A l’occasion de la Journée internationale des migrants hier, des centaines de militants s’étaient réunis devant un centre pour migrants à Bologne. Ils manifestaient contre la réouverture de ce centre destiné à l’identification et à l’expulsion des personnes ne disposant pas de permis de résidence ou qui ne sont pas reconnues en tant que demandeurs d’asile. Ils ont défilé devant le centre en scandant des slogans pour la fermeture de tous les centres de détention et pour la liberté de mouvement des migrants. De violents affrontements ont éclaté avec les forces de l’ordre en début de soirée.

Affrontements devant un centre de rétention

Un millier d’étudiants ont défilé ce matin à Milan vers le siège de la région lombarde pour dénoncer les mesures d’austérité visant le système de l’éducation. Les forces anti-émeutes avaient été déployées en force autour du bâtiment et ont chargé les étudiants à plusieurs reprises. Ceux-ci leur ont tenu tête avec des oeufs et de la farine. Quatre étudiants sont parvenus à briser le cordon policier et ont interrompu le travail de l’assemblé en déployant des banderoles et en scandant des slogans. Au final, cinq étudiants ont été blessés.

Manifestation d'étudiants à Milan

Dans la nuit du 13 au 14 mai dernier, une trentaine de personnes ont mené une attaque contre un chantier de la ligne à grande vitesse qui doit relier Lyon à Turin en passant par la vallée de Suze. A l’aube du 9 décembre, la police politique italienne a mené une série de perquisitions à l’issue desquelles elle a arrêté quatre personnes. Toutes ont été incarcérées à la prison des Vallettes à Turin. Elles sont accusées de ‘attentat à finalité terroriste, acte de terrorisme avec engins mortels et explosifs, détention d’armes de guerre, dégradations’.

Bahar Kimyongür est actuellement à la station des Carabiniers de Marina di Massa, à 300 kilomètres de la prison de Bergame où il était détenu depuis le 21 novembre. Le 2 décembre, la Cour d’appel de Brescia avait en effet décidé de son assignation à résidence. A dater de l’annonce de l’arrestation de Bahar, les autorités turques disposent de 40 jours pour envoyer leur demande formelle d’extradition. Le procureur général aura alors trois mois pour réagir à la requête d’Ankara. Cela signifie que la prochaine audience dans cette affaire (dont plusieurs pays ont déjà jugé le dossier vide) devrait donc avoir lieu dans quatre mois. En attendant, Bahar restera à Marina id Massa où il dispose d’une liberté de mouvement très restreinte et où il doit demander une autorisation aux Carabiniers dès qu’il veut sortir.

Liberté pour Bahar Kimyongür

Liberté pour Bahar Kimyongür

Dans le cadre du mouvement des ‘forconis’ (mouvement lancé par les agriculteurs siciliens contre la hausse des taxes), les étudiants sont descendus dans les rues par centaines à Rome, Turin et Venise. A Rome et à Turin, ils se sont violemment opposés aux forces de l’ordre qui ont tiré des gaz lacrymogène pour les disperser. Elles ont ainsi été la cible de tirs de peinture. A Venise, les étudiants ont fait face à des militants d’extrême droite, avant que la police n’intervienne brutalement. Deux personnes ont été interpellées à Venise. Cela fait maintenant plus d’une semaine que le mouvement de protestation prend de l’ampleur à travers tout le pays. Une opération de blocage de la circulation dans le centre-ville de Rome a d’ailleurs été annoncé dès mercredi dans l’attente de nouvelles mesures.

Affrontements entre étudiants et policiers en Italie

Affrontements entre étudiants et policiers en Italie

Aujourd’hui à Rome, le président Giorgio Napolitano et son Premier ministre Enrico Letta étaient attendus pour assister à une conférence sur l’économie verte. Des centaines d’étudiants s’étaient rassemblés pour leur rappeler les priorités, celles-ci n’étant pas l’économie verte selon eux, et montrer leur désaccord quant à la politique gouvernementale et aux mesures d’austérité. La police anti-émeute avait dressé un important cordon de sécurité, ce qui n’a pas empêché certains étudiants de lancer des oeufs et des pétards contre la façade du bâtiment. Les policiers se sont ensuite mis en branle pour disperser la foule. Des témoins parlent de jeeps et de camionnettes pourchassant les manifestants à grande vitesse. Au moins deux manifestants ont été interpellés et le bilan des blessés n’a pas encore été communiqué, mais ils sont nombreux.

