Une manifestation solidaire avec le peuple sahraoui a eu lieu hier jeudi en fin d’après midi à Madrid pour exiger la libération immédiate des prisonniers politiques sahraouis, récemment condamnés à de lourdes peines par une cour marocaine. Les manifestants qui ont répondu à l’appel de la coordination espagnole de solidarité avec le Sahara occidental et la fédération des associations amies avec le peuple sahraoui de Madrid, se sont regroupés en masse à la Puerta del sol où ils ont exigé la libération immédiate des prisonniers politiques sahraouis du groupe de Gdeim Izik , récemment condamnés par la cour de Sale (Rabat) à de lourdes peines allant de 20 ans à perpétuité. D’autres manifestations similaires ont eu lieu dans les régions de l’Etat espagnol, ancienne puissance coloniale du Sahara occidental.

La manifestation d’hier

La manifestation d'hier

Al-Hoceïma et les localités voisines ont été hier le théâtre d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre qui ont tenté d’étouffer brutalement dans l’oeuf une grande marche prévue de longue date (voir notre article) de se tenir.

En début d’après-midi, la police avait commencé à quadriller les principales places de la ville, y interdisant tout accès, alors que la quasi-totalité des commerces étaient fermés. Au moins une dizaine d’arrestations préventives ont été opérées. Peu avant 17h00, les manifestants ont commencé à se regrouper dans plusieurs points de la ville, mais les forces de l’ordre, déployées en nombre, intervenaient systématiquement pour les charger et les disperser. Des dizaines de manifestants ont été blessé, l’un d’eux étant dans le coma. 72 policiers auraient été blessés suite à des jets de pierres jeudi soir à Al-Hoceïma dont deux seulement restent hospitalisés. Deux véhicules des forces publiques ont été endommagés et incendiés par des manifestants à Ajdir, près d’Al-Hoceïma.

La répression hier à Al-Hoceïma

La répression hier à Al-Hoceïma

200 personnes se sont réunies samedi 8 juillet à Bruxelles pour une manifestation de solidarité avec la région du Rif, au Maroc. Cette région est le théâtre, depuis des mois, de manifestations pour de meilleures conditions de vie et pour des droits politiques, sociaux et culturels (voir notre article à ce sujet)

Manifestation à Bruxelles en soutien au mouvement populaire rifain

Manifestation à Bruxelles en soutien au mouvement populaire rifain

Des affrontements ont opposé manifestants et policiers vendredi après-midi, à Imzouren, une localité de la province d’Al-Hoceïma, dans le Rif. Plusieurs centaines de jeunes s’en sont pris à coups de pierres aux forces anti-émeutes, qui de leur côté ont fait usage d’un canon à eau, lançaient des pierres et chargeaient à intervalles réguliers, protégées derrière leur bouclier, pour disperser les émeutiers et démanteler les quelques barricades de fortune. Un mot d’ordre de boycott des prêches officiels dans les mosquées a été très suivi ce vendredi à Imzouren. La ville observe également depuis vendredi un mouvement de grève générale, avec la quasi-totalité des commerces fermés.

Affrontements à Imzouren

Affrontements à Imzouren

Des affrontements ont éclaté hier jeudi en fin de journée entre manifestants et policiers dans la ville d’Al-Hoceïma, épicentre d’un mouvement de contestation populaire qui secoue depuis sept mois cette région dans le nord du Maroc. Ce jeudi, vers 17h00 locales, des groupes de jeunes se sont rassemblés par surprise dans les ruelles pour manifester dans le quartier Sidi Abed. Ils ont été repoussés brutalement par les policiers vers un carrefour du quartier, où plusieurs d’entre eux ont alors lancé des pierres sur les forces de l’ordre, qui ont répliqué en faisant usage notamment de gaz lacrymogène. Au moins deux personnes ont été blessées, un policier à la mâchoire par une pierre, et un manifestant à la tête par des coups de matraques. La police a procédé à plusieurs interpellations.

Incidents à Al-Hoceïma, hier jeudi

Incidents à Al-Hoceïma, hier jeudi

Le Maroc vit au rythme du mouvement de protestation du Rif (voir notre article) et de sa répression. Des manifestations de soutien ont également été organisées dans plusieurs grandes villes avant d’être dispersées par la police. Le visage de Nasser Zefzafi, arrêté lundi pour «atteinte à la sécurité intérieure», s’affiche sur les tee-shirts et les feuilles de papier brandis à bout de bras. Demain, c’est à Paris qu’aura lieu un rassemblement solidaire.

