L’opération turque en Syrie se poursuit. Ce 29 août, les troupes islamistes de la FSA soutenues par la Turquie ont repoussé les Forces Démocratiques Syriennes (QSD) vers Manbij. Plusieurs combattants kurdes ont été capturés par les islamistes, d’autres ont été tués. Des dizaines de civils ont été massacrés dans des bombardements aériens de l’aviation turque, notamment sur le visage de Al-Kusa. Suite à ce bombardement (le 28 août), une équipe de quatre YPG a voulu se rendre sur place pour aider à évacuer les civils, ils ont été pris en embuscade à hauteur du pont de Qereqozax et ont été capturés.

A hauteur du front d’Afrin (le canton ouest du Rojava qui est isolé des deux autres), les Forces Démocratiques Syriennes ont pris la direction de Al-Bab également (c’est la course vers cette ville qui motive l’agression turque, voir notre article précédent). Trois villages ont été libérés de l’occupation de Daesh: Harbul, Tal Qarah et Hosh. Al-Bab se trouve à 30km du front d’Afrin et à 15km des forces QSD du front de Manbij. Les troupes FSA soutenues par la Turquie essaient donc à la fois de créer une zone tampon de Jarabulus à Marea (ils ont déjà pris ces deux villes), de couper la route du front d’Afrin à l’ouest et de couper la route du front de Manbij en tentant de reprendre cette ville que les QSD ont pris après des semaines de bataille contre Daesh et au prix de nombreuses vies.

Front de Manbij/Jarabulus au 30 août 2016

A Toulouse et dans d’autres villes, des manifestations ont eu lieu ce samedi 27 août pour la libération du leader emprisonné du PKK, Abdulah Ocalan, et en soutien à la résistance au Rojava qui combat Daesh, l’état turc et leurs alliés réactionnaires. L’OCML-VP était présente sur place dans le cadre de la campagne de soutien au Bataillon International de Libération

Rassemblement pour la libération d’Ocalan à Toulouse

Nous relayons ici le communiqué de soutien écrit par le Bataillon International de Libération au Rojava envers le prisonnier politique palestinien Bilal Kayed.

« La liberté vient en luttant pour elle

les révolutionnaires internationalistes qui combattaient côte à côte lors de la Commune de Paris, hier en Espagne et contre le sionisme en Palestine au côté du peuple palestinien, luttent aujourd’hui au Rojava contre le fascisme de Daesh derrière le slogan « Ensemble jusqu’à la victoire ».
Le Rojava est la Palestine. Ce sont les espoirs de liberté de tous les peuples arabes, kurdes, yézidis, et turkmènes, qui vivent sous l’oppression des fascistes de Daesh.
La victoire appartient à celles et ceux qui luttent pour la liberté et pour l’honneur.
Nous saluons l’appel aux actions de solidarité lancé par le FPLP pour Bilal Kayed et tous les prisonniers révolutionnaires.
Nous saluons les enfants de l’Intifada! Vive la résistance de la Palestine! Vive l’internationalisme!« 

Déclaration de soutien de l’IFB pour Bilal Kayed

150 personnes se sont rassemblées devant l’ambassade de Turquie ce lundi à 16h malgré l’appel tardif à manifester. Des militants ont pris la parole pour réclamer la libération de Bilen Ceyran qui est emprisonnée depuis plusieurs jours à Izmir où elle a été arrêtée et accusée d’être membre d’une organisation terroriste (le KGÖ, la jeunesse du MLKP). Les manifestants ont également dénoncé l’occupation turque au Rojava (à Jarabulus) et la guerre aux Kurdes menée par le parti AKP.

Manifestation pour Bilen à Bruxelles

Un soldat turc a été tué et trois autres blessés dans une attaque à la roquette contre deux chars participant à l’offensive turque dans le nord de la Syrie. Les blindés ont été touchés dans la région de Jarabulus, ville que les troupes de l’Armée Syrienne Libre (FSA) soutenus par la Turquie ont reprises mercredi à Daesh. Il s’agit du premier décès confirmé d’un militaire turc dans le cadre de cette opération sans précédent, déclenchée mercredi, contre les Forces Démocratiques Syriennes (QSD). L’armée turque a bombardé des positions du Conseil Militaire de Jarabulus, affilié aux QSD et composé de groupes locaux mais désigné par la Turquie comme « groupes terroristes kurdes ». Un peu plus tôt samedi, l’armée turque avait envoyé six nouveaux blindés en Syrie par le village de Karkamis, à la frontière turque. Après quatre jours d’opérations, elle dispose désormais de 50 chars et de 380 soldats dans ce pays.

