Aziz Güler (nom de guerre : Rasih Kurtuluş), commandant du Quartier Général des Forces de Libération Unies (BÖG) est mort ce 21 septembre au Rojava, lors d’une opération contre les islamistes dans la région de Raqqah. Les BÖG sont l’une des composantes du Bataillon International de Libération (IFB), ils comprennent principalement les membres des organisations turques qui n’ont pas de branches armées. Aziz avait participé à de nombreuses luttes sociales en Turquie avant de rejoindre l’IFB et de participer à la Bataille de Kobané.

Aziz Güler (nom de guerre : Rasih Kurtuluş)

La mort de Aziz a été commémorée à Istanbul, dans le quartier de Kadikoy, le rassemblement a été attaqué par la police turque.

Extrait du communiqué des BÖG :
Nous promettons au camarade commandant Rasih, ton sang ne restera pas au sol, ton drapeau ne restera pas au sol, ton fusil ne restera pas au sol ! Le commandant Rasih a rejoint la lutte durant ses années à l’Université Technique Yıldız, puis est devenu l’un des leaders les plus importants des jeunes de notre mouvement. Il était en première ligne dans la lutte de la classe ouvrière et des oppressé-e-s, et a fait peur à l’Oligarchie au point d’être pris pour cible par les chaines de télévision.

La police attaque la commémoration à Istanbul.

Aziz Güler (nom de guerre : Rasih Kurtuluş)
La police attaque la commémoration à Istanbul.

Deux voitures piégées ont fait 26 morts ce lundi à Hassaké, grande ville l’est du Rojava, partagé entre les YPG et le régime syrien. La première -énorme- explosion visait un poste frontière contrôlé par les milices kurdes, la seconde visait le QG d’une milice loyaliste. Les deux attaques ont été revendiquées par l’Etat Islamique alors que la Turquie est déjà pointée du doigt, régulièrement accusée de téléguider les bombes islamistes dans les villes kurdes frontalières du nord de la Syrie.

L’explosion au poste-frontière.

L'explosion au poste-frontière.

Dans la nuit du 25 au 26 août, une voiture garée dans le parking de l’ambassade du consulat général turc a été visée par un engin explosif. Cette attaque a été revendiquée en réponse à « l’attaque massive de l’état turc ces dernières semaines contre les forces progressistes de la région, avec le soutien des USA, de l’OTAN et du clan Barzani en Irak et en solidarité avec la lutte pour un Rojava libre et la lutte du mouvement révolutionnaire en Turquie« .

Mise à jour : Le communiqué est à présent traduit en anglais sur Indymedia Switzerland.

Consulat turc à Zürich.

Consulat turc à Zürich.

La semaine dernière, les renseignements suédois annonçaient dans la presse que 300 personnes de nationalité suédoise combattaient en ce moment aux cotés des YPG/YPJ dans la partie syrienne du Kurdistan. Suite au débat médiatique provoqué par cette annonce, le PYD (Parti de l’Union Démocratique, duquel dépendent les YPG/YPJ) a confirmé les chiffres, annonçant que plus de 500 Européens combattaient dans les brigades internationales intégrées aux YPG/YPJ, les ‘Lions du Rojava’. Ces chiffres ne tiennent probablement pas comptent des combattants de l’IFB (Brigade Internationale de Libération) qui regroupent les militants communistes et anarchistes étrangers. Le PYD a communiqué qu’il encourageait d’abord les militants qui le contactaient à aider à la reconstruction, et qu’il ne faisait pas campagne pour recruter des combattants.

Entre 1936 et 1939, 500 militants suédois avaient rejoint les Brigades Internationales pour prêter main forte au camps révolutionnaire dans la guerre civile espagnole. 160 d’entre-eux sont morts au combat, les survivants ont été persécutés à leur retour en Suède.

Notes sur le Kurdistan

Combattants internationaux des YPG.

Combattants internationaux des YPG.

Cette journée du 10 août a été la plus meurtrière depuis la fin du cessez-le-feu du PKK. Dans la province de Sirnak, quatre policiers qui circulaient dans un véhicule blindé ont été tués par l’explosion d’un IED en bordure de route. A Istanbul, une voiture piégée a explosé devant le commissariat du district de Sultanbeyli, tuant un assaillant et blessant 10 personnes, dont trois policiers. Deux militants présumés et un autre policier ont été tués dans des affrontements qui ont suivi. Un militaire a également été tué lorsque des combattants du PKK ont tiré sur un hélicoptère militaire au moment de son décollage dans le district de Beytussebap. Au moins sept autres soldats ont été blessés à cette occasion. D’autres attaques contre la police et l’armée ont eu lieu dans la ville de Lice, dans la province de Diyarbakir, mais le bilan n’est pas encore connu. Les hélicoptères turcs ont bombardé des objectifs du PKK. L’aviation turque estime avoir tué près de 400 combattants kurdes dans les bombardements de ces derniers jours.

