Habib Chaab, dirigeant d’un mouvement de libération de la région du Khouzestan qui compte une importante population arabe, a été exécuté ce matin par pendaison à Téhéran. Âgé d’une cinquantaine d’années, M. Chaab, connu également sous le nom de Habib Asyud, était un dirigeant de l’organisation Harakat al-Nidal, ou ASMLA (Mouvement arabe de lutte pour la libération d’Ahvaz). Il avait disparu en octobre 2020 après s’être rendu à Istanbul, avant de réapparaître un mois plus tard en prison en Iran. En décembre 2020, les autorités turques avaient annoncé l’arrestation de onze personnes soupçonnées de l’avoir enlevé à Istanbul avant de l’emmener à la frontière iranienne, et de le livrer aux autorités de Téhéran. La télévision iranienne avait diffusé en novembre 2020 une vidéo de Habib Chaab, dans laquelle il s’accusait notamment d’un attentat meurtrier ayant visé en septembre 2018 un défilé militaire à Ahvaz, chef-lieu de la province du Khouzestan.

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Comme nous l’indiquions dans notre article sur les nouvelles formes de contestations en Iran (voir ici), les attaques nocturnes au cocktail Molotov sont quotidiennes dans le pays. Ils ont ainsi dernièrement incendié un séminaire du régime à Machad, 5 postes de la milice du Bassidj à Hamedan (photo), Bouchehr, Machad et Mahabad, un centre de pillage connu sous le nom de Comité de secours à Kish, et le bureau de représentation du ministère des affaires étrangères du régime à Mahabad (ouest de l’Iran). Ils ont également mis le feu à des bannières, des affiches et des panneaux représentant Khamenei et Qassem Soleimani à Ispahan, Yazd, Qeshm et Babol, tout en scandant des slogans tels que « à bas le tyran, qu’il soit chah ou mollah ».

La nuit du 30 mars au 1er avril ils ont pris pour cible le centre de la milice du Bassidj des gardiens de la révolution à Gachsaran. En commémoration de la mort de Qazi Muhammad, le leader kurde, pendu à Mahabad le 31 mars 1947 sur ordre du chah, la jeunesse rebelle de Mahabad a pris pour cible, le dimanche 2 avril, l’un des centres de répression connu sous le nom de Conseil islamique de la ville.

 

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En huit jours, depuis le 20 février, au moins 18 prisonniers ont été exécutés en Iran, dont deux prisonniers politiques. Les bourreaux du régime ont pendu deux prisonniers baloutches, Hadi Arbabi et Mohammad Eshaq Gorgij, détenus depuis 2019, à la prison de Zahedan, lundi 27 février au matin. Le dimanche 26 février, cinq prisonniers dont deux femmes ont été pendus à la prison de Birjand et un autre prisonnier nommé Hamid Rahimi à la prison de Sanandaj. Le 22 février, Mohammad Rassoul Cholaki a été exécuté à la prison d’Ilam. Le 21 février, Davoud Rokjan a été exécuté à la prison de Birjand, et le lundi 20 février, deux frères baloutches, Alireza et Safar Mohammad Pour, ont été pendus à la prison de Torbat-e-Jam. Le 20 février, un prisonnier kurde, Moslem Moradi, a été exécuté à la prison centrale de Sanandaj. L’exécution de cinq autres condamnés, dont les prisonniers politiques Hassan Obayat et Sarkut Ahmadi, avait déjà été annoncée entre les 20 et 22 février.

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Cinq mois après le début des manifestations en Iran, le mouvement de contestation se poursuite. Mais il a dû se réinventer en raison de la forte répression de la part des autorités. Depuis la mort de Masha Amini, qui a provoqué la vague de contestation en septembre dernier, la police iranienne a tué quelque 500 manifestants. Les grands rassemblements ont laissé la place, désormais, à des actions ponctuelles mais répétées, et partagées sur les réseaux sociaux. On y voit des personnes taguer des murs, se regroupement pour des rassemblements éclairs, arracher ou brûler des affiches du régime, lancer des cocktails Molotov sur des propriétés d’agents du gouvernement ou encore, pour des femmes, se promener sans voile. Les réseaux sociaux sont pourtant surveillés par 14 000 cyber-policiers du régime qui cherchent les identités qui se postent dans l’anonymat.

