Trois jugements à Gênes en début de semaine qui en disent long.

D’abord, le préfet de police Gianni De Gennaro a été totalement mis hors de cause. Ensuite dix membres présumés du ‘Black bloc’ ont été condamnés au total à 98 années et 9 mois d’incarcération. Enfin, les dissociés collabos des Tute bianche ont tous été acquittés et/ou ont bénéficié de la prescription et/ou de la circonstance atténuante d’avoir réagi à une charge illégitime des forces de l’ordre.

La deuxième section de la Cour d’appel a donc condamné Vincenzo Puglisi à 15 ans de prison, Vincenzo Vecchi à 13 ans et 3 mois, Marina Cugnaschi à 12 ans et 3 mois. Des peines pour des bris de vitrines que la justice italienne n’inflige même pas à des meurtriers. Maria Rosaria D’Angelo, présidente du tribunal, a partiellement changé la décision prise en première instance en décembre 2007: par rapport à avant, le total des peines diminue un petit peu (10 années en moins), mais se durcit contre les dénommés ‘Black bloc’. Les juges ont confirmé que la charge des forces de l’ordre via Tolemaide, en début d’après-midi du 20 juillet, était illégitime. Cet assaut contre le cortège des No-global a déchaîné l’enfer où trouvera ensuite la mort Carlo Giuliani, abattu par les flics alors qu’il tentait de défoncer leur jeep. Massimiliano Monai, le jeune qui se trouvait à côté de lui lors de l’attaque contre la jeep des carabiniers avait été condamné en première instance à 5 ans de prison: la prescription a en revanche maintenant définit qu’il n’effectuera pas de peine.

Je m’honore d’avoir participé en homme libre à une journée de contestation contre l’économie capitaliste‘ avait déclaré Vincenzo Vecchi. Carlo Cuccomarino a été condamné à 8 ans, Luca Finotti à 10 ans et 9 mois, Alberto Funaro à 10 ans, Dario Ursino à 7 ans. Antonino Valguarnera, qui avait effectué son service militaire en Bosnie avant le G8 et même décoré, accusé d’avoir jeté des Molotovs, a pris 8 ans.

Ce vendredi 9 octobre 2009, un jeune étudiant allemand a été condamné à deux mois de prison avec sursis (pendant 5 ans) au tribunal de grande instance de Strasbourg. Il était accusé d’avoir peint un ‘A anarchiste’ à la bombe de peinture sur un mur d’une enceinte militaire (une annexe de la caserne Lyautey).

Le 19 octobre 2009, à la Cour d’appel de Colmar, aura lieu la deuxième audience en appel d’un militant condamné lors d’une comparution immédiate, après une audience de 15 minutes, à 6 mois de prison ferme (il était détenu depuis le 2 avril 2009) bien avant la grande journée de manifestation contre le sommet de l’OTAN à Strasbourg du 4 avril 2009. Dans la même journée et celles qui suivront, d’autres militants ont écopé de peines aussi lourdes, Nicolas Sarkozy ayant demandé lors d’un discours que ‘les peines devaient être exemplaires’. Le procès a eu lieu quatre jours après l’interpellation (donc le 6 avril 2009) mais il a fallut quatre mois pour passer en appel… le prévenu aurait pu sortir avant ces quatre mois avec réduction de peine s’il avait accepté le jugement de première instance, mais il a fait appel. On peut donc souligner son courage et sa détermination. La police déclare que le jeune homme de 25 ans a jeté une pierre.

Deux autres militants de Berlin et Dresde sont jugés pour des cas similaires et ont eux aussi fait appel. Le militant de Dresde a été relaxé après 4 mois de prison et est en droit de demander une indemnisation. Mais le procureur a fait appel et le procès est toujours en cours. Pour le militant berlinois, les 6 mois de prison ferme ont été confirmés,l’interdiction de rentrer sur le territoire français et l’amende ont été augmentées (5 ans et 2000 euro).

Elliott Madison, se revendiquant de la mouvance anarchiste était présent lors du sommet du G20 à Pittsburgh. La police était descendue dans sa chambre de motel et y avait découvert un centre de communication composé d’ordinateurs personnels, de micros et de cartes. Madison oeuvre dans un collectif du nom de ‘People’s Law Collective’ qui fourni des démarches légales aux manifestants. Durant le G20, il guidait les manifestants grâce à Twitter et les informait des positions et des actions des forces de l’ordre. Lors de cette perquisition, Madison est arrêté et accusé d’entrave aux forces de l’ordre, d’utilisation criminelle de moyens de communication et possession d’instruments criminels. Depuis, il a été libéré sous caution.

