Plus de 10.000 personnes, en majorité kurdes, ont manifesté samedi à Paris pour réclamer justice trois ans jour pour jour après l’assassinat de Sakine Cansiz, 54 ans, une des fondatrices du PKK, Fidan Dogan, 28 ans, et Leyla Saylemez, 24 ans dans la capitale française et dénoncer les crimes du régime turc contre les Kurdes. La manifestation a eu lieu entre la gare du Nord et la place de la Bastille. A la fin de la manifestation, une très violente rixe a éclaté entre plusieurs manifestants et provocateur. Pour dégager celui-ci qui commençait à se faire rosser, des policiers sont intervenus et l’un d’eux a tirer à deux reprises en l’air pour éloigner les manifestants et exfiltrer le provocateur. Il n’y a pas eu d’interpellation.

La manifestation kurde à Paris

La manifestation kurde à Paris

Lors d’un raid effectué par la police turque ce matin dans une habitation de la ville de Van (Anatolie Orientale), 12 personnes agées de 18 à 25 ans ont été tuées d’une balle dans la tête sauf un qui l’a été d’une balle dans l’estomac. Seule une kalachnikov a été saisie par la police.

Le procureur a demandé à ce que les corps soient transférés à Malatya pour des « raisons de sécurité ». Ces dernières semaines, les tensions se sont cristallisées -entre autres- autour de la récupération des corps des personnes tuées par la police par leurs familles. C’est par exemple le cas à Şırnak, Silopi et Cizre.

Des images de l’éxécution à Van.

Des images de l'éxécution à Van.

Le 9 janvier 2013, les militantes kurdes Sakine Cansiz, Fidan Dogan (Rojbîn) et Leyla Saylemez étaient froidement assassinées d’une balle dans la tête, dans les locaux du Centre d’Information du Kurdistan à Paris. De nombreux éléments de l’enquête, notamment un enregistrement sonore et un document écrit publiés sur internet un an après le crime, font apparaître que le meurtrier présumé, Ömer Güney, a agi pour le compte des services secrets turcs (MIT). Depuis le début de l’enquête, on observe la volonté des autorités turques et françaises d’étouffer l’affaire. En Turquie, une enquête a été ouverte au lendemain du crime mais, malgré une commission rogatoire internationale, aucune information n’a été partagée avec la justice française. Côté français, le gouvernement a refusé de lever le secret-défense sur les renseignements qui auraient pu permettre l’avancement dans l’enquête judiciaire.

La Coordination Nationale Solidarité Kurdistan et le Conseil démocratique Kurde en France, pour ne laisserons pas le meurtre de Sakine, Rojbîn et Leyla sombrer dans l’oubli, organise une manifestation pour demander à la France de déclassifier tous les renseignements pouvant permettre de faire la lumière sur ces crimes ; de tout mettre en œuvre pour en identifier, interpeller, juger les auteurs et les commanditaires ; de demander des comptes à la Turquie pour ces crimes.

Manifestation demain samedi 9 janvier 2016, à Paris, Gare du Nord, 10h

France: Manifestation demain pour Sakine, Fidan et Leyla

D’importants affrontements ont eu lieu entre les Forces Spéciale de la police et de l’armée et les Yekîneyên Parastina Sîvîl (YPS) – Groupes de Défense Civils – qui défendent les quartiers insurgés. Les affrontements, qui ont durée du matin au soir, ont été violents entre les groupes d’autodéfense des quartiers et les Forces Spéciales. Dans le même temps, les quartiers ont été la cible de tirs d’obus. C’est suite à ces affrontements que 4 membres de Forces Spéciales ont été tués et 9 autres blessés. Avec la tombée de la nuit, des chars ont commencé les tirs sur six quartiers de la ville, principalement les quartiers de Hasırlı et de Fatihpaşa.

Forces spéciales à Diyarbakir

Forces spéciales à Diyarbakir

Il y a quelques jours, les Forces Démocratiques Syriennes (QSD), forces menées par les YPG, traversaient l’Euphrate pour la première fois en arrachant le Barrage de Tichrin à l’occupation de l’Etat Islamique. Ce faisant, l’objectif des QSD est très probablement de prendre la ville de Jarabulus, ville contrôlée par les islamistes et protégée par la Turquie.

