Le secrétaire général de l’union locale de la CGT, figure de proue du syndicalisme dans le Bassin minier, Robert Wattebled, était convoqué hier mercredi en matinée au commissariat pour être entendu à la suite d’une plainte déposée contre lui pour tentative d’intimidation par un huissier de justice. Les faits reprochés remontent à la manifestation du 19 avril à Montceau. Plusieurs dizaines de syndiqués étaient venu soutenir Robert Wattebled à cette audition. C’est désormais au procureur de Chalon de décider de la suite qui sera donnée à cette plainte.

France: Huissier contre syndicaliste à Montceau

Ce lundi 7 mai, une trentaine d’étudiants, soutenus par une autre centaine, bloquaient l’accès aux amphithéâtres de l’Université Grenoble Alpes (UGA) où étaient programmés des examens.

La direction de l’UGA a fait appel à la police. Les policiers ont alors chargé les étudiants en utilisant leur bouclier et du gaz lacrymogène. Un étudiant a été conduit à l’hôpital pour des blessures sans gravité. Un autre étudiant a quant-à-lui été arrêté et placé en garde à vue pour « violences sur agent de la force publique ». Par ailleurs, des affrontements similaires avaient eu lieu sur le campus de Lettres et Sciences humaines à Nancy (voir notre article).

A Lyon, cinq étudiants ont été arrêté par la police sur le campus de Lyon 2 Bron alors qu’ils tentaient de monter des barricades. Ils sont également accusé d’avoir dégradé des serrures et du matériel.

France : Affrontements entre policiers et étudiants et arrestations

Ce lundi 7 mai, des cheminots de SUD-Rail ont lancé une opération coup de poing visant à perturber l’activité de la Gare de Montparnasse, de la Gare de l’ESt et de la Gare du Nord. L’opération a commencé à la Gare Montparnasse où les cheminots sont entrés avec des fumigènes. Les CRS, d’abord pris de cours, ont repoussé les manifestants à coup de matraque et de bouclier. Ils les ont ensuite nassé pendant plus d’une heure.

La grève à la SNCF

Les forces de l’ordre étaient intervenues jeudi sur le campus de Lettres et Sciences humaines à Nancy, où les examens avaient débuté dans la matinée. Une trentaine d’étudiants opposés à la loi Orientation et réussite des étudiants (Ore) s’étaient postés devant l’amphithéâtre où devait se dérouler un partiel d’anglais. Des bousculades se sont produites quand les forces de l’ordre ont essayé d’évacuer des étudiants assis par terre. Plusieurs d’entre eux avaient été menottés et emmenés à l’extérieur du campus.

Parmi les sept étudiants interpellés jeudi, cinq ont passé deux nuits en garde à vue au commissariat central de Nancy. Les deux autres sont ressortis vendredi. Six d’entre eux seront poursuivis en correctionnelle pour « violences sur policiers », « dégradations » et refus de donner leurs ADN et code de téléphone portable. Ils sont convoqués devant le tribunal correctionnel les 13 août, 20 août et 14 septembre.

L’intervention policière jeudi à Nancy

L'intervention policière jeudi à Nancy

Huit personnes ont été interpellées lors de la « Fête à Macron », qui s’est déroulée à Paris samedi 5 mai, en présence de dizaines de milliers de personnes, entre la place de l’Opéra et la place de la Bastille. Quatre ont été relâchées sans faire l’objet de poursuites. Les quatre autres ont été mises en garde à vue à l’issue de ces interpellations, dont deux ont été levées depuis :
– un mineur, trouvé en possession d’armes par destination, a fait l’objet d’un rappel à la loi puis a été remis en liberté.
– deux majeurs, interpellés pour « port d’arme prohibé », ont été placés en garde à vue. L’un d’eux, arrêté en possession notamment d’un marteau, a toutefois été remis en liberté en raison d’une « infraction insuffisamment caractérisée ».
– une personne, impliquée dans les dégradations volontaires d’un véhicule de Radio France, est toujours interrogée par des enquêteurs. Radio France a par ailleurs confirmé son intention de déposer plainte.

La

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Suite aux affrontements du 1er Mai à Paris, il est à nouveau question de l’utilisation prochaine, par la police et la gendarmerie françaises, de produits de marquage codés (PMC) pour identifier les « fauteurs de trouble ». Ces marqueurs chimiques incolores et inodores peuvent être mêlés à des gaz lacrymogènes ou à l’eau des autopompes et être pulvérisés, sans que les cibles ne s’en aperçoivent, sur les habits et sur la peau. Il n’y a plus qu’à faire passer les individus soupçonnés sous une lampe à ultraviolet qui fait apparaître les traces éventuelles de PMC qu’ils portent sur eux. Les PMC demeurent détectables jusqu’à quatre semaines après leur projection sur la peau, et même plusieurs mois après sur les vêtements, en dépit des lavages. Ils disposent d’un codage propre à chaque marqueur.

