Samedi, dans la région d’Ica, une confrontation a éclaté entre des manifestants et la Police Nationale, faisant 18 blessés parmi les agents. L’affrontement a eu lieu au kilomètre 263 de l’autoroute panaméricaine lorsque quelque 200 travailleurs agricoles ont tenté d’emprunter la route panaméricaine, provoquant l’intervention de la police. Les manifestants ont résisté aux forces de l’ordre à coups de pierres et de bâtons, ce qui a entraîné l’utilisation de gaz lacrymogènes et au moins trois arrestations. Depuis jeudi dernier, des affrontements et des tentatives de blocage de la route ont été signalés. Cela coïncide avec le premier anniversaire des manifestations contre le gouvernement et la classe politique suite à la destitution de l’ancien président Pedro Castillo par le Congrès.

Le 18 octobre, des policiers de la Direction antiterroriste (DIRCOTE) ont arrêté sept membres présumés de l’organisation « Voluntad Transformadora » (Volonté transformatrice), que les autorités péruviennes prétendent liée au Parti Communiste Militarisé du Pérou . Cinq maisons ont aussi été perquisitionnées dans les districts d’El Porvenir, La Esperanza et Huanchaco, dans la province de Trujillo, dans le cadre de l’enquête sur le crime « d’affiliation à une organisation terroriste ». Juan Santos Romero, José Ismael Orbegoso Romero, José Dominio Orbegoso, Lucio Noé Orbegoso Romero, Angelita Cerna Calderón, Flor Orbegoso Romero et Erika Lisset Namoc Loyola ont été transférés à l’unité de la Police Nationale, afin de poursuivre les procédures judiciaires et les enquêtes.

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Samedi après-midi, des agents de la Police Nationale du Pérou ont capturé deux membres présumés du Parti Communiste Militarisé du Pérou (dit « Sentier lumineux) dans la vallée des rivières Apurímac, Ene et Mantaro (Vraem). Quelques heures plus tard, ils ont été transférés dans la capitale pour enquête et procès. Alexi Berrocal Matute, alias « Camarade Rafael » et Marco Quispe Vargas, alias « Gabrielito » (le fils de deux maoïstes recherchés, Gabriel Quispe Palomino et Florabel Vargas Figueroa) transportaient des munitions et des explosifs. Tous deux sont accusés d’être impliqués dans l’embuscade qui a fait sept morts et un blessé parmi les policiers dans la région Vraem en février de cette année (voir notre article).

Au moins quatre militaires péruviens tués dans un affrontement avec les combattants du Parti Communiste Militarisé du Pérou dans la province de Huanta, dans la vallée la plus importante du pays, la Madrugada de ces Lunes.Parmi les quatre militaires tués, un  officier et deux sous-officiers. Trois autres militaires ont été blessés et transportés à l’hôpital d’Ayacucho Les militaires effectuaient une patrouille anti-guérilla dans la zone de Putis de la province de Huanta, lorsqu’ils sont tombés dans l’embuscade.

Les Archives nationales de sécurité des États-Unis ont publié des documents déclassifiés sur la répression, dans les années ’80 et les années ’90, de l’insurrection maoïste au Pérou sous les gouvernements d’Alan García et d’Alberto Fujimori. Les câbles et les rapports des services de renseignement décrivent en détail la stratégie anti-insurrectionnelle brutale du gouvernement péruvien, qui consistait à ne pas faire de prisonniers, et ses efforts pour soustraire à la justice les membres des forces de sécurité responsables de crimes.

Ces documents décrivent l’aggravation de la répression sous le gouvernement APRA (social-démocrate) de García, comme en témoigne le massacre de Cayara (Ayacucho). Le 14 mai 1988, les militaires sont arrivées dans la ville de Cayara après une embuscade de la guérilla qui avait coûté la veille la vie à quatre soldats. Les ont torturé et tué 24 personnes, hommes et femmes, et ont pillé le village. Les jours suivant, les militaires ont saboté l’enquête en vidant les fosses communes pour incinérer les cadavres et en procédant à l’assassinat systématique des témoins du massacre portant le total des victimes à 33 morts et 7 disparus. Une commission d’enquête du Congrès, présidée par un élu de l’APRA, a conclu qu’il n’y avait pas eu d’abus de la part des militaires à Cayara. Mensonge répété dans un communiqué signé par le premier ministre et le ministre de la défense.