En Syrie, l’armée turque à lancé l’opération qu’elle prévoyait depuis des semaines, l’occupation de la partie du Rojava qui n’a pas encore été libérée par les YPG/YPJ. Les brigades baptisées « Sultan Murat Brigade » et « Fatih Sultan Mehmet Brigade » sont entrées dans la ville syrienne de Azaz via le checkpoint de Bab Al-Selamê avec des véhicules blindés arborant des drapeaux turcs. Cette ville était à priori sous contrôle du front al-Nosra, ces derniers seraient partis sans opposer de résistance. S’il ne fait aucun doute que la Turquie a bien amorcé ce lundi son plan d’occupation d’une ‘zone tampon’ dans le but d’empêcher le création d’un état kurde (ou d’une région autonome) à sa frontière, la Turquie est encore très discrète dans sa communication. Difficile de comprendre pour le moment si les brigades qui sont entrées sont officiellement turques ou si ce sont les prétendus ‘insurgés modérés’ que veulent soutenir les USA et la Turquie. Ce qui est sûr, c’est que ces nouveaux belligérants sont entrainés et envoyés par le MIT (Service secret turc).

Notre site sera régulièrement mis à jour au sujet de ces nouveaux événements. En attendant, n’hésitez pas à consulter notre dossier « Notes sur le Kurdistan » pour mieux comprendre la situation sur place.

Le commissariat du district de Sultanbeyli

Le commissariat du district de Sultanbeyli

Rappel : Voir nos notes sur le Kurdistan pour mieux comprendre la géographie et les organisations dans la région.

Turquie et Irak
Alors que le PKK n’a pas communiqué le nombre de guérilleros tués lors des nombreuses frappes aériennes qui se sont poursuivies ces derniers jours au-dessus des régions turque et irakienne du Kurdistan, le gouvernement turc a annoncé que plus de 260 guérilleros avaient été tués. Ces chiffres doivent être relativisés puisque le gouvernement turc veut se montrer très efficace. Ce 1er aout matin, à Zergelê (village des monts Kandil, en Irak), 10 civils ont perdu la vie ainsi qu’au moins un militant du PKK. Suite à ce massacre, le KRG (Gouvernement Régional du Kurdistan irakien) a à nouveau demandé au PKK de quitter l’Irak, en prétendant que si les frappes turques font des morts parmi les civils, c’est à cause de la présence de la guérilla. Les relations froides entre le PKK et le PDK (Parti Démocrate, libéraux au pouvoir au Kurdistan irakien) se sont à nouveau tendue ce vendredi 31 juillet après qu’un groupe de la HPG (Force de Protection du Peuple) ait saboté -du coté turc- le pipeline amenant le pétrole du Kurdistan irakien en Turquie. En réponse aux nombreux bombardements (qui en plus de tuer et mutiler déclenchent des feux de forêt), la HPG a déclaré qu’au moins 14 soldats et deux policiers turcs avaient été abattus lors d’affrontements ces 3 derniers jours. En plus de cela, des véhicules blindés, hélicoptères et autres équipements militaires ont été cloués au sol par sabotages ou coups de mortier. Enfin, les nombreux vols de reconnaissance et de drones se poursuivent, les cortèges funéraires des combattants morts en luttant contre l’Etat Islamique sont bloqués aux frontières entre la Syrie, la Turquie et l’Irak, et la répression contre le HDP se poursuit. Un seul exemple parmi les dizaines de cas, une enquête a été ouverte contre le chef du HDP pour incitations à la violence et troubles à l’ordre public, lors de manifestations pro-kurdes qui ont eu lieu à l’automne dernier. Ces accusations pourraient lui valoir 24 années de prison. Dernier détail à mentionner sur les dernières nouvelles de l’agression turque contre le Kurdistan, l’ONU soutien l’attaque de la Turquie.

Syrie
Les YPG ont à nouveau demandé au dans un communiqué public que cessent les vols de reconnaissance turcs au-dessus du Rojava. Notons que la Turquie a ouvert sa frontière à des islamistes du Front Al-Nosra qui n’auront pas survécut longtemps au Rojava. Tandis qu’un groupe de ‘modérés’, probablement envoyé par la force d’intervention USA-Turquie s’est lui fait arrêté par les islamistes. La Turquie semble avoir du mal à mener ses actions en Syrie, jusqu’à maintenant.