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En réaction au décès de Zorbi Bei Ismail Zehi, assassibnée par les forces de répression lors du soulèvement de Zahedan, et dans la poursuite de leur campagne anti-répression, de jeunes insurgés ont mené une dizaine d’activités le 23 février en Iran. Ils ont mis le feu à des centres de la milice du Bassidj à Téhéran et Ispahan et à un centre culturel du régime à Shahryar. Ils ont aussi incendié des panneaux et bannières avec les portraits de Khomeiny, Khamenei et Qassem Soleimani à Téhéran, Chiraz, Arak et Shahryar. Zarbi Bei Ismail Zehi était l’une des blessées du vendredi sanglant de Zahedan. Une balle des pasdarans lui avait sectionné la moelle épinière. Elle est décédée le 20 février au bout de 143 jours.

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Le dimanche 5 et lundi 6 février, à l’approche de l’anniversaire de la révolution du peuple iranien contre la dictature du chah en février 1979 – qui a été détournée et confisquée par le clergé de Khomeiny – de jeunes insurgés ont brûlé des bannières de propagande et avec des photos de Khomeiny, Khamenei et Qassem Soleimani à Téhéran, Anar, Chahriar, Qom, Dezfoul, Zandjan, Kermanchah et Karadj. Ils ont aussi fait un tir de barrage de cocktails Molotov sur le centre de propagande des mollahs à Sanandaj. Ce genre d’action se multiplie ces derniers jours. Le jeudi 2 février déjà des jeunes insurgés à Shahreza ont pris pour cible le bâtiment du judiciaire du régime, centre où sont prononcées les condamnations à mort, les peines de flagellations, de tortures et d’emprisonnement.

 

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Chaque journée en Iran apporte son lot d’informations relatives à des manifestations et protestations. Dimanche 8 décembre était le 115e jour du soulèvement. À Téhéran, la jeunesse courageuse, hommes et femmes, ont organisé des manifestations nocturnes à Ekbatan, Sattar Khan, Aryashahr, Saadat Abad, Sadeghieh, Haft Hoz, Englebal, Shariati, Tehranpars, le boulevard Ferdous, les stations de métro de Téhéran et Théâtre de la Ville. Dans la nuit de dimanche à lundi, suite au transfert à l’isolement de deux prisonniers du soulèvement, Mohammad Qobadlou et Mohammad Boroughani, leurs familles et un groupe de personnes ont manifesté devant la prison de Gohardasht par crainte de leur exécution. La foule scandait « pour chaque personne tuée, un millier d’autres se lèvent », « c’est le dernier message ; une exécution et c’est un soulèvement ». Des protestations se sont déroulées également en province à Karadj, Ispahan, Machad, Babol, Arak, Sanandaj, Mahabad, Hormozgan, Bandar Abbas et ailleurs. À Javanroud, des jeunes  ont organisé une manifestation nocturne et bloqué la rue en allumant un feu. A Sanandaj et Mahabad, de jeunes rebelles ont pris le contrôle de la rue en brûlant des pneus. A Abdanan, les jeunes ont bloqué la rue en allumant un feu et en lançant des slogans antigouvernementaux, les forces répressives les ont attaqués et ont tiré des gaz lacrymogènes. Les forces de sécurité ont aussi attaqué les étudiants de l’université de Téhéran qui portaient des photos des victimes d’un avion civil ukrainien abattu par les Pasdaran.

Le lendemain 9 décembre, divers quartiers de Téhéran (Ekbatan, Lavizan, Aqdassiyeh, Tehran-Villa, Tehran Pars, Chahr-Ziba) ont retenti de slogans nocturnes comme « à bas Khamenei l’assassin », « à bas le dictateur ». A Ispahan et Gohardacht de Karadj, les gens ont aussi scandé «pauvreté, corruption et vie chère, nous allons les renverser » et « tant que les mollahs ne seront pas enterrés, ce pays ne sera pas un pays ». De jeunes insurgés à Jam de Bouchehr ont attaqué une base de la milice du Bassidj avec des cocktails Molotov et ont incendié un grand portrait du pasdaran Qassem Soleimani sur une place de Zandjan. A Eshtehard et à Boukan, des cérémonies pour des manifestants assassinés se sont transformées en manifestations contre le régime. Il y a eu un rassemblement massif devant la prison de Gohardacht à Karadj, protestant contre la condamnation à mort de deux prisonniers du soulèvement, Mohammad Qabadlou et Mohammad Boroughani. Les forces répressives ont attaqué le rassemblement qui scandait : « pour chaque personne tuée, un millier d’autres se lèvent ».

