Vendredi, à la mosquée, l’imam avait attaqué frontalement le « Hirak » dans sa prêche. Le « Hirak » est ce mouvement qui chapeaute la contestation rifaine depuis octobre 2016, suite à la mort du poissonnier Mohcine Fikri, écrasé dans une benne à ordures alors qu’il tentait de récupérer la marchandise que la police lui avait prise. Présent parmi les fidèles, Zefzafi, leader du mouvement, avait dénoncé l’imam et son discours. La scène, qui avait été filmée avec des téléphones portables, avait enflammé la blogosphère marocaine. A la fin de la prière, la police a tenté d’arrêter en son domicile le leader rifain, mais la mobilisation populaire a fait capoter cette mission. Il s’en est suivi des heurts et des escarmouches entre policiers et manifestants.
Dans la nuit de vendredi à samedi, et dans la matinée de samedi, les services de sécurité marocains ont procédé à une trentaine d’arrestations dans toute la province d’Al-Hoceima, dans le Rif marocain. Plusieurs animateurs du mouvement « Hirak », tels que l’ancien détenu politique, Mohamed Djelloul, ainsi que des activistes connus dans les réseaux sociaux et les médias ont été arrêtés. Les accusations retenues par le procureur du Roi sont lourdes : « Atteintes à la sûreté de l’Etat » et « outrage et haine des symboles du royaume lors des rassemblements publics ». Il n’y a jusqu’à présent aucune trace des personnes arrêtées. Les parents et les familles qui se sont présentés devant les commissariats n’ont reçu aucune réponse à leurs interrogations. Dans la journée de samedi, la police est brutalement intervenue à Al-Hoceima pour empêcher des manifestations aux militants arrêtés et à Nasser Zefzafi, qui a échappé à l’arrestation.
Manifestation du mouvement Hirik au Rif (archive)