Cela faisait un mois que les FARC observait une trêve unilatérale en marge des pourparlers en cours avec le gouvernement colombien. Entamée le 15 décembre dernier, elle a donc pris fin ce mardi à minuit. Et contrairement à certaines rumeurs, elle ne sera pas prolongée. Dans un communiqué, les FARC ont déclaré leur intention de mettre un terme à ce cessez-le-feu unilatéral durant lequel l’armée a poursuivi ses offensives. ‘Nous, les FARC, informons le peuple de Colombie et le monde du respect total de la parole donnée, malgré les agressions et les provocations permanentes des forces armées gouvernementales’.

Une offensive de l’armée s’est déroulée dimanche dernier dans une zone difficile d’accès à Cubarral, une localité de la province de Meta, une des régions où opèrent les FARC. Dix membres des FARC auraient été tués, parmi lesquels Pedron Lain Parra, l’un des responsable d’une unité régionale. Sur les lieux du combat, situés à 3000 mètres d’altitude, les militaires ont également saisi des fusils, des mitrailleuses et des équipements de communication. Lundi dernier, les FARC avaient mitraillés un hélicoptère de la police, faisant deux blessés, dans le nord du pays.

Dans son édition d’hier, le Washington Post déclare qu’un programme secret de la CIA avait été mis en place pour aider le gouvernement colombien à tuer plusieurs dizaines de dirigeants des FARC. L’agence a également procuré une ‘aide substantielle d’écoute’ au gouvernement. Enfin, les américains ont fourni des équipements GPS grâce auxquels les munitions traditionnelles peuvent être transformées en ‘bombes intelligentes’. Celles-ci peuvent atteindre des cibles spécifiques, même dans la jungle. Ce programme de plusieurs millions de dollars a été financé secrètement et séparément du programme de 9 milliards de dollars procuré ouvertement à la Colombie par les autorités américaines. Celui-ci fut autorisé par Georges Bush et s’est poursuivi sous Barack Obama.

A partir du 15 décembre prochain, la guérilla des FARC observera un cessez-le-feu unilatéral pendant trente jours. Cette annonce a été faite via un communiqué rendu public hier à La Havane par Jesus Santrich, Ivan Marquez et Pablo Catatumbo: ‘De manière unilatérale, nous ordonnons à toutes nos unités (…) de cesser le feu et les hostilités pendant trente jours’. Cela fait maintenant plus d’un an qu’un processus de négociations est en cours entre les FARC et le gouvernement colombien. Au démarrage des discussions, la guérilla avait déjà observé un cessez-le-feu de deux mois, celui-là aussi unilatéral. Le gouvernement exclu, depuis le début, de relâcher la pression militaire avant qu’un accord ne soit conclu. L’armée poursuit donc régulièrement ses offensives.

Santrich, Marquez et Catatumbo

Santrich, Marquez et Catatumbo

Un commissariat de la ville d’Inza, dans le sud-ouest du pays, a été pris d’assaut et a été totalement détruit par l’explosion d’une bombe et des tirs de mortiers ce samedi matin. Huit personnes, parmi lesquelles des soldats, des policiers et deux civils, ont été tués dans l’attaque que les autorités ont attribuée aux FARC.

Attaque contre un commissariat à Inza

Attaque contre un commissariat à Inza

Les forces armées colombiennes ont tué dix guérilleros de l’ELN et en ont blessé deux autres au cours d’une vaste offensive menée dans le nord-est du pays. Selon le communiqué des autorités militaires, une opération conjointe des différentes forces armées nationales (force aérienne, armée, marine) dans la municipalité de Tame (Arauca) a donné lieu à un violent affrontement ayant entrainé ces nombreuses victimes. Les guérilleros présumés appartiendraient au front Domingo Lain Saenz de l’ELN. Suite au combat, les soldats ont également saisi des armes, des explosifs et des équipements militaires. Le président Juan Manuel Santos a réagi par un tweet dans lequel il a déclaré que les offensives contre la guérilla se poursuivraient tant qu’un accord de paix ne serait pas signé.

Armée colombienne en opération

Armée colombienne en opération

Oscar López Triviño, un syndicaliste de Nestlé a été tué samedi à Bugalagrande, en Colombie, alors que quatre employés locaux du groupe vaudois mènent une grève de la faim. Ils exigent que le numéro un mondial de l’alimentation respecte la convention collective de travail signée avec le syndicat Sinaltrainal. Sinaltrainal avait reçu des menaces de mort avant le décès de l’employé de Nestlé, signées par l’organisation paramilitaire « Los Urabeños ». Nestlé délégitime et diffame les membres Sinaltrainal, ce qui équivaut à les désigner pour cible aux cibles des paramilitaires. Quatorze employés de Nestlé en Colombie avaient déjà été tués par le passé. D’autres ont survécu à des attentats ou ont quitté la région suite à des menaces.

Oscar López Triviño

Oscar López Triviño

Accusé par la guérilla d’être impliqué dans une opération de contre-insurrection, l’ancien Marine Kevin Scott avait été capturé en juin dernier par les FARC alors qu’il voyageait à pied vers le Brésil. Il a été remis aujourd’hui à des représentants de la Croix-Rouge après être resté détenu dans une zone forestière du sud de la Colombie.

Cela fait plusieurs jours que des communautés indigènes ont déclenché un mouvement de contestation à travers le pays à l’appel de l’Association Minga, qui en regroupe un grand nombre. De vastes rassemblements ainsi que de nombreux blocages routiers sont organisés depuis lundi, entraînant régulièrement une intervention musclée des forces de l’ordre. Les affrontements les plus intenses entre les policiers et les indigènes ont eu lieu dans le nord du département de Cauca et dans la province de Risaldara, située dans le centre du pays. L’armée est également intervenue en divers endroits, faisant usage de gaz lacrymogène, de balles en caoutchouc et de jets d’eau. Certains témoins ont même fait état de tirs à balles réelles. Au moins 130 personnes ont été blessées et 40 interpellées depuis le début de la semaine. Les autochtones réclament de meilleures conditions de vie, celles-ci passant par un réel accès à la terre ainsi que par l’arrêt des accords passés par le gouvernement avec des sociétés privées étrangères pour l’exploitation des ressources minières. Ils réclament également une meilleure participation et représentation politique des diverses communautés.

Répression d’une manifestation indigène en Colombie

Répression d'une manifestation indigène en Colombie