Le secrétaire général du FPLP Ahmad Sa’adat actuellement détenu et à la tête d’un mouvement de protestation des prisonniers palestiniens a déclaré, il y a quelques jours, à un avocat qui venait lui rendre visite que les prisonniers de la prison de Nafha continueront leurs actions de désobéissance, parmi lesquelles la fermeture des quartiers de cellules, le refus des temps de sortie dans la cour et la fin de toute communication avec l’administration pénitentiaire jusqu’à ce que leurs revendications soient entendues. Celles-ci sont les suivantes:
– Que l’administration accepte de rencontrer le représentant choisi Alaa Abu Jazar
– La fin des mesures punitives imposées aux sections
– Le déplacement des prisonniers qui sont à l’isolement
– La fin de toutes les descentes et fouilles de nuit
Suite à une descente surprise dans la cellule 85 de la prison de Nafha le 27 juillet dernier suite à laquelle les prisonniers ont incendié leur cellule, tous les partis politiques ont pris la décision collective que toute cellule qui serait visée par une telle descente serait brûlée en tant qu’action de désobéissance ainsi que mesure de protestation contre ces descentes arbitraires et violentes. En raison du feu, un certain nombre de prisonniers ont eu des difficultés pour respirer et ont été transféré dans des cellules d’isolement.
Dans le même temps, des raids ont été menés dans la section 10 de la même prison. Des prisonniers ont déclaré avoir entendu des cris, des bruits sourds et des coups contre les portes. Les prisonniers de la section 10 ont été transféré dans la section 1 de la prison. De plus, Sa’adat a affirmé qu’il pensait que cette attaque contre les prisonniers de la prison de Nafha fait partie des descentes massives menées régulièrement par les forces de l’occupation, spécialement après la formation du nouveau gouvernement plus tôt cette année. Il a ajouté que l’administration pénitentiaire avait justifié ces violentes descentes par le fait qu’elle souhaitait confisquer des téléphones mobiles proches du périmètre des prisonniers, et qui leur seraient finalement parvenus. Mais aucun téléphone n’a été trouvé durant ces raids.
Sa’adat a également confirmé n’avoir pas été attaqué personnellement, mais que l’attaque avait eu lieu à l’encontre de tous les prisonniers de Nafha. Il a également confirmé être actuellement en bonne santé.

Affiche pour la libération de Sa’adat

Affiche pour la libération de Sa'adat

A la fin du mois de juillet, le secrétaire général du FPLP, Ahmad Saadat, a été agressé dans sa cellule de la prison de Nafha par les forces spéciales israéliennes (cf notre article). Depuis, les manifestations de solidarité se sont multipliées pour soutenir Saadat, mais aussi tous les autres prisonniers palestiniens agressés ce jour-là ainsi que pour dénoncer leurs conditions de détention. En France, le collectif Coup pour Coup a publié un communiqué de soutien, tandis que des textes sont également provenus de Grèce et du Danemark. Ci-dessous, la déclaration de Coup pour Coup:

Lundi 27 juillet 2015 au soir, les Forces spéciales de l’administration pénitentiaire israélienne (Mitzada) ont fait irruption dans la prison de Nafha, située dans le désert du Néguev, en Palestine occupée. L’attaque fait suite à des actions menées par les prisonniers palestiniens pour protester contre leurs conditions de détention. Devant la résistance des prisonniers, les brigades Mitzada ont donc envahi les cellules, déplacé certains prisonniers et blessés une trentaine d’entre eux. Parmi les blessés se trouve Ahmad Saadat, secrétaire général du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP), incarcéré depuis 2002 par l’Autorité Palestinienne puis, depuis 2006 par l’occupation. Des communiqués de soutien et des actions solidaires ont vu le jour, que ce soit dans les différentes prisons de l’occupation ou en dehors. Plus de 6000 palestiniens et palestiniennes sont aujourd’hui enfermés par les forces israéliennes. Leurs combats pour leur libération est le combat pour la libération de la Palestine !
Libérez Ahmad Saadat
Libérez tous les prisonniers palestiniens !
Palestine vivra, Palestine vaincra !

Coup pour Coup, France, 28 juillet 2015

Affiche du FPLP pour Ahmad Saadat

Affiche du FPLP pour Ahmad Saadat

La Knesset vient de voter une loi qui permettra d’alimenter de force les prisonniers qui font la grève de la faim. Des milliers de prisonniers palestiniens se mettent régulièrement en grève de la faim pour protester contre les conditions de détention inhumaine et le régime de détention administrative qui permet de détenir indéfiniment et sans procès un prisonnier. 396 prisonniers sont actuellement en détention administrative, certains depuis plusieurs années. L’association médicale israélienne a protesté contre la loi sur l’alimentation forcée, la définissant comme une forme de tortures, et a appelé les médecins israéliens a refuser de la pratiquer. L’alimentation de force ne pourra avoir lieu que si le médecin en charge pense que la vie du prisonnier est en danger immédiat. Cette loi est contraire à la loi israélienne sur les droits des patients et aux lois internationales sur l’éthique médicale, ce dont les autorités israéliennes font peu de cas…

Le vote de cette loi fait suite à la libération du prisonnier palestinien Kader Adnan, détenu pendant 6 ans sous détention administrative qui a été libéré le mois dernier après une dure grève de la faim.

