Jeudi dernier, les autorités marseillaises ont inauguré le nouveau CPU (centre de supervision urbaine) qui constitue la première étape d’un vaste programme de vidéosurveillance de la ville. Le centre contrôle actuellement les 54 caméras disséminées dans le centre-ville, nombre amené à décupler. En effet, fin 2014, 1800 caméras auront été installées dans l’ensemble des arrondissements de Marseille. Le CPU est exploité 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 par 38 agents répartis en six équipes.

CPU de Marseille

CPU de Marseille

La commission pour la protection de la vie privée a recensé 18041 nouvelles caméras de surveillance sur le territoire belge depuis 2010. Elle a par ailleurs relevé de nombreuses pratiques illégales, tant du côté des entreprises et des particuliers que du côté des autorités. Une loi adoptée en 2007 défini l’utilisation de ces dispositifs mais il semblerait qu’elle soit mal ou peu suivie. La police utilise des caméras dans des voitures de patrouilles ou des hélicoptères alors que celles-ci doivent être fixes. Elle se connecte aux caméras de particuliers ou d’entreprises, ce qui est interdit. Par ailleurs, certains policiers portent des caméras intégrées dans leurs képis, leurs uniformes, les boutons de leurs uniformes, leurs lunettes alors que la loi le proscrit également.

Marc Trévidic est juge d’instruction au pôle antiterroriste à Paris, président de l’Association française des magistrats instructeurs. Auditionné au Sénat par la Commission pour le contrôle de l’application des lois, il ne s’est pas montré favorable au projet de loi pénalisant la consultation habituelle de sites « pro-terroristes »: « Les gens qu’on arrête, dans la plupart de nos dossiers, c’est grâce à Internet. C’est parce qu’ils vont sur Internet, et qu’on les surveille sur Internet, et qu’ils communiquent entre eux, qu’on voit ce qu’ils préparent. Si jamais on les empêche d’aller sur Internet, on risque d’avoir du mal à les détecter. Ca peut paraître contradictoire mais je ne connais pas un dossier depuis 2007 à peu près où on n’a pas arrêté les gens grâce à leur imprudence sur Internet.
Attention : des gens qui ne sont plus sur Internet mais qui ont une volonté de se radicaliser vont peut-être se radicaliser autrement, et on va encore moins les repérer. Je parle de technique, de ressenti des dossiers : combien de fois c’est parce qu’il y a des policiers qui surveillent Internet qu’on voit qu’il y a des gens qui préparent quelque chose… Ce sera peut-être utile pour limiter une forme de propagande : le fait de subir un prosélytisme sur Internet est mauvais, ça crée des vocations, d’un autre côté, c’est par le biais de ces sites-là qu’ils prennent contact entre eux, qu’ils fixent des rendez-vous, qu’il y a des recrutements, des contacts, et c’est comme ça qu’on sait ce qu’ils veulent faire, donc je suis assez partagé. »

Si Marc Trévidic estime que l’anti-terrorisme manque d’effectifs, il ne se plaint pas du manque de pouvoirs: « Je suis aussi obligé de dire qu’on ne peut pas vraiment avoir beaucoup plus de pouvoirs qu’on en a : on peut à peu près tout faire en terme de pouvoirs d’investigation. Un juge d’instruction antiterroriste peut sonoriser un appartement, une voiture, faire des écoutes téléphoniques, renouvelées tous les 4 mois, il peut très bien écouter des gens pendant 3 ans si ça lui chante, il fait des perquisitions où il veut quand il veut, peut mettre quelqu’un pendant 4 jours en garde à vue, voire 6 dans certaines conditions particulières… La loi LOPPSI 2 nous permet d’envoyer des espions dans les ordinateurs pour suivre en direct tout ce qu’il s’y passe… ce sont vraiment des pouvoirs d’investigation qui sont maximum. Je ne vois pas ce que l’on pourrait donner d’autres comme pouvoirs que nous n’ayons déjà. « 

France: « Les gens qu’on arrête, c’est grâce à Internet »

La revue Information Polity a publié la première véritable somme sur les usages et les effets de la vidéosurveillance des lieux publics dans 12 pays européens.