Mais jeudi dernier, les agents anti-terroristes du FBI ont perquisitionné son domicile, sous prétexte que ce qu’ils avaient trouvé dans sa chambre de motel leur avait mis la puce à l’oreille, sans autres précisions. La visite du domicile a duré 16 heures, durant lesquelles, selon le voisinage, des hélicoptères ont continuellement survolé la maison.

Quatre jeunes Grecs, Harilaos (21 ans), Emmanouil (21), Myrto (21) et Panayiotis (20), suspectés d’avoir mené des attentats au nom d’un groupe issu de la mouvance anarchiste, ont été inculpés mercredi ‘d’appartenance à une organisation criminelle’ et placés en détention provisoire. Ils ont été arrêtés dans un appartement de la banlieue nord d’Athènes, après un attentat à l’engin explosif perpétré contre le domicile d’une cadre du parti socialiste dans le centre d’Athènes, qui a fait des dégâts matériels mineurs. Sur la base des pièces à conviction saisies dans cet appartement, dont ‘un mécanisme d’horlogerie de mise à feu dans un autocuiseur‘, similaire à celui utilisé pour cet attentat, la police avait établi un lien entre les jeunes gens et deux autres attentats à l’engin explosif, revendiqués par le groupe ‘Conspiration des cellules de feu’.

Après avoir été poursuivies pour ‘appartenance à un groupe criminel’, ainsi que pour ‘détention d’explosifs’ et ‘explosions en série’, les quatre personnes ont été placées en garde à vue avant leur dépositions mardi et mercredi devant le juge d’instruction. Le juge a ordonné la remise en liberté conditionnelle de la femme inculpée, car ‘il n’y avait pas d’indices suffisants pour son placement en détention provisoire‘. Tous les quatre ont nié toute implication au groupe ‘Conspiration des cellules de feu’, selon leurs avocats. Le nom de 6 autres personnes considérées comme membres du même groupe sont activement recherchées sur tout le territoire grec.

A l’issue de la décision du juge, un groupe de jeunes gens, qui manifestaient devant le Palais de justice en solidarité aux inculpés, ont attaqué un policier et l’ont légèrement blessé. Issu de la mouvance anarchiste, selon la police, la ‘Conspiration des cellules de feu’ avait auparavant revendiqué une vague d’attentats à l’aide d’engins incendiaires contre des domiciles de personnalités et quatre églises orthodoxes, dans le sillage des émeutes déclenchés par la mort d’un adolescent tué par la police le 6 décembre à Athènes. Il avait aussi signé le 3 décembre 2008 une action à l’engin incendiaire contre le bureau de l’Agence France-Presse à Athènes, en solidarité avec les membres du ‘groupe de Tarnac’ soupçonnés alors du sabottage de lignes TGV en France.

Les bureaux de la justice de paix de Laeken ont été endommagés dans la nuit de jeudi à vendredi par un cocktail Molotov. La porte d’entrée vitrée a été très abîmée. Un slogan était peint sur les murs du bâtiment: ‘Ni votre justice, ni votre paix’. Samedi 8, c’est un distributeur de billets appartenant à la banque de la poste qui était incendié. L’action était revendiquée: ‘Nous dédions cette attaque aux détenus qui ont brûlé un local des gardiens à la prison de Saint-Gilles et aux détenus qui ont refusé de réintégrer leurs cellules suite au meurtre de Mikail Tekin à la prison de Jamioulx.’ La poste a fait précédement l’objet de plusieurs autres attaques (véhicules incendiés à Arlon, bureau saccagé à Louvain). Quand il y avait revendication, celle-ci expliquait que la poste gérait les comptes des centres fermés.

Dans la nuit du 13 au 14 juillet, quatre anarchistes ont été arrêtés aux alentours d’un véhicule prenant feu. Ils/elles sont accusés de ‘dégradation du bien d’autrui par un moyen dangereux‘. Pendant leurs 48 heures de garde-à-vue où ils n’ont rien déclaré, ils ont également refusé de se soumettre au prélèvement ADN, à la prise d’empreintes digitales et aux photographies. Pour cela, ils sont aussi inculpés. Ils ont été transférés au dépôt pour être jugés en comparution immédiate le lendemain. Mais la juge ayant demandé une expertise de plus, le procès est remis en octobre 2009. En attendant, ils/elles sont placés sous contrôle judiciaire et doivent pointer une fois par semaine.

Il y a deux semaines a eu lieu en Italie une vaste opération médiatico-policière (une quarantaine de perquisitions et l’inculpation de 37 personnes pour ‘organisation et participation à une association subversive d’inspiration anarcho-insurrectionnaliste visant à commettre des actions criminelles à finalité de terrorisme et de renversement de l’ordre démocratique‘). Finalement, deux militants anarchistes restent en prison. Il y a 16 mois, ils avaient été contrôlés par les carabiniers non loin d’une voie ferroviaire et ceux-ci ne les ont alors pas arrêtés, afin de pouvoir continuer à les surveiller. A défaut de pouvoir reprocher aux deux incarcérés d’avoir effectivement saboté des caténaires, on les accuse d’avoir eu l’intention de le faire.

