Le 7 juin, une attaque à la voiture piégée visant la police anti-émeute a fait 11 morts à Istanbul, dont 7 policiers et 4 civils. TAK a finalement revendiqué l’attaque, en accusant l’état turc d’avoir sous-déclaré le nombre de policiers tués dans l’attaque. TAK termine son communiqué en s’adressant aux touristes « vous n’êtes pas des cibles mais ce pays n’est pas sûr pour vous » puis « certains peuvent regretter la paix, mais nous commençons tout juste la guerre ».

L'attaque du 7 juin à Istanbul.

L’attaque du 7 juin à Istanbul.

Depuis près de trois mois, la frontière de Semalka, entre le Kurdistan Sud (Bashur) et le Rojava était fermée. En causes, les tensions politiques entre le PDK (Parti Démocratique du Kurdistan, droite) et la gauche kurde (PKK et PYD), le premier accusant les seconds « d’arabiser » le Rojava. Le PDK est en outre très favorable au régime turc qui bombarde les bases de la guérilla dans les Monts Qandil. La fermeture de Semalka n’a pas manqué de provoquer d’autres tensions à l’intérieur du Bashur où toute l’opposition kurde (PUK et Goran en tête) critiquait l’embargo imposé alors que le Rojava souffre d’une crise économique qui s’ajoute à la pénurie et à la guerre contre l’Etat Islamique. Suite à la visite à Kobané du chef des renseignements kurdes irakiens (PUK) il y a deux jours, la frontière de Semalka aurait finalement été rouverte aux passages humanitaires, mais l’administration autonome du Rojava et du Nord de la Syrie a nié ce matin cette ouverture. A l’heure actuelle, il est difficile de savoir si la frontière est bien ouverte et qui peut la franchir, mais il y a du mouvement.

La frontière de Semalka

La frontière de Semalka

Un véhicule bourré d’explosifs a tenté de forcer un barrage de sécurité devant le siège de la police de la ville de Midyat, dans la province kurde de Mardin. Les policiers en faction ont ouvert le feu sur le chauffeur et l’explosion est survenue avant que la voiture n’ai atteintavant d’avoir atteint l’immeuble. Un policier et deux civils ont été tués dans l’explosion, et une trentaine de personnes blessées. Une épaisse colonne de fumée s’élevait du bâtiment de la direction de la sûreté qui a subi d’importants dégâts tout comme les bâtiments avoisinants alors que les pompiers déployaient d’importants moyens sur place.

Le siège de la police de Midyat

Le siège de la police de Midyat

Sept policiers et quatre civils ont perdu la vie dans une attaque, qui s’est produite à Beyazit, secteur fréquenté par des dizaines de milliers de personnes tous les jours, a également fait 36 blessés dont trois sont dans un état critique. Une voiture piégée actionnée à distance a explosé à une heure de pointe aux alentours de 05H40 GMT au passage d’un bus transportant de membres de la police anti-émeute. L’explosion s’est produite près de la station de tramway de Vezneciler, proche des principaux sites touristiques du centre historique, dont la mosquée Suleymaniye. La station de tramway a été fermée. Cette zone est également à proximité du Grand Bazar, important site touristique de la mégapole turque et de l’Université d’Istanbul, la plus grande de la ville. Les examens ont été reportés dans cet établissement. L’explosion a soufflé les devantures des magasins avoisinants, et plusieurs voitures ont été endommagées.

Le modus operandi de l’attaque de ce mardi à Beyazit rapelle celui des deux autres attaques à la voiture piégée ont frappé en février et mars Ankara, faisant une soixantaine de victimes. Ils ont été revendiqués par les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), un groupe issu du PKK. La police stambouliote a arrêté quatre suspects.

Le théâtre de l'attaque de ce matin à istanbul

Le théâtre de l’attaque de ce matin à istanbul

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Un IED, installé sous une plaque d’égout, a explosé au passage d’un véhicule blindé de la police qui patrouillait lundi à Silopi, dans le district de Sirnak. Plus tôt dans la journée, près de la ville de Van, un autre IED a été déclenché au passage d’un blondé de la police, tuant ses deux occupants.

Un blindé de la police en patrouille à Sirnak

Un blindé de la police en patrouille à Sirnak

Les affrontements entre la police et les manifestants ont éclaté à Istanbul mardi, lorsque des centaines de personnes sont descendues dans les rues pour marquer le troisième anniversaire des manifestations pour le parc Gezi, en dépit d’une forte présence policière. Plus d’une douzaine de militants ont été arrêtés et des affrontements à petite échelle ont continué dans le début de soirée après que des groupes d’opposition ont promis de défier le blocus de la police de la place Taksim qui voisins Gezi.

En mai-juin 2013 les manifestations Gezi avaient commencé comme un mouvement populaire pour arrêter les plans pour le réaménagement du parc Gezi dans le centre d’Istanbul, mais fait boule de neige dans une vague de colère nationale contre le régime du président Erdogan. Huit personnes ont été tuées dans les troubles à l’échelle nationale qui a suivi les manifestations Gezi Parc.