A l’origine conçus pour lutter contre la contrefaçon, les PMC sont de plus en plus fréquemment utilisés dans le domaine de la sécurité. Plusieurs centre commerciaux en ont déjà un usage régulier, notamment pour identifier des braqueurs. Certains musées les vaporisent sur des œuvres : le voleur, sans même s’en apercevoir, s’imprègne ainsi de la substance, unique et tracée, et peut donc être confondu aisément.

Lire le rapport scientifique sur les PMC de février 2017 sur le site de l’Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie Nationale

Marquage au PMC

Marquage au PMC

Membre de la commission d’enquête parlementaire sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires, la députée macroniste de la Nièvre, Perrine Goulet avait souligné à la séance du 22 mars que les ONG, et en particulier Greenpeace, en prenant la précaution d’afficher leur nom de loin sur les banderoles, ne suscitent par le même type de réaction que si quelqu’un d’inconnu pénétrait dans un site sensible. Comme la rapporteure de la commission ayant objecté qu’il suffisait à un terroriste de prendre la banderole Greenpeace, la députée avait alors conclut: « Pourquoi nous ne ferions pas un peu comme aux Etats-Unis ? Avec une sécurisation par miradors et possibilité, effectivement, de ne pas se poser de questions, et quand il y a une intrusion, de tirer ? »

Alors que plusieurs de ses activistes se sont introduits, à l’automne 2017, dans l’enceinte deux centrales nucléaires afin, explique Greenpeace, de « démontrer l’extrême vulnérabilité des piscines d’entreposage de combustible usagé, hautement radioactif, face aux risques d’attaques extérieures », l’organisation écologiste a déposé, le 25 avril, une plainte avec constitution de parties civiles contre la députée pour « provocations à un crime et à un délit non suivis d’effet » au tribunal de grande instance de Paris.

Intrusion de Greenpeace dans une centrale nucléaire

Intrusion de Greenpeace dans une centrale nucléaire

Dans la foulée des incidents survenus mardi 1er Mai à Paris (voir notre article), 102 personnes avaient été placées en garde à vue – dont une bonne moitié rapidement relâchées et mises hors de cause. Seize d’entre elles passaient en comparution immédiate, jeudi 3 et vendredi 4 mai, devant le tribunal correctionnel de Paris pour « participation à un groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations ». Deux auraient été vus jetant un projectile sur les CRS, en l’occurrence une bouteille en verre et un caillou. Une est accusée d’avoir ramassé un terminal de carte bleue dans le McDo de la gare d’Austerlitz, une autre se voit reprocher d’avoir eu dans son sac une clé Allen – le petit L métallique à embout hexagonal, que la justice considère comme « une arme de catégorie D2 ».

Beaucoup devaient leur présence au tribunal non pas à la commission constatée d’une infraction, mais uniquement à la tenue sombre qu’ils avaient enfilé le jour de la manifestation, ou à la possession de sérum physiologique ou de masques destinés à contrecarrer les effets des gaz lacrymogènes. A l’exception d’un prévenu condamné trois fois pour des graffitis, tous avaient un casier judiciaire vierge. Bilan de ces audiences en urgence : treize des seize prévenus ont obtenu le renvoi de leur procès fin mai ou début juin – parmi eux, quatre restent en détention provisoire pour avoir menti sur leur identité. Les trois autres ont choisi d’être jugés immédiatement : trois relaxes, compte tenu de la légèreté des dossiers.

Les incidents de Paris

Les incidents de Paris

Entre 145.000 et 210.000 personnes se sont mobilisées partout en France pour le premier mai. A Paris, un black block de 1500 manifestants a pris position sur le pont d’Austerlitz, en devant le défilé lancé par les syndicats CGT, Solidaires, la FSU et FO, ainsi que le syndicat étudiant l’Unef, et lycéen, UNL. Des projectiles divers, dont des cocktails Molotov, ont été lancé contre la police, un concessionnaire Renault, un McDonald et une trentaine d’autres cibles ont été attaquées et six voitures incendiées. La police a fait usage de gaz lacrymogènes, de flash-ball et de deux autopompes. 276 manifestants ont été interpellés, 109 placés en garde à vue.

A Rennes, la police a brutalement attaqué le cortège de manifestants qui, parti de l’université, rejoignait le cortège syndical. Lorsque celui-ci, qui a réuni plusieurs milliers de manifestants, s’est achevé, quelques centaines de personnes ont mis le cap sur le commissariat central, devant le commissariat central, près du boulevard de la tour d’Auvergne, où ils se sont rassemblé en exigeant la libération des personnes interpellées (la police ne parle que d’une seule arrestation).

Les incidents de Paris

Une jeune femme âgée de 20 ans a été condamnée à 3 mois de prison avec sursis assortis d’une interdiction de paraître en Loire-Atlantique, ce lundi après-midi à Nantes. Soupçonnée d’avoir jeté une bouteille sur un gendarme mobile – sans le blesser -, la jeune femme, de nationalité allemande, avait été interpellée mercredi à Vigneux-de-Bretagne, sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes. En garde à vue, elle avait refusé de se soumettre aux relevés d’empreintes et opérations de signalisation.

Destruction des lieux de vie à Notre-Dame-des-Landes

Destruction des lieux de vie à Notre-Dame-des-Landes