L’Union des communautés du Kurdistan (KCK) a lancé la nouvelle campagne « Fin de l’isolation, au fascisme, à l’occupation – Assurons la libération [d’A. Öcalan]». Cette campagne a lancé un appel aux actions pour le 10 octobre. Durant tout le week-end des rassemblements sont organisés dans différentes villes d’Europe. À Bruxelles, ce rassemblement s’est tenu le vendredi 9 octobre devant la Commission Européenne. Juste après, l’Union des Femmes Socialistes (SKB) organisaient au même endroit un rassemblement pour dénoncer les nouvelles arrestations, en Turquie, de membres de l’ESP et des membres de l’organisation des jeunes du SGDF.

 

Le rassemblement d’hier vendredi à Bruxelles

Abdullah Öcalan, ainsi que Ömer Hayri Konar, Veysi Aktaş et Hamili Yıldırım, détenus sur l’île-prison d’Imrali, se sont vus imposer une interdiction officielle de visite, alors qu’ils sont soumis à un isolement aggravé depuis des années. À la demande du procureur de Bursa, la juridiction d’exécution des peines de Bursa a émis une interdiction de visite de six mois pour Öcalan et ses trois codétenus, dans la prison d’Imrali. La décision aurait été prise le 23 septembre. Les avocats d’Öcalan avaient pu rencontrer leur client le 2 mai 2019 pour la première fois en huit ans. Quatre autres visites avaient ensuite été autorisées pars les autorités turques, entre mai et août 2019. Depuis, toutes les demandes de visite soumises par les avocats d’Öcalan, 107 au total, sont restées sans réponse.

Pénitentier d'Imrali

Mehmet Yalcin est un jeune Kurde vivant à Bordeaux. Il a été arrêté le 28 juillet dernier et risque d’être expulsé vers la Turquie. Il avait été condamné par la justice française en 2019 à deux ans de prison, dont un an ferme, pour de prétendus liens avec le PKK. Mehmet Yalcin a dû porter un bracelet électronique pendant près d’un an. Il est actuellement sans papiers du fait du rejet de sa demande d’asile par l’OFPRA, rejet motivé par cette condamnation.

Le 28 juillet dernier, cet homme marié, père de trois enfants (âgés de 2, 4 et 6 ans), résidant à Bordeaux depuis 2006, a été convoqué au commissariat où il a été immédiatement menotté et placé en rétention. A ce stade, tous les recours déposés par ses avocats ont été rejetés. Mehmet Yalcin dont l’expulsion est prévue le 28 août prochain a fait savoir qu’il entamait une grève de la faim.

Manifestation kurde en France (archive)

 

Arrêté en novembre 2019 à l’aéroport de Zurich car il figurait sur le « Système d’Informations Schengen » sur demande de l’Allemagne, un cadre du PKK va être extradé. Il est accusé d’avoir eu un rôle de recruteur pour les Forces de défense du peuple (HPG). Le militant Kurde avait saisi le Tribunal pénal fédéral pour faire opposition. Dans un premier temps celui-ci c’était opposé à l’extradition. Suite à un recours de l’Office Fédéral de la Justice sur recommandation des Services de Renseignements de la Confédération le Tribunal pénal fédéral est revenu sur son jugement. Le soutien à une organisation criminelle a été retenu et donc l’extradition validée.

