Mercredi 19 août, Facebook a décidé de s’attaquer aux « mouvements et organisations liés à la violence » en supprimant des pages et comptes enregistrés sur son réseau. Le communiqué officiel expliquant leur décision stipule : « Aujourd’hui, nous prenons des mesures contre les pages Facebook, les groupes et les comptes Instagram liés à des groupes anarchistes hors ligne qui soutiennent des actes violents durant les manifestations, à des organisations de milices basées aux États-Unis et à QAnon. (…) En ce qui concerne les groupes de milices et ceux qui encouragent les émeutes, dont certains peuvent s’identifier comme Antifa, nous avons commencé par supprimer plus de 980 groupes, 520 pages et 160 publicités de Facebook. » Le communiqué précise par ailleurs : « Et tout acteur ou groupe non-étatique correspondant au critère d’individu ou organisation dangereux sera banni de notre plateforme. » Les pages des collectifs anarchistes crimethInc et itsgoingdown, par exemple, ont été supprimées, parmi d’autres.

CrimethInc.

Le 12 août, les anarchistes Alexander Frantskevich et Akihiro Khanada ont été arrêtés en Biélorussie. Frantskevitch est un ex-prisonnier politique, emprisonné de 2010 à 2013 pour des accusations d’attaque de bâtiments gouvernementaux (voir notre article). La police l’a désigné comme le « leader du groupe anarchiste le plus radical du pays, Action Révolutionnaire ». Il est actuellement inculpé pour « organisation d’émeutes de masse », risquant de 5 à 15 années dans les prisons de la dictature. Concernant le second anarchiste emprisonné, Akihiro Hanada, nous ne savons pas encore de quoi il est accusé. Les télévisions d’État ont directement accusé les anarchistes russes et biélorusses d’être les « coordinateurs des émeutes » Frantskevich et Akihiro risquent donc une longue peine d’enfermement pour avoir combattu la dictature. Rappelons que l’anarchiste Nikita Yemelyanov est toujours emprisonné en Biélorussie, condamné à 4 ans de prison pour avoir mené des actions symboliques contre des bâtiments judiciaires ainsi qu’une unité d’isolement à Minsk. Vous pouvez envoyer vos témoignages de soutien à : revolutionaruaction@riseup.net

Les anarchistes emprisonnés en Biélorussie

 

Après 18 mois de clandestinité, Carla Tubeuf a été arrêtée dimanche, à Saint-Etienne. Cette anarchiste de 32 ans, visée par un mandat d’arrêt européen pour « association de malfaiteurs terroristes », a été présentée au parquet général de Paris, auprès de qui elle aurait accepté d’être remise aux autorités italiennes. La police italienne l’accuse d’être impliquée dans une tentative d’incendie contre un bureau de poste en avril 2016.

Au début du mois, un autre militant interpellé en juin, lui aussi dans la Loire, avait été remis à l’Italie. Roberto Cropo, 34 ans, est suspecté d’avoir participé à l’attaque à l’explosif d’une caserne de carabiniers en décembre 2017 à Rome.

La personne filmée lors de la tentative d'incendie du bureau de poste

A l’aube du vendredi 24 juillet, le Procureur et la police ont effectué plusieurs perquisitions et ont arrêté Francisco Solar et Monica Caballero, accusé.e.s de différentes actions avec des engins explosifs à Santiago.

Francisco Solar est accusé d’être la personne qui s’est rendue, en juillet de l’année dernière, dans un bureau de poste pour envoyer deux colis piégés : un qui a explosé dans le commissariat de Huechuraba, en faisant un blessé grave (voir notre article), et une autre qui a été désamorcée dans le bureau de Rodrigo Hinzpeter, ancien ministre de l’Intérieur et actuel directeur du groupe Quiñenco. On attribue à Mónica Caballero le placement, avec Francisco Solar, de deux bombes dans les jardins de l’immeuble Tánica, à Vitacura, le 27 février dernier. Toutes les deux avaient été désactivées par les carabiniers. Francisco Solar et Monica Caballero avaient été détenus en Espagne, puis libérés et expulsés au Chili. voir notre article)

Le commissariat de Huechuraba après l'explosion

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Dix voitures du SPVM (Service de police de la Ville de Montréal) ont été incendiées. L’attaque s’est produite près du poste de quartier 44, à l’intersection du boulevard Saint-Joseph et de la rue d’Iberville, pendant la nuit de samedi 17 à dimanche 18. L’incendie a endommagé dix véhicules. Sept d’entre eux sont des pertes totales. Selon la police, une caméra de surveillance en enregistré trois personnes en train de s’approcher des véhicules de patrouille avec des objets incendiaires.

