En mars, le gouvernement par intérim a approuvé un décret-loi criminalisant les protestations, grèves et sit-in troublant l’activité économique. La loi prévoit de graves sanctions à ceux qui appellent ou incitent à des sit-in, jusqu’à un an de prison et un demi-million de livres égyptiennes (60.000 €).

Mercredi 10 juin, des travailleurs égyptiens ont pris la rue pour réclamer de meilleurs conditions de travail, bravant la loi anti-grève. Les employés de Nasr Car (compagnie automobile d’État) ont demandé à leur direction de réhabiliter les travailleurs forcés à prendre leur retraite anticipée, les diplômés de l’université Al-Azhar ont commencé leur premier jour de grève de la faim, réclamant du travail dans l’université, les fermiers exploitants protestaient contre le gouvernement de les avoir spoliés de leurs terres, et les employés du nouvellement formé ministère de la Culture demandent des contrats de travail stables et des conditions décentes.

Le Premier ministre du gouvernement intérimaire a annoncé après le début de cette grève mettre en application la loi anti-grève. Peu après, police et forces anti-émeutes ont utilisé la force pour disperser la foule et ont arrêté au moins sept fermiers.

La police égyptienne avait fait usage vendredi soir de gaz lacrymogène contre des dizaines de personnes qui avaient attaqué le poste de police d’Ezbekiya, dans le centre du Caire, lançant des pierres et brûlant un véhicule de police (photo), après le décès d’un chauffeur de bus. Ce dernier avait eu jeudi une altercation avec un policier et avait été battu. Blessé et hospitalisé, le chauffeur est décédé vendredi. Sa famille a alors rassemblé des partisans, notamment place Tahrir où étaient réunis des manifestants dans la journée, avant de se diriger vers le poste de police du quartier d’Ezbekiya. Dix manifestants ont été blessés.

Egypte: Commissariat pris d’assaut

Les régimes arabes oscillent entre la répression sans frein (Lybie) et la tentative de calmer les mouvements populaires par des changements d’équipe gouvernementale, des concessions démocratiques, et des libération de prisonniers politiques.

Plusieurs milliers de manifestants ont marché vers la place de la Perle à Manama, capitale de Bahreïn, après la libération mercredi d’une centaine de prisonniers politiques. Au moins 300 prisonniers politiques resteraient en détention.

Les autorité égyptiennes avaient annoncé la libération à bref délai de 222 prisonniers, mais sans avancer de date. 108 libérations ont déjà eu lieu. Le Premier ministre reconnait 487 détenus politiques encore dans les prisons du pays, mais les groupes de défense des droits de l’homme affirment que des milliers d’Egyptiens ont été emprisonnés sans être inculpés aux termes des lois d’exception et que beaucoup d’entre eux peuvent être considérés comme des prisonniers politiques.

L’amnistie générale pour les prisonniers politiques est entrée en vigueur samedi en Tunisie. Elle bénéficie à tous ceux qui ont été emprisonnés ou qui ont été poursuivis pour des crimes suite à leurs activités politiques. Mercredi la libération conditionnelle avait déjà été accordée à 3.000 prisonniers.

Ce mardi, la police a tiré à balles réelles dans une foule de manifestants à El Khargo, à 400 kilomètres du Caire. Comme partout ailleurs dans le pays depuis plus de trois semaines, la population s’était rassemblée pour dénoncer le régime de l’actuel gouvernement égyptien. De violents affrontements se sont déclenchés entre les forces de l’ordre et les manifestants, et celles-ci n’ont pas hésité à leur tirer dessus. Trois personnes sont mortes et une centaines d’autres ont été blessées. La foule a réagi en mettant le feu à sept bâtiments officiels, dont deux commissariats, un tribunal et le siège local du parti au pouvoir.

Alors que l’on comptait hier, en Egypte, selon des sources médicales, au moins 92 personnes tuées et des milliers blessées depuis le début mardi de la contestation contre le président Hosni Moubarak en Egypte, (dont 85 lors des violents heurts vendredi et samedi entre manifestants et policiers), une manifestation de solidarité a été réprimée ce dimanche a Paris. 90 personnes ont été arrêtées à Charles de Gaulle – Etoile. 30 d’entre elles ont été transférées au commissariat du 18ème, rue de Clignancourt, métro Château Rouge. Selon le Comité de solidarité avec la lutte du peuple égyptien, seules 30 personnes auraient été relâchées

Un convoi rassemblant 520 personnes s’était réuni dans la ville portuaire d’Al Arish dans le but de faire parvenir de la nourriture et du matériel médical à la population gazaouie par le poste frontière de Rafah ce mardi. Mais la police égyptienne a renvoyé les activistes vers le check-point contrôlé par Israël, ce que les militants ont refusé. Selon leur porte-parole, si le convoi devait passer par là, il n’arriverait jamais à Gaza. S’en sont suivis de violents heurts entre les forces de l’ordre et les activistes refusant de quitter Al Arish. Les policiers ont fait usage de canons à eau afin de disperser la manifestation. Les manifestants ont répondu en lançant des pierres sur les forces de l’ordre qui ont répliqué par des jets de pierre et des coups de matraque. Plus de cinquante personnes ont été blessées dans ces affrontements, dont une quarantaine de militants pro-palestiniens.

Durant toute la dernière semaine du mois de décembre, et un an après l’agression israélienne contre la bande de Gaza, plus de 1.400 militants venus de 42 pays se sont rassemblés en Egypte. Leur objectif était de pénétrer dans la bande de Gaza par le poste frontière de Rafah dans une grande Marche pour la Liberté le 1er janvier pour y porter leur solidarité et faire valoir leur double revendication: la levée du blocus et la fin de l’impunité d’Israël.

Le 28 décembre, 250 européens ont tenté de rejoindre El-Arieh, dernière ville avant Rafah mais ont été stoppés à 80 kilomètres du Caire par la police égyptienne. Quelques jours plus tôt, l’Egypte avait opposé son veto à la tenue de cette marche, sous prétexte de la ‘situation sensible’ à Gaza et la fermeture du terminal douanier de Rafah. Mais cette interdiction n’avait pas empêché les militants de se déplacer. Finalement, seuls une centaine d’entre eux ont été autorisés à pénétrer en territoire palestinien. Le 31 décembre, les 1.300 autres ont manifesté au Caire, suscitant un énorme déploiement de forces de police. Ces dernières ont tenté de disperser le rassemblement par la force et ont blessé un militant qui a eu plusieurs côtes cassées. Durant leur présence en Egypte, les militants ont multiplié les initiatives, toujours sous l’oeil vigilant des forces de l’ordre.

Drapeau palestinien à Gizeh

Drapeau palestinien à Gizeh