Suite au meurtre de Rémi Fraisse, la mobilisation ne faiblit pas. La thèse avancée à présent par le gouvernement -alors qu’il commence à admettre que c’est effectivement un gendarme qui a lancé la grenade- est que les gendarmes ont réagi en ‘légitime défense’ en lançant des grenades offensives mêlant TNT et gaz lacrymogène. Le gouvernement a précisé qu’il n’y aurait pas de suspension dans la gendarmerie et que les grenades offensives au TNT continueraient à être utilisées contre des manifestants.

A Paris, des centaines de personnes ont manifesté avec des casques hier soir.180 personnes ont été arrêtées suite à des affrontements. 33 personnes ont été gardées-à-vue (27 pour refus de prévèvement et 6 pour attroupement armé). Plusieurs personnes sont toujours en état d’arrestation.
A Rouen, une trentaine de manifestants ont occupé un centre de recrutement de la gendarmerie, quatre personnes ont été arrêtées puis relâchées. Voir la vidéo.

Des dizaines de rassemblements ont eu lieu et continuent à avoir lieu partout en France, en Italie et à Bruxelles (voir notre article).
Vous pouvez consulter une liste à jour de tous les rassemblements ici (désolé c’est sur Facebook, mais il ne faut pas de compte pour consulter la liste).

France : La mobilisation pour Rémi Fraisse ne faiblit pas

Rémi Fraisse, 21 ans, a été tué par des gendarmes dans la nuit du samedi 25 au dimanche 26. Il a vraisemblablement été tué par l’explosion dans son dos d’une grenade lacrymogène. Rémi était un manifestant de la « ZAD du Testet » (Dont nous avions déjà parlé ici) où la police utilise souvent des fusils anti-émeutes et des gaz et grenades lacrymogènes. Dés l’annonce du meurtre de Rémi, de nombreux rassemblements ont eu lieu. Une trentaine en France, deux à Bruxelles, et au moins un à Turin. Lors de plusieurs de ces manifestations des affrontements ont éclaté entre manifestants et policiers, les manifestants ont également brisé les vitrines de banques. A Nantes, 600 personnes ont manifesté et plusieurs centaines d’entre eux ont affronté la police, au moins 6 personnes sont en garde à vue suite à cette émeute.

France : Le point sur la mort de Rémi Fraisse

Un rassemblement en hommage à Rémi Fraisse, tué par une grenade offensive à Sivens (Tarn), et contre l’armement de la police, a eu lieu à Pont-de-Buis, commune du Finistère de 3000 habitants. Plusieurs centaines de manifestants ont marché vendredi après-midi en direction de la poudrerie Nobelsport, qui fabrique des munitions. ils se sont heurtés à un barrage de gendarmes, le cortège s’est majoritairement dispersé mais plusieurs groupes de manifestants ont lancés des projectiles sur les gendarmes qui ont répondu par une pluie de lacrymo. Samedi soir, à la nuit tombée, une nouvelle manifestation a eu lieu à la lueur des flambeaux, dans le but de pénétrer dans la poudrerie au niveau du Pont Neuf. Les manifestants ont lancé des cocktails Molotov, des boulons et des cailloux. Les gardes mobiles ont répliqué avec des grenades lacrymogènes et des canons à eau. Dimanche vers 16 h, un nouveau cortège a repris le chemin de l’usine, donnant lieu à de nouveaux incidents.

Affrontements à Pont-de-Buis

Affrontements à Pont-de-Buis

Samedi, une quatrième manifestation contre les violences policières a été organisée à Lille, à l’appel de l’assemblée réunie suite à la mort de Rémi Fraisse. La manifestation non autorisée de la place du Théâtre, qui comprenait un groupe d’une soixantaine de personnes cagoulées et masquées, a défilé aux cris de « On n’oublie pas, on pense à toi ; l’État tue, la lutte continue ». Des panneaux publicitaires ont été détruits et des façades taguées. L’arrivée massive des forces de l’ordre a disloqué la manifestation. Deux personnes ont été interpellées.

France: Incidents à la manifestation pour Rémi à Lille

Les forces de l’ordre ont évacué vendredi vers 4h30 du matin le campement que plusieurs dizaines de personnes avaient installé depuis mardi soir place Foch, dans centre de Rouen, à la mémoire de Rémi Fraisse. Les CRS, venus à bord d’une vingtaine de fourgons ont poussé les occupants hors du camp et commencé à le démanteler, en faisant usage de quelques gaz lacrymogènes. Ils appliquaient une ordonnance en référé d’évacuation à la demande de la mairie socialiste de Rouen, rendue la veille par le président du Tribunal de Grande Instance (TGI) de la ville.