Une bonne nouvelle avec ça : la ville d’Hassaké, a été déclarée libérée d’EI par les YPG après plusieurs semaines de combats. Avant que les islamistes n’attaquent Hassaké, la ville était partagée entre les YPG et l’armée syrienne arabe (environ moitié-moitié). La ville est à présent très majoritairement sous contrôle des YPG et du MFS (Conseil Militaire Syriaque, pro-YPG) et à l’armée syrienne arabe. Les trois groupes et leurs forces conjointes devraient rapidement se réunir pour re-discuter du contrôle de la huitième ville de Syrie.

Hassaké est débarassée des islamistes.

Hassaké est débarassée des islamistes.

Les violences poursuivent leur ascension entre le PKK et l’armée turque. Ces lundi et mardi, la HPG (guérilla du PKK) a répliqué aux attaques de l’armée turque à de nombreux endroits, dédiant chaque attaque à l’un des combattants abattus ces derniers jours. Entre autres actions de ces 27-28 juillet : le commandant de la garnison du district de Malazgirt a été abattu, un bataillon turc a été attaqué au mortier à Hakkari, trois positions de l’armée turque ont été attaquées à Şırnak (au moins un soldat turc a été tué), un pont a été détruit dans le district d’Amed (Diyarbakir), des routes bloquées à Bazid. Pour cette dernière action, l’armée turc a déployé une colonne de véhicules blindés pour débloquer, un des véhicule a été détruit alors que les soldats étaient à l’intérieur. En plus, de nombreux tirs de mortiers et d’obusiers, des vols de reconnaissances d’avions, de drones et d’hélicoptères Sikorsky, des mouvements de troupes, des livraisons de matériel du coté turc. Les zones de guérilla en Irak ont été bombardées à plusieurs reprises. Le gouvernement fédéral irakien a finalement publié un communiqué en condamnant la violation de sa souveraineté territoriale et les bombardements contre le PKK.

A Amed (Diyarbakir), plusieurs manifestations ont eu lieu contre l’agression militaire turque et l’isolation d’Abdullah Öcalan. La police a attaqué les manifestants avec gaz lacrymogènes et autopompes tandis que les manifestants ont répliqué par des pierres et des grenades assourdissantes, ainsi qu’en creusant des tranchées pour géner la police. Plusieurs coups de feu ont eu lieu dans la manifestation.

Enfin, à la frontière entre la Turquie et le Rojava, des soldats turcs ont ouvert le feu sur une famille qui venait de passer la frontière en se dirigeant vers Kobané. La famille a traversé à Akçakale vers le village de Yapse, à 5km à l’ouest de Tal Abyad (Gîre Spi). Un membre de la HPG qui est accouru en entendant les coups de feu et un enfant de 6 ans ont été blessés et transportés dans un hôpital de Kobané.

Des blindés détruits par le PKK à Lice.

Des blindés détruits par le PKK à Lice.

EDIT 2h50 : La zone convenue entre les USA et la Turquie correspond à priori à la ligne de Mare (voir notre précédent article), c’est à dire une zone de 60km entre Mare et Kobané qui est effectivement partiellement toujours sous le contrôle des islamistes (c’est la dernière zone du Rojava où ils persistent). L’accord prévoit de confier la zone à des ‘insurgés modérés’. Si la Turquie venait à occuper cette zone, cela compromettrait gravement le projet du Rojava.

En pointillé, la Ligne de Mare.

Les Etats-Unis et la Turquie vont passer un accord pour « combattre l’Etat Islamique » dans le nord de la Syrie. Etant donné qu’il ne reste plus de bases de l’Etat Islamique dans le nord de la Syrie (excepté entre Mare et Kobané qui n’étaient pas des cibles de la Turquie lors des trois attaques faites sur le sol syrien, voir notre précédent article), ces déclarations font penser à un soutien américain aux opérations contre le PKK et les YPG. L’accord est encore flou, mais la coopération entre la Turquie et les USA a déjà commencé dans la région il a quelques jours lorsque l’armée turque a autorisé les avions américains à utiliser la base militaire de Diyarbakir. Le gouvernement turc s’est également entretenu au téléphones avec de nombreux dirigeants pour obtenir leur soutien contre le PKK, à la veille d’un sommet extraordinaire de l’OTAN qui a lieu ce mardi à Bruxelles.

