Hier lundi 8 janvier, les deux magistrates toulousaines qui enquêtaient sur la mort du militant écologiste, tué dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014 par l’explosion d’une grenade offensive sur le site du barrage de Sivens (Tarn), ont conclu que personne ne devait être poursuivi pour la mort du militant écologiste de 21 ans. Empressées de blanchir les gendarmes, les juges ont refusé d’organiser une reconstitution ou de procéder à l’audition du préfet comme le demandait l’avocat de la famille.

Remi Fraisse

Mercredi 9 janvier 2013, les militantes kurdes Sakine Cansız, Fidan Doğan (Rojbîn) et Leyla Saylemez étaient froidement exécutées d’une balle dans la tête, dans les locaux du Centre d’Information du Kurdistan, situés au 147 rue La Fayette, à Paris. L’enquête menée en France a révélé que le meurtrier présumé, Ömer Güney, arrêté quelques jours après le crime, avait agi pour le compte des services secrets turcs. Le réquisitoire du Procureur de la République va dans ce sens.

Cependant, La mort d’Ömer Güney, le 17 décembre 2016, à un mois de son procès qui devait commencer à Paris, le 23 janvier 2017, a empêché la tenue d’un procès public qui aurait permis de juger non seulement l’exécutant, mais aussi, et surtout, le commanditaire, l’Etat turc. Sachant l’état de santé de Güney, le fait d’avoir fixé une date très éloignée pour le procès, comme le refus du gouvernement français de lever le secret-défense sur des renseignements qui auraient pu permettre la progression de l’enquête judiciaire, indique la volonté des autorités françaises d’éviter de voir l’Etat turc mis en accusation. Une manifestation aura lieu samedi 6 à Paris contre cette impunité organisée des commanditaires des assassinats.

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Une information judiciaire pour « complicité d’actes de torture et de disparition forcée » a été ouverte contre l’entreprise Nexa Technologies plus connue sous son ancien nom, Amesys. Cette entreprise française est soupçonnée d’avoir vendu du matériel de cybersurveillance au régime du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi pour l’aider à traquer ses opposants, sous couvert de lutte contre le terrorisme. L’entreprise Nexa est déjà au cœur d’une enquête en cours pour avoir fourni du matériel de cybersurveillance similaire à la Libye de Mouammar Kadhafi.

Cette enquête, ouverte pour « complicité d’actes de torture et de disparition forcée » et instruite au pôle « crimes contre l’humanité » à Paris, fait suite à une nouvelle plainte de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de la Ligue des droits de l’Homme (LDH). Appelé Cerebro, le programme suspecté par la justice française d’avoir été vendu à l’Egypte par Nexa permet de traquer en temps réel les communications électroniques d’une cible, à partir d’une adresse mail ou d’un numéro de téléphone par exemple. Il s’agit d’une version actualisée de celui vendu en 2007 par Amesys, à l’époque filiale de Bull, au régime de Kadhafi en Libye.

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La manifestation internationale antifasciste et anticapitaliste qui devait avoir lieu le 17 décembre a été interdite par la préfecture. Les organisateurs ont été notifiés ce 12 décembre par une longue liste de motifs retraçant les manifestations de ces derniers mois, accusant les organisateurs de faire partie de la « mouvance des ultragauches » et d’être « connus pour la violence de leurs actions ». Le festival antifa est interdit du même coup. Malgré les interdictions, les deux événements sont maintenus.

Manif antifa internationale à Lyon

Manif antifa internationale à Lyon

Hier samedi, après un tour de France des prisons du 16 novembre au 6 décembre, près de 10.000 personnes, dont 8000 venues du pays Basque, se sont rassemblées à Paris pour demander la fin du régime d’exception appliqué aux prisonniers politiques basques. Ils sont encore 62, 49 hommes et 13 femmes, à être détenus en France, parfois en préventive dans l’attente de la fin d’une instruction qui s’éternise, pour des faits liés à leur engagement pour la cause basque.

Les familles des prisonniers et leurs soutiens demandent à ce que cesse la politique d’éloignement : une famille doit parcourir en moyenne 645 km pour visiter un proche en prison. Elles demandent aussi la fin du régime DPS, détenu particulièrement surveillé, qui restreint les droits des prisonniers et les les soumet à des fouilles, contrôles, droits de visites plus sévères que les autres. Elles réclament aussi la libération des prisonniers malades, et de ceux dont la demande de mise en liberté conditionnelle aurait été acceptée si ils avaient été condamnés pour des faits de droit commun. Jusque là, ces demandes ont été systématiquement contestées et rejetées en appel par l’Etat français.

La manifestation d’hier samedi à Paris

La manifestation d'hier samedi à Paris

Ce matin la police judiciaire a interpellé Antonin Bernanos au domicile de sa mère. Les policiers ont défoncé la porte sans sommation et ont fait preuve d’une grande violence lors de l’interpellation. Antonin Bernanos avait été condamné à 5 ans de prison dont 2 avec sursis dans le cadre de l’affaire du Quai Valmy où une voiture de police avait été incendiée après une manifestation contre les violences policières. Il avait déjà passé 10 mois en détention préventive.

L’interpellation musclée a été justifié par le soi-disant non-respect du contrôle judiciaire d’Antonin. Chose que son avocat a démenti, en assurant qu’il n’était sous aucun type de contrôle. Il attendait d’être convoqué par le juge d’exécution de peine et avait repris ses études.

