Il semble se confirmer que l’homme qui a abattu trois policiers dimanche à Baton Rouge, en Louisiane, un jeune noir qui avait servi dans les Marines en Irak, voulait riposter contre les meurtres policiers en série. L’année dernière, Gavin Eugene Long avait fait légalement procéder au changement de son nom pour devenir Cosmo Ausar Setepenra, une façon de marquer son appartenance à un courant revendiquant une nation souveraine pour les Afro-Américains aux États-Unis. Son compte twitter dénonçait l’oppression des Noirs aux USA et affiramait: « La violence n’est pas LA réponse (c’est une réponse) ».

Baton Rouge a été marquée par de nombreuses manifestations contre les violences policières après la mort début juillet d’Alton Sterling, un vendeur ambulant noir abattu par un policier. Outre les trois policiers tués, trois ont été blessés, dont l’un se trouve dans un état critique. La semaine dernière, la police de Baton Rouge avait annoncé avoir arrêté trois personnes qui avaient pour projet d’assassiner des policiers.

Le lieu de la fusillade à Baton Rouge

Le lieu de la fusillade à Baton Rouge

De grandes manifestations contre les violences policières après la mort de Philando Castile, 32 ans, dans la banlieue de Minneapolis, dans le Minnesota, et d’Alton Sterling 37 ans, mardi à Bâton Rouge, capitale de la Louisiane, deux Noirs tués par les forces de l’ordre.

À Minneapolis, les manifestants se sont vus interdire l’accès à un festival de musique, puis ont bloqué un grand axe de circulation en début de soirée pendant environ deux heures. En dépit des consignes de dispersion de la police, les manifestants ont jeté pierres, bouteilles, armatures de construction sur la police, blessant au moins trois agents. Plusieurs personnes ont été arrêtées et la police a fait usage de fumigènes, de gaz lacrymogènes, de balles en caoutchouc et de cartouches de marquage pour disperser la foule. À Bâton Rouge, des altercations ont eu lieu entre la police et des militants des Black Panthers, dont certains portaient une arme, comme la loi le permet. Près de 30 personnes ont été arrêtées.

À Nashville, dans le Tennessee, les manifestants ont momentanément bloqué une route, comme à San Francisco, en Californie, où le trafic a été interrompu sur une bretelle d’autoroute, rapportent les médias locaux. À New York, où les manifestants ont rejoint Union Square sous la pluie depuis le City Hall, certains dans la foule chantaient : « Pas de police raciste, pas de justice, pas de paix. » La police de New York a annoncé avoir arrêté une dizaine de manifestants qui bloquaient un axe autoroutier.

Arrestation ce dimanche

Arrestation ce dimanche

Vendredi, l’homme qui a tiré sur des policiers à Dallas (voir notre article) et qui s’était retranché a été tué par une charge explosive déposée par un robot télécommandé. La police de la ville dispose d’un robot Northrop Grumman Andros conçu pour les équipes de démineurs et l’armée. C’est la première fois qu’un robot est utilisé de cette façon par la police – un appareil baptisé Marcbot ayant déjà été employé de la même façon par les troupes en Irak. Dans l’armée américaine, les robots terrestres transforment le visage de la guerre depuis plusieurs années déjà. Ils sont notamment capables de récupérer et désactiver une charge explosive, à l’aide d’un bras téléguidé par des soldats restés à l’abri du danger. Ils semblent voués à être désormais de plus en plus employés par les forces de l’ordre. En Chine, l’université de la défense nationale a conçu un appareil baptisé AnBot, destiné à avoir un rôle anti-terroriste et anti-émeutes. AnBot dispose d’un « outil intégré anti-émeute électrisé » (ressemblant certainement à un Taser ou à un aiguillon pour bétail) télécommandé.

Le Northrop Grumman Andros

Le Northrop Grumman Andros

Lors d’une énième manifestation contre les violences policières suite à la mort de deux Afro-américains abattus par des policiers dans le Minnesota et en Louisiane, cinq policiers ont été abattus par ce que la police pense être un groupe de 4 snipers dont l’objectif était d’attaquer en représailles aux très nombreux meurtres policiers contre des Noirs. A l’heure actuelle, trois suspects ont été arrêtés et un quatrième est toujours retranché dans un garage, il prétend avoir caché des bombes dans la ville.

Édit 13h: Le dernier tireur à été tué par les SWAT, six policiers ont été blessés dans les fusillades.

