Commencées le 25 mars dernier, les audiences du procès de Daniela Klette se poursuivent. Les dernières ont eu lieu les 6 et 7 mai et se poursuivront le 13 et 15 mai à 10 heures devant le tribunal régional supérieur de Celle. Lors de ces occasions, elle est arrivée menottée, ligotée et portant un gilet de plomb. Ses avocats ont critiqué à plusieurs reprises ses conditions de détention et les prétendues mesures de sécurité prises par le tribunal pendant le procès. Arrêtée à Berlin le 26 février 2024 après 30 ans de clandestinité, elle est accusée d’avoir participé à 13 campagnes de collecte de fonds dans le nord-ouest de l’Allemagne entre 1999 et 2016 – après la dissolution de la RAF en 1998 – avec les anciens membres présumés de la RAF Volker et Burkhard, toujours recherchés (voir notre article). Un autre procès aura probablement lieu devant le tribunal régional supérieur de Francfort, entre autres en raison des actions de la RAF contre la prison en construction à Weiterstadt en 1993 et ​​contre l’ambassade américaine à Bonn en 1991.

A l’occasion du 1er mai révolutionnaire de Berlin, Daniela Klette a transmis un message de solidarité affirmant : « Il y a tellement de connaissances de notre côté, des idées de gens qui ne se soumettent pas à la poursuite capitaliste du profit. Tant d’expériences d’auto-organisation dans des contextes petits et grands, depuis les occupations d’usines et les campagnes d’expropriation jusqu’à l’auto-administration du mouvement de libération kurde. Toutes ces expériences devraient être intégrées dans les pensées et les efforts sur le chemin vers une société libérée, pour une vie de liberté les uns avec les autres et en harmonie avec tous les êtres vivants. » Par ailleurs, elle a rappelé qu’il était important de descendre dans la rue aujourd’hui pour protester contre le génocide en Palestine (lire les salutations).

Dossier(s): Allemagne Tags: , ,

Environ 70 personnes solidaires avec Daniela Klette et venus de différentes régions d’Allemagne se sont rassemblées au cours de la journée du 31 mars devant le tribunal de l’OLG (Haute Cours Régionale de Justice) à Celle. De nombreux discours ont été prononcés, des slogans ont été criés, un stand d’information avait été installé. Les contrôles d’admission, y compris pour la presse, étaient rigides, les chaussures ont dû être enlevées pour être contrôlées, seuls les stylos et les blocs-notes ont pu être emportés. Le public n’a pas été admis au sein du tribunal bien que ce dernier connaît l’intérêt du public pour cette affaire. Selon la défense, l’acte d’accusation ne se réfère pas uniquement aux vols dont est suspectée Daniela (voir article ici) mais à plusieurs reprises font référence au prétendu passé de la RAF de l’accusée (notre dossier ici), « il y a donc une condamnation préliminaire publique claire », explique Ulrich Klinggräff, un de ses avocats.

Dans l’après-midi, Lukas Theune, son autre avocat, a mis en évidence un autre problème de l’accusation : les données numériques font 18 téraoctets, elles ont été copiées sur un disque dur juridique, mais n’ont pu être récupérées à la LKA (organisme d’application de la loi) de Basse-Saxe que la veille du procès. Pour la défense, il n’est pas humainement possible d’en prendre connaissance dans un laps de temps, aussi court. Lors du départ de Daniela Klette vers la prison, une quinzaine de personnes ont maintenu une banderole et scandé des slogans de soutien afin de rendre son retour en incarcération moins douloureux.

Daniela Klette fait face à la justice, ce mardi 25 mars, à Celle, dans le centre de l’Allemagne, non pas pour son appartenance au groupe RAF (Fraction armée rouge) mais pour sa participation à des vols à main armée pour financer sa clandestinité. Daniela Klette avait été interpellée il y a un an, à la suite d’un indice décelé par l’IA (Intelligence artificielle) sur le réseau social Facebook (notre article ici). Depuis un quart de siècle, elle vivait au centre de Berlin, dans le quartier alternatif de Kreuzberg. Appréciée de ses voisins, celle que ses amis connaissaient sous le nom de Claudia avait une « vie cachée », disparaissant régulièrement pendant plusieurs semaines, officiellement, à cause de son travail en Bavière. Mais cette version est contestée par les enquêteurs. Ces derniers sont convaincus que Daniela Klette a participé, avec deux complices, eux aussi en clandestinité depuis plus de 30 ans, à 13 vols à main armée entre 1999 et 2016, visant des fourgons et des supermarchés. Ils la soupçonnent d’avoir également pris parti à une tentative de meurtre. Lors de perquisitions, les enquêteurs ont trouvé 230 000 euros en liquide, un kilo d’or, une quantité d’armes, de perruques ainsi que plusieurs déguisements. Daniela Klette compte s’exprimer ce mardi 25 mars lors de cette ouverture de procès.