Incidents mardi à Istanbul

Incidents mardi à Istanbul

Les Forces Démocratiques Syriennes (QSD) poursuivent la libération du nord de la Syrie. Dans le nord de la province de Raqqah, la progression est prudente et donc lente, mais elle se poursuit sur quatre lignes de front (une de plus qu’au début de l’opération), il y aurait près de 15.000 combattants QSD sur cette seule opération. Les islamistes qui fuient vers la ville de Raqqah ou vers Manbij laissent derrière eux des centaines de mines qui sont retirées dés que les QSD y arrivent, permettant ainsi le retour des populations chassées par Daesh.

Dans le nord de la province d’Alep, le refroidissement des relations entre Daesh et l’État turc a pour conséquence que Daesh attaque à présent les groupes de l' »Armée Syrienne Libre » (FSA) soutenus par la Turquie. 165.000 civils et réfugiés sont donc menacés par l’avancée du « caliphat », la ville de Sheikh Issa (à l’ouest de Marea) est donc passé sous contrôle des QSD sans le moindre combat, permettant l’évacuation des civils et la défense de Marea par les rebelles FSA. Dans la ville d’Alep même, le quartier kurde de Sheikh Maqsood essuyait il y a peu encore les tirs d’artillerie de la FSA, la situation humanitaire y est terrible: embargo total, population principalement civile (malgré la présence de combattants YPG/YPJ), bombardée nuit et jour. Enfin, entre Raqqah et Alep, à l’ouest du barrage de Tichrin, les QSD auraient repris hier la progression vers Manbij, qui avait été arrêtée il y a quelques mois.

Enfin, du coté « irakien » de la frontière, les YBS (Unités de Protection du mont Shengal, proches du PKK) ont repoussé plusieurs assauts de Daesh et abattu 17 djihadistes au sud du Mont Shengal. Trois guérilléros ont été tués au combat dont l’un n’avait que 17 ans.

Le front de Manbij réouvert.

Le front de Manbij réouvert.

Mise à jour 13.40: le quatrième front de Raqqah vise le barrage de Taqba (celui qui suit le barrage de Tichrin plus au sud de l’Euphrate), ceci renforce la théorie selon laquelle les SDF ne veulent pas immédiatement libérer Raqqah mais plutôt réunir le canton d’Afrin par ce chemin pour éviter les représailles turques. Salih Muslim, co-président du du PYD, a lui même confirmé que la libération de la ville de Raqqah nécessitait la création d’une administration arabe pour que les YPG ne se comportent pas comme une armée d’occupation.

A Izmir la police a perquisitionné très tôt le local du Birleşik Devrimci Parti (Parti Révolutionnaire Uni) et les habitations de plusieurs de ses membres. On compte 9 gardes à vues pour le moment, parmi lesquelles des membres du bureau de direction. Leurs noms sont : Nurhak Sabur, Yakup İşkar, Mustafa Kanar, Sadık Güney Akbaş, Roni Ditın Gören, Alper Yanar, Hazal Dallar, Mert Pekgöz, İnan Sever. Déjà 7 membres avaient été arrêtés il y a quelques jours à Adana. Dans cette opération 11 personnes, dont la mère du combattant révolutionnaire Bedreddin Akdeniz mort au Rojava dans les rangs des BÖG, avaient été mises en gardes à vues, puis 7 d’entre elles arrêtées.

Les locaux des Birleşik Devrimci Parti perquisitionnés à Izmir

Les locaux des Birleşik Devrimci Parti perquisitionnés à Izmir

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Le matin du 26 mai, des unités des Forces Spéciales ont été repérées par les guérilleros de la TIKKO dans la vallée Kalik Kuşağı, à Ovacık (Dersim). Ces unités qui tentaient une opération secrète ont été suivies et à 14h elles ont été prises sous le feu des guérilleros. Selon le TIKKO, qui dédie cette action à la mémoire à des combattants Haydar Arğal (Sinan) et Murat Tekgöz (Rıza), tombés le 6 mai derniers (voir notre article), quatre militaires ont été tués et d’autres blessés. Leurs corps ont été récupérés 45 minutes plus tard par les hélicoptères Sikorsky arrivés sur place. L’opération du TIKKO a été menée dans le cadre du Mouvement Révolutionnaire Uni des Peuples (HBDH), une alliance militaire entre plusieurs forces de guérilla en Turquie/Kurdistan (voir notre article).

Combattants de la TIKKO

Combattants de la TIKKO

Nous vous avions récemment parlé d’Aiden, un volontaire qui avait rejoint les YPG au Kurdistan syrien pour combattre Daesh en mars 2015. Alors que les autorités britanniques savaient où et pourquoi il partait (voir notre article précédent) et qu’elles l’ont même assisté lorsqu’il a égaré son passeport il a été inculpé à don retour et est toujours sous contrôle judiciaire strict dans l’attente d’un éventuel procès. Selon les personnes qui ont accès au dossier, l’explication de cet acharnement serait dû au fait que l’accusation, dans un réflexe raciste, ne ferait pas la difference entre les forces kurdes et islamistes sur le terrain.

Aiden Aslin

Aiden Aslin