Le 5 septembre dernier, l’ETA annonçait sa volonté d’aboutir à une solution démocratique au conflit par le biais d’une vidéo. Aujourd’hui, c’est sur le site du journal basque Gara que l’organisation a publié un communiqué dans lequel elle déclare: ‘L’ETA a décidé de déclarer un cessez-le-feu permanent et de caractère général qui puisse être vérifié par la communauté internationale’. En revanche, le communiqué ne mentionne pas la dissolution de l’organisation, ni l’abandon de la lutte armée, préalable exigé par le gouvernement espagnol avant toute discussion sur l’avenir du Pays-Basque. Gouvernement qui n’a d’ailleurs pas encore réagi à cette déclaration.

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Près de 40.000 personnes se sont rassemblées hier après-midi à Bilbao, à l’appel de différents collectifs basques. Elles ont défilé pacifiquement à travers la ville en scandant des slogans réclamant davantage de droits pour les membres emprisonnés de l’ETA. Etxerat, une association de parents de prisonniers de l’ETA affirme qu’ils sont dispersés en Espagne et en France, loin du Pays-Basque, ce qui rend difficile, voir impossible, les visites familiales en prison. Elle demande donc notamment leur rassemblement au Pays-Basque.

Manifestation pour les prisonniers d’ETA

Manifestation pour les prisonniers d'ETA

Arnaldo Otegi, ancien porte-parole de Batasuna, a comparu hier devant la plus haute instance pénale Audience Nationale dans le cadre d’un nouveau procès pour ‘apologie au terrorisme’. En mars 2010, il avait déjà été condamné à deux ans de prison sous le même chef d’accusation dans un dossier distinct, un hommage en 2005 à un membre de l’ETA en prison. Cette fois, les autorités l’accusent d’avoir fait ‘l’apologie du terrorisme’ durant un meeting organisé en novembre 2004 devant 15.000 personnes à San-Sebastian. Le parquet lui reproche notamment d’avoir autorisé la projection de vidéos rendant hommage à des chefs historiques de l’ETA (de l’époque de la résistance anti-franquiste!). Otegi, présent à l’audience, n’a accepté de répondre qu’aux questions de son avocate et à nié les faits. Ce procès doit se tenir jusque vendredi, et le jugement sera mis en délibéré. Otegi risque 18 mois de prison supplémentaires dans le cadre de cette affaire.

Otegi à son procès

Otegi à son procès

Dans une opération menée dans les trois provinces du Pays-Basque (nord), en Navarre (nord) et à Barcelone (est), la police espagnole a arrêté 14 militants présumés de Segi dans la nuit de jeudi à vendredi. Segi est un mouvement de la jeunesse basque considéré comme terroriste depuis 2007 car il est suspecté d’être un des viviers de l’ETA. Selon le gouvernement espagnol, les 14 personnes arrêtées ‘tentaient de mettre sur pied une nouvelle direction’ de l’organisation après les événements de novembre 2009 au cours desquels 25 jeunes militants avaient été arrêtés. L’opération menée la nuit dernière a mobilisé 300 agents du corps de police nationale. 37 perquisitions se sont déroulées dans diverses villes, et une importante documentation et du matériel pour fabriquer des ‘engins incendiaires’ ont été saisis.

Le parti socialiste au pouvoir et le parti populaire de l’opposition se sont mis d’accord ce mardi pour durcir la loi contre les partis et les élus de la gauche indépendantiste qui ‘soutiendraient’ ETA. Cette proposition viendrait compléter la mesure adoptée en 2003 qui avait notamment permis d’interdire Batasuna, d’interdire des organes de presse, des organisations de jeunesse, de famille de prisonniers, etc.. Les modifications permettraient, entre autre, de destituer les candidats jugés « proches » d’ETA, même une fois élus.

