Vendredi 19 septembre, la décision de retirer des programmes universitaires de livres écrits par des femmes a été confirmée après avoir été adoptée fin août. Plus de 670 titres sont concernés sur de multiples sujets, parmi lesquels les droits humains, le droit constitutionnel ou encore les mouvements politiques islamiques. Par ailleurs, 300 livres iraniens sont également concernés pour « empêcher l’infiltration de contenus iraniens ».

Ce lundi 15 septembre en Afghanistan, les talibans privent près de 5 millions de personnes d’internet. Dans la province de Balkh, une interdiction totale a été imposée sur le câble de fibre optique. Ce mardi 16 septembre, la mesure est étendue dans les provinces de Badakhshan, Kandahar et Helmand. Le wifi ne fonctionne pas et la plupart des serveurs mobiles ont été coupés, privant notamment les femmes de toutes possibilités de suivre des cours en ligne malgré l’interdiction établie par le régime afghan. C’est la première fois, depuis la prise du pouvoir par les talibans en août 2021, qu’une interdiction de ce type est imposée. Une interdiction qui laisse toute la province de Balkh, dans le nord du pays, sans internet. La mesure pourrait être étendue à d’autres provinces dans les prochains jours.

Jeudi soir, dans le chef-lieu de la province de Takhar, “14 individus (…) ont profité de l’obscurité de la nuit pour se rassembler dans une maison où ils ont joué des instruments de musique et chanté des chansons, causant un trouble à l’ordre public”, assure un communiqué de la police. Des enquêtes ont été ouvertes contre ces personnes. Après avoir repris le pouvoir, les autorités talibanes ont fait fermer les écoles de musique et des instruments ont été fracassés ou brûlés, tout comme des haut-parleurs pour éviter la “corruption morale” et “la déviance de la jeunesse”. Les salles de mariage n’ont plus le droit de passer de la musique, mais souvent elle est jouée en secret par les femmes, séparées des hommes.

Ce vendredi, quatre hommes ont été exécutés dans des stades remplis de monde dans les provinces de Badghis, Nimroz et Farah, doublant en une journée le nombre d’exécutions publiques depuis le retour au pouvoir des talibans en 2021. Deux hommes ont été exécutés devant environ 20 000 personnes rassemblées dans un stade de Qala-I-Naw, la capitale de la province de Badghis, en vertu du principe islamique de « qisas » ou loi du talion ( sanction proportionnelle au préjudice ). Tous les ordres d’exécution ont été signés par le chef suprême des talibans, l’émir Hibatullah Akhundzada, qui vit reclus dans son fief méridional de Kandahar et gouverne le pays par décrets ou instructions.

Radio Begum, station afghane animée par des femmes pour les femmes, se trouve privée d’antenne depuis ce mardi 4 février, des officiers de la Direction générale des renseignements, assistés par des représentants du ministère de l’Information et de la Culture, ont fait une descente dans les locaux à Kaboul. Deux travailleurs ont été arrêtés, deux hommes employés pour se conformer aux lois des talibans. Des ordinateurs, disques durs et téléphones ont été saisis. La diffusion est suspendue jusqu’à nouvel ordre. Le ministère tente de justifié cet acte en affirmant qu’« en plus de commettre de multiples infractions, la radio fourni du matériel et des programmes à une télévision basée à l’étranger ». Radio Begum restait la seule à diffuser des programmes éducatifs, des émissions sur la santé pour les femmes et d’autres émissions plus divertissantes ainsi que des sessions dites « psychologiques », à l’écoute des auditrices qui, de plus en plus nombreuses, se disent envahies par les pensées suicidaires.

Radio Begum a été fondé par Hamida Aman, journaliste afghane. Elle avait choisi le 8 mars 2021, Journée internationale des droits des femmes, pour lancer sa station à Kaboul, mais cinq mois plus tard, la capitale afghane tombait à nouveau entre les mains des talibans. La direction de la radio demande la libération de ses employés. 

La semaine dernière, les autorités afghanes ont rappelé aux ONG, nationales et internationales, qu’il leur était interdit de travailler avec des femmes afghanes. Le régime a annoncé vouloir fermer toutes les organisations non gouvernementales, qu’elles soient nationales ou étrangères en Afghanistan, si elles ne respectent pas cette nouvelle règle. Le non-respect de ce nouvel ordre entraînerait pour les ONG la perte de leur licence d’exploitation. Depuis le retour des talibans à Kaboul en août 2021, les femmes ont  progressivement été chassées de l’espace public.

