, Microsoft OneDrive, DropBox et GitHub. Les 58.000 e-mails datent d’une période allant d’avril 2000 jusqu’à septembre 2016. De ce qui a déjà été analysé, ils démontrent au moins les relations très amicales qu’entretient Erdogan avec les médias turcs à travers un choix très précis de l’information qui est publiée ou censurée dans la presse. D’autres e-mails dépeignent le trafic de pétrole que la Turquie entretient avec Daesh.

RedHack est un groupe de hackers communistes créé en 1997 et célèbre pour avoir été le premier groupe de pirates informatiques à avoir été considéré comme une organisation terroriste. Il s’attaque très régulièrement à l’état turc. L’authenticité de la fuite a été démontrée par l’ouverture d’une enquête contre RedHack. Ce lundi soir, l’accès aux services est rétabli ou en passe de l’être.

Le leaks est accessible sur le deep web, sur l’onion suivant: wikiturkcivwst4u.onion accessible en clair ici, via le protocole torrent via ce lien, ou sur GitHub à cette adresse..

RedHack

RedHack

Le 10 octobre 2015, alors qu’une manifestation allait se mettre en branle pour demander l’arrêt de la guerre au Kurdistan, deux kamikazes islamistes avaient actionné leurs charges explosives, tuant 103 personnes et en blessant 500 autres. Des manifestants se sont rassemblés aujourd’hui lundi à l’heure précise de l’attentat, aux abords de la gare d’Ankara, encerclée par les forces de l’ordre équipées de camions munis de canons à eau. Les manifestants, tenus à distance de la place, criaient « Etat assassin », dénonçant la complicité du pouvoir d’Erdogan avec le Daesh, tout en jetant des projectiles en direction des forces de l’ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogène et tiré des balles en caoutchouc pour disperser la foule. Hier, dimanche, au cours d’un premier rassemblement organisé à Bursa (nord-ouest de la Turquie) en mémoire des victimes de l’attentat, des échauffourées avaient éclaté entre la police et les manifestants.

Les affrontements à Ankara

Les affrontements à Ankara