Le LRPPN, cest le logiciel de rédaction des procédures de la police nationale française. Créé dans les années 90, il n’a cessé d’accumuler les rustines au fil des réformes, sans jamais connaître la refonte profonde dont il aurait besoin. Obsolète, bogué, compliqué, lent et instable, il faut parfois jusqu’à 30 minutes pour l’ouvrir. Et les fréquents plantages obligent les policiers à recommencer de zéro le procès-verbal. De plus, ce logiciel n’est plus adapté aux évolutions de la procédure pénale. De nouvelles mentions obligatoires, de nouveaux droits pour les suspects sont venus s’ajouter au fil des années. Sauf que le LRPPN, lui, n’a pas suivi. Les policiers n’ont pas d’autre choix que de bidouiller, en ajoutant des mentions manuscrites sur les PV informatiques, ce qui est source de nombreux vices de procédure faisant annuler des gardes à vue.

Le ministère de l’Intérieur a bien prévu de remplacer le LRPPN obsolète. Baptisé LPJN (Logiciel de Procédure Judiciaire Numérique), il devrait être plus moderne, ergonomique et interopérable avec les autres outils numériques de la Justice. Mais ce projet ne devrait pas voir le jour avant 2027-2028 au mieux – ou plutôt au pire. En attendant, les policiers pestent et font des memes:

 

Cinq militants de la CGT ont été jugés ce mercredi 16 octobre devant le tribunal correctionnel de Bourges pour dégradations et entrave à la circulation lors d’une manifestation contre la réforme des retraites en mars 2023. Seul l’un d’eux a été condamné, il devra s’acquitter d’une amende de 300 € avec sursis et à 2.300 € de dommages et intérêts, les quatre autres ont été relaxés de toutes les accusations.

Lors d’une manifestation contre la réforme des retraites à Saint-Florent-sur-Cher, les militants avaient allumé des palettes et des pneus sur un rond-point, un geste qui avait endommagé la chaussée de la RN151, le goudron avait fondu à un endroit. La Direction interdépartementale des routes Centre Ouest (la DIRCO) avait porté plainte. La CGT dénonce un acharnement contre des faits militants, elle a vivement critiqué ce jugement, le syndicat envisage de faire appel.

Hier samedi, à Lerm-et-Musset (Gironde), sur le tracé de la LGV Bordeaux-Toulouse, plus de 1 000 personnes se sont rassemblées pour dénoncer le projet d’autoroute ferroviaire qui couperait le territoire en deux. Sur ordre de la préfecture, la gendarmerie s’était déployée pour éviter que le campement ne se transforme en ZAD. Un fourgon de la gendarmerie a été attaqué par une cinquantaine de manifestants cagoulés. Le véhicule à essayer de partir mais il s’est enlisé et les quatre gendarmes l’ont abandonné et se sont encourus, laissant les manifestant le piller, le dévaster et le taguer (« ACAB », « on s’est servit merci » et « ça c’est pour l’hélico » : l’hélicoptère des gendarmes avaient effectué des vols à basse altitude sur le camp au milieu de la nuit – il avait d’ailleurs essuyé des tirs d’engins pyrotechniques). Voir une vidéo

 

Lundi 07 octobre, le maire de Mandelieu-la-Napoule (du parti Les Républicains) a pris un arrêté interdisant « tous les drapeaux en lien avec le conflit israélo-palestinien ». Le maire a cependant précisé sur les réseaux sociaux que son arrêté ne visait en réalité que les drapeaux palestiniens (et donc par extension probablement tous les drapeaux à connotation pro-palestinienne). Les contrevenants s’exposaient à une amende d’un maximum de 35 euros. Saisi en référé par la Ligue des droits de l’Homme (LDH) de Nice, le tribunal administratif de Nice (Alpes-Maritimes) a cependant suspendu vendredi 11 octobre cet arrêté municipal.

Manifestant palestinien à Gaza (archive)

Manifestant palestinien à Gaza (archive)

Dans la nuit du mercredi 9 au jeudi 10 octobre, des violences urbaines ont éclaté, toujours sur fond de révolte contre la vie chère, faisant 6 interpellations, un mort, 12 gendarmes et 14 policiers de la CRS8 blessés. Des magasins ont été incendié et des barricades enflammées à Case-Pilote (côte ouest) et à Schoelcher, une commune mitoyenne de Fort-de-France. Au moins trois magasins ont été incendiés sur l’île, plusieurs feux sur des parcs automobiles ont été enregistrés, 400 véhicules neufs importés en Martinique ont été détruits.

Les Gendarmes ont trouvé un homme blessé par balle alors qu’ils intervenaient contre le pillage d’un centre commercial au Robert (est ). Un Bâtiment municipal, servant de poste avancé à la toute nouvelle brigade territoriale mobile basée dans la commune a été incendié dans un quartier populaire de Fort-de-France, des carcasses de voitures calcinées bloquaient les ronds-points, des entrepôts sont partis en fumée, la circulation sur la rocade restait difficile, les manifestant ont lancé des pierres en direction des automobilistes voulant les contourner. À 2h00 locales (8h00 à Paris), de fortes détonations se faisaient toujours entendre à Schoelcher.