Quelque 300 manifestants se sont réunis, aujourd’hui dimanche, à Paris, place Stalingrad, à la mémoire de Rémi Fraisse. Une manifestation non-déclarée auprès de la préfecture. Une centaine de cars de CRS ont été stationnés au coin de chacune des avenues menant à la place Stalingrad. Lorsque les manifestants ont tenté de quitter la place en forçant le barrage, vers 16h30, les gendarmes mobiles ont fait usage de bombes de gaz lacrymogène. La police a interpellé 78 personnes. 700 personnes ont par ailleurs participé à un sit-in au Champ-de-Mars.

France: 78 arrestations au rassemblement de Paris pour Rémi

Le ministre français de l’Intérieur a annoncé aujourd’hui dimanche le retrait d’une grenade de désencerclement explosive utilisée par les forces de l’ordre en France, qui a provoqué de graves blessures chez des manifestants. La GLI-F4 (17,8 cm de hauteur, 5,6 cm de diamètre, 190 g), fabriquée par SAE Alsetex, a un triple effet: lacrymogène, sonore (forte détonation) et de souffle. Sa dangerosité réside dans son caractère explosif (elle contient 26 g de TNT). A Notre-Dame-des-Landes ou lors des manifestations « gilets jaunes », des personnes ont eu un pied mutilé ou une main arrachée par cette arme. La France est le seul pays d’Europe à continuer d’employer des munitions explosives dans le maintien de l’ordre face à des manifestants. Un autre type de grenades, les OF-F1, a été interdit en mai 2017 pour les opérations de maintien de l’ordre, après la mort en 2014 de Rémi Fraisse. Pour en savoir plus

grenades en service en France

Depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, la répression contre le mouvement social n’a cessé de s’intensifier. Dés lors l’armement des forces de police et de gendarmerie également. En décembre dernier, le gouvernement avait déjà commandé 450 « super flash-ball » et 1280 LBD 40. Six mois plus tard, en juin, c’est 40.000 grenades de désencerclement et 25 millions de … cartouches de fusil d’assaut qui sont commandées. Aujourd’hui, ce sont 1450 exemplaires de LBD que le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, vient de commander. Et ce alors que ces véritables armes à mutiler ont blessé plusieurs centaines de Gilets jaunes, et éborgné plus d’une vingtaine d’entre eux.

Un premier marché, d’une valeur de 727 450 euros, a été attribué au groupe Rivolier pour la fourniture de 180 lanceurs à six coups et leur équipement. Le second marché a été remporté par Alsetex, qui devra fournir 1 280 lanceurs de balles de défense mono-coup, apprend-on sur BFMTV, pour 1,638 million d’euros. L’usine sarthoise produira aussi 270 lanceurs à quatre coups et 180 lanceurs à six coups. Alsetex est l’usine qui avait fourni la commande de 40 000 grenades de désencerclement en juin. Si Alsetex se définit comme le « leader des produits pour la gestion démocratique des foules  », les armes qu’elle produit sont utilisées pour étouffer, dans le sang, différents processus politiques. En 2013, une étude a révélé que cette dernière avait fourni des grenades lacrymogènes pour réprimer la révolte au Bahreïn, qui auraient fait 43 morts. L’entreprise est également connue pour produire les grenades OF F1, le modèle qui a tué Rémi Fraisse, et les GLI-F4 qui ont amputé plusieurs personnes ces derniers mois.

LBD

 

 

La Cellule Rémi Fraisse de la FAI a revendiqué l’incendie d’un véhicule diplomatique français à Berlin ce 6 février. Action revendiquée contre la poubelle radioactive à Bure, pour la ZAD, contre l’état d’urgence ainsi que comme une expression de solidarité envers Pola Roupa, Konstantina Athanasopoulos (toutes deux récemment arretées comme membre de l’organisation Lutte Révolutionnaire) et Damien Camelio (récemment condamné pour des actions contre la Loi Travail).

Un véhicule diplomatique français incendié à Berlin

Un véhicule diplomatique français incendié à Berlin