Les Archives nationales de sécurité des États-Unis ont publié des documents déclassifiés sur la répression, dans les années ’80 et les années ’90, de l’insurrection maoïste au Pérou sous les gouvernements d’Alan García et d’Alberto Fujimori. Les câbles et les rapports des services de renseignement décrivent en détail la stratégie anti-insurrectionnelle brutale du gouvernement péruvien, qui consistait à ne pas faire de prisonniers, et ses efforts pour soustraire à la justice les membres des forces de sécurité responsables de crimes.

Ces documents décrivent l’aggravation de la répression sous le gouvernement APRA (social-démocrate) de García, comme en témoigne le massacre de Cayara (Ayacucho). Le 14 mai 1988, les militaires sont arrivées dans la ville de Cayara après une embuscade de la guérilla qui avait coûté la veille la vie à quatre soldats. Les ont torturé et tué 24 personnes, hommes et femmes, et ont pillé le village. Les jours suivant, les militaires ont saboté l’enquête en vidant les fosses communes pour incinérer les cadavres et en procédant à l’assassinat systématique des témoins du massacre portant le total des victimes à 33 morts et 7 disparus. Une commission d’enquête du Congrès, présidée par un élu de l’APRA, a conclu qu’il n’y avait pas eu d’abus de la part des militaires à Cayara. Mensonge répété dans un communiqué signé par le premier ministre et le ministre de la défense.

Militaires péruviens (en 1988)

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Le bureau du procureur antiterroriste de Huánuco a demandé 18 mois de détention provisoire à l’encontre de Mauro Navarro Ramos et José Noguera pour le délit présumé « d’affiliation terroriste ». Noguera esten outre accusé du délit « de terrorisme ». Navarro, alias « Tío Mauro », et Noguera, alias « Tío Julio », font l’objet d’une enquête pour appartenance présumée au Parti Communiste du Pérou Militaristé en tant que membre du réseau de soutien de la guérilla opérant dans la région VRAEM. José Noguera fait également l’objet d’une enquête pour avoir participé à une attaque de la guérilla qui a tué sept policiers.

La Direction contre le terrorisme (Dircote) de la police nationale péruvienne a arrêté deux personnes accusées d’avoir participé à la planification de l’embuscade dans laquelle la guérilla maoïste avait tué sept policiers en février dernier (voir notre article). Connus sous les noms de guerre des camarades « Tío Julio » et « Mauro », ils auraient fourni des informations et collaboré à la planification de l’attaque à proximité de la vallée des rivières Apurímac, Ene et Mantaro (Vraem). Le premier, âgé de 60 ans, arrêté à Cusco, dans la province de La Convención, le second âgé de 53 ans, a té arrêté dans le district de Llochegua, situé dans la province de Huanta, Ayacucho.

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La présidente Dina Boluarte s’est rendue dans la pampa de Chacamarca pour participer à la commémoration du 199e anniversaire de la bataille historique de Junín, mais les manifestants étaient également présents. Malgré la forte présence policière, les manifestants ont réussi à franchir la barrière de sécurité et à entrer, ce qui a provoqué des affrontements. Les mobilisations de masses contre l’actuelle présidente qui, avec l’aide d’un Sénat réactionnaire, a évincé l’ancien président de gauche, secouent le Pérou depuis de nombreux mois.

 

Lors d’un discours prononcé le jour de l’indépendance à Lima, la présidente Boluarte a déclaré qu’elle demanderait des pouvoirs législatifs au Congrès pendant 120 jours « pour lutter contre le crime ». Les manifestants attaché à l’ancien président de gauche ont tenté d’atteindre le Congrès mais ont été retenus par la police après des heurts. Les foules ont commencé à se disperser alors que le discours de trois heures de Boluarte touchait à sa fin. Pedro Castillo a été démis de ses fonctions et emprisonné en décembre dernier. La répression des manifestations a fait plus de 60 morts. Un sondage d’opinion réalisé en juillet par l’Institut d’études péruviennes a montré que 80% des électeurs souhaitent des élections anticipées et 75% souhaitent la démission de Boluarte. Les prochaines élections sont prévues pour 2026.

Une marche anti-gouvernementale s’est terminée samedi à Lima par des affrontements avec la police, qui a expulsé les manifestants qui avaient pénétré sur la place centrale San Martin. Les manifestants, qui étaient venus nombreux de l’intérieur du pays, se sont rassemblés sur la Plaza Dos de Mayo et ont commencé à défiler pour réitérer leur demande de démission de la présidente Boluarte, de dissolution du Congrès et de convocation d’élections générales et d’une assemblée constituante. Un groupe de personnes, dont de nombreuses femmes de Puno (ville où la répression a fait de nombreux morts), a pénètré sur la Plaza San Martín, épicentre historique des manifestations à Lima. Les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes et chargé à la matraque pour les en chasser. Après la confrontation sur la place San Martin, les manifestants se sont dirigés vers le parc public Paseo de los Héroes Navales, près duquel se trouve le palais de justice, siège de la Cour suprême du Pérou, d’où ils ont à nouveau été expulsés par la police anti-émeute.