Dans la commune du Carbet (nord), quatre gendarmes ont été légèrement blessés alors qu’ils effectuaient une opération de levée de barrage. Les protestataires avaient installé celui-ci dans le cadre d’une opération « île morte » lancée par plusieurs organisations militantes et syndicales, pour notamment dénonçer  « les violences exercées par les policiers de la CRS 8″  lundi contre des militants anti-vie chère bloquant un important axe routier du Lamentin.( voir article ici )

Le préfet de Martinique a instaurer, ce jeudi, un couvre-feu de 21h00 à 5h00 locales, il a aussi interdit les manifestations et rassemblements sur l’ensemble du département d’Outre-mer jusqu’à nouvel ordre.

Edit: Huit personnes ont été interpellées après l’envahissement de la piste de l’aéroport de Fort-de-France, qui a provoqué le déroutement de trois vols vers la Guadeloupe.

Le mouvement contre la vie chère, qui a commencé au début de mois passé, continue et ce, malgré le couvre-feu instauré le 18 septembre et déploiement d’une compagnie de CRS (voir notre article). De nouveaux affrontements ont ainsi éclaté lundi alors que la gendarmerie tentait de dégager un blocage routier au Lamentin, sur un des principaux axes de l’île. Les autorités affirment que 11 policiers auraient été blessés durant les échauffourées. Par ailleurs, 5 manifestant·es ont été arrêté·es et Rodrigue Petitot, figure de proue du mouvement de lutte contre la vie chère, a lui été blessé à la main et à la jambe.

Un peu plus tard dans la nuit, des barricades enflammées ont bloqué l’accès à plusieurs quartiers (Sainte-Thérèse, de Dillon, de Texaco et du Canal Alaric) de la capitale, Fort-de-France, entrainant d’autres affrontements avec des CRS.

Nouveaux affrontements dans le cadre du mouvement contre la vie chère en Martinique

Nouveaux affrontements dans le cadre du mouvement contre la vie chère en Martinique

Mercredi 2 octobre au matin, sept militants basques ont été convoquées au commissariat de Bayonne. Elles en sont ressorties l’après-midi, après une garde-à-vue de plusieurs heures, elle devront se présenter au tribunal le 28 janvier 2025 , le motif de cette convocation: « aide à l’entrée et au séjour de personnes en situation irrégulière » et action « en bande organisée ». Une douzaine d’organisations avaient coordonné une action de désobéissance civile permettant le passage de 36 exilés parmi les coureurs lors de la course du pays basque, la Korrika, course traditionnelle qui relie chaque année, en mars, les villes basques d’Irun (côté espagnol) et de Hendaye (côté français). Les militants sont issus du syndicat LAB, de la Bidasoa Etorkinekin, fédération d’associations d’aide aux migrants ; mais aussi des partis politiques EH Bai (gauche basque) et La France Insoumise. Elles ont toutes été identifiées sur une vidéo du déroulement de l’action rendue publique. Près de 80 organisations ont apporté leur soutien au sept inculpés et ont organisé le 30 septembre une manifestation avant le rendez-vous au commissariat de Bayonne.

Dans la nuit du 6 au 7 octobre, des militant•es ont tagué « Free Georges Abdallah » « Free Palestine » et  « Vive la lutte armée du peeuple palestinien et libanais » sur le SPF Justice à Bruxelles pour réclamer la libération de Georges Ibrahim Abdallah et saluer la résistance des peuples opprimés par le colonialisme et l’impérialisme. Des feux d’artifices ont aussi été tirés. C’est le 7 octobre, que s’est tenu l’audience pour la libération de Georges Abdallah. Cela fait près de 40 ans que ce résistant et révolutionnaire libanais est emprisonné en France pour son combat contre l’impérialisme occidental et le régime colonial israélien. Il est le plus ancien prisonnier politique en Europe.

 

En savoir plus

Voir la vidéo de l’action

Samedi une soixantaine de personnes ont été arrêtées par la policiers de la Brav-M à Paris, pour avoir manifesté contre la séance de dédicace des autrices du livre Transmania (soutenu par une grande campagne de publicité – photo). La police avait chargé puis nassé la manifestation. Procédant à une fouille violente, elle aurait découvert des masques de protection, des fumigènes, deux matraques téléscopiques et un opinel. Elle a ensuite, sur ordre de son préfet arrêté 63 ou 64 personnes. Au final, seules 2 personnes étaient encore en garde à vue hier pour « participation sans arme à un attroupement ». La presse d’extrême droite et les médias de droite, ont diffusé de fausses informations provenant de la police. Le groupe a plus tard était décrit comme « armé et détenteur d’explosifs ». Sur les réseaux sociaux, des trolls ont repris ces fake news, parlant de « transterrorisme ».

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Un rassemblement de soutien à Mourad et Benjamin a eu lieu hier lundi à Marseille. Ces deux délégués syndicaux CGT de l’Urssaf ont été convoqués à un entretien disciplinaire au siège de l’organisme à Marseille. Il s’agit d’un nouveau cas de répression syndicale. Le syndicat visé avait déjà assigné la direction au tribunal lorsqu’il avait estimé qu’elle entravait la liberté de circulation des délégués syndicaux. La direction les poursuits pour accès à des données confidentielles. La situation des deux délégués, qui doit encore faire l’objet d’une consultation extraordinaire du comité social et économique de l’entreprise (CSE), puis d’une validation par l’inspection du travail en cas de licenciement.