L’action a été renvendiquée sur le site Montréal contre-information:  » Les flics sont des assassins. On a brûlé leurs voitures. Tu peux le faire aussi. On a utilisé 3 engins incendiaires : des bouteilles de plastique à bases carrées remplies au 3/4 avec un mélange d’essence et d’huile à moteur. On a utilisé de la super colle pour attacher deux cubes allume-feu emballés individuellement (que tu peux trouver dans les magasins de camping, les quincailleries ou les épiceries) sur le côté de chaque bouteille. Pour chaque voiture, on a placé une bouteille couchée sur le coté (avec le cube vers le haut) et on l’a poussé sous un pneu de la voiture puis allumé le cube. On a choisi des engins qui prennent complètement en feu environ une minute après les avoir placé sous les voitures. On a voulu augmenter nos chances de quitter sans se faire remarquer tout en diminuant les chances que les engins soient éteints trop tôt. Pour un monde sans la police et sans l’ordre suprémaciste blanc qu’ils défendent. Solidarité avec les insurgé.e.s noir.e.s et avec tous.tes celles et ceux qui se battent. Des anarchistes » (source)

Les voitures incendiées

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Plusieurs anarchistes encourent de lourdes peines suite à leur arrestation dans le cadre d’une répression qui s’intensifie. Trois d’entre eux ont été interpellés pour des tags qui ont été qualifiés de “crimes graves”. Les tags incriminés sont : «sudah krisis, saatnya membakar ” (il y a déjà une crise, il est temps de brûler) et” melawan atau mati konyol » (combattre ou périr). Peu de temps après, deux autres anarchistes ont également été arrêtés par la police à Tangerang et Bekasi. Suite à leur arrestation, ils ont été frappés et torturés, ils ont eu la tête enveloppée dans des sacs en plastique et ont été gardés au commissariat en dehors de tout statut légal, sans que ni leurs proches ni leurs avocats ne puissent avoir des nouvelles ni intervenir. Ils font actuellement l’objet d’un procès dans lequel ils encourent jusqu’à 10 ans de prison. Deux autres, qui sont encore mineurs, sont déjà condamnés à 4 mois de prison (voir l’appel à la solidarité).

Un des tags incriminés

Lundi 29 juin dans la matinée, une vingtaine de policiers liégeois ont investi le centre social autogéré Entre-Murs Entre-Mondes. La police a utilisé la « loi anti-squat » pour entrer sans mandat sur les lieu (voir notre article). Le commissaire Jadoul, en charge de l’opération, a, à ce titre, répété plusieurs fois qu’il reviendrait dans le centre social, le matin, la nuit, demain ou la semaine prochaine, si bon lui semblait. La police a contrôlé les identités de tout le monde et deux personnes ont été arrêtées avant d’être libérées plus tard dans la journée. Un rassemblement, d’une cinquantaine de personne, s’était tenu devant le commissariat Natalis pour les soutenir. Une des deux personnes étant sans-papier, la police a pris ses empreintes et envoyé son signalement à l’office des étrangers. Une vidéo du raid ici.

Raid policier contre un centre social autogéré

Raid policier contre un centre social autogéré

L’agence Europol a publié un nouveau rapport intitulé « L’état du terrorisme dans l’Union européenne en 2020 ». Le rapport recense 26 attaques de groupes issus de la gauche révolutionnaire pour 2019. Ces attaques ont toutes eu lieu en Grèce, Italie ou Espagne. Le nombre d’arrestations sur suspicion d’infractions « terroristes » a plus que triplé (111 en 2019 contre 34 en 2018), par rapport aux années précédentes. La majorité des arrestations étaient liées à des « manifestations violentes » et à des confrontations avec les forces de sécurité en Italie. Le rapport signale également que le soutien au Rojava reste un sujet important pour les groupes de gauche et annonce qu’un certain nombre de militant·es sont suspecté·es d’avoir rejoint les organisations militaires du Rojava. En Belgique, le rapport annonce que « des groupes et des individus des anarchistes et ainsi que des mouvements extrémistes de gauche constituaient une menace persistante pour l’ordre public, en particulier lors des manifestations violentes des Gilets Jaunes ».

