Un tribunal péruvien a condamné mardi, 12 septembre, dix dirigeants maoïstes du Sentier lumineux à la prison à perpétuité. Parmis ces dix personnes se trouve le Président Gonzalo du PCP-SL, Abimael Guzman, arrêté en 1992 et qui purge déjà une peine de prison à vie.

Les trois juges de la Cour pénale nationale ont rendu leur sentence, après 20 mois de procès, lors d’une audience de 6 heures retransmises en direct à la télévision, à la veille de l’anniversaire de l’arrestation d’Abimael Guzman, le 12 septembre 1992. Les dix dirigeants devaient répondre d’une attaque à la voiture piégée qui avait eu lieu en juillet 1992 et fait 25 morts. Moises Limaco, un des condamnés, a, lui, est parti vers la France. La justice péruvienne a ordonné sa «localisation et sa capture au niveau national ou international».

Procès de l’attentat de 1992 à Lima

Tomas Rojas Márquez, alias « Tomas », 72 ans, commandant militaire de la Base d’appui 21 de la guérilla maoïste dans les années ’80 et ’90, a été capturé hier après-midi par des agents de la direction anti-terroriste (DIRCOTE) dans le centre-ville de Titimina (district de San José de Ticllas, Ayacucho).

La base d’appui 21 faisait partie du Comité Zonal Centre, couvrant Ayacucho et Huancavelica, longtemps commandé par Oscar Ramirez Durand « Feliciano », capturé en juillet 1999. Tomas Rojas était recherché depuis longtemps, et sa tête avait été mise à prix par les autorités. Il est notamment accusé d’avoir commandé, le 22 janvier 1991, l’embuscade à l’IED et à l’arme automatique qui avait coûté la vie à 11 policiers sur la route reliant les villes de Rancha et de Huascahura (Ayacucho), lors d’une grève armée décrétée par le PCP-SL dans cette région.

Arrestation de Tomas Rojas Márquez

Arrestation de Tomas Rojas Márquez

L’unité des forces spéciales de police « Terna » a réussi à capturer hier après-midi, dans le district de Nuevo Chimbote, Bernardo Laos Valencia (55 ans), le « camarade Carlos », qui aurait d’importante responsabilité dans le PCP-SL clandestin dans les provinces de Barranca et Chancay. C’est en tout cas à ce titre qu’il faisait l’objet de deux mandats d’arrêts pour « terrorisme aggravé » émis par la Cour pénale nationale de Lima.

Bernardo Laos Valencia

Bernardo Laos Valencia

Le matin du 28 juillet, les agents de la Direction contre le terrorisme (DIRCOTE) ont arrêté deux étudiants alors qu’ils arboraient un drapeau favorable à Abimael Guzman, le « Président Gonzalo » du PCP-SL. L’arrestation a été suivie de perquisition qui a permis de trouver des publication du MOVADEF, accusé par les autorité d’être le paravent légal du PCP-SL. Une audience préliminaire a décidé ce lundi de la détention provisoire des deux étudiants pour 9 mois en attendant leur procès pour « affiliation à une organisation terroriste », un délit passible d’une peine d’emprisonnement d’au moins 20 ans.

Les deux jeunes présentés par la police avec une banderole du MOVADEF dénonçant la justice

Les deux jeunes présentés par la police avec une banderole du MOVADEF dénonçant la justice

Santiago Quispe Aroni (58 ans), qui faisait l’objet d’un mandat d’arrêt pour appartenance au PCP-SL, a été arrêté à Vítor (Arequipa). Il était recherché par le tribunal de Juliaca depuis octobre 2017 pour avoir participé aux écoles de formation pour les nouveaux militants de PCP-SL mais aussi pour homicide (à Juliaca) et « vols aggravés » en mars et avril 2017 à Cusco. Pour sa capture, le programme « Most Wanted » du ministère de l’Intérieur offrait 15.000 soles.

Santiago Quispe Aroni

Santiago Quispe Aroni

José Luis Gutierrez Quispe (43 ans), un maoïste recherché au Pérou (sa tête était mise à prix par le Ministère de l’intérieur), a été arrêté fin avril dans le district de Llochegua à Huanta. Il est accusé d’avoir assuré le service de renseignement pour les maoïstes dans la région VRAEM (Valle Delos Rios Apurimac, Ene et Mantaro).

José Luis Gutierrez Quispe

De nombreux signes d’un développement des forces et des activités maoïstes sont signalées au Pérou, après une série de succès remportés par la contre-insurrection, dont l’un des plus importants est la destruction du Comité régional Huallaga du PCP-SL et l’arrestation de son dirigeant, le « camarade Artemio ». Outre les forces héritières du PCP-SL qui ont adopté une stratégie légaliste, à l’image du MOVADEF, il y a actuellement quatre forces héritières du PCP-SL qui suivent la politique de la « guerre populaire prolongée ».