Actuellement, les Afghanes ne peuvent plus étudier au-delà du primaire, aller dans les parcs, les salles de sports, les salons de beauté, ni quasiment sortir de chez elles sans chaperon. Une récente loi leur interdit de chanter ou de déclamer de la poésie. Elle les incite aussi à « voiler » leur voix et leurs corps hors de chez elles. Ce n’est pas moins de 28 millions de femmes et filles que les talibans emmurent vivantes.

Samedi 28 décembre, le gouvernement impose une nouvelle loi en cas de construction d’un nouveau bâtiment, celui-ci sera dépourvu de fenêtres par lesquelles il est possible de voir de près « des femmes travaillant dans des cuisines, dans des cours ou collectant de l’eau dans des puits et qui peut engendrer des actes obscènes”, indique un document diffusé par sur X. La mairie et les services compétents devront surveiller les chantiers de construction pour s’assurer qu’il n’est pas possible de voir chez les voisins, poursuit le texte. Si de telles fenêtres avec vis-à-vis existent, les propriétaires sont invités à construire un mur ou à obstruer la vue, “pour éviter les nuisances causées aux voisins”, selon le décret.

Le régime taliban a instauré le mercredi 21 aout une nouvelle loi qui interdit aux femmes de chanter ou de lire à voix haute en public. L’objectif de cette loi est de « combattre le vice et promouvoir la vertu » selon le gouvernement afghan. La voix d’une femme est considérée comme intime. Le ministère de la Propagation de la vertu et de la Prévention du vice (PVPV) est désormais chargé d’appliquer cette loi. Cette nouvelle législation de 35 articles contrôle tous les aspects de la vie des femmes Afghanes, dans une interprétation ultra-rigoriste de la charia (loi islamique).

Les sanctions imposées par la police des mœurs vont de l’avertissement verbal aux menaces, amendes et détentions à la durée variable. La nouvelle loi stipule que les femmes doivent se couvrir le visage et le corps si elles quittent la maison, veiller à ce que leur voix ne soit pas entendue. « L’amitié » avec « un infidèle », à savoir un non-musulman, est proscrite, tout comme l’homosexualité, l’adultère, les jeux d’argent ou prendre le volant sauf dans certaines conditions. Les femmes ont aussi l’interdiction d’entrer dans les parcs, jardins, salles de sport et bains publics.

Quelques dizaines de de femmes scandant « Pain, travail et liberté” ont défilé devant le ministère de l’Éducation à Kaboul. Les manifestants ont déployé une grande banderole sur laquelle ont pouvait lire: “Le 15 août est un jour noir”, en référence à la date de la prise de Kaboul par les talibans dont c’est le premier anniversaire. Alors que les femmes défilaient “Justice, justice. Nous en avons marre de l’ignorance”, les forces de sécurité talibanes ont commencé à saisir les téléphones et les appareils photo des journalistes afghans, des correspondants internationaux, et des passants qui tentaient de filmer. Immédiatement après, des talibans en tenue militaire et armés de fusils d’assaut ont bloqué un carrefour devant les manifestantes et commencé à tirer en l’air pendant de longues secondes. L’un d’eux a simulé un tir en visant les manifestantes. Certaines manifestantes se sont ensuite réfugiées dans des magasins proches où elles ont été pourchassées puis battues à coups de crosse de fusil par des talibans. Plusieurs reporters ont été arrêtés, et au moins trois d’entre eux sont toujours en détention.

 

Quatre militantes féministes afghanes incarcérées à Kaboul ces dernières semaines, après avoir manifesté pour les droits des femmes, et portées disparues depuis, ont été relâchées par les talibans. Deux d’entre elles, Tamana Zaryabi Paryani et Parwana Ibrahimkhel, avaient été arrêtées le 19 janvier, les deux autres, Mursal Ayar et Zahra Mohammadi début février. À chaque fois les talibans avaient nié toute implication dans leur disparition et disaient avoir ouvert une enquête. Ces libérations interviennent alors que le régime, asphyxié économiquement, cherche à convaincre la communauté internationale, avec laquelle il négocie une aide humanitaire, financière et économique, qu’il a assoupli son attitude à l’égard des femmes. Mais, dans la pratique, ces dernières n’ont pas vu grand-chose changer dans leur condition de citoyennes de seconde zone.

La protestation contre l’obligation du hijab suite à laquelle Tamana Zaryabi Paryani avait été arrêtée