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La Turquie a lancé une offensive terrestre contre le PKK dans le Kurdistan irakien, mercredi 17 juin à l’aube. Des commandos ont pénétré sur le territoire irakien, soutenus par de l’artillerie, des chasseurs-bombardiers F16, des hélicoptères d’attaque et des drones. L’offensive a débuté dans la région de Haftanin, à une quinzaine de kilomètres de la frontière turque. Avant d’envoyer ses forces terrestres de l’autre côté de sa frontière, la Turquie avait bombardé ces derniers jours les positions du PKK dans les montagnes de Qandil, bastion historique de la résistance kurde, non loin de la frontière avec l’Iran. Des bombardiers ont aussi frappé d’autres bases du PKK dans la région semi-autonome kurde du nord de l’Irak, à Sinjar, Karacak, Zap, Avasin et Hakurk. Dans la ville-frontière de Silopi, entre le Kurdistan irakien et le Kurdistan turc, plusieurs milliers de soldats turcs ont été massés. La réquisition par l’armée turque d’une partie d’un hôpital frontalier ne laisse pas de doutes quant au fait que l’armée turque se prépare à de violents combats. La Turquie est déjà bien présente au Kurdistan irakien, où elle dispose d’une quinzaine de bases militaires.

Célébration du Nouvel An kurde dans les monts Qandil (archives)

 

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Quatre personnes ont été mises en examen vendredi dans le cadre d’une enquête sur des collectes de fonds pour le PKK dans le sud-ouest de la France. Six personnes, nées en Turquie mais vivant en France, ont été interpellées mardi en Gironde et en Charente-Maritime dans le cadre de cette enquête. Quatre d’entre elles ont été présentées vendredi à un juge d’instruction antiterroriste et mises en examen pour « association de malfaiteurs terroriste » et « financement du terrorisme ». Parmi elles, une personne a été placée en détention provisoire et les trois autres sous contrôle judiciaire. Les deux autres personnes ont pour leur part été remises en liberté sans poursuite pour l’heure mais seront convoquées ultérieurement par le magistrat instructeur.

Militants et militantes du PKK

Mardi 28 janvier, la cour de cassation a rendu son verdict dans le procès anti-PKK. Ce verdict final confirme de non-lieu de la chambre des mises en accusation qui estimait que le PKK ne pouvait pas être considéré comme une organisation terroriste par la Belgique (voir notre article). Il met un terme à une longue saga judiciaire faites de victoires pour les avocats du PKK et d’appels ou de pourvois en cassation par les parquets belges et turcs. Dans ce dossier, le parquet fédéral souhaitait poursuivre au pénal une trentaine de membres du PKK pour infractions terroristes. Ces derniers étaient soupçonnés d’avoir recruté de jeunes Kurdes en Belgique et ailleurs en Europe, d’avoir fabriqué et commercialisé de faux papiers et récolté des fonds dans le but de financer la lutte armée kurde en Turquie. Plus d’infos ici.

Rassemblement solidaire lors d'une des audiences

Rassemblement solidaire lors d’une des audiences

Nous tentons habituellement de fournir quotidiennement les actualités du Rojava. Fournir ces informations est devenu incroyablement compliqué dans les dernières 48h, car une immense confusion règne diplomatiquement, militairement et politiquement. Nous ne prendrons donc aujourd’hui pas le risque de relayer des informations invérifiables. Au lieu de cela, le Secours Rouge a contacté une personne actuellement présente au Rojava pour tenter d’obtenir des éléments de réponse face à ce qui est probablement la situation la plus confuse en Syrie d’histoire récente.

« Cette nouvelle situation ne doit pas arrêter la solidarité qui a été construite ces derniers mois. Il y a des rassemblements massifs dans les rues et nous devons les poursuivre. Les télévisions ici sont pleines d’images des rassemblements de masse et il est très important qu’ils ne baissent pas en intensité et qu’ils puissent renforcer la résistance ici. Il ne faut pas que cette confusion amène à une situation où la solidarité faiblit. Nous devons continuer à descendre dans la rue, à élargir et à renforcer la solidarité. C’est ainsi que nous renforcerons nos amis, en faisant de la solidarité un facteur décisif dans cette guerre. Car la guerre n’est définitivement pas terminée, mais elle est devenue beaucoup plus complexe qu’avant, il ne s’agit plus uniquement des fascistes turcs présents à la frontière avec leurs frappes aériennes et leurs armements lourds, maintenant c’est devenu beaucoup plus compliqué. Le seul facteur qui peut aider les Kurdes et les internationalistes c’est la plus forte solidarité. Le mouvement se défend, Serekanye est un point très important que nous devons tenir, car elle n’est pas tombée. Il y a aussi beaucoup d’internationalistes et la résistance de Serekanye fonctionne toujours bien, elle travaille très dur et très bien. Donc nous devons appuyer la victoire de Serekanye, nous devons appuyer les forces de notre côté afin qu’elles soient capables de repousser l’ennemi. Nous devons faire un lien entre la solidarité là-bas et la résistance ici. Car beaucoup de gens sont partis, mais beaucoup de gens sont restés et sont prêts à se défendre et à défendre leur société. C’est une situation très étrange, c’est une bonne situation, nous ne devons pas paniquer, c’est calme, la vie continue. Renforcez la solidarité. »