L’Angleterre est le pays le plus vidéosurveillé du monde (5 millions de caméras, soit une pour 14 habitants), ceci grâce à une police très centralisée et à une protection de la sphère privée moins stricte que dans le reste de l’Europe. Pour autant, les 500.000 caméras de Londres n’en font pas la ville la plus sûre du monde. En 2008, Scotland Yard admettait que 3% seulement des délits de rue avaient été résolus grâce à leurs images, alors qu’un passant londonien est filmé en moyenne 300 fois par jour. Les études montrent qu’on assiste souvent à une diminution de la criminalité et à une augmentation du sentiment de sécurité dans les premiers temps. Mais passé 5, 6 ou 7 mois, cet effet disparaît. Les caméras ne dissuadent pas les braquages et, pour la petite délinquance de rue, si les gens se déplacent quand on installe des caméras, ils ne tardent pas à revenir. Et quand ils voient qu’il ne se passe rien, tout recommence comme avant. Le seul domaine où la vidéosurveillance fonctionne, ce sont les autoroutes, pour repérer les accidents, téléguider les interventions (les caméras sont alors couplées avec des logiciels qui repèrent par exemple les objets immobiles). On estime à 1,24 milliard d’euros le poids du marché de la vidéosurveillance en 2010 dans les 27 pays de l’Union européenne.

camera fail

camera fail

L’essai de la journaliste Juliette Volcler, Le Son comme arme, les usages policiers du son fait le catalogue des recherches et des utilisations militaires du son, des fantasmes de canons à infrasons aux disques de Metallica diffusés à plein volume pour torturer les prisonniers irakiens. En France, la société Lacroix défense et sécurité fournit des « grenades assourdissantes » à l’armée, à la police et à la gendarmerie pour leurs opérations de maintien de l’ordre. Lors de leur mise en circulation, l’entreprise ventait leur « effet intense et psychologiquement agressif » permettant « la neutralisation rapide et efficace des manifestants dans un contexte dur et résistant ». La grenade en question envoie une impulsion sonore de 160 dB à 15 mètres de distance, là où le seuil de la douleur est situé à 140 dB et où le seuil légal est fixé à 120 dB. Au-delà de 140 dB, un son peut provoquer des nausées, des vertiges, des acouphènes, un perte d’audition, une accélération du rythme cardiaque, et les effets sont aggravés par un brusque changement de la pression acoustique (à fort volume, un son bref et soudain est plus dommageable qu’un son continu).

C’est en 2004 que ces armes invisibles ont fait leur apparition en France sous le nom de DMP (dispositif manuel de protection), en même temps que les Taser, sans débat, et alors qu’aucun test indépendant n’a pu évaluer leur dangerosité, et qu’aucun débat démocratique n’ait eu lieu. Le son lui même n’est pas le seul danger: l’onde de choc produite par la déflagration sonore, et les éclats de la grenade le sont également. En 2006 à Grenoble, lors d’une manif contre les nano-technologies une manifestant a eu la joue ouverte, l’année suivante dans la même ville un autre a perdu un œil, le goût et l’odorat, et plusieurs autres encore en 2009 à Saint-Nazaire et à Strasbourg lors d’un contre-sommet de l’OTAN (plaies, brûlures), etc.
Des troubles auditifs ont également été signalés… au centre d’entraînement de la gendarmerie de Saint-Astier.

Voir le catalogue de Lacroix DS (Alesetex, filiale de Lacroix, est le leader mondial de fabrication de poudre CS pour les gaz anti-émeute)

France: Les grenades sonores DMP

Les émeutes de l’été dernier ont donné un élan aux recherches sur les technologies alternatives de contrôle des mouvements de foule. Des réunions avec pour participants la police de Londres et d’Irlande du Nord, la Fédération de police, l’Agence spécialisée dans le crime organisé et les responsables du laboratoire technique et scientifique du ministère de la défense. Un des thèmes était le développement de « technologies moins létales », et notamment le remplacement des balles en plastiques par des projectiles contenant des produits chimiques (lacrymo etc.).

Une sorte de boule puante que les ingénieurs rattachés au ministère de l’intérieur surnomment « huile à canailles » (« skunk oil ») a été développée. Des pastilles contenant des liquides nauséabonds seraient tirées à l’aide d’armes semblables à celles utilisées dans les parties de paintball. L’odeur qui s’en échapperait une fois les individus touchés serait insupportable au point telle que ces derniers rentreraient chez eux pour se changer et leurs complices seraient réticents à rester près d’eux. Il serait aussi question d’armes reposant sur des rayons de chaleur et d’armes sonores. Un système protégeant les policiers des lasers aveuglants, une des armes préférées des émeutiers, serait aussi à l’étude.

