Ce vendredi 8 septembre s’est ouvert à Lima le procès de 35 militaires accusés d’avoir assassiné plus de 100 prisonniers du PCP-SL .
Le 18 juin 1986, des détenus membres du PCP-SL se mutinent dans trois pénitenciers : San Juan de Lurigancho, El Fronton, et la prison pour femmes de Santa Monica. Ils prennent des otages et exigent la libération de 500 prisonniers. Les 18 et 19 juin 1986, le gouvernement envoie l’armée à la prison d’El Fronton, située sur une île au large de la capitale  péruvienne. La Marine mènera l’assaut et 133 prisonniers y seront assassinés. Selon le rapport de la Commission péruvienne de la vérité, les militaires ont exécuté d’une balle dans la nuque un « nombre indéterminé » de détenus qui s’étaient rendus. Selon une commission parlementaire, l’armée aurait agi de la même manière lors de l’assaut mené la même nuit sur la prison de Lurigancho.
Le ministère public a requis des peines allant de 25 à 30 ans de prison et  des indemnisations pour un total de 1,6 million de dollars destinées aux  familles des victimes. 80 personnes ayant participé à la mutinerie devraient être entendues pour témoigner des violences des militaires. L’ancien président Alan Garcia, au pouvoir à l’époque, et plusieurs membres de son gouvernement devraient aussi comparaître.

Alan Garcia, à gauche de la photo, devant devant les corps des prisonniers assassinés

Alan Garcia, à gauche de la photo, devant devant les corps des prisonniers assassinés

Quelques jours après le retour à l’école après plus de 50 jours d’une grèves qui avait donné lieu à de nombreux incidents (voir nos articles ici et ici), les enseignants de la région métropolitaine de Lima métropolitain ont arrêté hier le travail pendant 24 heures pour demander la démission du ministre de l’Éducation. La police antiémeute a fait barrage à leur manifestation qui se dirigeait vers le siège du Congrès, et a tiré des grenades lacrymogènes sur la grande avenue Abancay, dans le centre-ville de Lima. De nombreux passants et manifestants ont été incommodés.

Incidents hier à Lima

Incidents hier à Lima

Des groupes d’enseignants en grève se sont affrontés avec la police avant-hier, vers 13H, dans l’avenue Javier Prado, à Lima. Les agents ont lancé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants qui convergeaient vers la Plaza San Martín. Beaucoup de manifestants se sont retirés dans les rues voisines. Un autre groupe d’enseignants a parcouru l’avenue Arequipa générant des embarras de circulation dans le district de San Isidro. Un autre groupe d’enseignants a tenté d’atteindre le stade Monumental où se déroulera le jeu entre les équipes de football du Pérou et de Bolivie. Il y a eu au moins une arrestation. Il y a deux semaines, cette grève avait déjà généré des affrontements (voir notre article).

Affrontements avant-hier à Lima

Affrontements avant-hier à Lima

Le 12 septembre, il y aura 25 ans que le Grupo Especial de Inteligencia a capturé le Comité central du PCP-SL y compris sont principal dirigeant, Abimael Guzmán, le Président Gonzalo. A la fin de cette année, sept dirigeants du PCP-SL, mais aussi deux responsables du Mouvement Révolutionnaire Tupac Amaru (MRTA), auront purgé leur peine et devront être libérés. Les maoïstes devant être libérés sont Maritza Garrido Lecca, Martha Huatay Ruiz, Jorge Carrillo Román, Jorge Bellido Puchuri, José María Castillo Bellido, Alejandro Torres Pimentel et Enrique Pinedo Gonzales. Parmi les guévaristes: Isidro Dávila Torres et Esteban Velásquez Mandujano. Maritza Garrido Lecca devrait sortir de prison le 11 septembre. Martha Huatay devrait être libérée le 16 octobre après avoir purgé une peine de 25 ans pour avoir été membre du comité central de Socorro Popular, lié au PCP-SL.