Le rapport mentionne également l’utilisation des moyens informatiques par les mouvements de la gauche révolutionnaire qui ont une haute sensibilité à la sécurité informatique. Ils utilisent des téléphones mobiles « propres » et des applications cryptées pour la communication. Les mouvements utilisent leur propres infrastructures tels que Riseup.net, Espiv, Noblogs, ainsi que des infrastructures commerciales plates-formes telles que Signal et Telegram. Inversement, certains groupes adoptent délibérément des méthodes rudimentaires. Ils évitent tout ordinateur ou communication téléphonique, ainsi que l’utilisation de voitures ou les GPS pour éviter le traçage de leurs mouvements.

Au niveau de la Turquie, le rapport mentionne le DHKP-C qui continuerait d’utiliser l’Union Européenne comme base pour soutenir ses opérations en Turquie. Il indique également que le PKK « n’a encore commis aucune attaque terroriste sur le territoire de l’Union européenne », et qu’il « organise des rassemblements et des manifestations en Europe sur les questions liées aux Kurdes, dont la plupart sont pacifiques ». Le rapport souligne que les membres et sympathisants du PKK continuent à participer à des activités légales pour collecter des fonds de soutien, et dit : « Il semble que la principale source de revenus soit la campagne annuelle de collecte de fonds et les événements culturels ».

Le rapport complet ici.

L'agence Europol sort un nouveau rapport sur le "terrorisme"

L’agence Europol sort un nouveau rapport sur le « terrorisme »

Lundi 22 juin, un tribunal militaire de Saint-Pétersbourg a condamné deux autres militants anarchistes, accusés dans l’affaire « Network », à des peines de prison. Viktor Filinkov a reçu une peine de 7 ans et Yuly Boyarshinov une peine de 5,5 ans dans une colonie pénale. Le juge a également ordonné la destruction des éléments de preuve dans l’affaire. Filinkov et Boyarshinov ont été arrêtés par le Service fédéral de sécurité russe (FSB) en janvier 2018. Filinkov a été torturé au cours de l’enquête afin de lui extorquer des aveux. Les agents du FSB menaçaient également d’aggraver les conditions de détention de Boyarshinov s’il ne coopérait pas à l’enquête.

Les soutiens de Filinkov et de Boyarshinov se sont réunis à l’extérieur et à l’intérieur du tribunal pour manifester leur solidarité. Des chants de « liberté aux prisonniers politiques » et « l’antifascisme n’est pas du terrorisme » ont été scandés dans la salle d’audience lors de la lecture du verdict. Plus de 20 personnes participant à la manifestation ont été arrêtées, y compris trois à quatre personnes qui jouaient du tambour devant le tribunal, un homme qui s’est enchaîné à une clôture et a allumé une fusée éclairante, et Yana Sakhipova, l’épouse de Boyarshinov, qui a été détenue à l’intérieur du tribunal.

La plupart des accusés dans l’affaire Network sont des antifascistes et des anarchistes. Ils sont accusés d’avoir participé à une “communauté terroriste anarchiste” créée en 2015 dans le but de déclencher une “déstabilisation du climat politique dans le pays” en posant des bombes lors des élections présidentielles russes de 2018 et de la Coupe du monde de football. Le Réseau aurait des cellules fonctionnant à Moscou, à Saint-Pétersbourg, à Penza et en Biélorussie. Plus tôt cette année, sept anarchistes russes, également accusés de participation au groupe « Réseau », ont été condamnés pour des infractions terroristes à des peines de prison totalisant 86 années (voir notre article).

Viktor Filinkov et Yuly Boyarshinov

Viktor Filinkov et Yuly Boyarshinov

Jeudi 11 juin, la Cour provinciale a rejeté la demande d’annulation du mandat d’arrêt européen qui avait mené à l’arrestation de Gabriel Pombo Da Silva au Portugal (voir notre article). Gabriel Pombo Da Silva est un militant anarchiste qui avait libéré en 2016 après 30 ans de prison. Cependant, l’état espagnol veut lui faire purger un supplément de peine de dix ans de prison pour des faits datant des années ’90. Il se trouve toujours à la prison de Badajoz où on l’empêche d’accéder à son courrier. Plus d’infos ici.

Gabriel Pombo da Silva

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