Burkhard Garweg et Volker Staub sont, depuis l’arrestation de Daniela Klette il y a un an (voir notre article) et après 30 ans de clandestinité, les derniers membres recherchés de la Fraction Armée Rouge. Ils sont accusés d’avoir participé à plusieurs actions réalisées par la RAF entre 1984 et 1993 (année de l’auto-dissolution de l’organisation), et à plusieurs hold-up ayant servi, entre les années 1999 et 2016, à financer leur clandestinité. Alors que les policiers arrivaient pour l’arrêter, Daniela a eu le temps d’envoyer un message à Burkhard qui a pu s’échapper de justesse. Il résidait dans un camping-caravaning près de Berlin. La police avait alors relancé ses recheches de manière frénétique, couvrant les villes d’Allemagne de photos récentes et détaillées de Burkhard. Celui-ci avait alors rendu public une longue lettre, des « salutations de la clandestinités ».

Lire la lettre de Burkhard Garweg

Lire une lettre de Daniela Klette

Lire l’histoire de la Fraction Armée Rouge

Dossier(s): Non classé Tags: ,

En octobre 2024, Ariane avait subi un interrogatoire où elle avait refusé de faire des déclarations sanctionné d’une amende de 500 euros lors d’une décision de justice du BGH ( Cour fédérale de justice ) en janvier ( voir article ici ). Elle devait témoigner de ses activités au cours des 50 à 60 dernières années, notamment : quand, où, lesquels et comment elle connaissait ou avait rencontré d’anciens membres de la RAF. Ariane est le premier témoin à devoir payer une amende pour refus de témoigner. Le BKA ( l’Office fédéral de la police criminelle) invite à nouveau cette dernière à un interrogatoire fin février. Cette fois, les autorités pourraient mettre Ariane en détention provisoire pour une durée de six mois. Depuis l’arrestation de Daniela, elle est un soutien indéfectible à cette dernière.

Un rassemblement avait lieu dimanche 14 devant la prison de Vechta où est détenue à l’isolement Daniela Klette (photo). A pris la parole à ce rassemblement Ariane Müller, une syndicaliste active depuis des années et déléguée du personnel à la clinique Mitte de Brême, qui a été mise à pied par son employeur pour avoir participé à une manifestation de solidarité avec Daniela. En appui à ce rassemblement, le Secours rouge international avait lancé » un appel à des initiatives solidaires avec Daniela mais aussi avec les deux militants de la RAF et les antifas recherchés en Allemagne (voir notre article). Voir les initiatives solidaires

L’arrestation de Daniela Klette après une clandestinité de plusieurs décennies (voir notre article), dans un état dont la police, qui a tant de moyens, faisait de ce dossier une priorité, est un exploit. Une telle clandestinité fait, par procuration, la fierté de tout le mouvement révolutionnaire, et lui donne une leçon d’intelligence, de méthode et de détermination. Le nombre de manifestation de sympathie avec Daniela, Ernst-Volker et Burkhard (les deux autres membres de la RAF encore recherchés) montre que ce sentiment est largement partagé, ce qui rend d’autant plus enragé les représentants du régime. Le fait que Daniela ait été placée immédiatement à l’isolement total est une nouvelle marque de cet rage, tout comme de licenciement d’une infirmière qui avait participé à une manifestation solidaire.

Au delà des clandestins de la RAF, nombre d’autres camarades ont fait le choix difficile et courageux de la clandestinité, plutôt que de se soumettre à la justice de classe ou de négocier avec elle. C’est le cas de nombreux antifascistes poursuivis pour différentes affaires (Antifa Ost, Budapest). Les structures du régime (politique, policière, judiciaire et médiatique) veulent briser cette dynamique antifasciste comme toute dynamique de résistance, car c’est dans la résistance que se forge la perspective révolutionnaire. Le Secours rouge international appelle à soutenir ce toutes les manière les camarades recherchés, et à donner une démonstration de cet engagement en participant à une journée internationale d’action le 14 avril, jour d’une manifestation de solidarité avec Daniela Klette devant la prison de Vechta.

voir le texte complet de l’appel

 

Dossier(s): Allemagne Tags: ,