Des centaines de manifestants ont envahi un tribunal d’Alexandrie, dimanche 20, brûlant des meubles et des documents devant le bâtiment où l’ancien directeur de la sécurité de la ville et cinq autres policiers d’autres responsables sont actuellement jugés en lien avec les décès de plusieurs protestataires lors du soulèvement de 2011 en Égypte.

Le mouvement de colère a été provoqué par la décision du juge chargé d’examiner le meurtre de manifestants en 2011 de transférer le dossier à une autre cour après un échange houleux avec les avocats des plaignants. La veille, la police antiémeute égyptienne a utilisé du gaz lacrymogène pour disperser des dizaines de manifestants qui lançaient des pierres samedi à l’extérieur du tribunal d’Alexandrie À Alexandrie, tout comme ailleurs en Égypte, des milliers de manifestants sont descendus dans les rues au cours des deux dernières années exigeant « qisas », revanche en arabe, pour ceux tués lors d’affrontements avec les forces de sécurité. Près de 100 policiers ont été traduits en justice jusqu’à maintenant pour avoir tué ou blessé des contestataires depuis la destitution de Moubarak, le 11 février 2011. Tous les cas se sont soldés par un acquittement ou une sentence avec sursis.

Des centaines de milliers de personnes sont rassemblées depuis ce mardi sur la Place Tahrir au Caire et dans la plupart des grandes villes égyptiennes dont Suez et Alexandrie, point culminant d’une mobilisation qui s’est intensifiée il y a un peu plus d’une semaine. Selon les dires mêmes de sbires du nouveau régime, le gouvernement de Mohamed Morsi peut difficilement se permettre de réprimer comme il le voudrait alors qu’il tente de prouver cette semaine aux financiers et créanciers que le nouveau gouvernement ne sera pas aussi sanglant que celui de Hosni Moubarak, des émeutes avaient intimidé ces derniers la semaine passée. Ceci n’a pas empêché la mort de plusieurs manifestants par intoxication au gaz lacrymogène et la désertion de policiers anti-émeutes.

La police au travail en Egypte

La police au travail en Egypte

Les protestations contre la décision du 22 novembre du président égyptien de s’accorder des pouvoirs exceptionnels, plaçant notamment ses actes à l’abri de tout recours en justice, prennent de l’ampleur. Plusieurs cortèges ont convergé sur la place Tahir pour dénoncer le président et le mouvement des Frères musulmans, dont il est issu. Comme tous les jours depuis une semaine, des heurts sporadiques ont eu lieu entre des jeunes et la police. Un militant de l’Alliance populaire, un petit parti de gauche, est mort asphyxié. Il s’agit du troisième décès provoqué par les troubles de ces derniers jours.

Dans le delta du Nil, à Mahalla, les opposants s’en sont pris au siège du parti dont est issu le président. Le parti, issu des Frères musulmans, a recensé 80 blessés dans ses rangs dans des heurts avec des opposants. Ceux-ci s’en sont aussi pris aux locaux de la confrérie à Mansoura, ainsi qu’à Alexandrie. A Charm el-Cheikh, à Tanta, Assiout, Sohag et Minya, des rassemblements ont également eu lieu.

Egypte: Décès d’un manifestant

10/10/2012

Egypte: Amnistie

Le président égyptien a gracié lundi tous les prisonniers politiques incarcérés depuis le début de la révolution qui a chassé Hosni Moubarak début 2011, sauf ceux condamnés pour meurtre. Cette mesure concerne les personnes en détention préventive, qui attendaient leur procès, et celles déjà condamnées. Des milliers de civils ont été jugés par des tribunaux militaires lors des mois de vide politique qui ont suivi la chute de Moubarak en février 2011. Il y aurait actuellement 5.000 détenus politiques en Egypte.

Un travailleur a été tuée et sept autres blessés lors d’affrontements entre la police et les travailleurs en lutte de la centrale électrique d’Aboukir, près d’Alexandrie, ce samedi. Les manifestants s’étaient réunis pour protester et avaient séquestrés les directeurs de la société. Les heurts ont éclaté après que des Forces de sécurité aient tenté de disperser la foule. Plus de 500 manifestants ont résisté, les forces de sécurité ont alors tiré dans la foule.

Egypte: Répression meurtrière d’une manifestation ouvrière

La police égyptienne a affronté les ouvriers grévistes de Ceramica Cleopatra tandis que ces derniers prenaient d’assaut des bâtiments gouvernementaux dans la ville de Suez. Les grévistes reprochent aux autorités leur négligence quand il s’agit d’obliger Ceramica Cleopatra à respecter les conventions collectives et à payer ses ouvriers. Ceramica Cleopatra produit des tuiles et du matériel sanitaire, elle emploie en Egypte 12.000 ouvriers.