Uberka Bravo Corral, membre présumé d’Askapena (organisation de solidarité internationale de la gauche indépendantiste basque) a été arrêté ce mardi à Hendaye, dans les Pyrénées Atlantiques. Il faisait l’objet d’un mandat d’arrêt européen émis par un juge espagnol. Selon une source proche du dossier, Bravo Corra avait réussi à échapper à l’arrestation lors de l’opération menée le 27 septembre au cours de laquelle sept autres membres présumés d’Askapena avaient été arrêtés. C’est alors que le mandat d’arrêt le visant avait été émis. Il a été présenté aujourd’hui au parquet général de Pau pour statuer sur sa remise aux autorités espagnoles, qui le soupçonnent également de diriger une unité de l’organisation de jeunesse Segi.

Luis Maria Zengotitabengoa a été arrêté le 21 août dernier à Ostende au cours d’une opération conjointe des polices belge et espagnole dans le cadre d’un mandat d’arrêt européen délivré par l’Espagne. Il est soupçonné d’être en lien avec l’ETA et d’avoir notamment loué une fourgonnette qui a été interpellée lors d’un contrôle de routine en Espagne au mois de janvier. A la fin du mois d’août, la chambre du conseil de Bruges s’était montrée favorable à l’extradition du prisonnier vers l’Espagne. Devant le juge, Zengotitabengoa a affirmé ne pas être membre de l’ETA et qu’il avait informé lui-même la police belge de sa présence à Ostende. Dès lors, son avocat a fait appel de la décision d’extradition. Hier, la cour de Cassation a définitivement autorisé le renvoi du prisonnier vers l’Espagne. Il devrait être extradé dans les jours qui viennent.

Luis Maria Zengotitabengoa

Luis Maria Zengotitabengoa

Malgré les déclarations publiques de deux membres de l’ETA en début de semaine, dans lesquelles ils affirmaient le souhait de l’organisation d’avancer vers un règlement du conflit, la police espagnole poursuit ses actions de répression contre la gauche nationaliste.

Ce mardi, sept personnes soupçonnées d’appartenir à l’organisation basque Askapena (organisation de la gauche nationaliste basque de solidarité internationale) ont été arrêtées. Le 14 septembre, neuf membres présumés d’Ekin, considérés par le gouvernement comme le « coeur politique de l’ETA », avaient déjà été arrêtées. Les arrestations se sont déroulées dans diverses régions du Pays-Basque et il semblerait que parmi les personnes interpellées figure la fille d’une dirigeante de Batasuna. Tous les domiciles de ces personnes ont été perquisitionnées, tout comme un local utilisé comme siège de l’organisation, situé à Pampelune.

En réponse à l’appel lancé hier par plusieurs mouvements de la gauche indépendantiste (dont Batasuna), deux représentants de l’ETA ont accordé un interview au journal Gara. Au cours de cet entretien, ils ont annoncé que ‘l’ETA est disposée à faire cette avancée’, à savoir observer un cessez-le-feu permanent et vérifiable, ‘et même à aller plus loin si les conditions sont réunies pour cela’. Le Ministre de l’Intérieur espagnol a immédiatement réagi en affirmant que les déclarations et les interviews d el’ETA ne sont qu’une perte de temps et que le gouvernement attend de l’ETA qu’elle dénonce la violence définitivement.

Selon le journal indépendantiste basque Gara, Batasuna devrait, avec plusieurs autres mouvements indépendantistes, soumettre cet après-midi un accord pour un scénario de paix. Aucun détail sur son contenu n’a été confirmé, mais il semblerait que les signataires évoquent « un cessez-le-feu permanent, unilatéral et vérifiable par la communauté internationale » de la part d’ETA, qui soit l’expression de la volonté d’un abandon de son activité armée. Parallèlement, ils exigent de l’état espagnol l’abrogation de la loi qui a permis l’interdiction de Batasuna et la suspension des instructions judiciaires et procès en cours contre ses dirigeants.

Au début du mois, l’ETA avait annoncé qu’elle ne mènerait pas d’actions offensives armées, mais sans préciser si la trêve était temporaire ou non. Quinze jours plus tard, l’organisation s’était dite prête à dialoguer avec des médiateurs internationaux pour étudier avec eux les étapes nécessaires au processus démocratique, y compris les engagements que doit adopter l’ETA. Mais toutes ces annonces ont jusqu’à présent été jugées « insuffisantes » par le gouvernement espagnol.