Nous vous invitons donc à continuer à rejoindre les mobilisations en soutien au Rojava, comme celle qui aura lieu à Bruxelles demain (Schuman, 12h).

La décision prise ce soir par l’Auto-administration du Nord et de l’Est de la Syrie (« gouvernement du Rojava ») fait prendre un tournant historique au Rojava. Face à l’invasion turque, un accord vient d’être signé avec le régime syrien.

Extrait : « Durant les cinq dernières années, les crimes les plus odieux ont été commis contre des civils non-armés. Les FDS ont répondu avec dignité et courage, résultant en la mort de ses combattants, afin de sauver l’intégrité syrienne. Néanmoins la Turquie poursuit ses assauts. En conséquences, nous devions faire un accord avec le gouvernement syrien qui a le devoir de protéger les frontières du pays et de préserver la souvereineté syrienne, pour que l’armée syrienne puisse accéder et se déployer le long de la frontière turco-syrienne afin de soutenir les FDS pour repousser cette agression et libérer les zones pénétrées par l’armée turque et ces mercenaires embauchés. Cet accord offre l’opportunité de libérer le reste des territoires syriens et les villes occupées par l’armée turque comme Afrin et d’autres villes et villages syriens. » Un extrait plus long est disponible ici en anglais.

De larges mouvements de troupe sont déjà en cours depuis plusieurs heures : les YPG ont évacué la quasi-totalité de leurs forces entre Serekanye et Tal Abyad tandis que des convois de l’Armée Syrienne Arabe (ASA) faisaient route vers Manbij. Des informations non-confirmées indiquent également que le convoi de l’ASA aurait été bloqué par les militaires américains, et que la Russie a rétabli la no-fly zone au-dessus de Manbij et Kobane.

Sur la carte, les zones mauves entourées de rouge sont les zones conquises par la Turquie depuis le 9 octobre.

Alors que l’État turc avait annoncé avoir pris le contrôle de Serekanye (Ras al-Ain) hier après-midi, la situation laisse apparaître ce dimanche matin que les Forces Démocratiques Syriennes ont repris le contrôle de la ville. Les gangs de djihadistes avaient effectivement pris le contrôle d’une bonne partie de la ville alors que les combattants YPG/YPJ étaient retranchés dans le quartier industriel, avec notamment le QG des YPG (c’est à Serekanye que la guérilla a été fondée en 2012). L’aviation turque a bombardé sans relâches, mais la contre-attaque aura payé. Des dizaines de djihadistes de « l’Armée Nationale Syrienne » (les supplétifs de la Turquie) ont été tués. Une dizaine de combattants internationalistes est toujours en première ligne face à l’envahisseur, comme en témoigne la vidéo plus bas.

Au cinquième jour de l’offensive, la Turquie en est toujours au même point, le contrôle des villages avoisinants Serekanye et Tal Abyad. La ville toute proche, Suluk, viendrait d’être prise par les forces coloniales. Pour ces deux seules villes 130.000 civils ont été déplacés. Les djihadistes à la solde de la Turquie se sont illustrés hier par deux massacres de civils dont les images ont été partagées sur internet et sont particulièrement insoutenables.