Police vs étudiants à Rome

Des centaines de rassemblements, blocages et autres occupations ont eu lieu lundi à travers toute l’Italie. Le mouvement des ‘forconis’ (à l’origine, mouvement réunissant des fermiers siciliens contre l’augmentation des taxes et impôts) dénonce la politique gouvernementale et l’alourdissement de la fiscalité. Des milliers de manifestants ont distribué des tracts aux péages autoroutiers, ont bloqué la circulation des trains en marchant sur les voies, ont ralenti la circulation en organisant des ‘opérations escargots’,… A Turin, après avoir bloqué les gares principales, les manifestants se sont rendus devant le siège du centre de recouvrement des impôts. Là, ils ont été accueillis par des tirs de gaz lacrymogène, entrainant de violents heurts. Le mouvement des ‘forconis’ se poursuit depuis le début de la semaine, avec plus ou moins d’intensité.

Gaz lacrymogène contre le mouvement des ‘forconis’

Gaz lacrymogène contre le mouvement des 'forconis'

Dimanche, près de 150 personnes s’étaient rassemblées devant l’ambassade d’Italie à Bruxelles pour exiger la libération de Bahar Kimyongür à la veille de l’audience devant la justice italienne au cours de laquelle son avocat allait demander qu’il soit libéré. Lundi, une cinquantaine de personnes étaient réunies devant le tribunal de Brescia où comparaissait Bahar. A l’issue de l’audience, le juge a considéré qu’il avait besoin d’informations complémentaires et d’un délai supplémentaire. L’avocat du militant a transmis de nouvelles pièces et le juge devrait statuer dans les cinq jours. Ce dernier a, par ailleurs, refusé de transférer Bahar de Bergame, où il est détenu sur ordre de la Turquie depuis le 21 novembre, à une prison de haute sécurité en Calabre.

UPDATE: Ce mardi 3 décembre, la justice italienne a ordonné l’assignation à résidence de Bahar Kimyongür… Le ressortissant belge devra donc rester en Italie le temps que la Cour d’Appel de Bergame se prononce sur la demande d’extradition turque.

La détention de Bahar à Bergame risque de durer. Si son avocat a pu s’entretenir avec le juge chargé de l’affaire, cette entrevue a tourné court : à l’exception du mandat Interpol, le juge ne disposerait pour entreprendre son instruction d’aucune autre pièce. De surcroit, en Italie n’existe pas la possibilité de mise en liberté conditionnelle (qu’elle soit avec ou sans caution)… Dans le moins pire des scénarios, le juge pourrait cependant intimer des arrêts domiciliaires en Italie.

Un cas semblables s’était posé il y a cinq ans pour un membre du Secours Rouge International, Antonio Lago Iglesias. Antonio avait été arrêté en 2002 en France sur base d’un mandat espagnol sous l’accusation d’appartenance au PCE(r). Le justice française avait refusé son extradition mais quelques mois plus tard, Antonio s’était fait arrêter en Italie sur base du même mandat espagnol. La justice italienne avait fini par décider que la décision française valait pour elle, et refusé l’extradition.

Cent cinquante personnes dont une délégation de notre Secours Rouge ont manifesté lundi après-midi devant le consulat d’Italie rue de Livourne à Bruxelles à l’appel du CLEA pour exiger la libération de Bahar Kimyongür, arrêté jeudi dernier à Milan sur la base d’un mandat d’arrêt émis par la Turquie.

manifestation pour bahar devant le consulat d’italie

manifestation pour bahar devant le consulat d'italie