Egypte: Affrontement entre policiers et ouvriers grévistes

Une manifestation dans le centre du Caire a dénoncé ce vendredi la pratique des autorités militaires qui avaient fait pratiquer des tests de virginité sur des manifestantes arrêtées. Au moins sept femmes arrêtées ont été forcées de subir des tests de virginité après la manifestation du 9 mars 2011 au Caire, qui avait été réprimée violemment d’abord par des des hommes en tenue civile, puis par l’armée. Les manifestants ont brandi des portraits de Samira Ibrahim, une jeune militante qui a publiquement dénoncé ces tests de virginité. Sa décision de dénoncer cette pratique au grand jour a ébranlé les tabous de la société égyptienne, où les femmes victimes d’abus sexuels sont plus souvent critiquées que leurs agresseurs. Samira Ibrahim a porté plainte contre un médecin militaire, l’accusant de l’avoir soumise à un test de virginité l’an dernier après son arrestation par l’armée durant une manifestation. « Tu es plus honorable que ceux qui t’ont humiliée », a scandé les quelques centaines de manifestants.

Un tribunal militaire a innocenté le médecin militaire dimanche, citant des contradictions entre les témoignages des témoins. Samira Ibrahim a cependant remporté une autre poursuite, en décembre, quand un tribunal civil a ordonné aux dirigeants militaires du pays de cesser de mener des tests de virginité sur les femmes détenues. Il s’agissait d’une rare condamnation d’une pratique militaire par un tribunal civil en Égypte.

Egypte: Manifestation contre les tests de virginité sur les manifestantes arrêtées

Les affrontements de jeudi soir ont continués dans les rues égyptiennes quand des groupes de jeunes révolutionnaires et ‘Ultras’ ont appelé à un ‘vendredi de la colère’ et ré-occupé la légendaire Place Tahrir.

Affrontements en Egypte

Ce sont les ‘Ultras’ qui prennent la main dans ce nouveau regain de
violence, supporteurs de football connus pour leur culture du
non-compromis et pour leur soif d’affrontements avec la police, haïs par
le pouvoir et décrits par les médias comme « communistes » et « athées ». Ils seraient le second groupe d’influence politique après les Frères Musulmans, ils ont développés leur autonomie depuis plusieurs années au vu du manque d’affinité qu’ils partagent avec le régime (tant celui de Mubarak que celui du CSFA) et ont des moyens techniques adaptés au contexte politique actuel (diffusion de tracts, par exemple). Banques, commerces, structures répressives et étatiques ont été saccagée vendredi à Suez alors que deux insurgés sont morts par balle lors de l’attaque de la Direction de la Sécurité. Vendredi au Caire, deux personnes sont mortes asphyxiées par les gaz lacrymogènes, et une autre a été tuée par balle quand la police a ouvert le feu sur des manifestants qui avaient réussi à défoncer l’un des murs qui protège le Ministère de l’Intérieur . Un soldat a été tué et un officier écrasé par un blindé. Alors que les blindés chargeaient les manifestants aux abords du Ministère de l’Intérieur, les Ultras ont sortis une pancarte ‘Ceux qui ne méritaient pas de mourir sont morts par la main de ceux qui ne méritent pas de vivre’ avant de caillasser à tel point les blindés qu’ils durent faire demi-tour. De l’autre coté de la rue, d’autres incendiaient le bâtiment de l’Autorité des taxes.

Dans l’est du Caire, des hommes armés de mitraillettes ont attaqué et
incendié un commissariat, libérant du même coup les personnes qui y
étaient détenues. Dans un autre quartier, Dokki, 5 personnes ont tenté de voler l’arme d’un policier dans un commissariat, sans succès cette fois.

Affrontements en Egypte

L’opposition égyptienne a marché par milliers vers le bâtiment du
Ministère de l’Intérieur ce jeudi soir, attaquant les barrages de police
par jets de pierre. Ces derniers ont répliqués par des jets massifs de
grenade lacrymogène, blessant et asphyxiant 400 personnes dans les rangs
des manifestants. Deux manifestants seraient également décédés des suites des inhalations de gaz. Les manifestants sont descendus à la suite du match de foot connu sous le nom de ‘Drame de Port-Saïd’ où 74 personnes sont
décédées il y a quelques jours. ‘Ceci n’est pas un incident sportif mais
un massacre militaire’ scandaient les manifestants.

Selon certains commentateurs, le Drame de Port-Saïd serait une vengeance
des pro-CSFA (Conseil Suprême des Forces Armées). En effet, ce sont les
supporters de l’équipe gagnante qui ont attaqués -fait inhabituel- ceux de
l’autre équipe, cette dernière qui, le 2 février 2011 avait prit le parti
des manifestants de la ‘Bataille du Chameau’, journée noire de la
résistance égyptienne. Cette attaque de pro-CSFA sur des sympathisants
révolutionnaires, un an après la Bataille, avec une quasi-absence
exceptionnelle des forces de sécurité et d’équipes médicales (aucune
ambulance sur les lieux) ressemble fort à une vengeance de la part des
sympathisants du nouveau régime.

Affrontements en Egypte

Affrontements en Egypte

Les militants du collectif Askar Kazeboon (‘les militaires sont des
menteurs’) sévissent dans les rues du Caire. À l’aide d’un
vidéo-projecteur, ils diffusent en pleine rue les images des exactions
militaires. De l’aveu d’un membre du collectif, il s’agit de montrer aux
gens qui ne regardent pas youtube la violence du nouveau régime. Le 25 janvier, anniversaire de la ‘révolution égyptienne’, le collectif
comptait bien se rendre Place Tahrir pour diffuser de nouveaux films.

Collectif Askar Kazeboon en Egypte

Collectif Askar Kazeboon en Egypte