Ce mercredi 15, la justice décidera d’imposer 18 mois de détention préventive à Rocío Leandro Melgar, connu sous le nom de « camarade Cusi », pour  « crime contre la paix publique dans la modalité d’appartenance à une organisation terroriste ». D’autres maoïstes présumés, Alex Gómez Falcón, Alejandro Manay Pillaca, Estefany Alanya Chumbes, Piero Giles Gamboa, Fernando Quinto Cuba et Yulisa Gómez Ayala sont également impliqués. Toutes ces personnes ont été arrêtées le 12 janvier  après avoir été accusées d’organiser les violentes manifestations contre le gouvernement de Dina Boluarte à Ayacucho.

Le général qui commande la Direction nationale des enquêtes criminelles, a annoncé que le Front de défense d’Ayacucho, dont les accusées sont membres, est une organisation de façade pour le Parti Communiste du Pérou (dit « sentier lumineux »). Devant les magistrats de la troisième chambre pénale d’appel de l’Audience nationale, le représentant du ministère public a repris et détaillé cette accusation. Il a assuré que les détenus organisaient des réunions qui rassemblaient différents groupes, parmi lesquels des mouvements considéré comme créés par le PCP-SL comme le Mouvement pour l’amnistie et les droits fondamentaux (Movadef), Front pour l’unité de la défense du peuple péruvien et la Nouvelle Fraction Rouge. Le procureur Luis Javier Ramírez a également soutenu que Fredepa avait permis le blocage de routes dans des zones cruciales de la ville d’Ayacucho.

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Mercredi, le Pérou a rompu les cinq mois de calme qui ont suivi l’explosion politique et sociale qui avait secoué le pays à la suite de la mise à l’écart de l’ancien président Pedro Castillo. Une troisième vague de protestations, convoquée par des syndicats, des organisations sociales, est à nouveau dirigée contre la présidente Dina Boluarte et la Congrès (pour la précédente vague, voir notre article). La présidente est rejetée par 80% de la population et le parlement est encore pire, avec 90% du pays contre elle.  En première ligne, la Central General de Trabajadores del Perú (CGTP) qui, outre la démission de la présidente, réclame des élections générales anticipées. Certains manifestants réclament également la mise en place d’une assemblée constituante, ceux de Peru Libre (PL), le parti marxiste-léniniste qui soutient Castillo. La police assure de 13 000 « terroristes en liberté » (du Parti communiste du Pérou « sentier lumineux ») ont « infiltré » le mouvement et le ministère de l’intérieur avait déployé 24 000 policiers et prolongé de l’état d’urgence sur les routes nationales. Plusieurs mobilisations ont tourné à l’affrontement et onze blessés ont été signalés.

Bolaurte, la vice-présidente qui a remplacé Castillo, a réussi à rester à la tête du pays grâce au soutien qu’elle a reçu au Congrès de la part d’une grande partie de la droite et du fujimorisme. Bien qu’au début des manifestations de décembre et janvier, la présidente ait annoncé au pays qu’elle était favorable à l’avancement des élections, même pour cette année, les manœuvres parlementaires de ses alliés l’ont empêchée de concrétiser cette idée. Mme Boluarte prévoit de gouverner jusqu’en juillet 2026 afin d’épuiser la législature actuelle.

Edgar Clever Alejo Eduardo, accusé d’avoir été membre du Parti communiste du Pérou Militarisé, a été condamné à à 15 ans de prison. Selon les forces de l’ordre, Edgar Clever Alejo Eduardo est entré dans la guérilla maoïste, par l’intermédiaire du Comité régional de Huallaga, dirigé par Florindo Eleuterio Flores Hala, le « camarade Artemio ». Il aurait notamment participé à un raid armé dans la localité de Cepesa-Tocache.

Au cours d’une opération menée dans la localité de Putis (Huanta, Ayacucho), la police nationale a capturé Carlos Solier Zuñiga, alias « camarade Carlos », commandant militaire du Parti communiste militarisé du Pérou marxiste-léniniste-maoïste. Le commandant Carlos était responsable de la « Force avancée » de la guérilla maoïste, qui opère entre les districts de Vizcatán del Ene (Satipo, Junín) et Canayre (Huanta, Ayacucho). Il est accusé entre autre de l’embuscade du février 2023 qui a coûté la vie à 7  policiers à proximité du Centro Poblado Natividad, à La Convención (voir notre article). Au cours de la même opération policière, un autre clandestin maoïste, le « camarade Joel », a également été arrêté.