Les IED sont devenu (et de loin) la première et la plus efficace des armes des guérillas. Aux États-Unis, un service a été spécialement créé pour lutter contre cette menace. Le Joint Improvised Device Defeat Organization (JIEDDO) a reçu un budget de 2,7 milliards de dollars pour 2010. En France, c’est à l’École du Génie d’Angers qu’a été ouvert en juillet 2010 un Centre Contre IED qui s’inscrit dans une dimension interarmées. L’Afghanistan est le premier laboratoire de la lutte anti-IED, qui suit trois axes. D’abord, lutter contre les réseaux qui concentre le matériel, fabrique les IED et les pose. Ensuite mettre en échec le dispositif lui-même une fois qu’il est installé sur le terrain. Enfin, le troisième axe concerne la formation des forces et la transmission des savoir-faire destinés à permettre une lutte en synergie de tous les acteurs du champ de bataille.

La lutte anti-IED a contribué à une robotisation accélérée du champ de bataille, de la télé-opération, et de la généralisation de véhicules davantage conçus pour la protection que pour le combat. Parmi les technologies mises en oeuvres, différents dispositifs de détection, les brouilleurs de communication permettant entre autres d’empêcher de déclencher IED par radio (Thales vient d’en livrer, avec plus de 6 mois de retard, à l’armée français, qui en a besoin en Afghanistan), où des dispositif sécurisant le terrain notamment par projection de cordons explosifs (l’armée israélienne a utilisé a Gaza le mois passé le nouveau système POMINS 2, servi par deux opérateurs qui le portent tel un sac a dos, et qui sécurisé un corridor de 50 métres sur 50 cm en moins d’une minute).

Voir une vidéo (de propagande) sur la lutte anti-IED

Course technologique anti-IED

La commission européenne a rendu publique ce mercredi son projet de lutte contre la cybercriminalité. Son centre devrait être opérationnel en janvier prochain. Sous l’égide d’Europol, il réunira une cinquantaine d’experts européens en la matière dont le travail consistera, entre autre, à traquer les attaques informatiques à l’encontre d’infrastructures ou de systèmes d’information critiques de l’Union. Le budget de ce centre, qui s’élève à 3,6 millions d’euros, doit encore être adopté par l’autorité budgétaire d’Europol.

La troisième audience du procès de Xavier Renou pour refus de prélèvement ADN fut la plus courte de toutes. La juge de Senlis a reconnu le caractère pertinent des 4 Questions Prioritaires de Constitutionnalité déposées par le porte-parole du collectif des Désobéissants. Elles seront donc toutes transmises à la Cour de Cassation, afin que celle-ci les transmette à son tour au Conseil Constitutionnel. Là, une audience publique et contradictoire devra être organisée, où sera débattu pour la première fois le fichage génétique des militants, et, au-delà, de l’ensemble de la population.

Aux précédences audiences du procès de la désobéissance civile contre les prélèvements d’ADN, à Senlis, près de Paris, la généticienne Catherine Bourgain (INSERM) avait apporté la preuve du caractère « codant » des segments d’ADN prélevés par la police. Des travaux de recherche récents montrent en effet que le Fichier des Empreintes Génétiques (FNAEG) permet ainsi de connaître les origines géographiques (donc avec une forte probabilité la couleur de peau) et diverses caractéristiques intimes (comme les prédispositions à certaines maladies). Le gouvernement avait pourtant prétendu le contraire. Le rapporteur de la loi de Sécurité intérieure, avait affirmé en 2003 aux députés réunis pour voter cette loi : « Si à partir d’une empreinte génétique inscrite dans le Fnaeg, vous essayez d’obtenir la moindre information sur la personne – état de santé, métabolisme, couleur des cheveux, des yeux, de la peau, etc. – vous ne le pourrez pas, parce que ces empreintes sont non codantes. C’est totalement impossible. »

30.000 Français entrent chaque mois dans le FNAEG. Depuis 2003, plus de 2 millions de Français ont fait l’objet d’un prélèvement ADN, en garde-à-vue (donc alors qu’elles étaient encore présumées innocentes) ou après une condamnation, même bénigne ou strictement politique (de désobéissance civile).

La SNCB a introduit une demande auprès des autorités afin d’avoir l’autorisation d’équipe ses nouvelles voitures de caméras de surveillance. Initialement prévues pour le printemps 2011, les wagons Desiro devraient débarquer sur le réseau au mois de juin. Les images filmées dans les voitures seront enregistrées, mais ne seront pas envoyées en temps réel vers un dispatching, en tout cas pas dans un premier temps. Le dispositif sera ensuite analysé en termes techniques, financiers et d’efficacité avant d’envisager d’équiper toutes les voitures et de gérer les images différemment.