 

Mohammad Mahdi Karami et Seyed Mohammad Hosseini ont été pendus samedi matin. Le 4 décembre, le tribunal de la première instance les avait condamné à mort, les accusant d’avoir tué un membre de la milice répressive des Bassidji, liée aux Gardiens de la Révolution, le 3 novembre à Karaj, à l’ouest de Téhéran. Le 3 janvier, la Cour suprême d’Iran avait confirmé les condamnations à mort des deux homes

Depuis le début du mouvement de contestation, la justice a condamné à mort 14 personnes en lien avec les manifestations. Parmi elles, quatre ont été exécutées, deux ont vu leur peine confirmée par la Cour suprême, six attendent de nouveaux procès et deux autres peuvent faire appel. Une dizaine d’autres personnes font face à des accusations passibles de la peine de mort.

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Le vendredi 30, 106e jour du soulèvement en Iran, les habitants de plusieurs villes du Baloutchistan, comme Zahedan, Rask et Khash, ont manifesté contre Khamenei, les pasdarans et la milice du Bassidj. Des milliers d’habitants de Zahedan ont scandé des slogans tels que « c’est l’année du sacrifice, on va renverser Seyed Ali [Khamenei] », « je tuerai celui qui a tué mon frère », « honte à toi Khamenei, dégage du pays ». Les manifestants ont mis le feu à des portraits de Khamenei et les ont piétinés. Les manifestants tenaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « interdit de courber la tête, chagrin interdit, deuil interdit » et « jurons sur le sang de nos camarades de résister jusqu’au bout ». Les femmes de Zahedan ont participé à cette manifestation.

Dans la ville de Rask et Khash, malgré un déploiement massif de forces répressives, les gens sont descendus dans les rues. Ils criaient « on ne veut pas d’un gouverneur de Daech » en réponse à la nomination du pasdaran Mohammad Karami comme nouveau gouverneur du Sistan-Balouchistan. Auparavant, Karami était le commandant de la base Qods des forces terrestres des pasdarans dans le sud-est du pays et membre du Conseil de sécurité de la province du Sistan-Balouchistan, qui a joué le plus grand rôle dans les tueries dans cette région. Vendredi à 1h du matin, les forces militaires et les agents en civil à Galikesh, dans la province de Golestan, ont ouvert le feu devant la mosquée sunnite de Jameh, mais ils ont dû s’enfuir lorsque les gens se sont rassemblés dans le secteur. Vendredi, la population de Galikesh a organisé une grande manifestation pour protester contre les mesures répressives à l’encontre des sunnites. Vendredi à l’aube, des jeunes ont mis le feu au bâtiment de l’Organisation de propagande des mollahs à Gorgan. Les manifestations se sont poursuivies ailleurs en Iran. Un paramilitaire Bassidj a été abattu dans la ville de Semirom.

Le jeune rappeur kurde iranien Saman Yasin (photo), qui s’est attaqué aux inégalités et à l’oppression dans son œuvre, avait été accusé d' »inimitié contre Dieu », d’avoir tenté de tuer les forces de sécurité, d’avoir tiré en l’air avec une arme à feu et d’avoir mis le feu à une poubelle. Il avait été condamné à mort. Il avait été initialement dit que Yasin Saman et un autre manifestant, Mohammad Ghobadlou, seraient rejugés. Mais les autorités ont déclaré que l’appel de Ghobadlou avait été rejeté et que seul Yasin serait renvoyé devant le tribunal de première instance pour un nouveau procès. Mohammad Ghobadlou, dont la peine a été confirmée, a été reconnu coupable d’avoir foncé sur un groupe de policiers avec sa voiture, provoquant la mort de l’un d’entre eux et en blessant plusieurs autres. La justice iranienne n’a pas précisé quand cette peine sera exécutée. Au moins une dizaine d’autres personnes ont été condamnées à mort pour des actions durant les manifestations. Une vingtaine de personnes sont sous le coup d’une exécution.

 

 

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