Militaires péruviens (en 1988)

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Le bureau du procureur antiterroriste de Huánuco a demandé 18 mois de détention provisoire à l’encontre de Mauro Navarro Ramos et José Noguera pour le délit présumé « d’affiliation terroriste ». Noguera esten outre accusé du délit « de terrorisme ». Navarro, alias « Tío Mauro », et Noguera, alias « Tío Julio », font l’objet d’une enquête pour appartenance présumée au Parti Communiste du Pérou Militaristé en tant que membre du réseau de soutien de la guérilla opérant dans la région VRAEM. José Noguera fait également l’objet d’une enquête pour avoir participé à une attaque de la guérilla qui a tué sept policiers.

La Direction contre le terrorisme (Dircote) de la police nationale péruvienne a arrêté deux personnes accusées d’avoir participé à la planification de l’embuscade dans laquelle la guérilla maoïste avait tué sept policiers en février dernier (voir notre article). Connus sous les noms de guerre des camarades « Tío Julio » et « Mauro », ils auraient fourni des informations et collaboré à la planification de l’attaque à proximité de la vallée des rivières Apurímac, Ene et Mantaro (Vraem). Le premier, âgé de 60 ans, arrêté à Cusco, dans la province de La Convención, le second âgé de 53 ans, a té arrêté dans le district de Llochegua, situé dans la province de Huanta, Ayacucho.

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La présidente Dina Boluarte s’est rendue dans la pampa de Chacamarca pour participer à la commémoration du 199e anniversaire de la bataille historique de Junín, mais les manifestants étaient également présents. Malgré la forte présence policière, les manifestants ont réussi à franchir la barrière de sécurité et à entrer, ce qui a provoqué des affrontements. Les mobilisations de masses contre l’actuelle présidente qui, avec l’aide d’un Sénat réactionnaire, a évincé l’ancien président de gauche, secouent le Pérou depuis de nombreux mois.

 

Lors d’un discours prononcé le jour de l’indépendance à Lima, la présidente Boluarte a déclaré qu’elle demanderait des pouvoirs législatifs au Congrès pendant 120 jours « pour lutter contre le crime ». Les manifestants attaché à l’ancien président de gauche ont tenté d’atteindre le Congrès mais ont été retenus par la police après des heurts. Les foules ont commencé à se disperser alors que le discours de trois heures de Boluarte touchait à sa fin. Pedro Castillo a été démis de ses fonctions et emprisonné en décembre dernier. La répression des manifestations a fait plus de 60 morts. Un sondage d’opinion réalisé en juillet par l’Institut d’études péruviennes a montré que 80% des électeurs souhaitent des élections anticipées et 75% souhaitent la démission de Boluarte. Les prochaines élections sont prévues pour 2026.

Une marche anti-gouvernementale s’est terminée samedi à Lima par des affrontements avec la police, qui a expulsé les manifestants qui avaient pénétré sur la place centrale San Martin. Les manifestants, qui étaient venus nombreux de l’intérieur du pays, se sont rassemblés sur la Plaza Dos de Mayo et ont commencé à défiler pour réitérer leur demande de démission de la présidente Boluarte, de dissolution du Congrès et de convocation d’élections générales et d’une assemblée constituante. Un groupe de personnes, dont de nombreuses femmes de Puno (ville où la répression a fait de nombreux morts), a pénètré sur la Plaza San Martín, épicentre historique des manifestations à Lima. Les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes et chargé à la matraque pour les en chasser. Après la confrontation sur la place San Martin, les manifestants se sont dirigés vers le parc public Paseo de los Héroes Navales, près duquel se trouve le palais de justice, siège de la Cour suprême du Pérou, d’où ils ont à nouveau été expulsés par la police anti-émeute.