D’autre part, la répression se poursuit en Turquie: les autorités veulent interdire à Abdullah Öcalan de recevoir des visites d’élus politiques du HDP tant que ceux-ci n’auront pas « cesser de soutenir le terrorisme ». Le gouvernement turc a également communiqué que 1050 personnes avaient été arrêtées dans les opérations ‘antiterroristes’, impossible de savoir quelle est la part de révolutionnaires et de réactionnaires parmi les prisonniers, mais le nombre d’islamistes semble extrêmement minoritaire.

Enfin, du coté syrien de la frontière, le Conseil Militaire Syriaque (MFS, milice syriaque au Rojava combattant aux cotés des YPG) a publié un communiqué dans lequel il prévient la Turquie et l’OTAN qu’une attaque contre le Rojava entraînera des représailles de toutes les milices arabes, syriaques et kurdes.

Les YPG et les YPJ

En pointillé, la Ligne de Mare.
Les YPG et les YPJ

L’armée turque poursuit sa très large offensive faisant suite à l’attentat qui a fait 32 morts parmi de jeunes révolutionnaires turcs à Suruç, il y a une semaine.

Cette nuit, l’armée turque a fait feu contre les troupes des YPG au Rojava, du coté syrien de la frontière. D’abord vers 22h (heure locale), un tank a tiré des obus à sept reprises, dans le village de Zormikhar à l’ouest de Kobané. Vers 23h, un véhicule militaire des YPG a été visé par des des tirs nourris dans le village de Til Findire, entre Kobané et Tal Abyad. Une heure plus tard (nous vous l’annoncions dans notre direct) les YPG publiaient un communiqué dénonçant les deux attaques. Les YPG ont également déclaré qu’une attaque de tank avait déjà eu lieu le 24 juillet à 4h30 du matin, blessant 4 combattants FSA (Armée Syrienne Libre) à Zormikhar. Lors de cette première attaque, les YPG avaient laissé le ‘bénéfice du doute’ à l’armée turque. Il apparaît clairement à présent que les attaques n’étaient -sans surprises- pas accidentelles. Les YPG ont averti que si l’armée turque recommençait, il y aurait des représailles. L’armée turque a nié cette attaque.

Au même moment, l’armée turque bombardait les zones de guérilla du PKK en Turquie et en Irak. Massoud Barzani, président (de droite) du Kurdistan irakien avait été fortement critiqué pour s’être abstenu de critiquer l’offensive turque, il a publié un message dans la soirée qui ne fait que confirmer à demi-mots un soutien aux opérations turques : « Nous avons vu une attitude positive dans les initiatives du gouvernement turc, malheureusement certaines parties sont trop arrogantes ». Des milliers de Kurdes irakiens se sont rendus hier à Kandil pour former une chaine humaine autour d’une zone de guérilla (photo). L’armée turque a perpétré toutes ces attaques en prétendant une offensive générale contre Kurdes et Islamistes. Il est pourtant clair que l’Etat Islamique n’est frappé que de façon très marginale par les bombardements (des comptes Twitter officiels d’islamistes hilares félicitent l’AKP de ne frapper que des campements vides de l’EI). Selon des chiffres officieux, parmi les 810 personnes arrêtées lors des deux jours de raffles, 24 étaient des islamistes, et plus de la moitié d’entre eux ont déjà été relâchés.

Suites à tous ces affrontements, plusieurs députés AKP annoncent qu’ils veulent frapper d’illégalité le HDP, le Parti Démocratique des Peuples, qui est un front large reprenant de nombreuses organisations révolutionnaires. La Turquie a également convoqué un sommet extraordinaire de l’OTAN (dont elle est la deuxième armée) ce mardi, probablement pour mieux intensifier ses attaques contre les partis kurdes. La Maison Blanche a déjà fait part de son soutien à la Turquie dans les frappes contre le PKK.

Une bonne nouvelle quand même, les YPG/YPJ et les Brigades Burkan-al-Firat (Volcans de l’Euphrate) viennent d’annoncer la libération de la ville de Sarrin, grosse ville auparavant occupée par l’EI au nord de Raqqa. Ils annoncent également de grosses progressions la nuit dernière à Hassaké où de nombreuses armes ont été saisies aux islamistes.

Des milliers de Kurdes irakiens marchent vers Kandil pour former une chaine humaine autour de la guérilla.

Des milliers de Kurdes irakiens marchent vers Kandil pour former une chaine humaine autour de la guérilla.