Le premier objectif sur la route des QSD était la ville de Manbij, à une vingtaine de kilomètres de Tichrin. Depuis plusieurs jours, les habitants de Manbij se rebellaient contre l’occupant. L’attaque des QSD a finalement eu lieu cette nuit. Ce ne sont pas les YPG/YPJ qui exercent le commandement de cette bataille cette fois-ci, mais la Jaysh al-Thuwar (Armée des Révolutionnaires), un groupe armé syrien qui combat les islamistes modérés et radicaux aussi bien que le régime et qui n’a ni l’appui des USA ni de la Turquie.

On peut voir le trajet des QSD sur cette carte (le barrage de Tichrin y est traduit en « October Dam »)

Objectifs des QSD entre Alep et Kobané.

Objectifs des QSD entre Alep et Kobané.

Un rassemblement a eu lieu ce mercredi devant la résidence de l’ambassadeur de France à Bruxelles pour exiger la vérité et la justice sur l’assassinat de Fidan, Sakine et Leyla, trois militantes kurdes à Paris il y a juste un ans.

En raison des massacres incessant au Kurdistan, et particulièrement de l’assassinat par la contre-guérilla de trois militantes politiques connues dans le district de Silopi : Seve Demir, Fatma Uyar et Pakize Nayir, les manifestants ont improvisés un cortège et se sont rendus devant l’ambassade de Turquie. Les rassemblements des Kurdes et de la gauche révolutionnaire turque sont presque quotidiens ces derniers jours, il y a eu des manifestations à Liège, au siège de RTL-TVi etc.

Les militantes assassinées à Silopi


Le rassemblement à Bruxelles

Les militantes assassinées à Silopi
Le rassemblement à Bruxelles

La police est intervenue violemment ce mardi après-midi, lors d’une manifestation non autorisée de militants kurdes à l’aéroport de Genève. Un policier a été blessé. Des dizaines de manifestants se sont rassemblés dès 15 heures aux Arrivées de l’aéroport, peu avant l’atterrissage d’un avion de Turkish Airlines en provenance d’Istanbul. Des tensions ont éclaté entre eux et des familles turques qui attendaient leurs proches. Les forces de l’ordre ont repoussé les militants kurdes sur le parking des taxis. Quatre personnes ont été interpellées. L’une d’entre elles est prévenue d’opposition aux actes d’autorité et a été conduite au poste de l’aéroport, où elle sera entendue.

A l’aéroport de Genève ce mardi

A l'aéroport de Genève ce mardi

Comme nous vous l’annoncions il y a quelques jours, les YPG/YPJ (Unités de Protection du Peuple/des Femmes, milices progressistes kurdes en Syrie) et la coalition qu’ils mènent, les Forces Démocratiques Syriennes (QSD) ont franchit le fleuve Euphrate, pénétrant ainsi dans la province d’Alep, avec pour objectif probable la ville de Jarabulus (et le rattachement de la province de Afrin au reste du Rojava), occupée par les islamistes et protégées par les troupes turques. Cette traversée s’est faite par la libération du barrage de Tichrin.

A 12 kilomètres au nord-ouest de ce barrage, la ville kurde de Manbij attend avec impatience les YPG et manifeste depuis samedi contre l’Etat Islamique qui administre actuellement la ville par la force. Cette nouvelle opération militaire kurde a semé la panique dans les rangs de Daesh qui a dans un premier temps fait venir des troupes de sa capitale, Raqqah. Il semble à présent que les combattants réactionnaires soient en fuite vers Alep. Désespérés, les islamistes ont procédé avec la barbarie qu’on leur connaît en arrêtant de nombreux militants et en kidnappant des femmes.

La libération de Manbij devrait avoir lieu dans les prochaines heures ou prochains jours.

Manifestation à Manbij

Manifestation à Manbij

Le maire de la ville kurde de Van (400.000 habitants) a été condamné lundi à quinze ans de prison pour appartenance au PKK, sur fond de violents affrontements entre l’armée et les insurgés kurdes. Bekir Kaya, 38 ans, avocat de formation et co-maire depuis 2009, a été reconnu coupable par un tribunal de sa ville de « complicité et appartenance à une organisation terroriste ». Membre du HDP, Bekir Kaya, avait déjà été emprisonné pendant dix mois de 2012 à 2013 dans une précédente procédure visant les ramifications du PKK dans sa ville. Ce verdict intervient alors que le Kurdistan se trouve depuis plusieurs mois en état de quasi-guerre civile.

Bekir Kaya

Bekir Kaya