Le ministère de la Sécurité maintient Jones Huala dans le régime pénitentiaire le plus dur. Jones Huala est détenu depuis juin à Rawson, après avoir revendiqué l’utilisation de méthodes violentes pour défendre la cause mapuche (notre article ici). Il y a quelques jours, Jones Huala a entamé une grève de la faim pour exiger son transfert à la prison d’Esquel, prison de régime U14, régime carcéral moyen, afin d’être plus proche de sa famille. Grève qu’il a suspendu  lorsqu’il a obtenu l’autorisation judiciaire d’y être transféré. Quelques heures après l’audience, le directeur du régime correctionnel de la nation, Gabriel Aquino, s’est opposé à cette décision s’appuyant sur les antécédents du leader mapuche et le niveau moins élevé de sécurité.

Lundi 8 septembre, le lonko (représentant mapuche) de la communauté de Cushamen devait retrouver sa liberté après avoir été poursuivi par le ministère de la Sécurité pour ses déclarations lors de la présentation de son livre de poèmes, en février. Il est accusé d’association illicite, d’apologie du crime et d’atteinte à l’ordre public pour des déclarations dans lesquelles il a revendiqué la méthodologie des sabotages et des incendies contre les machines forestières. Le bureau du procureur a demandé que la procédure soit abordée comme une « affaire complexe », ce qui signifie que la période de l’enquête est autorisée jusqu’à deux ans, avec possibilité de prolongation pouvant aller jusqu’à six ans. La détention préventive de Jones Huala qu’il purge dans l’unité pénitentiaire 6 de Rawson, où il se trouve depuis juin, a été prolongée jusqu’au 6 décembre.

À Santiago au Chili, 57 personnes ont été arrêtées lors d’affrontements avec la police ce dimanche 7 septembre, durant la marche annuelle en mémoire des victimes de la dictature d’Augusto Pinochet. Le cortège avait lieu quelques jours avant le 52e anniversaire du coup d’État dirigé par Augusto Pinochet le 11 septembre 1973, qui avait fait tomber le gouvernement du socialiste Salvador Allende. Quelque 2.000 manifestants se sont réunis aux abords du palais présidentiel de La Moneda, dans le centre de Santiago, et ont ensuite marché vers le Cimetière général, situé à environ quatre kilomètres au nord. Ces personnes ont été arrêtées pour des délits tels que la fabrication et le jet d’engins incendiaires, des troubles à l’ordre public, des dégradations. Les manifestants ont riposté aux lancers de gaz lacrymogènes et à l’usage des lances à eau par des jets de pierres, des fusées éclairantes et des cocktails Molotov. Les affrontements entre des dizaines de manifestants cagoulés et des agents des forces de l’ordre ont eu lieu près du palais de La Moneda, à des carrefours et aux abords du cimetière.

Samedi 30 août, le militant anarchiste vegan straight edge Panda a été libéré après près de trois ans de prison, avec l’imposition de purger le reste de sa peine sous forme d’arrestations domiciliaires partielles et avec un bracelet électronique. Il avait été arrêté avec Ita, Tortuga et Ru pour une action incendiaire contre une filiale de l’entreprise de viande Susaron, dans le nord de l’agglomération de Santiago, en septembre 2022.

Après sa sortie de l’hôpital de la gendarmerie il y a quelques jours, Mauricio Hernández Norambuena attendait d’être transféré au complexe pénitentiaire de Rancagua, où il purge sa peine (voir notre article). En arrivant pour lui rendre visite, sa famille a appris qu’il avait été transféré le 29 août à l’Établissement Pénitentiaire Spécial de Haute Sécurité (REPAS), sans aucune raison pour ce changement d’établissement. Ce lieu a une politique d’isolement stricte, où les détenus n’ont pas de visites en personne, seulement deux heures d’accès à la cour, aucune visite d’amis et aucun accès aux activités sportives ou culturelles.

En août 2025, un mois d’action et de propagande a été organisée dans de nombreux pays en hommage aux militants anti-autoritaires Lupi, Tortuga et Belén décédés l’année dernière (lire ici). À cette occasion, la prisonnière politique anarchiste Mónica Caballero a écrit une déclaration (lire en intégralité ici).