Le comité central du PCP-SL, dans le cercle: Martha Huatay

Le comité central du PCP-SL, dans le cercle: Martha Huatay

Les enseignants qui appartiennent à l’Union des travailleurs du Pérou pour l’éducation (Sutep) sont depuis deux mois de grève illimitée. Jeudi matin, ils sont revenus à se rassembler sur la place San Martin, à Lima, pour une manifestation dans le cadre de leurs actions de protestation. C’est lorsqu’ils ont voulu marcher vers le Congrès qu’ils se sont heurté aux forces de l’ordre, avenue Abancay. Les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes et fait usage d’autopompes. Les affrontements ont duré environ 30 minutes. Après cela, les enseignants ont décidé de revenir à San Martin, encadrés par un important contingent de police.

Affrontements entre policiers et enseignants grévistes à Lima

Affrontements entre policiers et enseignants grévistes à Lima

Le maire de la localité de Tocache, San Martin Région (jungle du Nord), David Bazan Arévalo, a été arrêté. Il est accusé de complicité dans l’embuscade qui a coûté la vie au procureur provincial de Tocache, et à trois agents de la Direction des opérations spéciales (DIROES) le 14 juin 2007 dans le secteur Ramal de Cachiyacu. L’embuscade avait été réalisée par les guérilleros du Comité régional du Huallaga du PCP-SL.

David Bazan Arévalo

David Bazan Arévalo

Le 19 juin 1986, les militants du PCP-SL emprisonnés à El Fronton, Lutigancho et Callao s’étaient révolté : l’armée en avait profité pour les massacrer, assassinant 250 d’entre eux. Les proches de militants maoïstes assassinés lors du soulèvement d’El Fronton se sont rassemblés devant l’entrée du siège de la Cour supérieure de justice de Lima pour empêcher la démolition du mausolée de Comas, où sont enterrés plusieurs de ces militants (voir notre article). La police nationale a dispersé les manifestants de l’association AFADEVIG qui brandissaient des photos de leurs proches tués par les forces de sécurité en 1986. Les autorités péruviennes, essentiellement le maire de Comas et le ministre de la Justice ont décidé de détruire le mausolée et exhumer les corps des membres du PCP-SL qui y reposent, parce qu’ils le considère comme expression d’une « apologie du terrorisme ».

Le rassemblement avant l’intervention de la police

Le rassemblement avant l'intervention de la police

Les agents de la Direction de lutte contre le terrorisme (DIRCOTE) et de l’Unité de désamorçage des explosifs (Udex) ont été déployés près du grand pont Carapongo où deux engins explosifs ont été retrouvés. Il y avait sur ces engins des drapeaux du PCP-SL, et les murs proches du pont étaient couverts de slogans et d’emblèmes du parti maoïste. Les policiers ont immédiatement fait badigeonner ces slogans pour les rendre illisibles. Les charges étaient reliées aux drapeaux qui les recouvraient pour exploser lorsque les policiers auraient voulu les retirer – une technique utilisée par la guérilla maoïste au Pérou.

A la télévision péruvienne…

A la télévision péruvienne...

Abimael Guzmán, le Président Gonzalo, fondateur et dirigeant historique du PCP-SL, a été expulsé mardi de la salle d’audience d’instruction criminelle Ancón I, où il comparait pour une action à la bombe menée par la guérilla urbaine maoïste en 1992 à Lima (voir notre article sur ce procès). Outre le Président Gonzalo comparaissent d’autres dirigeants historiques du PCP-SL comme Elena Iparraguirre, Oscar Ramirez Durand, Feliciano, Florindo Eleuterio Flores, Artemio, Osmán Morote Barrionuevo, Margot Liendo Gil et Victoria Cardenas Huayta. Le juge a décidé cette expulsion parce que selon lui, l’accusé a non seulement dépassé son temps de parole mais a utilisé des termes offensants pour la tribunal, en qualifiant notamment le procès de « farce ».

Quelques inculpés du procès en cour (le Président Gonzalo est au centre)

Quelques inculpés du procès en cour (le Président Gonzalo est au centre)

Bacilio Chiquez Chacon, 44 ans, a été arrêté par la police alors qu’il circulait en mototaxi à Huanchaquito, (district de Huanchaco, province de Trujillo). Il était porteur d’une arme de fabrication artisanale permettant de tirer des cartouches de fusil de chasse. L’homme avait déjà purgé une peine dans la prison « Huacaris » de Cajamarca dans les années 1994-2001 pour son appartenance au PCP-SL. Il n’est pour l’instant inculpé que de détention illégale d’armes à feu et a été emprisonné.

Bacilio Chiquez Chacon

Bacilio Chiquez Chacon