Vous pouvez écrire aux deux militants italiens incarcérés à l’adresse suivante: Sergio Maria Stefani, Alessandro Settepani; Via Maiano 10; 06049 Spoleto (PG)

Couvertures en feu, distributeurs de billets barbouillés de peinture et vitrines de deux banques endommagées. C’est le bilan d’un raid la nuit de samedi à dimanche au terme duquel la police a arrêté deux anarchistes, Mattia De Santis, 22 ans, et Robert Ferro.

La police est arrivée sur place suite à un appel signalant un incendie. Au milieu de la rue, les agents ont trouvé une dizaine de pneus enflammés, et tout près, deux vitres de l’Istituto di Credito Carisbo cassées, quatre autres de la banque Unicredit au n°83, et là aussi un distributeur recouvert de peinture noire. Plusieurs témoins ont précisé aux agents qu’ils avaient vu un groupe d’une quinzaine de jeunes vêtus de noir et de cagoules, occupés à étendre une couverture sur les pneus en l’imbibant de liquide (certainement incendiaire), tout en endommageant les vitres de deux banques avec des masses et autres objets contondants. Une patrouille a intercepté un groupe de quatre jeunes à vélo qui, à la vue de la patrouille s’est divisé en deux. La police a réussi à en arrêter deux, retrouvant dans leur sac des cagoules, habits noirs et gants imbibés de liquide nauséabond. Les deux arrêtés ont été inculpés de ‘dégradations aggravées en réunion, dégradations suivies d’un incendie, jets de peinture‘. Tous deux sont bien connus de la Digos de Bologne: Ferro a plusieurs antécédents pour rébellion à agent assermenté, violence, dégradation, manifestation non autorisée; De Santis a plusieurs antécédents en matière d’ordre public.

Deux militants autonomes berlinois ont été convoqués à Berlin pour témoigner dans l’affaire de Tarnac. Ils ont recu une convocation mi-juin. Il y a un appel à rassemblement le 16 juillet devant l’ambassade de France à Berlin à 11 heures. Puis ensuite, ils iront au tribunal ensemble où ils souhaitent ne pas témoigner.

Deux militants anarchistes, Alessandro Settepani et Sergio Maria Stefani, ont été arrêtés par l’unité spéciale ‘anti-terroriste’ des carabiniers: le ROS (Raggruppamento Operativo Speciale). Selon les médias italiens, cette arrestation aurait eu lieu ce vendredi même, mais ces arrestations remontent en réalité à plusieurs semaines déjà, pour planifier une vaste opération de police, procédant à une quarantaine de perquisitions au sein d’une supposée ‘mouvance anarcho-insurrectionnaliste’ dans plusieurs régions italiennes (Lazio, Piémont, Lombardie, Toscane, et Abruzzes). Le ROS a particulièrement visé les domiciles de compagnons déjà perquisitionnés en février de cette année. Cette opération, baptisée ‘Shadow’ par les carabiniers, a pour but d’établir des liens entre plusieurs personnes déjà visées en octobre 2007 (dont le jugement est actuellement en appel à la Cour de Terni) et des groupes affinitaires de la même région.

Alessandro Settepani et Sergio Maria Stefani, ont été arrêtés à bord d’une voiture volée. Ici, la police aurait arrêté les deux compagnons alors qu’ils s’apprêtaient à poser des crochets métalliques sur les caténaires de la ligne Orte-Ancona. La police les accuse de ‘tentative de sabotage sur les voies ferrées‘, et plus largement de ‘participation à une association subversive d’inspiration anarcho-insurrectionnaliste ayant pour but la réalisation d’actions criminelles à visée terroriste et au renversement de l’ordre démocratique‘. Une accusation déjà formulée par l’Etat italien lorsque l’opération ‘Cervantès’, entre 2003 et juin 2004, avait abouti à une centaine de perquisitions sur tout le territoire italien, 36 inculpations et quatre incarcérations, dont Sergio Stefani, qui sera relâché et acquitté en 2006. Il avait déjà été accusé de vol aggravé en mai 2006, et condamné à deux ans et huit mois de prison pour avoir placé un engin explosif (qui n’a pas explosé) devant une boucherie d’Arezzo, en Toscane. La police l’avait également arrêté à bord de sa voiture et saisi des brochures anarchistes insurrectionnalistes détaillant la fabrication d’engins incendiaires et explosifs.