La police se prend des balles à Dallas

La police se prend des balles à Dallas

Le 30 juin, Eric King a été condamné à 10 ans de détention dans une prison fédérale par un tribunal du district fédéral à Kansas City (Missouri). Eric a accepté de plaider coupable pour « utilisation de matériaux explosifs pour commettre un incendie criminel ». Il a reconnu avoir usé d’un marteau pour briser la vitre du bureau (vide) d’un membre du Congrès des Etats-Unis, et d’avoir jeté deux cocktails Molotov par cette fenêtre dans la nuit du 11 septembre 2014 (voir notre article). Il a revendiqué cette action, et dénoncé le gouvernement raciste, classiste et patriarcal. Ayant déjà passé près de deux ans d’incarcération avant le procès, il lui reste un peu plus de huit ans à purger. Un certain nombre de personnes solidaires s’étaient rassemblées dans la salle d’audience. Il sera détenu dans la prison du Corrections Corporation of America (CCA) Leavenworth, connu pour ses conditions de détention horribles.

Eric King et sa compagne

Eric King
27090045
CCA Leavenworth
100 Highway Terrace
Leavenworth, KS 66048

Le site de solidarité

Eric King et sa compagne

Solidarité avec les prisonniers antifas

L’Action Antifa New-York appelle ce 25 juillet pour la seconde année consécutive à une journée de solidarité internationale avec les prisonniers antifascistes. En 2014, la journée avait eu lieu en solidarité avec l’antifa australien enfermé en Bulgarie Jock Palfreeman avant de devenir une journée globale l’année suivante.

Solidarité avec les prisonniers antifas

Solidarité avec les prisonniers antifas

La police est intervenue en force dimanche lors d’affrontements entre des néo-nazis et des contre-manifestants devant le Capitole de l’État de Californie. 150 antifascistes se sont opposés au rassemblement de 25 suprémacistes blancs devant le Capitole, siège du gouverneur et de la législature de Californie qui se trouve à Sacramento, capitale de l’État. Dix personnes ont été blessées dans les affrontements, dont deux grièvement. Plusieurs des patients hospitalisés présentent des blessures graves par arme blanche.

Affrontements à Sacramento

Affrontements à Sacramento

Ce 11 juin comme chaque année a lieu la journée internationale de solidarité avec Marius Mason, Eric McDavid et certains prisonniers anarchistes de longue durée. La liste complète ici (page 13).

Solidarité avec Marius Mason et tous les prisonniers anarchistes de longue peine.

Solidarité avec Marius Mason et tous les prisonniers anarchistes de longue peine.

Avec les progrès de la reconnaissance automatique des images, il sera simple pour la police de reconnaître un suspect ou une victime à partir de ses tatouages, en les comparant à ceux contenus dans une base de données. En France, la société Safran y travaille déjà au sein de sa filiale Morpho, grâce à une technologie acquise auprès de l’Université du Michigan. Le logiciel utilise des caractéristiques telles que la couleur, la forme et la texture pour faciliter l’identification automatique des individus en comparant un tatouage avec des banques d’images stockées dans les bases de données de la police.

Mais il y a plus : aux États-Unis le National Institute for Standards and Technology (NIST) travaille main dans la main avec le FBI pour mettre en œuvre, non seulement une identification des individus à partir de leurs tatouages, mais aussi un profilage psychologique de la personne en fonction des tatouages qu’elle a choisi. Le principe consisterait par exemple à déterminer les symboles de certains groupes ou courant de pensée pour profiler l’individu. Aux USA, un adulte sur 5 est tatoué. Plus la base de données sera riche et finement renseignée, plus les algorithmes d’apprentissage-machine pourront être performants et précis.

Le NIST avait déjà organisé l’an dernier un concours de reconnaissance de tatouages (Tatt-C), en fournissant aux 19 organisations participantes (dont 8 entreprises privées) un échantillon de quelques 15;000 tatouages renseignés, la plupart issus de photos de prisonniers prises sans leur consentement. Mais il s’apprête à lancer une seconde phase en interne, dit d’évaluation (Tatt-E), basée sur 100.000 photos fournies par la police et l’administration pénitentiaire.

Tatouage de prison (USA)

Tatouage de prison (USA)

Le FBI souhaiterait pouvoir mettre la main sur une méthode qui lui permettrait de briser l’anonymat proposé par l’excellent outil d’anonymisation TOR. Il s’intéresse donc aux codeurs de TOR. Bilan, le FBI a assigné l’un des développeurs de Tor, Isis Agora Lovecruft (vous avez bien lu), qui a préféré se dérober. Elle pense que le FBI a choisi cette voix pour la contraindre à aider à cracker le système TOR. L’EFF, l’Electronic Frontier Foundation (EFF), la principale organisation à but non lucratif défendant les libertés civiles électroniques aux USA, indique que le FBI doit être plus précis dans sa demande « Que veulent-ils ? demande l’EFF. Il faut savoir ce que veut le le FBI avant qu’elle puisse décider si elle va les rencontrer ». Isis est une informaticienne de premier ordre : spécialiste dans le reverse engineering, le chiffrement et le développement de l’Open Observatory of Network Interference (OONI), une plate-forme dédiée à contrer la censure mondiale. Depuis 2013, elle est plongée dans TOR.

Isis Agora Lovecruft

Isis Agora Lovecruft