Le nombre de détentions administratives

Le nombre de détentions administratives

Pour les entreprises militaires et sécuritaires israéliennes, la situation singulière de Jérusalem Est occupée présente des opportunités particulières de développement de nouvelles méthodes pour imposer l’occupation. La société Ofek Aerial Photography a ainsi vendu un système de cartographie de style « Google Street » aux services de l’armée et de la police israéliennes utilisé pour planifier des opérations à Jérusalem Est occupée, jusqu’au plus petit détail. La technologie peut être utilisée pour quoi que ce soit allant de mesurages pour les démolitions des maisons à des jeux vidéo de tirs simulant des invasions militaires à pleine puissance.

Le système a deux caractéristiques principales, l’imagerie sphérique à 360° qui peut montrer toutes les rues et vous permet de placer des calques et de prendre des mesures, et la numérisation laser qui vous permet de voir la même zone. Le système a été particulièrement utile lors de l’assaut prolongé contre le quartier Shu’afat, à Jérusalem-Est occupée l’été dernier suite à l’assassinat de l’adolescent palestinien Mohammed Abu Khdeir. Il n’existait pas de cartographie de Jérusalem Est, l’armée israélienne ne savaient pas en quoi étaient faites les portes, s’il y avait des barreaux aux fenêtres, si un véhicule passait dans la rue alors qu’elle est trop étroite. Avec Ofek Aerial Photography, lorsqu’ils tapent les coordonnées de la maison, ils voient exactement ce qu’ils ont besoin de voir.

Données fournées par Ofek Aerial Photography

Données fournées par Ofek Aerial Photography

Les forces spéciales israéliennes ont attaqué, mardi matin, le secrétaire général du FPLP, Ahmad Saadat, dans sa cellule de la prison de Nafha. Cette agression fait partie d’une vague d’attaques contre les prisonniers politiques palestiniens par des militaires israéliens en uniforme et en civil. La tension a atteint un point critique, lorsque les soldats ont transférés de force, mardi, 70 détenus de Ramon à la prison d’Ofer, après avoir envahi brutalement leurs cellules. Lundi, plus de mille membres des forces de sécurité israéliennes ont envahi les cellules des détenus dans la prison de Ramon, vandalisé les affaires des détenus et placé plusieurs d’entre eux à l’isolement. Un mouvement de solidarité avec les prisonniers de Nafha a commencé dans les autres prisons.

Affiche du FPLP pour Ahmad Saadat

Au moins 14 Palestiniens ont été blessés lors d’affrontements avec des soldats israéliens près du camp de réfugiés de Qalandiya, entre Jérusalem et la ville cisjordanienne de Ramallah. Les affrontements ont éclaté lors des obsèques de Mohamed Abou Latifa, un Palestinien de 20 ans qui a été tué dans un camp de réfugiés lorsqu’un soldat israélien s’est introduit dans sa maison pour tenter de l’arrêter.

Des centaines de personnes ont assisté aux obsèques, et des dizaines de jeunes se sont rassemblés près du poste de contrôle israélien de Qalandiya et ont lancé des pierres et des bouteilles vides sur les soldats. Les soldats israéliens ont riposté en tirant sur les manifestants indignés. Six jeunes hommes ont été blessés par des balles réelles et huit autres par des balles en acier enrobées de caoutchouc. Les ambulances ont acheminé les blessés vers des hôpitaux et cliniques de Ramallah. Les manifestants ont inhalé des gaz concentrés après que les soldats ont lancé des dizaines de grenades lacrymogènes dans leur direction. Abou Latifa est le troisième Palestinien à avoir été tué par des soldats israéliens, en Cisjordanie, au cours de ces derniers jours. Deux ont été tués plus tôt cette semaine, dans les villes cisjordaniennes de Djenine et d’Hébron (voir notre article).

Le camp de réfugiés de Qalandiya

Le camp de réfugiés de Qalandiya

Des affrontements ont eu lieu dimanche entre des Palestiniens qui jetaient des pierres et la police israélienne armée de grenades assourdissantes sur l’esplanade des Mosquées. Les manifestants palestiniens ont érigé des barricades de fortune et attaqué les policiers venus les démanteler en utilisant des pierres, des barres de métal et des fusées éclairantes. La police a utilisé des grenades assourdissantes pour repousser les manifestants à l’intérieur de la mosquée et est allée jusque sous le hall d’entrée.