La principale de ces forces est le Parti Communiste du Pérou Militarisé (Militarizado Partido Comunista del Perú PMCP) qui est devenu une organisation indépendante et qui dispose de plusieurs colonnes de guérilleros dans la région VRAEM et qui s’étend ses activités à de nouvelles zones. Ce dimanche 6 mai, le MPCP a rendu public un discours de la « camarade Helena ». Dans ce discours, elle réaffirme la nécessité de mener la révolution par les armes. Elle y décrit le MPCP comme provenant de PCP-SL mais s’en démarquant.

Le lien vers le discours du MPCP

Combattants de la guérilla maoïste au Pérou

Combattants de la guérilla maoïste au Pérou
José Luis Gutierrez Quispe

La Chambre pénale nationale du Pérou, spécialisée dans les infractions terroristes, a ordonné la libération après 25 ans de prison d’Osman Morote, considéré comme le second dirigeant en importance du PCP-SL. Morote sortira de prison en même temps que Margot Liendo et Victoria Trujillo, également dirigeants de l’insurrection maoïste dans les années ’80. Osman Morote avait a été emprisonné en 1988 et plus tard condamné à 25 ans de prison, une peine qui a été prolongée en raison l’affaire Perseus. Ce dossier est en fait l’enquête ouverte par la police nationale en 2014 contre le Mouvement pour l’amnistie et les droits fondamentaux (voir notre article). Les procureurs de l’affaire Perseus ont demandé au tribunal d’ordonner une détention préventive contre Osman Morote qui commencerait à sa libération, mais le tribunal a estimé que la détention ne pouvait être prolongée davantage.

Osman Morote

Osman Morote

Fidencio Tiquillahuanca Cristanto (55 ans), alias « Marcial », qui faisait l’objet d’un mandat d’arrêt pour « crime de terrorisme », a été capturé à San Martín de Porras, dans le district de Las Pirias (province de Jaén). Tiquillahuanca Cristanto est d’accusé d’avoir participé aux activités du PCP-SL, en participant notament à quatre assemblées en 1992 dans les villages de Yahuangate, El Pasaje, Palo Blanco, Huarmaca et Mano de León (Lambayeque).

D’autre part, la police de Chiclayo (Lambayeque), a arrêté Pedro Baldemar Barreto Tolentino (55 ans) qui était également recherché pour « crime de terrorisme ». Barreto Tolentino est accusé d’avoir, sous le pseudonyme de camarade « Eduardo », eu des responsabilité dans l’organisation du PCP-SL dans la région de Santiago de Chuco.

Fidencio Tiquillahuanca Cristanto à son arrestation

Fidencio Tiquillahuanca Cristanto à son arrestation

Dans le cadre du procès contre la direction du PCP-SL, le procureur a demandé des peine à perpétuité pour les membres de la direction du parti, certains détenus déjà détenus depuis une vingtaine d’années, d’autre arrêtés plus récemment. La perpétuité a ainsi été requise pour Abimael Guzmán, Elena Iparraguirre et Florindo Eleuterio Flores Hala.

Mais le procureur a aussi demandé des peines de 25 ans de prison contre les dirigeants du MOVADEF (Mouvement pour l’Amnistie et les Droits Fondamentaux) arrêtés en 2014 (voir notre article), qu’il accuse d’être l’actuel « bras légal » du PCP-SL. Sont ainsi visés Oswaldo Esquivel Caycho, Fernando Claudio Olórtegui Crispín et Carlos Alfonso Gamero Quispe, mais aussi Manuel Augusto Fajardo Cavero et Alfredo Víctor Crespo Bragayrac (l’avocat d’Abimael Guzman). Pour les autres membres du MOVADEF en jugement, le procureur demande 20 ans de prison.

Alfredo Víctor Crespo Bragayrac

Quatre membres de la guérilla du PCP-SL ont été capturés le 7 décembre. Ils auraient participé aux embuscades des véhicules de police à Huanta et à Huancavelica. Deux des détenus ont été identifiés comme le « camarade Raulito » et le « camarade Agustín ». Les deux autres prisonniers sont en cours d’identification. Tous appartiendraient à la colonne de guérilla dirigée par le « camarade Antonio », active dans la région de la vallée des rivières Apurímac, Ene et Mantaro (Vraem). Le camarade ‘Agustín’ est le fils d’Alejandro Borda Casafranca, le « camarade ‘Alipio », tué par les forces de sécurité en août 2013 (voir notre article). Les prisonniers ont été transférés par les airs dans la capitale.

Le trasnfert des prisonniers

Le trasnfert des prisonniers