Blindés turcs en route pour Jarablos

Une combattante YJA-Star (la guérilla des femmes du PKK) est décédée en défendant le Camp Makhmour contre une attaque de l’Etat Islamique. Le Camp Makhmour est un camps de réfugiés défendu et administré par le PKK et situé à mi-chemin entre Mossoul et Kirkouk. Le camp avait été créé pour accueillir les Yézidis chassés du Mont Shengal. A l’aube ce matin, deux djihadistes se sont infiltrés dans le camp avec des ceintures d’explosifs, l’un d’eux a réussi à se faire sauter alors que l’autre a pu être abattu par les guérilleros avant de faire sauter sa charge. Deux réfugiés ont été blessés, et une combattante Deniz Binevs a été tuée.

Deniz Binevs

Le quartier général des forces anti-émeutes turques à Cizre n’est plus qu’une carcasse fumante. Le bâtiment a été soufflé ce vendredi par une attaque revendiquée par le PKK. C’est un kamikaze qui a pu introduire une voiture piégée sur les lieux et qui l’a fait exploser, tuant au moins onze policiers. 78 personnes ont été blessées dans l’explosion. La ville de Cizré est située dans la province kurde de Sirnak, frontalière de la Syrie et de l’Irak. Ce quartier général est connu pour avoir vu mourir des centaines de Kurdes emmenés par la police turque.

Les décombres du QG policier

Au troisième jour de l’opération « Boucliers de l’Euphrate », le véritable affrontement oppose de plus en plus clairement les Forces Démocratiques Syriennes (QSD) à l’armée turque et à ses alliés. Hier, les YPG/YPJ, la composante kurde et principale des QSD ont annoncé qu’ils se retiraient à l’est de l’Euphrate pour laisser l’administration de Manbij à un pouvoir local, le Conseil Militaire de Manbij qui est affilié aux QSD. Les autres composantes QSD continuent à se déployer le long d’une ligne de front parallèle à la frontière turque, vers l’ouest, vers le canton d’Afrin. Les troupes turques et FSA suivant le même mouvement de l’autre côté de cette ligne.

Le véritable plan turc (mis au points depuis plus d’un an, nous vous en avions parlé en juillet 2015) est de créer une « zone tampon » le long de la frontière turque pour empêcher l’unification du Rojava. Cette zone s’étendrait de Jarabulus à Al-Bab, à travers le nord de la province d’Alep. La Turquie soutient dans l’opération plusieurs groupes de l’Armée Syrienne Libre dont la plupart sont affiliés à la chambre d’opération Fatah Halab (« Conquête d’Alep ») dont la Brigade Sultan Mourad (groupe turkmène qui tire son nom de l’empereur ottoman éponyme), Jahbat al-Sham, Ahrar al-Sham (qui décrivait ce matin à Jarabulus les Talibans comme un « modèle »), Faylaq al-Sham, Nour al-Din al-Zenki (qui s’était fait remarquer en filmant l’égorgement d’un jeune enfant « envoyé par Assad ») et une myriade d’autres groupes salafistes. Le tout est appuyé par les bombardements de la coalition internationale.

Des affrontements ont déjà opposé les troupes FSA aux QSD: des obus ont été tirés sur les QSD et des armes chimiques auraient été utilisées contre des civils kurdes. Il ne semble pas y avoir eu d’échanges de tirs directs jusqu’ici.

Situation à l'ouest de l'Euphrate au 26 août matin

L’invasion turque qui a commencé hier à Jarabulus révèle l’objectif turc d’empêcher les Forces Démocratiques Syriennes (QSD) de libérer plus de territoires à la frontière et de compliquer l’unification des cantons du Rojava. Les QSD ont parcouru 7 kilomètres au nord du front de Manbij en 24 heures et 7 autres kilomètres les séparent de Jarabulus. Une ligne de front s’est donc dessinée entre les combattants FSA et QSD. L’enjeu est énorme puisque les territoires qui seront pris par l’armée turque seront très probablement extrêmement difficiles à reprendre par la suite. Impossible de savoir si la course qui se joue à présent débouchera sur des affrontements entre les QSD et les groupes FSA soutenus par la Turquie (edit: Des combats auraient déjà eu lieu avec les Forces du Conseil Militaire de Jarabulus affiliées au QSD). Le PYD à déjà annoncé qu’il ne laissera pas faire. Les USA soutiennent l’opération turque. La ville de Jarabulus est « tombée » en quelques heures aux mains de l’armée turque et de la FSA, aucune vidéo, aucun usage d’explosif, aucune mine laissée derrière les djihadistes. La « libération » de Jarabulus par l’armée turque semble s’être faite sans aucune résistance de la part de Daesh.

Le champs de bataille complexe de Jarabulus