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Vendredi, à la mosquée, l’imam avait attaqué frontalement le « Hirak » dans sa prêche. Le « Hirak » est ce mouvement qui chapeaute la contestation rifaine depuis octobre 2016, suite à la mort du poissonnier Mohcine Fikri, écrasé dans une benne à ordures alors qu’il tentait de récupérer la marchandise que la police lui avait prise. Présent parmi les fidèles, Zefzafi, leader du mouvement, avait dénoncé l’imam et son discours. La scène, qui avait été filmée avec des téléphones portables, avait enflammé la blogosphère marocaine. A la fin de la prière, la police a tenté d’arrêter en son domicile le leader rifain, mais la mobilisation populaire a fait capoter cette mission. Il s’en est suivi des heurts et des escarmouches entre policiers et manifestants.

Dans la nuit de vendredi à samedi, et dans la matinée de samedi, les services de sécurité marocains ont procédé à une trentaine d’arrestations dans toute la province d’Al-Hoceima, dans le Rif marocain. Plusieurs animateurs du mouvement « Hirak », tels que l’ancien détenu politique, Mohamed Djelloul, ainsi que des activistes connus dans les réseaux sociaux et les médias ont été arrêtés. Les accusations retenues par le procureur du Roi sont lourdes : « Atteintes à la sûreté de l’Etat » et « outrage et haine des symboles du royaume lors des rassemblements publics ». Il n’y a jusqu’à présent aucune trace des personnes arrêtées. Les parents et les familles qui se sont présentés devant les commissariats n’ont reçu aucune réponse à leurs interrogations. Dans la journée de samedi, la police est brutalement intervenue à Al-Hoceima pour empêcher des manifestations aux militants arrêtés et à Nasser Zefzafi, qui a échappé à l’arrestation.

Manifestation du mouvement Hirik au Rif (archive)

Manifestation du mouvement Hirik au Rif (archive)

Des dizaines de Sahraouis et de militants français soutenant la cause sahraouie ont manifesté lors d’un rassemblement organisé mardi après-midi aux Invalides (Paris) pour demander la libération immédiate et sans condition des prisonniers politiques sahraouis détenus au Maroc. Ils ont également exigé l’organisation rapide du référendum d’autodétermination, l’extension du mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental à la surveillance du respect des droits de l’Homme au Sahara occidental. Ils ont aussi rappelé que le 8 novembre 2010, les forces de sécurité marocaines ont démantelé avec violence le camp de Gdeim Izik, installé par plus de 20.000 Sahraouis. Vingt-deux militants sahraouis ont été condamnés à de lourdes peines par un tribunal militaire marocain.

Le rassemblement place des Invalides

Le rassemblement place des Invalides

Les forces de l’ordre marocaines sont intervenues jeudi 13 pour disperser des étudiants de la gauche révolutionnaire qui tentaient d’organiser un sit-in, jeudi matin, aux alentours de la Cour d’appel de Fès. Les manifestants, appartenant à d’Annahj Addimocrati Al-Qaïdi, venaient se solidariser de deux de leurs camarades poursuivis dans le cadre d’une affaire d’homicide volontaire (voir notre article). Il s’agit de la mort d’un militant islamiste survenue lors des affrontements qui avaient opposés les islamistes et les progressistes sur le campus en avril 2014. Les deux étudiants poursuivis dans cette affaire ont été innocentés de la mort de l’islamiste mais ont été condamnés, le premier a un an et demi de prison ferme pour insultes à l’encontre de fonctionnaires dans l’exercice de leurs fonctions et l’usage de violence contre eux, le second a à 3 ans de prison ferme pour coups et blessures et insultes à l’encontre de fonctionnaires dans l’exercice de leurs fonctions.

Plusieurs étudiants ont donc été blessés jeudi lors de l’intervention policière qui s’est transformée en affrontements massifs aux alentours de la cité universitaire de la faculté Dhar El Mahraz, et au moins 17 manifestants ont été arrêtés. Quelques policiers ont également été blessés par des jets de pierres et hospitalisés.

Les affrontements à Fès

Les affrontements à Fès

Le procès des prisonniers politiques sahraouis du groupe Gdeim Izik, repris lundi dernier devant la Cour d’Appel de Salé, au Maroc (voir notre article), a été reporté au 8 mai prochain. Ce procès avait repris le 13 mars à Rabat et a été ajourné au 20 mars.

Les prisonniers sahraouis du groupe Gdeim Izik

Les prisonniers sahraouis du groupe Gdeim Izik