Des policiers israéliens ce dimanche matin dans la mosquée al-Aqsa

Des policiers israéliens ce dimanche matin dans la mosquée al-Aqsa

Un Palestinien d’une vingtaine d’années a été tué mercredi par des soldats israéliens près de Jénine lors d’affrontements avec les forces israéliennes, dans le nord de la Cisjordanie. Ces heurts ont éclaté lorsque les habitants se sont opposés aux perquisitions menées par les soldats israéliens, qui cherchaient à arrêter un suspect palestinien. Mohamed Ahmed Alauna, 21 ans, a été touché par une balle au torse lors d’affrontements dans son village de Bourqine, au sud-ouest de la ville de Jénine. Le jeune homme a été transporté vers un hôpital de Jénine où les médecins ont tenté de le réanimer en vain.

La dépouille de Mohamed Ahmed Alauna portée par la foule palestinienne

EDIT: Un deuxième Palestinien tué en Cisjordanie

Un autre Palestinien a été tué jeudi par des soldats israéliens en Cisjordanie, dans le village de Beit Omar situé près d’Hébron. Des soldats israéliens avaient pris d’assaut une maison pour y arrêter un Palestinien « soupçonné de délits liés à la sécurité », Mohammed Abou Maria, et avaient touché son père, Falah, à la poitrine alors qu’il descendait en courant les escaliers pour voir ce qui se passait. L’homme, âgé de 50 ans, est décédé, tandis que son fils, âgé de 24 ans, a été blessé par balle à la jambe et hospitalisé.

La dépouille de Mohamed Ahmed Alauna portée par la foule palestinienne

Arrêtée le 2 avril dernier par les forces d’occupation, Khalida Jarrar était détenue en détention administrative depuis. Le régime de détention administrative est une loi britannique récupérée par le système judiciaire israélien qui permet d’emprisonner une personne pour une durée indéfinie, sans inculpation et sans procès. Finalement elle est inculpée à 12 reprises, tous concernant son activité politique, et surtout son activité en faveur des prisonniers palestiniens. Elle passera au tribunal aujourd’hui, le 13 juillet.

Khalida est députée parlementaire du FPLP, présidente de la commission parlementaire concernant les prisonniers politiques palestiniens, elle a été auparavant présidente de Addameer, la principale association de soutien aux prisonniers palestiniens, pendant 13 ans.

La lettre écrite par Khalida en juin dernier, traduit par Coup pour Coup.

Khalida Jarrar

Les Flottilles de la Liberté tentent régulièrement d’approcher la Bande de Gaza par la mer, elles sont systématiquement arrimées par les forces d’occupation. Le 29 juin, après 8000km et 7 semaines de voyage, à l’entrée du Canal de Suez, le Marianne (c’est le nom du bateau suédois) a été approché par des zodiacs blancs de la marine israélienne. Ces zodiacs blancs -sortis pour des raisons médiatiques- ont ensuite été remplacés par de nombreuses embarcations militaires du même type. Les trois personnes qui se tenaient sur le pont ont immédiatement été tasées à plusieurs reprises. Après 45 minutes, les militaires sionistes ont pénétré dans la cabine de pilotage. Kevin Neish -dont le témoignage est la base de cet article- a été piétiné et piqué avec une baguette à bétail. Un autre membre de l’équipage a été tasé et battu pour avoir refusé de retirer son keffieh. Le bateau avait été immobilisé pendant que les soldats tentaient de rentrer dans la cabine. Pendant trois heures, les soldats tentèrent de redémarrer le bateau, les membres de l’équipage refusant de les aider. Finalement, devant les tabassages et électrocutions répétées, le capitaine a accepter de remonter l’interrupteur principal, seul élément désactivé.

Une fois sur terre, les Israéliens ont saisis laptops, téléphones et caméras pour empêcher toute documentation, les personnes arrêtées ont toutefois déjà annoncé qu’elles avaient réussi à conserver leurs cartes mémoires et qu’elles seraient utilisées dans un futur procès. Après deux jours de prison, les membres de la Flottille ont été amenés à la prison de l’aéroport où ils ont pu prendre une vraie douche. Kevin Neish raconte qu’un soldat israélien a déféqué dans sa serviette de bain pendant qu’il se douchait avant de la replier soigneusement. Tous les prisonniers ont été libérés, le dernier est arrivé ce lundi soir en Suède. Cette opération israélienne fait suite à celle de 2010, qui avait fait 9 morts parmi les 700 membres d’équipage des 8 cargos qui composaient la première Flottille de la Liberté.

La vidéo de l’abordage du Marianne, qui peut être difficile à regarder (tasers).

Le dernier prisonnier libéré ce 6 juillet soir, arrivé en Suède.

Le dernier prisonnier libéré ce 6 juillet soir, arrivé en Suède.