La voiture de police incendiée Quai Valmy

De nombreux jeunes manifestants anti-impérialistes et anti-colonialistes ont protestés contre la visite du président Macron. Le convoi de la délégation qui accompagne Emmanuel Macron au Burkina Faso a été la cible de jets de pierre. Devant l’université de Ouagadougou, où un discours présidentiel est prévu devant un public choisi, des étudiants ont érigé des barricades en scandant des slogans contre l’impérialisme et le néocolonialisme. Sur place, des affrontements ont éclaté entre manifestants et forces l’ordre. Dans la nuit du 27 au 28 novembre, peu de temps après l’arrivée d’Emmanuel Macron à Ouagadougou, une grenade avait été lancée contre des militaires français. Le président a atterri deux heures après l’attaque qui a fait trois blessés dont un grave.

Barricade en feu sur un axe menant à l’université Ouaga1 où devait parler Macron

Barricade en feu sur un axe menant à l'université Ouaga1 où devait parler Macron

Georges Louis, militant du Secours Rouge Arabe et délégué syndical CGT avait été arrêté mardi 10 octobre à Paris lors d’une manifestation lors de la grève nationale contre les nouvelles lois anti-salariés du gouvernement de Macron. Deux policiers l’accusent d’avoir lancé des projectiles sur eux. Il est donc poursuivi pour “violence sur des personnes dépositaires de l’autorité publique” et pour “participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destructions ou dégradations de biens” avec comme circonstances aggravantes qu’il aurait été été masqué et “derrière une banderole” (ce qui lui vaut d’être considéré comme le “meneur”).

Il comparaissait ce début d’après-midi à Paris et cette comparution a été l’occasion d’un rassemblement de solidarité. Une soixantaine de personnes était présente, en grande partie des collègues et des syndicalistes CGT, mais aussi une importante délégation du Secours Rouge International venue d’Italie, de Suisse et de Belgique, ainsi que des délégations d’OCML-VP, de Front Social, de SUD et de la CNT etc. Le procureur a réclamé 6 mois de prison avec sursis et environ €3000 de frais de justice, parties civiles, etc.

Au rassemblement à Paris en novembre 2017.

À l’appel du Secours Rouge International et du Secours Rouge Arabe, un rassemblement aura lieu ce vendredi 24 novembre de 12h à 14h, Place Saint-Michel à Paris.

Voici le communiqué du secrétariat international du SRI:

Georges Louis, militant du Secours Rouge Arabe et délégué syndical CGT avait été arrêté mardi 10 octobre à Paris lors d’une manifestation lors de la grève nationale contre les nouvelles lois anti-salariés du gouvernement de Macron. Il a été maintenu 3 jours en détention. Deux policiers l’accusent d’avoir lancé des projectiles sur eux. Il est donc poursuivi pour “violence sur des personnes dépositaires de l’autorité publique” et pour “participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destructions ou dégradations de biens” avec comme circonstances agravantes qu’il aurait été été masqué et “derrière une banderole” (ce qui lui vaut d’être considéré comme le “meneur”). Il a été libéré (contre l’avis du procureur) sous “contrôle judiciaire”. Il est interdit de manifestation et doit pointer au commissariat une fois par semaine, en attente de son procès. Ce procès, ainsi que celui d’un autre manifestant, aura lieu le 24 novembre prochain.

Le Secours Rouge International appelle à une participation active à la campagne de solidarité avec Georges:
– En participant au rassemblement le jour du procès, Place Saint-Michel à Paris de 12h à 14h.
– En menant des initiatives locales.
– En contribuant aux frais judiciaires engendrés par cette attaque contre un camarade.

Solidarité avec notre camarade Georges Louis!
Solidarité avec la résistance des travailleurs et travailleuses de France contre les loi anti-populaires et anti-prolétariennes de Macron!
Secrétariat international du Secours Rouge International
Bruxelles-Zürich, le 2 novembre 2017

Vous pouvez également lire la déclaration de Georges à l’occasion de ce procès du 24 novembre. Elle est disponible intégralement sur le site de Lundi Matin.

Solidarité avec Georges Louis


Salutations solidaires à Georges Louis (Zurich, novembre 2011)

Solidarité avec Georges Louis
Salutations solidaires à Georges Louis (Zurich, novembre 2011)

Le gouvernement français devrait prochainement créer, au sein de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), une unité spécialisée dans les logiciels espions qui travaillera aussi pour les services enquêteurs dans des procédures judiciaires. Le Service technique national de captation judiciaire (STNCJ) aura pour mission de travailler sur des logiciels capables d’extraire discrètement d’un appareil informatique des données pouvant être utiles à l’enquête (documents stockés dans la mémoire, frappe du clavier ou images affichées à l’écran).

La création du STNCJ doit remédier au fait que les logiciels espions n’ont quasiment jamais été employés dans des enquêtes judiciaires alors que la loi les autorise depuis 2011. Le code de procédure pénale autorise en effet leur utilisation dans les affaires de terrorisme, mais aussi pour un grand nombre de crimes ou délits commis en bande organisée. En 2015, selon la délégation parlementaire au renseignement, des logiciels espions n’avaient été utilisés qu’à six reprises dans des enquêtes. Pourtant, les enquêteurs sont confronté au recours de plus en plus fréquent de messageries comme WhatsApp ou Telegram. L’utilisation de logiciels espions permet dans certains cas cet obstacle, en captant les données avant qu’elles ne soient chiffrées.

Pour en savoir plus

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