[…] Nous comprenons aujourd’hui que le système de domination capitaliste et hétéropatriarcal est étroitement lié à des relations sociales et culturelles complexes, ainsi qu’aux structures matérielles et aux personnes qui les soutiennent. Par conséquent, et d’un point de vue anarchiste, je me pose (et je me pose depuis plusieurs années) les questions suivantes :

Comment réaliser un saut qualitatif décisif, au-delà de l’attaque symbolique ? Est-il vraiment possible de « frapper là où ça fait mal » le système capitaliste, dans un monde où les rapports de domination ont atteint un réseau de réseaux à travers le monde ?

Les réponses à ces questions ont changé à mesure que j’ai compris comment la domination s’est développée et a persisté, et j’ai essayé d’agir sur ces réponses en façonnant les nombreuses façons dont nous pouvons détruire tout ce qui empêche le plein développement de chaque individu.

Sur le long chemin parcouru par la manière dont la violence politique anti-autoritaire s’exerce, les succès et les échecs doivent nécessairement être une expérience d’apprentissage collectif pour ceux d’entre nous qui se tiennent du même côté. […]

Le 22 juillet, des jeunes manifestants cagoulés sont sortis du Lycée José Victorino Lastarria, érigeant des barricades, affichant des tracts et des banderoles, et lançant des cocktails Molotov sur la police en solidarité avec Aldo et Lucas Hernández, deux anarchistes qui sont en cours de jugement pour leurs actions à l’explosif. Une pareille initiative avait déjà eu lieu le 10 juillet à l’Université du Chili (USACH). Aldo et Lucas ont rendu public un communiqué de salut et de gratitude à propos de ces actions.
Lien vers le communiqué

Ancien membre du Front patriotique Manuel Rodríguez (FPMR), Mauricio Hernández Norambuena est un prisonnier politique malade et subit un régime carcéral particulièrement sévère (voir notre article). Le 3 juillet dernier, la Cour suprême a annulé la mesure limitant le nombre de personnes autorisées à lui rendre visite en prison. Selon la Cour suprême, la décision de la gendarmerie portait atteinte à la dignité du détenu et n’était pas suffisamment motivée. Ses soutiens ont accueilli cette nouvelle comme une première victoire qui pourrait être un point d’appui pour la défense des droits des personnes privées de liberté. 

Mercredi 25 juin, Mauricio Hernández Norambuena, ancien membre du Front patriotique Manuel Rodríguez (FPMR), a été transféré au Centre de détention préventive de Santiago Sur après un long séjour à l’hôpital pénitentiaire de Rancagua en raison d’un grave problème de santé. Connu sous le nom de « Commandant Ramiro », il est âgé de 67 ans et a perdu 4 kilos soudainement après avoir présenté des symptômes tels que fièvre, sueurs, fatigue, douleurs musculaires intenses et crampes. Il est soumis à des mesures de sécurité strictes en étant surveillé en permanence par trois agents, notamment parce qu’il a participé à « l’Évasion du Siècle » du 30 décembre 1996 qui a profondément traumatisé les autorités chiliennes.

La famille de Hernández Norambuena a publié un communiqué exprimant son inquiétude face aux symptômes qu’il présente depuis des semaines et critiquant le peu d’informations fournies par les autorités. Le transfert a eu lieu quelques jours après cet avertissement. Parallèlement, plusieurs manifestations sont organisées pour exiger la libération du militant internationaliste condamné à plusieurs dizaines d’années de prison au Brésil et au Chili.

L’anarchiste Francisco Solar (voir nos articles) était détenu depuis presque cinq ans à l’isolement, dans différents sections de sécurité maximale. Un durcissement du régime carcéral le gardait enfermé dans sa cellule pendant 21 heures par jour, sans télévision ni radio et avec des restrictions dans les parloirs. Après de nombreuses audiences et des chambres de conseil techniques, l’Administration pénitentiaire chilienne a été à court de prétexte pour maintenir ce régime punitif. Francisco est enfin sorti de l’isolement et été transféré dans la section n°33 de la prison La Gonzalina, où se trouvent d’autres prisonnier.es révolutionnaires.